Le parfum de la dame en noir, déjà évoqué par Rouletabille alors qu'il cherchait à résoudre le fameux mystère de la chambre jaune, en constitue la suite.
Ainsi, alors que M. Et Mme Robert Darzac s'apprêtent à partir en voyage de noces, réapparaît l'infâme Larsan !
Mathilde Stangerson n'a que le temps d'adresser une dépêche à Rouletabille contenant ces mots : au secours !
C'est ainsi que le couple Darzac, le professeur Stangerson, Rouletabille et son fidèle Sainclair se retrouvent dans le huis-clos angoissant du fort d'Hercule, au bord de la méditerranée.
Là, on retrouve les protagonistes de la chambre jaune : le couple Bernier, le père Jacques, et de nouveaux hôtes que sont Mr et Mrs Arthur Rance.
Sainclair, comme précédemment, nous narre cette intrigue angoissante où l'auteur nous apprend à la toute fin la clef de l'énigme.
Au fil de cette aventure, on apprend aussi beaucoup de choses sur ce qui lie Mathilde Stangerson à Joseph Rouletabille.
Moins palpitant que la chambre jaune, ce roman est un plaisir.
Commenter  J’apprécie         310
Tant mieux si la lumière définitive se fait dans l'esprit du lecteur avant l'heure où elle m'est apparue. Comme il disposera, ni plus ni moins, des même moyens que nous pour voir clair, il se sera prouvé à lui-même qu'il jouit d'un cerveau digne du crâne de Rouletabille.
P 126 J'ai déjà dit que Mathilde Stangerson avait été très religieusement élevée, non point par son père qui était assez indifférent sur ce chapitre, mais les femmes et surtout sa vieille tante de Cincinnati. Les études auxquelles elle s'était livrée par la suite, aux côtés du professeur, n'avaient en rien ébranlé sa foi et le professeur s'était bien gardé d'influencer en quoi que ce fût, à ce propos, l'esprit de sa fille. Celle-ci avait conservé, même au moment le plus redoutable de la création du néant, théorie sortie du cerveau de son père, ainsi que celle de la dissociation de la matière, la foi des Pasteurs et des Newton. Et elle disait couramment que, s'il était prouvé que tout venait de rien, c'est à dire de l'éther impondérable, et retournait à ce rien, pour en ressortir éternellement, grâce à un système qui se rapprocherait d'une façon singulière des fameux atomes crochus des anciens, il resterait à prouver que ce rien, origine de tout, n'avait pas été créé par Dieu.
Il y avait dans ces cris: "Maman! Maman! Maman!" une telle fureur de désespoir, un appel ou plutôt une annonce de secours tellement au-dessus des forces humaines que je pouvais craindre qu'il n'oubliât qu'il n'était qu'un homme, c'est à dire incapable de voler directement de cette fenêtre à cette tour, de traverser comme un oiseau ou une flèche cet espace noir qui le séparait du crime et qu'il remplissait de son effrayante clameur. Tout à coup, il se retourna, me renversa, se précipita, dévala, dégringola, roula, se rua à travers couloirs, chambres, escaliers, cour, jusqu'à cette tour maudite qui venait de jeter dans la nuit le cri de mort de la galerie inexplicable!
Et moi, je n'avais encore eu que le temps de rester à la fenêtre, cloué sur place par l'horreur de ce cri. J'y étais encore quand la porte de la Tour Carrée s'ouvrit et quand, dans son cadre de lumière, apparut la forme de la Dame en noir! Elle était toute droite et bien vivante, malgré le cri de la mort, mais son pâle et spectral visage reflétait une terreur indicible. Elle tendit les bras vers la nuit, et la nuit lui jeta Rouletabille, et les bras de la Dame en noir se refermèrent et je n'entendis plus que des soupirs et des gémissements, et encore ces deux syllabes que la nuit répétait indéfiniment: "Maman! Maman!".
Le mariage de M. Robert Darzac et de Mlle Mathilde Stangerson eut lieu à Paris, à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, le 6 avril 1895, dans la plus stricte intimité. Un peu plus de deux années s’étaient donc écoulées depuis les événements que j’ai rapportés dans un précédent ouvrage, événements si sensationnels qu’il n’est point téméraire d’affirmer ici qu’un aussi court laps de temps n’avait pu faire oublier le fameux Mystère de la chambre jaune... Celui-ci était encore si bien présent à tous les esprits que la petite église eût été certainement envahie par une foule avide de contempler les héros d’un drame qui avait passionné le monde, si la cérémonie nuptiale n’avait été tenue tout à fait secrète, ce qui avait été assez facile dans cette paroisse éloignée du quartier des écoles.
P 132 …J'ai pris comme règle, dans une affaire aussi considérable, de ne peindre choses et gens qu'au fur et à mesure de leur apparition au cours des événements. Ainsi le lecteur passera par toutes les alternatives, que quelques-uns de nous ont connues, d'angoisse et de paix, de mystère et de clarté, d'incompréhension et de compréhension! Tant mieux si la lumière définitive se fait dans l'esprit du lecteur avant l'heure où elle m'est apparue. Comme il disposera, ni plus ni moins, des même moyens que nous pour voir clair, il se sera prouvé à lui-même qu'il jouit d'un cerveau digne du crâne de Rouletabille.
Gaston Leroux : Le Fantôme de l’Opéra (1964 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 3 octobre 1964. “Le Fantôme de l'Opéra” est un film radiophonique de Jean-François Hauduroy adapté, en 1964, du roman éponyme de Gaston Leroux écrit en 1910. Ce fantôme, qui hante les sous-sols de l'Opéra Garnier, n'en est pas vraiment un. Il nous effraie et nous terrifie car c'est un personnage de chair et de sang. Erik, le “fantôme” de l’Opéra, personnage tout à fait extraordinaire, dont le rôle est tenu ici par un acteur non moins extraordinaire, Alain Cuny, avec également Danièle Ajoret, René Farabet et Jean-Roger Caussimon dans le rôle du Persan.
Résumé :
Des événements étranges ont lieu à l'Opéra : le grand lustre s'effondre pendant une représentation, un machiniste est retrouvé pendu. La direction doit se rendre à l'évidence : un fantôme ou un homme machiavélique nommé Erik hante le théâtre. Certains affirment avoir vu le visage déformé de cet être qui ne semblerait pas être humain. Peu après, les directeurs de l'Opéra se voient réclamer 20 000 francs par mois de la part d'un certain « Fantôme de l'Opéra » qui exige aussi que la loge numéro 5 lui soit réservée.
Au même moment, une jeune chanteuse orpheline nommée Christine Daaé, recueillie par la femme de son professeur de chant, est appelée à remplacer une diva malade, la Carlotta. Elle incarne une Marguerite éblouissante dans “Faust” de Gounod. Or, elle est effrayée. Au vicomte Raoul de Chagny, qui est secrètement amoureux d'elle, elle confesse une incroyable histoire. La nuit, une voix mélodieuse l'appelle : elle entend son nom et cela lui suffit pour inspirer son chant. En outre, l'ange de la musique visite fréquemment sa loge. Elle affirme avoir entrevu l'être qui l'accompagne dans son art. Mais Raoul et Christine ne tardent pas à découvrir que cette voix est celle du fameux fantôme nommé Erik, un être au visage hideux. Ancien prestidigitateur, il s'est réfugié dans son royaume souterrain, sous l'Opéra, pour y composer une œuvre lyrique. Passionnément épris de la jeune Christine, il l'enlève et l'emprisonne dans son repaire des sombres profondeurs.
Raoul de Chagny, aidé d'un mystérieux Persan, se lance à la recherche de la jeune femme. Il doit alors affronter une série de pièges diaboliques conçus par le fantôme, grand maître des illusions. Mais la persévérance du jeune Raoul et le courage de Christine, prête à sacrifier sa vie pour sauver le jeune homme, dont elle aussi est éprise, poussent Erik, le fantôme de l'Opéra, au repentir.
Interprétation : Danièle Ajoret (de la Comédie Française, Christine Daaé), Alain Cuny (Erik), René Farabet (Georges / Raoul de Chagny), Jean-Roger Caussimon (Le Persan), Christian Lude (Firmin Richard, le nouveau directeur), Hubert Deschamps (Armand Monchardin, le nouveau directeur), Jeanne Frédérique (Madame Giry).
Avec le concours de René-Jacques Chauffard, Raymond Pélissier, Raymond Jourdan, Micheline Bona, Dominique Jayr, Pierre Decazes et René Renot.
Bruitages : Robert Maufras
Réalisation : Claude Roland-Manuel
Sources : France Culture et Wikipédia
+ Lire la suite