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EAN : 9782070127689
360 pages
Gallimard (11/03/2010)
3.39/5   18 notes
Résumé :

Moscou, 1917. Le père Grégoire est peintre d'icônes au monastère Saint-Andronic, où s'illustra jadis son célèbre prédécesseur André Roublev. Tandis que derrière les remparts la vie des moines conserve son rythme immuable, la tourmente révolutionnaire secoue le pays. Partout, les bolcheviks propagent leurs idées et prennent les postes de pouvoir. L'usine de cierges dépendante du monast&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Emprunté samedi 24 février 2024 à la Bibliothèque Forney- Paris

***Lecture très intéressante mêlant l'histoire de la Russie et le monde créatif , traditionnel des icones !

Depuis 2 mois, en sus de la Bibliothèque spécialisée Buffon (* métiers du Livre), je vais aussi travailler à la Bibliothèque Forney spécialisée en Beaux arts, Arts décoratifs, Techniques & Artisanats.

Lieu qui propose un secteur mêlant " Littérature & Beaux-Arts...C'est dans cet espace que j'ai eu la bonne surprise de découvrir cette auteure d'origine russe et ce roman édité il y a déjà plus de 10 ans ( 2010)

Ce roman offrait de m'immerger à la fois dans le monde des peintres et dessinateurs d'icônes et dans un même temps au sein de l'histoire de la Russie à partir de la Révolution de 1917 !

Une vieille dame d'origine russe déniche et acquiert, chez un antiquaire parisien, une superbe icône, qu'elle souhaite offrir à l'occasion d'un mariage. Bien que non vernis ( donc plus fragile) elle ne résiste pas, et de plus, pense aussitôt à l'épouse du prêtre de sa paroisse qui pourra faire ce dernier travail de protection...de cette extraordinaire icône...Et nous voilà " embarqués", transportés dans la tumultueuse Russie de 1917....

La vie du protagoniste principal, le Père Grégoire, "Alliocha" , dans son ancienne vie, ayant perdu très brutalement son père adoré, a fugué, quitté tout jeune , sa famille, frère et mère. Il a erré sans fin ,ne rêvant que de mourir, jusqu'à être recueilli dans un monastère et son " directeur", le prend sous son aile...lui choisit son nouveau nom monastique de
" Père Grégoire " !

Dans les premiers temps, il rechignera à dessiner alors que c'était sa passion première, exclusive.Le temps passant et atténuant son désespoir, il s'y remit, et s'investira dans la fabrication des icônes du monastère !

Comme on peut le déduire, il n'est pas rentré dans ce monastère par vocation, mais par désespérance...il finira par y trouver une vraie place grâce à ses dons artistiques et à la création des icônes, qu'il parfait !

En parallèle, on suit les soubresauts de l'histoire de son pays, la Russie, traversant avec la Révolution de 17, la chute du tsar, et vivant un temps d'Espérance très vite envolé, les pires atrocités ressurgissant avec les Bolcheviks...simplement le camp des bourreaux et des victimes, s'inverse....

Plus aucun respect pour les moines et les monastères, qui pourtant continuent comme ils peuvent à nourrir la population affamée !
Tout s'est renversé, mais la faim, la misère, la violence, la cruauté sont toujours omniprésentes, simplement changeant de cases et de groupes sociaux...

En plus de la vie quotidienne du Père Grégoire, on suit celle d'une femme du peuple, Nadedja Ignatievna, très croyante, se battant comme une lionne pour nourrir sa famille: son mari, fils cadet, (l'aîné étant parti se battre,) ses 2 filles adultes et une petite dernière...,Sophie !

Les moments de réconfortde Nadejda, elle les trouve à l'église, à prier et contempler la beauté des icônes, instants trop brefs qui lui redonnent quelque courage..afin de tenir bon pour les siens et préparer au mieux le retour de son fils aîné, qu'elle espère vivant !

"La demi- heure de répit tirait à sa fin.Nadejda Ignatievna était bien consciente que ces instants de paix qu'elle s'octroyait étaient une folie, comme si elle avait mis chaque jour un rouble de côté en vue de s'acheter un diamant en sautoir, alors qu'il n' y avait plus de quoi mettre un bout de lard dans la soupe pour lui donner des yeux. Elle savait ce que Gochka pensait de ses escapades à l'église. Il lui reprochait de perdre son temps, de gaspiller du linge à frotter et des trousseaux à repriser.Oui elle mangeait ces minutes d'oisiveté sur le dos de ses enfants. Et cependant elle n'avait pas la force d'y renoncer. Ces moments passés dans l'église, à regarder les icônes et écouter la psalmodie des moines, remettait tout en place.Elle y trouvait presque du courage.Une fois franchi le seuil de l'église, la vie reprendrait son rythme de tambour infernal. "

Grâce à cette narration, rencontré l'un des noms parmi les plus prestigieux dans L Histoire des icônes : Andreï ROUBLEV moine et très célèbre peintre d'icônes du XVe siècle!


**** voir lien pour Andreï ROUBLEV
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Andre%C3%AF_Roublev



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Croire en Dieu et vénérer Lénine était-ce possible dans la Russie de 1917 ?
Dans ce livre passionnant, un bijou écrit dans une langue lumineuse et fine, des destins se croisent autour d'une icône d'une beauté exceptionnelle, mais qui, dans le tourment de l'Histoire n'a pas eu le temps d'être vernie.
Comment est-elle retrouvée des décennies plus tard chez un brocanteur parisien ?
En 1917, tout semble si calme dans ce monastère de Moscou où l'on fabrique des cierges. Pourtant la Russie, déchirée par la famine et les émeutes, dans une situation désastreuse après la guerre, plonge dans la révolution d'Octobre. le peuple veut s'affranchir de la tutelle religieuse.
Aliocha, devenu "Père Grégoire", moine sans réelle conviction, est talentueux pour ce travail délicat que demande la création d'icônes. Entre sa vie monastique et sa peinture, il ne comprend pas l'hostilité envers les moines et la violence des grèves qui fait suite à l'embrasement des usines.
C'est aussi l'histoire d'une famille d'ouvriers russes, partagée entre respect des traditions et désir d'une vie meilleure en se joignant aux Bolcheviks.
Les moines qui emploient les ouvriers pour fabriquer des cierges et qui utilisent des feuilles d'or pour obtenir l'éclat de leurs icônes ne sont-ils pas aussi responsables de la misère du peuple ? C'est ce que pense Iourka, revenu du front. Pourtant ces mêmes moines distribuent la soupe populaire chaque soir !
Nadja Ignatievna, sa mère, très pieuse, très pauvre, fait un parallèle entre la " Résurrection " peinte sur l'icône et le retour de l'horreur des tranchées de son fils Iourka.
Olga Lossky oppose le stoïcisme religieux à la fièvre révolutionnaire.
Si au début les prières du moine et son impassibilité vous agacent un peu, n'arrêtez pas la lecture, le roman est de plus en plus passionnant au fil des pages, et le destin de cet icône, comme le dénouement, est captivant. Ce livre m'a énormément touchée.
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Olga Lossky nous emmène en pleine révolution russe, sur les traces d'une icône, la Résurrection. Au début du roman, de nos jours, Mme Dumontel-Antonioff, à Paris, Saint-Germain-des-Prés, fait l'acquisition de cette icône qu'elle destine à un cadeau de mariage.

Et nous voilà plongés en 1917, en Russie, période de l'écriture de cette icône, avec deux personnages principaux et leurs univers respectifs : celui de Père Grégoire, moine affecté à la rénovation et à l'écriture des icônes, et Nadejda Ignatievna, mère de famille débordée, assaillie par les ennuis et les chagrins, et surtout portée par le formidable espoir de voir son fils aîné enfin revenir du front.

Les univers des deux personnages se touchent : quand Nadejda vient aux offices, prier, et aime à se recueillir devant l'iconostase. Mais pas que. Les moines dirigent une usine de fabrication de cierges, et font tout pour maintenir les salaires des ouvriers malgré l'arrêt quasi total des ventes... Et nourrissent comme ils peuvent la population, avec leur distribution de soupe quotidienne. le mari et les fils de Nadejda sont des rouges convaincus, et ne portent pas le clergé dans leurs coeurs.

Forcément ce qui devait arriver arrive, pas de grosse surprise là-dessus, mais tout de même une fin en clin d'oeil comme je les aime avant le retour à notre époque aux côtés de Mme Dumontel-Antonioff.

J'ai bien aimé ce roman, j'ai trouvé très intéressant de voir cette période de l'histoire par les yeux de deux personnages un peu secondaires, "à part", qui subissent sans rien avoir demandé : la mère de famille qui affronte comme elle peut son quotidien et s'accroche à sa foi, et le moine qui tient bon jusqu'au bout, malgré les doutes et la peur.

Un bon roman sur une sale période !
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Vivre les premiers mois de la révolution russe depuis l'atelier de l'iconographe d'un monastère moscovite. L'angle de vue est étonnant.
Nous pénétrons au coeur des interrogations d'un peuple au moment où il s'apprête à changer le cours de son histoire. Nous sommes en 1917, Lénine et les Soviets ont déjà sonné la fin du tsarisme mais une partie du peuple russe n'est pas prête. Les personnages vacillent, basculent et avancent étourdis par l'ampleur du chambardement. Tandis que les moines du monastère s'arcboutent sur leur foi, le peuple entame sa lente et irréversible conversion au communisme.
La conversion donne le tournis à ceux qui s'interrogent. : s'exiler ou pas ; faire l'autruche ; croire à la fois en Lénine et en Dieu ; toujours vouer sa vie à Dieu au péril de sa vie ; célébrer Lénine comme une nouvelle icône. Celles que le père Grégoire restaure ou imagine dans l'atelier de son monastère. Les saints ne sont pas de taille à lutter contre les Soviets... une icône chasse l'autre.

Olga Lossky connait le monde et la foi orthodoxe sur le bout des doigts. Son récit est rigoureux, ponctué de descriptions précises du travail d'iconographe ou de l'austère vie monacale. La rigueur du récit n'est pas un frein au plaisir de lecture. L'austérité pieuse des uns et l'intransigeance frénétique révolutionnaire des autres ne sont pas des thèmes facilitant la légèreté. Grace à une plume maniant l'humour discret et le sous-entendu souriant la romancière parvient à s'évader de la pesanteur historique du sujet. Les contradictions dans chacun des camps sont relevées avec un regard épicé qui facilite la digestion.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
La demi- heure de répit tirait à sa fin.Nadejda Ignatievna était bien consciente que ces instants de paix qu'elle s'octroyait étaient une folie, comme si elle avait mis chaque jour un rouble de côté en vue de s'acheter un diamant en sautoir, alors qu'il n' y avait plus de quoi mettre un bout de lard dans la soupe pour lui donner des yeux. Elle savait ce que Gochka pensait de ses escapades à l'église. Il lui reprochait de perdre son temps, de gaspiller du linge à frotter et des trousseaux à repriser.Oui elle mangeait ces minutes d'oisiveté sur le dos de ses enfants. Et cependant elle n'avait pas la force d'y renoncer. Ces moments passés dans l'église, à regarder les icônes et écouter la psalmodie des moines, remettait tout en place.Elle y trouvait presque du courage.Une fois franchi le seuil de l'église, la vie reprendrait son rythme de tambour infernal.

( p.58)
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Il n'y aurait plus cette alarme quotidienne de se dire que Iourka était peut-être en train d'agoniser dans un champ de neige.Un espoir immense faisait bouillonner le peuple russe.Avec le nouveau gouvernement, le partage des terres, on aurait moins faim.À force de grèves, les bons moines finiraient par augmenter à nouveau les salaires et le travail reprendrait.On rouvrirait l'usine de lampes à pétrole, les peaussiers se remettraient à l'ouvrage, on continuerait l'assèchement des marais pour en faire des terres cultivables.Oui, Nadejda Ignatievna se sentait à l'aurore d'une nouvelle époque, une seconde jeunesse perçait en elle.La prochaîne icône du monastère Saint-Andronic serait une Résurrection, celle du peuple russe aimé de Dieu qui connaîtrait enfin une vie meilleure !
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Le père Grégoire jaugea du plat de la main les planches de tilleul qu'il avait négociées l'an passé à Novospaski, lorsqu'ils avaient coupé tant d'arpents de forêt. Le bois était lisse et sans noeuds.Le moine prolongea le plaisir inutile de tâter les planches, l'une après l'autre.Il savait laquelle il prendrait, depuis le jour où il avait fait débiter les troncs et noté du regard la planche la plus régulière, la plus parfaite, mais il vérifia encore s'il s'agissait bien d'elle qu'il n'y en avait aucune de meilleure.Passant en revue le bois de l'atelier, il y revenait toujours.Un tel bois, charnu et compact, résisterait sans peine aux siècles. Dans deux cents ans, peut-être, sa " Descente aux Enfers" couronnerait encore l'iconostase, si Dieu prêtait vie au monastère.Et lui ne commettrait pas l'erreur d'omettre le vernis qui, une fois son oeuvre achevée, la rendrait résistante au temps.


( p.51)
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(...)la gestion de la fabrique était devenue une tâche écrasante depuis qu'il fallait faire face à la chute des ventes de cierge.Au début de la guerre, les moines avaient refusé sans une ombre d'hésitation de convertir la petite usine en fabrique de grenades, ainsi que le leur enjoignait la politique de l'effort de guerre.On continuait donc à produire des bougies qui ne se vendaient plus.Au lieu de faire partir leur argent en fumée de bonne odeur devant Dieu, les femmes de soldat préféraient acheter de quoi envoyer des colis sur le front, c'était compréhensible.

( p.35)
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Nadejda Ignatievna embrassa le salon d'un dernier coup d'oeil rapide.Il fallait donc se résoudre à sacrifier Pouchkine.On avait pourtant bataillé pour épargner la précieuse tête, jusqu'ici.C'était leur dernière pièce de valeur, offerte par les parents de Gochka à l'occasion de leur mariage, et Nadejda Ignatievna rêvait d'en faire le cadeau de noce d'une de ses filles.Cette effigie était son orgueil. Rien de plus inutile qu'une tête de Pouchkine en plâtre. Trônant sur la cheminée, il semblait dire aux visiteurs:" Ici nous vivons dans l'opulence.Et nous avons le goût des arts "

( p.178)
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Video de Olga Lossky (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olga Lossky
Olga Lossky - La maison Zeidawi .Olga Lossky vous présente son ouvrage "La maison Zeidawi" aux éditions Denoël. Rentrée littéraire janvier 2014. http://www.mollat.com/livres/lossky-olga-maison-zeidawi-9782207117224.html Notes de Musique : Amina Alaoui 6 Ya laylo layl
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