Oscar Wilde... la personnalité de l auteur m a toujours intriguée. J ai lu son Dorian Gray avant les procès et je pense que c est un tort car je n en avais pas saisi la portée ni la polémique. Je le relirai de fait ainsi que de profondis afin de savoir si mon ressenti post lecture du procès en diffamation qu'il intenta à Lord Queensburry était partagé par un de ses protagonistes, et non des moindres puisqu'il en finit la victime.
Nous sommes en 1895 et la question de la sexualité, que dis je de l homosexulatié masculine, est au coeur de ce recueil des minutes du procès.
Posons le décor,
Oscar Wilde - auteur jugé subversif- a 40 ans passé , est marié et père de 2 garçons mais il a pour habitude de s entourer de jeunes hommes (16 à 21 ans environ) de condition sociale souvent plus modeste.
Alors qu'il côtoie Alfred Douglas, le père de ce dernier voit d un mauvais oeil cette relation.
Son fils aîné, depuis lors décédé - suicide , fricotait avec un bien nanti futur ministre d Angleterre. Lord Quennsburry ne s en remet pas mais n osé pas mettre en cause un politicien.
Aussi quand son jeune fils fréquente- bien que jamais la preuve d une relation de nature sexuelle soit apportée-
Oscar Wilde qui défraie la société londonienne pleine d hypocrisie avec ses oeuvres jugées subversives et un style de vie différent... Lord Q. décide de sauver son petit Alfred du méchant Oscar.
Au point qu il l accuse ouvertement de " poser au sodomite" qui est un délit selon les textes de lois en vigueur.
Le malin ne dit pas que c est un homosexuel mais que son attitude tend à donner cette impression et nuit donc à son fils influençable.
L erreur
De Wilde , mal conseillé, est d attaquer en justice un père qui veut sauver son fils pour diffamation. Car quel jury condamnerait un père soucieux de l avenir de son fils après le deuil précédent.
Wilde dira d ailleurs dans de profondis qu'il fut le jouet d une querelle familiale.
Et en effet cela ressort du procès en diffamation : la mésentente d un père avec l ensemble de sa famille.
Mais au delà de cela : c est cette société puante de cette époque sur la relation intime entre deux êtres qui est dans ce livre. Des non dits , des mots pour masquer les faits.
Un plaignant qui se retrouve sur le banc des accusés car pour qu'il y ait diffamation il faut que les faits allégués soient faux.
Nous voilà donc sur une instruction à charge contre
Oscar Wilde sur sa sexualité.
Et quand bien même il nierait on insiste jusqu a l écoeurement sur ces questions.
Pire on apprend que les témoins sont payés pour témoigner et de sommes non négligeables.
Ici le livre s arrête avant les procès qui verront Wilde condamné pour sodomie à 2 ans de prison. Ici on ne sait pas encore si les accusations sont vraies ou fausses si le prologue n est pas lu. Ici on s attache à démontrer la justice, l acharnement et l hypocrisie d une société sur la réalité qui l entoure.
On apprend que la France est un peu en avance puisque
Flaubert gagnera le procès qui lui est fait sur Mme Bovary mais nous sommes encore loin de la tolérance actuelle ...
Après cette lecture et malgré l actualité je me sens heureuse de vivre en France, pays des libertés, à notre époque et même si tout n est pas parfait.