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EAN : 9782072697760
384 pages
Gallimard (13/04/2017)
3.2/5   22 notes
Résumé :
Printemps 1824 : à Darlington, dans le nord de l'Angleterre, l'ingénieur George Stephenson construit la première ligne de chemin de fer. En drainant un étang, ses ouvriers découvrent un squelette qui pourrait être celui de lady Beresford, disparue vingt ans plus tôt dans des circonstances mystérieuses. Nommé bien malgré lui juge de paix, le notaire Edward Bailey, disciple de Byron et grand amateur de madère, tente de démêler un imbroglio mêlant rumeurs, légendes et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Le savoir-faire de l'homme est sacré. Son prix doit être gravé dans le marbre. Mais aujourd'hui c'est le marché qui fixe ce prix ! Si un homme a faim, on le paiera moins cher que s'il est repu. Si deux artisans proposent le même service, on invoquera la concurrence pour leur faire baisser leur prix. Aujourd'hui, on n'achète plus seulement la marchandise, on achète aussi l'homme, et au prix le plus bas possible. »
Sous la couverture d'un thriller historique mettant en scène une galerie de personnages célèbres : Charles Dickens enfant, George Stephenson inaugurant la première ligne de chemin de fer, Byron … ce roman à tiroirs recèle un message social radical : la main invisible du marché, la religion du profit deviennent une malédiction diabolique – à transposer aujourd'hui avec la révolution numérique et les effets de la mondialisation - destinée à broyer les plus pauvres, condamnés à mourir dès leur plus jeune âge, rampant dans les boyaux chargés de grisou, écrasés par des balles de coton trimballées à dos d'homme, révolvérisés parce qu'ils ont eu l'audace de se révolter ou même chargés sabre au clair comme lors de la manifestation sanglante du 16 août 1819 à Manchester (15 morts) lors du massacre dit de Peterloo (l'allusion à Waterloo n'est pas fortuite).
A part ce « fil rouge » qui nous rappelle que les effets du progrès technologique ne sont pas bénéfiques pour tous, voici un roman baroque et foisonnant, à l'intrigue embrouillée à souhait, conduisant le lecteur , telle une navette de métier Jacquard, entre l'année 1803 et l'année 1824. Avec des images percutantes, un style raffiné, des scènes captivantes et des personnages hauts en couleurs. le héros principal est un jeune notaire de Darlington, Edward Bailey, intronisé par l'inquiétant Sir Walter Spalding « juge de paix » dans une enquête bien ténébreuse.
En asséchant une mare, les ouvriers du futur chemin de fer ont mis au jour le squelette d'une femme. Immédiatement, on songe à une disparue célèbre de la région : Lady Mathilde Beresford, la belle française ancienne maîtresse de Danton que Robert Beresford a ramené plus de vingt ans auparavant de son séjour à Paris et avec laquelle il se disputait violemment. D'autant qu'à côté du squelette, on a trouvé un poignard frappé aux armes des Beresford Edward Bailey est efficacement aidé dans ses recherches par son clerc, Seamus Snegg, un bien attachant collaborateur. Car la tâche est ardue, tant d'années après la disparition soudaine du couple Beresford … Et bien des intérêts divergents compliquent tout : les hobereaux locaux qui vont perdre le bénéfice de leur route à péage dès l'arrivée du chemin de fer, la …
vengeance de survivants au massacre de Peterloo contre le policier sans scrupule Alfred Cobbold, les liaisons tordues de la famille Beresford, la folie de Marguerite, l'épouse d'Edward …
Tout finit par rentrer dans l'ordre : le témoignage d'une jolie femme enfin entendu, l'art d'un serrurier génial révélé, la ligne de chemin de fer inaugurée, les criminels sanctionnés – des innocents aussi, hélas !
Un seul conseil au lecteur : faire une fiche pour chaque nouveau personnage, car on finit par s'y perdre.
N.B. : ouvrage chroniqué dans le cadre de l'opération "Masse critique".
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Pour pleinement apprécier ce récit, il a fallu que" j'ajuste ma focale" de lecteur. M'ayant été proposé comme un roman policier, j'avais déjà en tête une "grille de lecture". Il est vrai que la quatrième de couverture évoque un squelette mis au jour en drainant un étang. Il pourrait s'agir de lady Beresford, disparue vingt ans plus tôt à Darlington dans le Nord de l'Angleterre. Son corps, un poignard fiché dans la cage thoracique, n'aurait jamais été découvert si au printemps 1824 ne se construisait la première ligne de chemin de fer. Cet étang, situé sur le tracé, doit disparaître pour que le chantier puisse se poursuivre. Ce cadavre est bien embarrassant, il réveille de vieilles histoires, révèle de sombres secrets et freine aussi la "marche" du progrès.

La recherche de l'assassin ne va pas constituer, loin s'en faut, le fil conducteur de la narration. Jean-Pierre Ohl nous décrit surtout l'Angleterre au temps de la révolution industrielle, à une époque charnière où le progrès est vu d'un mauvais oeil par les hobereaux de province, par les plus pauvres qui n'en ressentent aucunement les bienfaits, mais séduit certains capitaines d'industrie peu scrupuleux. Cette peinture, extrêmement détaillée, rappelle les romans d'Anthony Trollope. Je n'ai pas saisi toutes les allusions historiques, faute de connaissances suffisantes.

J'ai préféré aux références historiques le point de vue des multiples personnages sur cette année 1824. L'histoire se déroule à Londres et à Darlington. Dans la capitale, nous suivons Charles Dickens, âgé de douze ans, dont la famille est en prison pour dettes et qui gagne quelques sous dans une fabrique de cirage. Nous entrons aussi dans l'intimité de Leonard Vholes, par le biais de son journal intime. le lien que cet individu assez inquiétant entretient avec les Beresford se précise tout au long du roman. A Darlington, Edward Bailey, trentenaire plus connu pour sa propension à faire la fête que pour ses talents de notaire, est nommé juge de paix, en charge d'élucider l'affaire du squelette de l'étang. Il forme un duo très plaisant avec Snegg, son clerc de notaire. Rien n'est fait pour leur faciliter la tâche tant les intérêts en jeu sont multiples. Coincés entre les tenants du progrès et ceux qui sont persuadés que le chemin de fer est celui du diable, ils avancent vaille que vaille à la recherche de la vérité. L'affaire intéresse aussi les ouvriers et nous permet d'en découvrir quelques-uns.

Je me suis perdue dans ce roman d'une grande richesse, ne parvenant plus à certains moments à identifier les nombreux personnages, égarée entre toutes les pistes narratives : enquête policière, hommage au roman gothique, peinture à la Trollope. Cette abondance a fini par me submerger, et pourtant l'ensemble est très bien écrit et parfaitement construit.



Une lecture en demi-teinte
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Enfin un nouveau roman du très british (en tout cas, dans ses références) Jean-Pierre Ohl ! Après une incursion, très réussie du reste, dans l'univers de l'anticipation avec Redrum, voilà que ce grand admirateur de Dickens revient à ses premières amours avec un roman absolument jubilatoire, entre roman policier et roman historique, en forme de variation pittoresque et délicieusement ironique autour des canons qui régissent ces univers romanesques. L'auteur s'amuse à faire ce petit pas de côté qui fait de son roman non pas un livre "à la manière de" mais un roman somme toute très contemporain dans sa thématique puisqu'il y démontre sans pour autant tomber dans l'anachronisme combien nous sommes les héritiers de cet emballement du progrès et de son corollaire diabolique : le profit . C'est en effet le début de la révolution industrielle qui intéresse cette fois l'auteur des Maîtres de Glenmarkie : s'y dessinent les prémices d'un capitalisme à marche forcée, d'un monde où l'ouvrier, plus que jamais, voit ses pauvres droits se réduire comme peau de chagrin alors que dans le même temps les investisseurs s'enrichissent de plus belle. Il y a du Zola (ou du Dickens) dans certains passages du Chemin du diable, dans la manière dont Jean-Pierre Ohl dénonce par la voix de certains de ces personnages le sort réservé aux plus faibles.
Si le pan historique est très réussi, à la fois très documenté mais aussi très vivant par la grâce de personnages aussi incarnés que pittoresques, l'aspect policier ne l'est pas moins ! Une intrigue que n'aurait pas renié le célèbre ami et rival de Dickens Wilkie Collins tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre du roman.
Un cadavre, des traces de roue dans la boue, des armoiries sur un poignard, un livre dédicacé par Danton, un égyptien à tête de brioche, des serrures sophistiquées, une jeune fille évanescente, un amoureux transi et un enquêteur pas si naïf que l'on pourrait croire se mêlent dans un joyeux ballet sans que l'on s'y perde un instant, tout au contraire ! Il y a là un immense plaisir de lecture à se laisser emporter par le style très imagé de Jean-pierre Ohl qui maîtrise à merveille l'art de la métaphore dans un chassé-croisé de personnages sorti de son imaginaire pour le moins fécond...
On retrouve dans Le chemin du diable tout ce qui faisait le sel et le charme des précédents romans de Jean-Pierre Ohl, cette alchimie très élégante entre érudition, humour, clins d'oeil à la culture qui le nourrit et l'inspire. Ici, une autre dimension se greffe au propos : est-ce parce qu'il parle moins de fiction (même si le personnage de Dickens enfant qui apparaît en personnage secondaire lui permet de très belles pages sur le processus de la création littéraire) et plus du monde qui est le nôtre que le propos est aussi très mélancolique et parfois sombre ? Tapies en embuscade la mort et la violence rôdent alors que le rire et l'ironie ne sont jamais loin. Et le roman est alors plus qu'un très brillant divertissement, un roman où se dessinent au crayon pâle des abîmes insoupçonnés, de ceux qui nous effraient, reflets de nos fragiles conditions humaines.
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George Stephenson, ingénieur, s'attelle à la construction de la première ligne de chemin de fer dans le nord de l'Angleterre. Ce chantier est certes synonyme de progrès mais aussi d'interrogation, de peurs et de conditions de travail qui sont difficiles pour des ouvriers sans le sou et sans défense. Voilà qu'en drainant un étang, des ouvriers découvrent un squelette. de qui s'agit-il ? Certains penchent pour lady Beresford disparue il y a vingt ans. En effet, Mathilde, épouse de Mr Beresford avait disparu soudainement. Afin de résoudre l'enquête, Edward Bailey se voit confier l'enquête. Dans le même temps, Vholes, avocat va apporter sa contribution à la résolution de l'énigme.
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Voici un auteur que j'ai découvert lors de la dernière masse critique de Babelio. Je n'avais jamais lu cet auteur et j'ai beaucoup aimé sa façon d'écrire. J'ai apprécié la description de l'ambiance de l'époque même si elle n'était pas des plus favorables à toute la population et notamment les plus fragiles. J'ai aimé suivre Edward et son subalterne ainsi que la surprise de la résolution de l'énigme, surprenante, que je n'avais vraiment pas envisagée. le seul bémol est que le roman foisonne de personnages et que j'ai été perdue à certains moments.
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En voiture Dickens !

Angleterre. Printemps 1824. Darlington. En plein chantier de construction du chemin de fer, un ouvrier découvre dans un marais le corps d'une jeune femme que tout désigne pour être Lady Beresford, disparue mystérieusement corps et âmes il y a des années de cela, son mari ; Lord Beresford ayant pour sa part pris la fuite à l'étranger et n'ayant plus donné signe de vie.

Jean-Pierre Ohl livre un récit foisonnant de part les personnages, les caractères, les événements, les sujets. Et pourtant, le résultat final conserve une totale cohérence de bout en bout même si le lecteur n'aura en sa possession toutes les clefs du récit qu'à la fin du livre.

Si l'enquête autour de la découverte du corps est un pilier essentiel du livre sans lequel les fils de l'histoire ne pourraient se dérouler, le fond du livre n'y réside pour autant pas. Il n'est qu'un prétexte à dresser le portrait d'une société en plein bouleversement : à travers les chamboulements induits par l'industrialisation à outrance, Jean-Pierre Ohl dépeint une société en pleine confusion, perdue entre le conservatisme des nantis, la soif de progrès des nouveaux riches et la pauvreté de tout un pan de la population qui ne sortira certainement pas enrichi des évolutions en marche.

Jean-Pierre Ohl en profite pour égratigner l'aristocratie, quelle soit anglaise ou non, qui se complaît dans un quant-à-soi où les petits arrangements entre amis sont monnaies courantes et qui n'a pas disparu quelques deux cents ans plus tard.

Roman gothique, roman romantique, roman critique, « le chemin du diable » prend mille détours, mille voies et mille voix différentes pour emmener le lecteur sur des chemins de traverses sans que celui-ci ne sache véritablement jusqu'où le conducteur du train veut le conduire. Mais on suit les aventures d'Edward Bailey, flanqué de son clerc particulièrement perspicace, qui joue les faire-valoir de luxe et attire toute la lumière sur lui, Stephenson, ingénieur éclairé et aveuglé, obnubilé par ses inventions et qui ne saisit pas pleinement que ce que lui accepte de faire au nom du progrès (y compris de son propre progrès financier, faisant de lui un génie naïf), d'autres ne le font que par soucis d'enrichissement personnel et certainement pas pour apporter un quelconque progrès au peuple, Leonard Vholes, l'homme devenu l'avocat aigri qu'il est et qui a totalement perdu de vue le jeune romantique transi et sans le sou qu'il fut, j'en passe et des meilleurs.

Jean-Pierre Ohl trace une frontière particulièrement imperméable entre les différentes couches de la société, à l'exception notoire de Vholes qui, pour avoir réussi là où tout le monde a échoué, n'en a pas mois perdu son âme. Si l'auteur en appelle à nos plus profonds sentiments humains, il le fait à travers un prisme social qui n'est pas sans avoir une forte résonance avec la société actuelle.

Ce « Chemin du diable » a été pour moi l'occasion de découvrir une écriture et un style qui me donnent particulièrement envie de les approfondir dans les autres ouvrages de l'auteur dont certains relèvent a priori de la science-fiction, signe de pluridisciplinarité de l'auteur…

Lien : http://wp.me/p2X8E2-PV
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Attention mes enfants, disait l'instituteur, zéro n'est pas un chiffre comme les autres. Il absorbe tous les autres comme une éponge. Multipliez le par cent, mille, cent mille, un million. Le résultat sera toujours zéro." Charley comprend tout à coup. Maintenant, il déchiffre le mystère du zéro, et ses jambes se mettent à trembler de panique tandis qu'une main froide lui empoigne le cœur. Un mort dans le cellier, quatre sur la commode de Chatham. Seize à Peterloo, cinquante mille à Waterloo : cela fait toujours le néant.
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En pénétrant dans le bosquet, Sam s'extasie. Ce ne sont pas une, ou deux phrases, mais des centaines, des milliers, elles courent dans tous les sens, vers le ciel, vers la terre, elles s'alignent au-dessus et au-dessous de l'horizon. Il est sur le point de pénétrer ce livre vivant, il tend les bras pour y plonger, mais brusquement un flot d'encre rouge en recouvre les pages.
Sam tombe à genoux : il a juste le temps de comprendre que l'encre sort de sa bouche.
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_ Vous ne pouvez pas faire ça sir Walter.
_ Quoi donc ?
_ Tordre la vérité dans tous les sens. Au bout d'un moment elle va finir par casser.
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