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Merlin Holland (Éditeur scientifique)Bernard Cohen (Traducteur)
EAN : 9782234058224
419 pages
Stock (30/11/-1)
4.06/5   24 notes
Résumé :

1895. Après avoir été publiquement traité de" sodomite ", Oscar Wilde intente un procès en diffamation au marquis de Queensberry, le père de son jeune amant. Mais son action échoue et la Couronne le poursuit devant les tribunaux pour outrage aux bonnes mœurs. Reconnu coupable d'homosexualité, il est condamné à une peine de deux ans de travaux forcés qu'il purgera dans la tristement célè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le 25 mai 1895, Oscar Wilde est condamné à deux ans de travaux forcés en vertu d'une loi interdisant l'homosexualité. Ses biens sont confisqués pour payer ses frais de justice et ses dettes. Son épouse, Constance, se réfugie avec ses fils en Suisse pour fuir l'humiliation. Après sa libération, il ne retrouvera ni sa femme, ni ses enfants, ni sa réputation et décédera, malade et ruiné, dans une chambre miteuse d'un petit hôtel parisien.

Mais comment un tel homme - intelligent, cultivé et en pleine gloire, a-t-il pu tomber si bas ? Trois mots pour y répondre : Lord Alfred Douglas.
Oscar Wilde, malgré un mariage heureux et une vie de famille épanouie, n'a pas su résister aux charmes du jeune et beau Lord. Dans l'Angleterre victorienne, l'homosexualité était sévèrement punie et Oscar Wilde a payé le prix pour son « Amour qui n'ose pas dire son nom ».

Le 18 février 1895, Lord Queensberry, le père d'Alfred, dépose une carte adressée à Oscar Wilde à l'hôtel Albemarle comportant ce texte : « Pour Oscar Wilde, posant au somdomite (sic) ».
Plutôt que de jeter la carte au feu, Oscar ne trouve rien de mieux que de déposer plainte à l'encontre du « marquis Écarlate » pour diffamation.

Le procès d'Oscar Wilde n'est ni plus ni moins que le compte-rendu de ce procès en diffamation. Merlin Holland, le petit-fils d'Oscar, a réussi à retrouver les documents originaux afin de les proposer au public.
C'est une lecture passionnante pour tous ceux qui aiment le « Paon irlandais ».

Au début du procès, Oscar joue les divas : mais quel merveilleux théâtre que cette cour ! Il amuse le public, fait de l'esprit, provoque Mr. Carson, l'avocat de Queensberry. Il se donne en spectacle.
Mais, confiant, il commet une erreur. Un bon mot de trop et le voilà bafouillant, ému et empressé : il sait qu'il vient de perdre son procès.
Pour une question sur Walter Grainger, Wilde s'envoie lui-même en prison.

« L'avez-vous jamais embrassé ?
- Oh non, jamais, jamais ! C'était un garçon singulièrement quelconque. »

Après cet épisode, le procès sera vite conclut, Oscar Wilde et son avocat renonçant aux poursuites. Lord Queensberry est relaxé, il n'y a pas de diffamation. S'il n'y a pas de diffamation, c'est qu'Oscar Wilde est bel et bien homosexuel, il devra donc être jugé pour ce « crime ».

Je n'ai pu qu'admirer la prestance de Wilde même si l'envie de lui hurler de se taire m'est venue fréquemment à l'esprit. Les joutes verbales entre Wilde et Carson sont fabuleuses. À ce titre, impossible de ne pas admirer le talent de Carson qui avait en face de lui un adversaire de taille.

Même si j'aime profondément Wilde, je dois admettre qu'il devait être condamné, ce compte-rendu le prouve. Il a fait plus que jouer de malchance, il a cherché son malheur.

Cependant une question demeure concernant Alfred Douglas : pourquoi n'a-t-il pas été poursuivi ? Merlin Holland estime que de telles poursuites auraient pu être dangereuses pour le procès Wilde car si Bosie était relaxé, Wilde l'aurait été aussi. Mais pourquoi ne pas l'avoir poursuivi après la condamnation d'Oscar ?
Cela semble prouver que ces braves gens avaient très envie de se payer Wilde, sans se soucier de moralité ou de justice. Cet homme trop libre, trop érudit, trop ironique sur la société victorienne les renvoyait à leur médiocrité et à leur morale corsetée. S'en était trop, ils l'ont éliminé.

Même si Oscar Wilde n'est plus, son oeuvre demeure et ça, ses détracteurs ne l'avaient pas prévu. En fin de compte, c'est Oscar qui a gagné.


CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2018
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Ce document est exceptionnel car, nous explique Merlin Holland, petit-fils d'Oscar Wilde dans sa préface, la plus complète des retranscriptions du procès ayant jamais été publié jusqu'à maintenant.
Si sa lecture est parfois ardue et parfois répétitive, les avocats des deux parties adverses reprenant les mêmes éléments, les interventions de chacun se révèlent dans leurs débats très intéressantes et révélatrices de ce qui se jouait moralement et politiquement alors.
Tout d'abord plaignant, Oscar Wilde, qui avait été accusé publiquement de sodomie par le Marquis de Queensberry et de pervertir son jeune fils de vingt ans, se retrouve peu à peu dans le box des accusés par un retournement de situation toute victorienne. de victime, il s'est ainsi mué en criminel par la vindicte morale. Nous assistons alors à l'inéluctable descente en enfer De Wilde : tout d'abord, sûr de lui, faisant même de l'humour et des bons mots, il se voit conspué, dépouillé de toute estime, y compris littéraire, sa vie et ses fréquentations disséquées. Deux ans de geôle, la consfication de tous ses biens, la ruine donc, ont eu la peau de ce génie mort en France dans la misère une poignée d'années seulement après sa libération.
Document exceptionnel donc qu'il est important de découvrir aujourd'hui en ces temps où l'homophobie ressurgit dans ses plus laides et violentes réactions.
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Autre temps, autres moeurs. Mars 1895, à Londres : Oscar Wilde engage une poursuite en diffamation contre John Douglas, 9e marquis de Queensbury, bravant les avis contraires de son avocat et de ses amis. le procès se déroule en avril de la même année et attire une foule curieuse. À la barre, Wilde est malmené par l'avocat de la défense dans un contre-interrogatoire serré et cinglant. Tous ses faits et gestes, ses rencontres masculines, ses dîners et sa correspondance sont passés au peigne fin. Et ultime affront, son roman le portrait de Dorian Gray, se voit infliger l'étiquette sulfureuse de « sodomitique » ou « posant au sodomite ».
Melvin Holland, petit-fils d'Oscar Wilde, préface cet ouvrage reprenant les minutes du célèbre procès. Une lecture qui s'est avérée fastidieuse par moments tant les questions répétitives des avocats se révélaient assommantes, mais pimentée heureusement par les réparties De Wilde, qui faisaient monter les rires dans la salle du tribunal. Conclu par une déclaration de non-culpabilité du marquis de Queensbury, les retombées de ce procès se retournent contre l'écrivain qui aura à subir deux autres procès et un séjour en prison.
« En envoyant mon grand-père en prison, ils débarrassaient ainsi la société d'un rebelle : pas n'importe quel rebelle politique ordinaire mais quelqu'un qui remettait en question quelque chose de plus crucial – l'hypocrisie des valeurs sociales, sexuelles et littéraires sur lesquelles reposait si fermement la société victorienne. »
Et pour accompagner ce texte édifiant, il me faut absolument lire une biographie d'Oscar Wilde; mon choix s'est arrêté sur celle écrite par Richard Ellmann, espérant que ce soit le bon.

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Oscar Wilde... la personnalité de l auteur m a toujours intriguée. J ai lu son Dorian Gray avant les procès et je pense que c est un tort car je n en avais pas saisi la portée ni la polémique. Je le relirai de fait ainsi que de profondis afin de savoir si mon ressenti post lecture du procès en diffamation qu'il intenta à Lord Queensburry était partagé par un de ses protagonistes, et non des moindres puisqu'il en finit la victime.

Nous sommes en 1895 et la question de la sexualité, que dis je de l homosexulatié masculine, est au coeur de ce recueil des minutes du procès.

Posons le décor, Oscar Wilde - auteur jugé subversif- a 40 ans passé , est marié et père de 2 garçons mais il a pour habitude de s entourer de jeunes hommes (16 à 21 ans environ) de condition sociale souvent plus modeste.

Alors qu'il côtoie Alfred Douglas, le père de ce dernier voit d un mauvais oeil cette relation.
Son fils aîné, depuis lors décédé - suicide , fricotait avec un bien nanti futur ministre d Angleterre. Lord Quennsburry ne s en remet pas mais n osé pas mettre en cause un politicien.
Aussi quand son jeune fils fréquente- bien que jamais la preuve d une relation de nature sexuelle soit apportée- Oscar Wilde qui défraie la société londonienne pleine d hypocrisie avec ses oeuvres jugées subversives et un style de vie différent... Lord Q. décide de sauver son petit Alfred du méchant Oscar.

Au point qu il l accuse ouvertement de " poser au sodomite" qui est un délit selon les textes de lois en vigueur.
Le malin ne dit pas que c est un homosexuel mais que son attitude tend à donner cette impression et nuit donc à son fils influençable.

L erreur De Wilde , mal conseillé, est d attaquer en justice un père qui veut sauver son fils pour diffamation. Car quel jury condamnerait un père soucieux de l avenir de son fils après le deuil précédent.

Wilde dira d ailleurs dans de profondis qu'il fut le jouet d une querelle familiale.

Et en effet cela ressort du procès en diffamation : la mésentente d un père avec l ensemble de sa famille.

Mais au delà de cela : c est cette société puante de cette époque sur la relation intime entre deux êtres qui est dans ce livre. Des non dits , des mots pour masquer les faits.
Un plaignant qui se retrouve sur le banc des accusés car pour qu'il y ait diffamation il faut que les faits allégués soient faux.
Nous voilà donc sur une instruction à charge contre Oscar Wilde sur sa sexualité.
Et quand bien même il nierait on insiste jusqu a l écoeurement sur ces questions.
Pire on apprend que les témoins sont payés pour témoigner et de sommes non négligeables.

Ici le livre s arrête avant les procès qui verront Wilde condamné pour sodomie à 2 ans de prison. Ici on ne sait pas encore si les accusations sont vraies ou fausses si le prologue n est pas lu. Ici on s attache à démontrer la justice, l acharnement et l hypocrisie d une société sur la réalité qui l entoure.

On apprend que la France est un peu en avance puisque Flaubert gagnera le procès qui lui est fait sur Mme Bovary mais nous sommes encore loin de la tolérance actuelle ...

Après cette lecture et malgré l actualité je me sens heureuse de vivre en France, pays des libertés, à notre époque et même si tout n est pas parfait.
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On nous dit qu'Oscar Wilde transforma son procès "en une pièce de théâtre à la fois drôle et profonde sur l'amour, l'amitié, l'art, la morale et la littérature". Peut-être, mais l'on ressent très vite, en dépit de quelques répliques impertinentes bien dans la manière du célèbre dandy, que les représentants de l'ordre victorien ne sont pas des imbéciles ridiculisés par un défenseur de la liberté d'aimer, quand bien même s'agirait-il d'amour entre un écrivain marié et un jeune aristocrate. On découvre plutôt un Oscar Wilde englué dans la falsification improbable de relations passagères et multiples avec des jeunes hommes sans le sou. Derrière l'attitude de bon aloi qui l'a conduit à défendre en justice son honorabilité bafouée, il y a une plongée en abîme que l'écrivain fou de bons mots n'a pas l'inconscience d'ignorer. Plus qu'une aimable conversation philosophique, j'ai donc plutôt lu le compte rendu d'un drame éprouvant sur les limites de la liberté individuelle et de l'ordre public, où un homme se rend compte que sa vie bascule. A vrai dire, c'est plus marquant. Même la société d'alors aurait excusé, de manière hypocrite bien sûr, des moeurs plus discrètes. Elle l'a condamné à la geôle, à un dernier poème, et à la mort.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Quelques jours plus tard, le 18 février, Queensberry déposa au club de Wilde une carte à son attention comportant l'inscription suivante : « Pour Oscar Wilde pédale et somdomite [sic]. »
Ce n'est que dix jours plus tard que le portier de L'Albemarle remit la carte à Wilde, qui écrivit immédiatement à son ami Robert Ross, depuis l'hôtel Avondale où il séjournait :

« Très cher Bobbie, il s'est produit du nouveau depuis notre dernière rencontre. Le père de Bosie a déposé à mon club une carte à mon attention comportant une horrible inscription. Cela ne me laisse maintenant d'autre choix qu'une action en justice. Toute ma vie semble ruinée par cet homme. La tour d'ivoire est prise d'assaut par l'immonde. Ma vie étalée sur le sable. Je ne sais que faire. Si vous voulez venir ici ce soir à 11 h 30, je vous en serais reconnaissant. Je gâche votre vie en abusant de votre affection et de votre gentillesse. J'ai demandé à Bosie de venir demain. »

À ce stade de la tragédie, on peut déjà se dire « si seulement... » comme on pourra le faire si souvent dans le courant de cette affaire.
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[...] Mais, sachant la vigueur avec laquelle il avait défendu Le Portrait de Dorian Gray à sa sortie, il était plus que probable qu'en attaquant son œuvre il poursuive la lutte. Wilde, bien qu'il soit peu vraisemblable que le raisonnement des avocats de Queensberry soit allé jusque-là, connaissait bien les procès de ses deux auteurs français préférés, poursuivis en 1857 pour obscénité et immoralité : celui de Flaubert pour Madame Bovary et celui de Baudelaire pour Les Fleurs du mal. L'œuvre de Flaubert fut accusée d'outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs et, dans son jugement, le tribunal déclara que Les Fleurs du mal contenait des expressions et des passages obscènes et immoraux. En l'espèce, Flaubert fut acquitté ; Baudelaire condamné à une amende de 300 francs et six de ses poèmes préférés furent censurés.
Comparé à ce qui arriva à Wilde, ils s'en étaient bien tirés.
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En envoyant mon grand-père en prison, ils débarrassèrent ainsi la société d'un rebelle : pas n'importe quel rebelle politique ordinaire mais quelqu'un qui remettait en question quelque chose de crucial - l'hypocrisie des valeurs sociales, sexuelles et littéraires sur lesquelles reposait si fermement la société victorienne. Il avait tracé un arc-en-ciel aux couleurs interdites par-dessus ce morne âge de la puissance industrielle et de l'édification de l'Empire ; il poussa ses idées et son comportement à la limite de ce qu'on pouvait tolérer - puis un tout petit peu au-delà, ce qui fut trop. Et quand le Paon irlandais traîna le marquis Écarlate* devant un tribunal, il s'attaqua à l'establishment britannique et passa, comme il le dit lui-même « d'une éternité de gloire à une éternité d'infamie ».

*Lord Queensberry
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CARSON : Je crois que vous êtes dans l'opinion, Mr Wilde, qu'il n'existe pas de livre immoral ?
WILDE : Oui.
CARSON : Vous avez cette opinion ?
WILDE : Oui.
CARSON : En ce cas, je suppose que je serais en mesure de dire que, à votre avis, ce texte* n'est pas immoral ?
WILDE : Il est pire que cela, il est mal écrit. (Rires)


* « Le prêtre et l'acolyte » écrit par un étudiant d'Oxford et publié dans The Chameleon aux côtés d'une contribution de Wilde.
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À la fin juin, Queensberry se rendit au domicile de Wilde flanqué d'un boxeur professionnel ; s'il n'accusa pas directement Wilde de conduite incorrecte envers son fils, il lui dit néanmoins : « Je n'ai pas dit que vous étiez cela, mais que vous en aviez l'air et que vous posez à cela, ce qui est tout aussi mal », ajoutant qu'il rosserait Wilde s'il le rencontrait à nouveau dans un restaurant en compagnie de son fils. La fameuse réplique de Wilde montre qu'il n'éprouvait aucune peur : « J'ignore ce que sont les règles Queensberry*, mais les règles d'Oscar Wilde commandent de tirer à vue. »


*Lord Queensberry a mis au point les règles de boxe anglaise.
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Vidéo de Merlin Holland
Soirée de projection et débat consacrée au poète et boxeur Arthur Cravan - RDJ .Soirée de projection et débat consacrée au poète et boxeur Arthur Cravan À l?occasion de la parution du n°53 de La Règle du jeu Avec Cécile Guilbert, écrivain Yann Moix, écrivain Marcel Fleiss, galeriste, fondateur de la galerie 1900-2000 Bertrand Lacarelle, écrivain, éditeur, directeur du dossier Merlin Holland, écrivain et petit fils d'Oscar Wilde Bastiaan van der Velden, collectionneur indépendant, juriste et écrivain Une soirée animée par Alexis Lacroix le lundi 23 septembre 2013 Au cinéma Saint-Germain
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature anglaise : textes divers (270)
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