Découvert par hasard, ce bel album m'a enchantée !
On découvre ou redécouvre bien sûr ce grand poète du XXe siècle qu'a été
Guillaume Apollinaire, mort en1918. Ici, ses mots prennent une autre dimension grâce aux illustrations de
Laurent Corvaisier et aux photographies d'époque
«
Il y a » nous raconte d'un côté l'amour que le poète a ressenti pur
Madeleine Pagès, cette jeune fille rencontrée dans le train et avec laquelle il entretiendra une correspondance éloquente, et, de l'autre côté, beaucoup plus sombre, il témoigne de cette guerre cruelle au milieu des obus et des gaz asphyxiant où rôde la mort.
Le poème, extrait du recueil «
Calligrammes », déroule une énumération pleine de sens. A l'horreur de la guerre, à cette situation tragique et absurde, il oppose l'amour et la paix ailleurs dans le monde. Pendant que l'on se bat, s'étripe et qu'il « y a des croix partout, de ci de là », ailleurs «
il y a des hommes dans le monde qui n'ont jamais été à la guerre ».
Ces différences sont accentuées par les images.
Laurent Corvaisier a choisi des couleurs vives, des dessins exubérants qui expriment le bonheur comme ce paysage luxuriant illustrant « le Gulf Stream qui est si tiède et si bienfaisant ». Et puis, on trouve des dessins noirs et blancs avec une touche de rouge, comme ce dessin funeste de croix à perte de vue. C'est saisissant et ce texte porté avec talent par l'image nous ouvre un territoire émotionnel plus vaste.
Les photographies permettent de mettre un visage sur le poète et sa bien-aimée et de resituer le poème dans son contexte. Il faut rappeler qu'il a été écrit sur le front en 1915.
Un bel album pour petits et grands à lire et à relire.
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