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EAN : 9782072671920
144 pages
Gallimard (11/05/2016)
3.93/5   7 notes
Résumé :
"C'est dans les pensionnats pour filles qu'on découvre les femmes, la nature des femmes, avec en partage un mépris qui colle, poisseux ; et je m'y connaîtrais sur le sujet, j'allais passer les meilleures années de ma vie ici et quand je sortirais, une moitié de l'humanité m'attendrait que je devrais affronter, ignorante. Qui sait si le monde des hommes aurait la même intensité ? Qui sait si à la peau des hommes et à leurs corps j'aurais envie de m'y coller et d'y go... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sur le roman, il y avait le bandeau rouge de Gallimard avec noté "Une fascination". le terme est exact : L'année pensionnaire fascine et m'a séduite d'emblée, telle Attali fascine notre narratrice de quatorze ans. Car le roman d'Isabelle Lortholary est une histoire d'amour, de rage, d'obsession éperdue pour une chimère, pour une jeune fille que la narratrice idolâtre, et projette sur elle fantasmes et désir jusqu'à la folie. La narratrice se replonge dans ses souvenirs d'adolescence, dans un pensionnat où elle a vécu une grande partie de sa vie en tant qu'enfant et adolescente. La description de la pension, de ses règles, du curieux état à la fois de torpeur, de vie réglée, mais aussi de rigidité, nous plonge dans une sorte de temps replié sur soi alors que nous sommes au milieu des années soixante-dix, un éden où les filles vivent entre elles, coupées du reste du monde - notamment masculin - perçu alors comme une prison à la fois rassurante et asphyxiante, une "chasteté de gynécée". Dans cet univers réglé, qui reproduit année après année, génération après génération, la même éducation, les mêmes fillettes obéissantes, la narratrice va voir une autre jeune fille débouler, et alors bouleverser sa mécanique. La nouvelle donc se nomme Attali, à des origines juives et une histoire trouble - elle vient d'Amérique, ses parents sont décédés tous les deux en Israël ; elle est de deux ans l'aînée de la narratrice, qui va être aussitôt troublée par Attali, et va vouloir, par tous les moyens, mêmes les plus cruels, s'approcher d'elle. Attali lui demeurera jusqu'au bout un mystère, à la fois indifférente au monde qui l'entoure, et toujours plus intrigante.

Au-delà de cette histoire, c'est l'écriture d'Isabelle Lortholary qui m'a conquise : l'auteure dépeint admirablement, avec poésie et subtilité, dans une prose à la fois délicate et crue, toute l'ambivalence de l'adolescence - le désir qui éclot, l'attraction qui vire à l'obsession, la méchanceté et la cruauté qui peut jaillir d'un coup, la solitude et la souffrance qu'elle amène. Les souvenirs sont évoqués à la fois avec une certaine nostalgie mais aussi teintés d'une amertume sombre. Les sentiments, les sensations nous sont décrits avec précision, permettant alors au lecteur de s'immerger complétement dans la pension et son univers ouaté et pourtant dangereux. Les descriptions du pensionnat, au charme désuet situé en Ariège, non loin d'un sanatorium, proche d'une nature assez sauvage, offrent au récit une ambiance à la fois romantique et inquiétante, d'autant plus que la narratrice évoque quarante ans plus tard des lieux désormais effacés, disparus. le roman oscille alors entre beauté et poison distillé tout doucement - une fascination donc, jusqu'au bout.
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Depuis ses sept ans, la narratrice passe son année scolaire dans un pensionnat appelé l'Institut non loin de l'Espagne" Nous venions de l'Europe entière, (…) l'Institut avait bonne réputation ainsi que l'air et l'eau des montagnes, propices à l'épanouissement des natures sensibles (c'est de cette manière que l'on qualifiait nos petites personnes, frappées d'une de ses maladies qui n'existent pas sinon dans l'idée que se font les parents et les éducateurs des jeunes filles « dans la norme » ; natures sensibles, l'expression servait à masquer nos difficultés d'adaptation au système scolaire et nos échecs dans les écoles publiques) ". Désormais âgée de quatorze ans, rompue au fonctionnement de l'institut et à ses règles, une nouvelle venue Attali l'intrigue. Mystérieuse, de deux ans son aînée, elle exerce sur la narratrice une fascination, un trouble. Fille unique de parents artistes très distants ( " Il est évident que je n'appartenais pas à une famille normale "), elle subit ces années "L'impression que je garde est celle d'une stagnation". Car c'est la femme quarante plus tard qui raconte. Les plus jeunes et les moins dégourdies endurent une méchanceté qui dérive vers une forme de cruauté de la part des plus grandes.
Le récit donne l'impression d'un établissement d‘une époque lointaine or nous sommes en 1973 quand les événements se produisent.

Récit impeccablement maîtrisé où Isabelle Lortholary nous décrit admirablement la solitude, l'amour à sens unique, les émois de ces jeunes filles. Pas d'eau de rose, mais une écriture qui restitue avec précision et densité les émotions les plus complexes et ce, sans oeillères.
Un roman à l'atmosphère prenante devenu un livre hérisson !

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"Un pensionnat est une institution forte parce qu'en un sens, il est fondé sur le chantage et on y cède."

Fréquentant un pensionnat de jeunes filles au pied des Pyrénées depuis l'âge de sept ans, la narratrice, âgée de quatorze ans, en connaît les codes et les usages par coeur. Elle croyait n'avoir rien à espérer de cette rentrée scolaire quand elle découvre une nouvelle venue, Attalie. Cette dernière, semblant indifférente à tout, lestée d'un passé qui la singularise, devient aussitôt un objet de fascination éperdue.
Raconté à quarante ans de distance cette Année pensionnaire , marquée par la mort,est d'abord un roman d'atmosphère, empli de solitudes qui se frôlent dans un pensionnat glacial , exsudant une "stagnation"où les jeunes filles ont "engluées". Pas d'épanouissement ici mais la prolongation "presque jusqu'à la démence d'une enfance sénile." On se croirait plus au XIX ème siècle que dans les années 70 !
La narratrice, dont nous ne connaîtrons le prénom qu'à la toute fin du texte, porte un regard acéré à la fois sur ses parents qui "n'avaient de parents que la fonction, deux inscriptions joliment manuscrites à la plume, face à face dans un livret de famille: mais il fallait tourner la page pour me voir apparaître, derrière, au verso-cachée aux regards, une présence héritée et peu désirée.", sur le manque de solidarité et la cruauté des pensionnaires envers les plus faibles. Cruauté dont elle ne sera pas exempte.
Il se dégage de ce roman un sourd poison qu'il faut prendre le temps de siroter et de laisser agir. 139 pages maîtrisée, denses, et que je n'oublierai pas de sitôt ! Un grand coup de coeur !

Merci à l'éditeur et à Babelio.
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Une atmosphère à la frontière de la nostalgie, et pourtant presque une acidité : les souvenirs de cette année en pension, en Ariège, sont amers : amours non écloses, mêlées à une admiration et une fascination propres à l'adolescence, méchanceté injustifiée, solitude...

Une année à l'ombre du monde pour ses jeunes filles qui font l'apprentissage du passage à l'âge adulte avec son lot de déconvenues, de déceptions, de désirs tus et d'amitiés non satisfaites, une année bouleversante, une fillette morte et une jeune fille à la lisière de la folie...

Quarante ans plus tard, la narratrice distille ses souvenirs, son amertume et la narration, touchante, à la fois grave et légère, nous guide dans une réclusion trouble, dans un mélange de douceur et de cruauté.

Pour qui connait Ornolac où se situe supposément le pensionnat, le roman gagne en profondeur et presque en mystère : le village, jumelé à Ussat-les-Bains, ancienne station thermale très réputée sous Napoléon (son frère y venait en cure), ses villas bourgeoises, aujourd'hui en ruines et envahies par les ronces, ajoutent au climat romntique où instille un drôle de poison...

Ce roman est un vrai petit bijou, court mais drôlement fort !
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J'ai lu L'année pensionnaire dans le cadre de l'opération Masse Critique, et en remercie Babélio.

Les cinquante premières pages de L'année pensionnaire m'ont absolument ravie.

Dans un style au charme presque désuet, le lecteur découvre le pensionnat, et l'atmosphère qui y règne, et la personnalité de la narratrice, dont on ignore jusqu'au prénom, mais dont on sait les dispositions sauvages, se mêlant au groupe lorsqu'il s'agit de trouver un bouc-émissaire, et le sentiment d'abandon auquel elle s'est habituée très jeune lorsque ses parents l'ont inscrite dans l'établissement.

Ainsi, ces jeunes filles terriblement solitaires se montrent, en collectivité, féroces. Peu de temps après la lecture de Quatre par quatre, ces éléments faisaient écho à la cruauté des enfants et adolescents en groupe lorsqu'ils sont peu ou proue laissés à eux-mêmes dans un univers clos, qui m'avait troublée dans le roman de Sara Mesa.

Dans L'année pensionnaire, l'atmosphère peut paraître moins glauque, cependant les faits relatés rejoignent pour partie cette dimension monstrueuse que l'on trouve dans l'effet de groupe.
Ici, une petite fille, émotive et fragile, est prise en grippe et rejetée par les autres filles, jusqu'au dénouement tragique.

En parallèle, on suit la relation insolite entre la narratrice et Attali, et le déséquilibre criant qu'elle abrite, dans la mesure où la narratrice voue à Attali une sorte d'adoration muette, tandis que l'on s'aperçoit qu'Attali ne lui accorde aucune considération.

Cependant, au-delà des cinquante premières pages, j'ai eu le sentiment que l'intrigue n'avançait guère, qu'il s'agissait avant tout de peindre un monde issu d'une mémoire, et que le livre tenait surtout dans la contemplation, la description de ce qui jadis avait fait ce monde.
La relation avec Attali comme le drame de la petite portugaise m'ont paru n'être que des prétextes à s'immerger dans cet univers qui semble intact, et riche de mille sentiments et sensations bruts, purs dans ce qu'ils ont de spontané, quand bien même ils se révèlent par moments affreusement malsains.

En fin de compte, l'intention et le cadre posé sont très convaincants, rendant le roman intéressant, lequel excelle à rendre une atmosphère à la fois surannée et inquiétante, prégnante.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La joie qu'on éprouve pour une douleur est pernicieuse, elle est empoisonnée comme une vengeance, elle n'est pas innocente, elle pervertit.
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Un matin de septembre Attali entre à Sainte-Catherine et ce à quoi j'ai accordé importance depuis mes sept ans recule dans l'oubli, au premier plan il n'y a que son visage et son sourire et ses cheveux couleur miel et chocolat. Il n'y a qu'elle et cette histoire que je raconte, dont j'aimerais tant qu'elle nous soit commune, dont je ne suis pas certaine qu'elle ne soit pas que la mienne. Aujourd'hui encore je n'arrive pas à dire que j'aimais Attali et c'est une phrase très facile à dire.
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On aurait dit qu'elle avait un secret, en forçant son cœur, en taillant au cou où pulse la vie, le connaîtrais-je ? Son front, où les pensées ne se laissaient pas toucher, j'aurais voulu y pénétrer pour la posséder : en elle l'imprenable et l'absolu, comme un éloignement du monde, des vivants, qui me fascinait et me révoltait, quelque chose d'inhumain.
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