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EAN : 9782823612493
320 pages
Editions de l'Olivier (04/01/2018)
3.63/5   16 notes
Résumé :
Bruno Lescot est en cavale. Sa jeunesse, il l'a passée à collectionner les délits, jusqu'à son dernier exploit, ce faux braquage qui a coûté la vie à un policier. Aujourd'hui, coupable tout désigné aux yeux des juges, il préfère disparaître. C'est donc sans lui que se déroule son procès, et que s'enchaînent les expertises et les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé. Le portrait qui se dessine alors est celui d'un homme de sac et de corde, aux fidélités multiples, pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un exercice de style remarquable: l'histoire d'un délinquant racontée sous la forme d'une suite de parodies d'attendus, de coupures de presse, de rapports d'expertises psychologiques et de rapports de contre-enquête. Ça commence à la maternelle et ça se termine dans les suites d'un braquage pas clair. Drôle et décalé, mais profond. Une pépite !

Voilà qui change de l'ordinaire, assurément ! On commence par une cinquantaine de pages de paragraphe commençant par « Attendu que » (rassurez-vous, on finit par ne plus les voir) décrivant les bêtises de gamins de cinq ans à la maternelle sur ton de rapport judiciaire: le petit Bruno mord les fesses de la petite Valentina, le ton monte entre les parents et les enseignants, provoquant une cascade de catastrophes. Tout enseignant a été le témoin de ce genre de conflits dans sa vie de tous les jours. Ils sont si bien caricaturés qu'ils forcent à rire et le ton judiciaire ne fait qu'augmenter le côté disproportionné de la réaction que peuvent avoir certains parents face à de banales disputes d'enfants (bien que, c'est vrai, on rencontre parfois des petits monstres qui souffrent d'une réelle pathologie).

Et puis le petit Bruno grandit et devient un délinquant. Ses frasques sont alors rapportées sous forme de coupure de presses, dans lesquelles on s'amuse à voir un même événement rapporté de diverses manières, suivant les sensibilités politiques des différents journaux. Bruno est alors arrêté et fait l'objet d'une expertise psychologique, dont on lit les rapports. Là, on voit le jeune se jouer du psychologue qui, stoïque, interprète son comportement d'une manière qui semblera complètement déconnectée de la réalité. On peut espérer que ce rapport est une réelle parodie (le psychologue deviendra en fait son allié). Prise au second degré, cette parodie fera réfléchir aux difficultés de dialogue avec certains délinquants et peut-être au temps qui est nécessaire à des équipes sociales pour leur apporter une aide effective. Mais au premier degré, avec une dose de mauvaise foi, la parodie est succulente. Je ne peux résister à l'envie de citer un long extrait: «  D'évidence, parmi les boutades obscènes et attaques directes qui nous ont été adressées -dont celle-ci: ‘Les pédopsys, caca-pipi-thérapie, non merci!'-, le jeune détenu a fait usage de nombreuses formules toutes faites. Sous l'apparence d'une feinte spontanéité, ces assertions restituent à la lettre les stéréotypes d'un endoctrinement préalable. Ce qui donne à croire que cet agitateur d'un âge propice à toutes les influences a dû être, est et demeure sous le joug d'un petit milieu sectaire, animé par quelques manipulateurs expérimentés qui, en faisant miroiter la faillite des pouvoirs institués, cherchent à exercer sur lui une autorité a-morale. » Et le récit continue avec d'autres coupures de presse etc.

Mais le livre n'est pas un simple divertissement stylistique. Il offre un fin portrait de l'évolution d'un jeune, mettant l'accent sur l'importance de ses proches et de ses fréquentations et montrant, parfois par la caricature, comment il peut se retrouver pris dans un engrenage l'entraînant vers sa perte.

Je suis persuadé que ce livre peut être lu et relu: à chaque relecture, on découvrira une pépite que l'on avait manquée (c'est comme pour Astérix, oserais-je écrire).

Il y a bien longtemps, j'ai échangé quelques messages avec Yves Pagès. Il venait de faire paraître le recueil de tous les slogans que ses parents avaient soigneusement recopiés des murs de la Sorbonne, où ils travaillaient en mai 68. Mais je ne le connaissais pas comme auteur. Heureusement, ma bibliothèque favorite avait mis ce livre en évidence, piquant ma curiosité. Je garde maintenant Yves Pagès en bonne position parmi mes auteurs à suivre.
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Yves Pagès est un auteur et éditeur français bien connu dans ce petit monde. le voilà qui revient en librairie avec Encore heureux publié aux Editions de l'Olivier. L'histoire d'un rebelle en quête de liberté dans une France qui se cherche après mai 68. Un roman ponctué d'humour et à la construction plus que surprenante que Lettres it be est allé découvrir pour vous.


# La bande-annonce


Bruno Lescot est en cavale. Sa jeunesse, il l'a passée à collectionner les délits, jusqu'à son dernier exploit, ce faux braquage qui a coûté la vie à un policier. Aujourd'hui, coupable tout désigné aux yeux des juges, il préfère disparaître. C'est donc sans lui que se déroule son procès, et que s'enchaînent les expertises et les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé. le portrait qui se dessine alors est celui d'un homme de sac et de corde, aux fidélités multiples, prêt à toutes les aventures, pourvu qu'elles défient l'ordre et ses gardiens dont il aime à se moquer.


Car Lescot est un ironiste d'un genre particulier, plaçant si haut la liberté qu'il est prêt à la perdre pour un mot d'esprit retors.


Encore heureux ? Une bombe littéraire. Au lecteur d'allumer la mèche.


# L'avis de Lettres it be


Le nom d'Yves Pagès ne vous est peut-être pas inconnu. Déjà grâce à sa bibliographie plutôt bien fournie, que ce soit par des essais ou des romans, mais aussi par le fait que notre homme soit l'un des actuels dirigeants de la collection de la maison d'édition Verticales. Un palmarès bien intéressant et qui suffit à se convaincre de se pencher sur son dernier livre, Encore heureux.


Ce récit est donc découpé entre manchettes et articles de presse, dépositions et éléments juridiques puis, de temps à autre, récit narratif tout à fait classique. Voilà une chose qui saute aux yeux dès les premières pages. L'auteur y fait le pari de l'originalité en débutant son roman par toute une collection de « Attendu que », exactement comme ce que l'on pourrait retrouver dans un texte de droit, un compte-rendu de jugement etc. L'idée étant de suivre, à travers ce puzzle savamment construit, le parcours du jeune Bruno Lescot, de ses premiers faits d'armes déjà à l'école jusqu'à ses plus grands actes de rébellion.


On suit donc le fil d'une vie qui interpelle, le fil d'une existence placée sous le signe du refus de la condition trop imposée dans une France des années 70 et 80 au tournant de se période contemporaine. La politique, les premiers tremblements sociaux, le réveil post-68 … Tout y passe dans ce roman qui, parfois, se perd entre critique autobiographique d'une société qui a (déjà) implosé et roman d'initiation d'un punk bien de chez nous et un peu anar' qui se cherche sans vraiment se trouver. Toujours est-il que l'auteur tient à instiller dans nombre de paragraphes un humour qui fait mouche à bien des reprises. Un petit plus qui égaie largement la lecture.


Découvrez le reste de la chronique sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Avec « Encore heureux », Yves Pagès ancre une intrigue policière dans une France qui chemine grosso modo des événements de Mai 68 à l'élection de Mitterrand en Mai 81. Son personnage principal, le dénommé Bruno Lescot, multiplie les bourdes, et se fait vite connaître des services de police; ‘encore heureux' qu'il puisse compter sur le soutien sans faille de quelques proches : sa grand-mère, son psy, son simili beau-père.
Déjà tout petit, Bruno Lescot avait l'art de se mettre dans des situations délicates. Adolescent frondeur, il se marginalise peu à peu, jusqu'à se trouver impliqué dans un hold-up grandguignolesque, qui coûte la vie à un policier. Pourchassé par les forces de l'ordre, condamné par contumace à la perpétuité, il disparaît, puis réapparaît…il mène une vie de cavale, enchaînant les pieds de nez à l'autorité, et semant derrière lui comme des petits cailloux ses graffiti provocateurs.
La structure du livre alterne comptes rendus juridiques, articles de journaux, expertises psychiatriques et auditions de témoins ; et le style du récit, à chaque fois, s'adapte en fonction de ces différentes sources d'information, avec toutefois un point commun : le pas de côté de l'auteur qui transforme subrepticement ces proses ‘officielles' en ajoutant son petit grain d'humour féroce. Je me suis régalée, car aucun personnage n'en sort indemne, et ils sont nombreux à avoir un jour côtoyé Bruno. Or cet anti-héros, avec ses maladresses, sa naïveté, a le charme des malfaiteurs d'antan; il n'a pas vraiment la classe, mais il a la tchatche, il cisèle ses slogans et peaufine ses croquis. Si les évènements avaient tourné autrement, il aurait peut-être pu devenir concepteur-rédacteur en agence de pub ! Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : http://bit.ly/2nJe0jz
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A la fois exercice de style, portrait entomologique d'une époque et d'une société, récit familial, ce roman est une découverte surprenante.
Le récit se construit "par le côté", sous forme d'articles de presse ou de compte-rendus policiers ou autres, le héros apparaît en creux, ce qui pourrait gêner certains lecteurs peu à l'aise avec la suggestion ou qui auraient besoin d'une narration plus précise ... des évènements reçoivent plusieurs éclairages, avec plus ou moins de recul, ce qui complète des "blancs" dans la compréhension.
La fin du livre nous projette dans le présent, et tout s'emboîte et s'enchaîne jusqu'à la fin, qui nous laisse, peut-être, encore en suspens ... avec plaisir et joie de s'être laissé embobiner !!!
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La cavale d'un jeune punk, Bruno, flirtant avec le situationnisme et les revendications anarchistes ne pouvait que m'attirer.

Les premiers faits qui lui sont reprochés remontent à ses cinq ans. Et depuis rien ne semble convenir à ceux en charge d'évaluer les actes de chacun.

À commencer par la justice qui ouvre le livre en énonçant les récriminations. « Attendu que… » et elles s'égrènent sur le premier chapitre et sur l'enfance de Bruno. « Attendu que… »

Viendront les jugements de valeur d'un journaliste de Paris Match, les analyses toutes teintées de morale et de bienséance d'un psychiatre arrogant.

Bref, c'est la société dans son ensemble qui condamne ce jeune homme en en le regardant qu'à travers le prisme de la bien-pensance.

Mais n'allez pas croire qu'il s'agit d'un livre triste. Mélancolique, certainement. Mais on sourit souvent en suivant Bruno durant ces années 80 qui ont vue tous les renoncements devenir des valeurs, pour cause de « réalisme », et les rêves d'autrefois, des utopies d'enfants gâtés, sous la plume de ceux qui « savent » et font l'opinion.

Si le psychiatre, au fil du récit, évolue jusqu'à jouer un rôle moins archétype que sa première apparition le laissait entendre, toute la société condamne Bruno et le contraint à fuir.

Yves Pagès mêle les registres d'écritures pour livrer un presque polar aboutissant au coup de théâtre final.

Un livre foncièrement politique, avec son héros en Don Quichotte des temps modernes.

Un livre où l'humour et le désespoir se mêlent pour nous offrir un merveilleux moment de lecture.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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critiques presse (2)
Bibliobs
01 février 2018
Yves Pagès raconte, dans «Encore heureux», la dérive anarchiste d'un garçon nommé Bruno Lescot.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
19 janvier 2018
Avec « Encore heureux », le romancier s’amuse de la prose judiciaire et policière pour raconter la vie d’un attachant rebelle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La fac, ça devrait être ouvert à tous. Et quand y a un mouvement, c'est là que ça devient un lieu de rencontres où on apprend plein de trucs, où on s'échange des expériences. À Jussieu, justement, on a imposé que dans les AG tout le monde puisse prendre la parole, pas que les étudiants encartés, les gars des LEP aussi, les fils d'immigrés, ceux des foyers de jeunes travailleurs ou les camarades qui vivent dans les squats. Et c'est ça qui fait peur au gouvernement, une université vraiment populaire.
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Attendu qu’à force de chercher des poux à ce chien de garde on risquait de s’égarer, des poux au sens figuré s’entend, mais au sens propre aussi puisque la pelade dont souffrait l’inoffensif molosse fut alors désignée comme l’hypothétique source de la gale urticante le long des bras et jambes de Bruno, alors qu’il s’agissait en dernier diagnostic d’une crise d’eczéma d’origine inconnue, sans lien direct avec sa récente mise en quarantaine, sauf à affirmer dans le bureau de la chef d’établissement, comme le ferait deux mois plus tard l’expert en cryptodermies négroïdes Roger Lescot au sujet d’un fils si mal dans sa peau, que « par simple frottement de l’âme et du corps, tout est psychosomatique, mesdames, du psoriasis nerveux aux spasmes orgasmiques ! »
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Le lycée, c'est déjà l'usine pour fabriquer des moutons. Si on ouvre sa gueule, on est puni, viré, réorienté, et puis direct dans une filière poubelle, mais moi je ne regrette rien. Passer dans la classe supérieure, c'est pas mieux, l'ennui à perpète. Et au bout du tunnel, tu finis par bosser huit heures par jour jusqu'à la retraite en oubliant le droit de vivre. Leurs diplômes, avec la crise, ça ne sert plus à rien, juste une carotte pour mieux te bastonner après avec un salaire merdique. À moins d'accepter d'être un petit chef au service du système. Alors autant se barrer tout de suite et récupérer des espaces de liberté ailleurs. C'est ça l'autonomie, qu'on s'organise un futur par nous-mêmes.
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Attendu que, s’il est permis d’appeler un chat un chat sans prendre des vessies pour des lanternes, les deux contrevenants mineurs, Bruno et Valentina, sous les apparences d’un exercice de réanimation, ne se livraient pas à un ­simple concours de baisers, mais aggravaient leur cas d’un attentat à la pudeur mutuelle.
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N’en déplaise à ceux toujours prompts à incriminer la violence policière, le caractère accidentel du drame ne fait aucun doute. Et d’ailleurs, comment contester l’intervention, même musclée, des forces de l’ordre sur l’esplanade alors que des individus masqués y avaient déjà entamé la dévastation des locaux administratifs et du laboratoire d’archéologie ? La gauche syndicale, elle, s’obstine à voir dans les agissements de cette « mouvance autonome » l’œuvre de provocateurs infiltrés par la Préfecture, et cela pourtant sans l’ombre d’une preuve tangible. D’évidence, il s’agit plutôt des rejetons monstrueux qu’a fini par enfanter un gauchisme en totale déliquescence. Au sein de la jeune génération, les esprits faibles ne manquent pas pour prendre au pied de la lettre le programme destructeur de leurs aînés soixante-huitards : « En finir avec la société de consommation. » Comment s’étonner ensuite que des gamins déscolarisés, épaulés par quelques loubards endurcis, jouent aux guérilleros urbains en mettant à sac les magasins ? Il est hélas à craindre que ces casseurs écervelés aient trouvé, en la personne du malheureux paumé Alain Bégrand, sans adresse, ni diplôme ni profession, leur martyr providentiel.
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Vidéo de Yves Pagès
Parmi les machines qui hantent nos vies quotidiennes, le tapis roulant est celle qui traverse le plus insidieusement tous les secteurs d’activité : des tapis mobiles sur chaîne d’assemblage aux tapis de caisse de la moindre supérette en passant par ceux dévolus à l’exercice corporel du fitness. Travail posté, rituel consumériste et souci hygiénique de soi : trois postures qui, chacune à sa manière, nous condamnent à l’éternel recommencement d’une marche forcée. Pour cette rentrée et ce lundisoir, nous avons invité Yves Pagès à venir parler de son dernier livre : Les chaînes sans fin, histoire illustrée du tapis roulant.
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