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Guillaume Peureux (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080711441
161 pages
Flammarion (15/01/2003)
3.6/5   25 notes
Résumé :

Le tyran Hérode aime et désire passionnément sa femme Mariane. Mais elle se refuse à lui en raison des crimes sanguinaires qu'il a commis dans sa propre famille. Cet amour éperdu enflamme bientôt l'imagination du roi jaloux jusqu'à la folie. Soeur d'Hérode et ennemie jurée de Mariane, Salomé entrevoit le moment favorable pour mener un complot qui précipite l'issue tragique de la pièce.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il s'agit d'un drame historique se passant à Jérusalem, avec Hérode le Grand comme personnage principal. La pièce repose sur une véritable trame historique, Hérode a en effet épousé Mariane, une descendante de la lignée hasmonéenne dont il s'est approprié le trône à Jérusalem avec le soutien romain, et qu'il finira par faire assassiner.

Dans la pièce, il est amoureux fou de sa femme qui le déteste, comme assassin d'un certain nombre de membres de sa famille, et comme usurpateur, et non pas un véritable roi. Cette détestation et répugnance de la part de sa femme torture Hérode :

« Et l'autre me refuse un coeur que je demande :
Un coeur que je ne puis ranger sous mon pouvoir
En possédant le corps où je le sens mouvoir. »

Leurs rencontres tournent à la confrontation, et Mariane est détestée par le frère et surtout la soeur du roi, Salomé, qui fait produire un faux témoin accusant Mariane d'avoir voulu assassiner son mari. Hérode la condamne à mort, mais est prêt à la gracier. Toutefois, en l'interrogeant, il devient jaloux, et persuadé que sa femme aime un autre homme et l'a trompé. La condamnation à mort devient irrévocable. Mais une fois accomplie, Hérode sombre dans la folie.

Une pièce vraiment passionnante. L'obsession amoureuse de Hérode est très bien rendue, il s'agit d'une véritable pathologie, on a un peu la sensation que cette situation de détestation de la part de la femme aimée, de contrainte, de domination qui ne dit pas son nom, de la résistance et du refus de Mariane participent à l'attrait qu'elle exerce sur Hérode. Qu'il joue constamment avec les limites, en jouant à la faire mourir, et que lorsque l'exécution a eu lieu, qu'il ne l'a pas arrêtée à temps, il s'effondre. La manière dont il surinterprète le moindre mot, lui donne un aspect paranoïaque, sa façon de conclure à l'adultère est quasi délirante. le personnage est vraiment très intéressant, dès le début et la scène du rêve prémonitoire, jusqu'à la scène de la folie finale, là aussi remarquable. Lorsqu'il demande à voir Mariane qui a été exécutée, qu'on lui redit sa mort, qu'il semble comprendre pour redemander peu de temps après qu'on la fasse venir.

Mariane, bien qu'elle se comporte en digne personnage de tragédie classique, qui en héritière de rois se sent avilie par le fait que son mari est un usurpateur, a aussi un caractère pathologique, elle joue quelque part le jeu d'Hérode. En refusant la moindre explication un peu convaincante, ou tout simplement ferme devant ses accusateurs, en étant finalement ambiguë dans sa façon de ne pas s'innocenter, en considérant la mort comme un bienfait, mais ne la regrettant quand même à cause de ses enfants.

Il y a quelque chose de trouble dans cette relation de couple, entre domination, jouissance dans la souffrance. Et une vraie présence des corps, que souvent la tragédie classique évacue. Andromaque veut se tuer après avoir épouser Pyrrhus. Mariane a survécu au mariage, a eu des enfants avec Hérode et la pièce irradie par moment une tension charnelle entre les personnages.

Les personnages des méchants, en particulier Salomé sont aussi forts, il s'agit de vraie acteurs agissants, pas de simples confidents.

Une pièce étonnante.
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Sur les conseils de 5Arabella, après la Mort de Sénèque, j'ai continué ma découverte de l'oeuvre de Tristan l'Hermite avec cette tragédie, où comme dans ma lecture précédente, Mariane est un personnage féminin très fort par son intransigeance.
Hérode, son mari, passionnément regrette "Que [je] sois si sensible, elle l'étant si peu ? / Que son coeur soit de glace, et le [sien] soit de feu ?". Il l'aime, il la désire physiquement, dans des passages assez sensuels ; il l'aime tellement qu'il devient littéralement fou en apprenant sa mort, qu'il refuse d'assimiler, alors qu'il l'a pourtant ordonnée. Cette scène a une grande force dramatique. Il peut passer pour un faible, prêt à toutes les humiliations, à accepter toutes les trahisons voire les formes de tortures psychologiques que lui inflige Mariane.
Elle, en effet, est bien la glace. Car elle ne cède pas à l'amour ni au désir, et semble n'éprouver que peu de sentiment hormis la vengeance. Même en voyant sa mère l'accuser, même en étant condamnée à tort, elle raisonne et fait des discours en politique plus qu'en femme ou en mère.
Face à ces deux personnages particulièrement complexes, les autres sont des courtisans plutôt interchangeables, ils servent à faire avancer l'intrigue sans véritablement marquer.
Si j'ai trouvé quelques passages un peu long, c'est une belle tragédie pleine de fureur qui mérite d'être redécouverte.
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Chef d'oeuvre inconnu d'un auteur méconnu, que j'ai découvert grâce à mon professeur de Lettres du XVIIe siècle, qui a choisi pour nous introduire aux tragédies de cette époque cette pièce et une de Corneille, Cinna, mise ainsi, et fort légitimement, au même niveau. Ça fait la troisième fois que je la relis, et je la trouve à chaque fois plus belle et plus puissante. Cette martyre orgueilleuse et ce tyran tourmenté sont des personnages passionnants, et également attachants. On ne saurait dire qui est le veritable héros de la pièce, et en cela on remarque l'étrange complémentarité qui lie ce couple ennemi. Oui, ce petit texte merveilleux est un des nombreux oubliés de notre si riche littérature, et si jamais un metteur en scène me lirait, je vous en conjure, montez cette pièce, ce sera un triomphe.
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Honnêtement, je ne pensais pas autant aimer cette pièce. Je l'ai relu deux fois. Et la deuxième fois... Wow. J'ai tout compris et là, j'ai commencé à adorer ma lecture. Les vers sont sublimes, les métaphores et comparaisons employés sont magnifiques... Tout est fait avec finesse. C'est tragique, c'est violent, ça déchaîne les passions... Quelle oeuvre théâtrale majestueusement faite !
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J'ai dû lire ce livre pour les cours et j'ai été agréablement surprise.
La première partie du livre : la présentation est très longue et assez détaillée.
La pièce en elle même est instructive et nous fait réfléchir sur les actions de tel ou tel personnage, ce que l'on aurait fait à leur place et leur statut dans l'histoire.
J'ai juste trouvé le premier acte long et je me suis un peu ennuyée mais après ça se lit très rapidement.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Fantôme injurieux qui troubles mon repos,
Ne renouvelle plus tes insolents propos ;
Va dans l'ombre éternelle, ombre pleine d'envie,
Et ne te mêle pas de censurer ma vie :
Je suis assez savant en l'art de bien régner,
Sans que ton vain courroux me la vienne enseigner.
Et j'ai trop sûrement affermi mon Empire
Pour craindre les malheurs que tu me viens prédire :
Je donnerai bon ordre à tous les accidents,
Qui n'étant point prévus, perdent les imprudents.
Mais quoi ? Le front me sue, et je suis hors d'haleine ;
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Ce qu'écrit le destin, ne peut être effacé,
Il faut bon gré, mal gré, que l'âme résolue
Suive ce qu'a marqué sa puissance absolue :
De ses pièges secrets on ne peut s'affranchir,
Nous y courons plus droit en pensant les gauchir.
L'homme à qui la fortune a fait des avantages,
Est comme le vaisseau sauvé de cent orages ;
Qui sujet toutefois aux caprices du sort,
Peut se perdre à la rade, ou périr dans le port.
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Les songes quelquefois viennent par d'autres causes ;
De même que les uns expriment nos humeurs,
Les autres bien souvent représentent nos moeurs.
L'âme d'un homme noble, encore qu'il repose :
Méprise la fortune, et l'honneur se propose :
Et celle du voleur, prévenant son destin,
Rencontre des Prévôts, ou fait quelque butin.
De même l'usurier en sommeillant repasse,
Et les yeux et les mains sur l'argent qu'il amasse :
Et l'amant prévenu de crainte ou de désirs,
Éprouve des rigueurs, ou goûte des plaisirs.
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Pour augmenter l'affront que l'injuste licence
A fait à l'innocence,
Un absolu pouvoir rend mon corps prisonnier :
Mais en quelque péril que le malheur m'engage,
J'aurai cet avantage
Que mon coeur pour le moins se rendra le dernier.
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Ce vif ressentiment d'une amour véritable,
Aggrave son offense et la rend plus coupable,
Et son ingratitude est une lâcheté,
Pire que l'homicide et l'impudicité.
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Vidéo de Tristan L'Hermite
Tristan L'HERMITE — Un symboliste sous Louis XIII ? (France III Nationale, 1958) L'émission "Anthologie française", par Jean de Beer, diffusée le 10 décembre 1958 sur France III Nationale. Lecture : Jean Topart, Renée Faure, Henri Poirier, Jean Tassot, Jacques Toja et Simone Rieutor.
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