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Laurent-Frédéric Bollée (Autre)
EAN : 9782413042556
152 pages
Delcourt (25/10/2023)
4.07/5   96 notes
Résumé :
Qui se cache à l'ombre des Illuminations, cette pièce unique de la poésie française ? Arthur Rimbaud, bien sûr, mais aussi Paul Verlaine et Germain Nouveau. Entre 1872 et 1877, les trois poètes se tournent autour, se cherchent, se fuient, s'enivrent, tentent d'être libres ou s'acharnent à ne pas l'être. Et puis un manuscrit, l'ultime, circule de main en main et semble leur brûler les doigts...
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Quel crime ce serait, d'avoir ce manuscrit en mains et de ne pas l'imprimer…
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Ce tome correspond à une biographie d'une partie de la vie de trois poètes à la fin du XIXe siècle. Sa parution initiale date de 2023. Il a été réalisé par Laurent-Frédéric Bollée & Jean Dytar pour le scénario, et par Jean Dytar pour les dessins et les couleurs. Il comporte environ cent-cinquante pages de bande dessinée. En fin de tome, sont récapitulés les poèmes dont des extraits figurent dans le récit : Ô saisons, ô châteaux (Arthur Rimbaud), Fin d'automne (Germain Nouveau), Matinée d'ivresse (Arthur Rimbaud), Il pleure dans mon coeur (Paul Verlaine), Parade (Arthur Rimbaud), Un grand sommeil noir (Paul Verlaine), Très méchante ballade d'un pauvre petit gueux (Germain Nouveau), Dernier madrigal (Germain Nouveau), un extrait de lettre de Verlaine à Rimbaud du douze décembre 1875, un d'une lettre de Nouveau à Mme Nina de Villard, et un extrait de la préface de Verlaine à la première édition des Illuminations en octobre 1886.

Germain Nouveau est installé sur l'un des bancs en pierre intégrés à la façade de la cathédrale d'Aix en Provence, alors qu'une femme s'approche pour entrer. Un jour de septembre 1872, Germain Nouveau marche dans les rues de Paris, se dirigeant vers un café où l'attendent d'autres artistes. Il passe devant une libraire appelée Livre moderne et ancien. Il entend une voix l'interpeller depuis une fenêtre du premier étage. Une femme lui fait observer qu'il n'y a pas que les nourritures spirituelles dans la vie. Elle lui demande s'il ne veut pas effeuiller autre chose que les pages d'un livre. Elle trouve qu'il s'exprime avec un bel accent du Sud, elle en déduit qu'il débarque à Paris. Elle continue : s'il change d'avis, qu'il n'hésite pas à revenir. le poète parvient au café et y pénètre : il est salué par Paul Cézanne qui le présente à ses deux amis. Il lui commande une absinthe. Ils discutent et l'un d'eux informe Germain que Rimbaud a quitté Paris, avec cette crapule de Verlaine : ils sont partis pour Bruxelles. L'autre ami indique qu'il voit bien qui est Verlaine, un grand poète, en revanche il ne voit pas du tout qui est Rimbaud.

Ce même jour de septembre 1872, un navire à Vapeur accoste à Douvres : Arthur Rimbaud et Paul Verlaine font partie des passagers qui débarquent. Ils se rendent à la gare pour prendre le train de Londres. Ils s'installent dans un compartiment déjà occupé par un homme, puis une femme entre et les salue en s'installant. Lors du trajet, Verlaine demande à son ami s'il aime Douvres. Rimbaud lui répond que non, et que Bruxelles avait fini par le faire bâiller d'ennui. Verlaine estime que son compagnon n'ait jamais satisfait. L'autre répond par un extrait de poème : Ô châteaux, quelle âme est sans défaut ? Il continue : parfois il a l'impression de se faire traverser par des tourbillons de mots. Jusque-là, c'était comme s'il laissait venir à lui les visions. Il les attrapait. Puis il tentait de les dompter avec les mots. Mais désormais, ce sont les mots qui semblent précéder ses visions. Il voudrait ne plus avoir peur de leur lâcher la bride. Qu'ils soient plus libres, plus fougueux ! Sans aller n'importe où… Seulement il faut qu'il accepte de perdre un peu de contrôle.

Il se dit que les recueils de poèmes sont les livres qui se vendent le moins : le lecteur salue le courage de ces auteurs qui évoquent un passage de la vie des trois poètes dont deux sont passés à la postérité, connus par le grand public : Paul Verlaine (1844-1896), Arthur Rimbaud (1854-1891), le troisième, moins connu, étant Germain Nouveau (1851-1920). Ce tome se compose de dix chapitres, couvrant une période allant de 1872 à 1877, les deux derniers se déroulant une dizaine d'années plus tard en 1886. le lecteur familier des deux poètes les plus connus retrouvent le fait que le 10 juillet 1873, Verlaine tire sur Rimbaud avec un revolver, et il voit que le récit trouve une partie de son aboutissement dans la parution du recueil Les illuminations en 1886. En phase avec une écriture très spécifique pour la poésie, les auteurs ont imaginé une narration particulière : des pages divisées en deux ou trois parties horizontales. Dans le premier chapitre, la moitié supérieure de chaque page est parée de teintes entre gris et marron, et elle est consacré à Germain Nouveau qui rencontre Paul Cézanne dans un café, avec majoritairement deux bandes de cases. La moitié inférieure est dévolue au voyage d'Arthur Rimbaud et Paul Verlaine en Angleterre, dans des nuances tournant autour du vert bouteille, également majoritairement deux bandes de cases.

Le décalage poétique commence avec la couverture : trois personnes sous l'emprise de la boisson, vraisemblablement gaies, et certainement illuminées, avec une définition des détails qui semble un peu floue, vraisemblablement un pont de Paris avec son parapet et son lampadaire caractéristiques, et sa chaussée pavée en queue de paon, mais en même temps le lecteur ne pourrait pas reconnaître le lieu exactement, ni même les personnages s'ils ne sont pas munis de leur accessoire (chapeau, pipe) dans une autre scène. Au cours du récit, l'artiste utilise cette gestion de l'imprécision pour différents effets : les visages pour laisser le lecteur projeter son émotion, la nature de certains revêtements de sol qui sont évoqués, certains arrière-plans en particulier dans les cafés quand l'intérêt du lecteur se focalise sur la discussion, et la mise en couleur. À part pour le dernier chapitre et pour les illustrations en double page du portail de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence (avec son tympan, son linteau et les montants sculptés), le dessinateur découpe chaque page par bande horizontale : deux ou trois, chaque bande suivant un ou deux des trois poètes. Pour chacune de ces bandes, une couleur est déclinée en plusieurs nuances pouvant s'échelonner entre le blanc et le noir, sans que ces deux extrêmes ne soient systématiquement présents. En outre, les dessins sont réalisés en couleur directe, sans recours à un trait de contour.

Pour autant, chaque scène fourmille de détails précis et concrets qu'il s'agisse d'une grande vue d'ensemble d'un paysage, ou d'un cadrage serré pour une discussion intimiste. le lecteur éprouve une sensation de qualité quasi-photographique pour la finesse des sculptures décorant le pourtour du portail de la cathédrale Saint-Sauveur, pour les façades des immeubles parisiens, pour le quai de Douvres, pour la vitrine du café où Nouveau retrouve ses amis, les remparts de la prison de Saint-Gilles à Bruxelles, les immeubles face au Pont-Neuf, une vue de dessus à couper le souffle d'un escalier dans un immeuble, l'arrivée de trains en gare de Londres, l'échelle pour embarquer sur un ferry au départ de Livourne et à destination De Marseille, un désert de sable et de roches au Shoa, ou encore les chemins dans l'arrière-pays d'Aix-en-Provence. de même les personnages disposent d'une apparence spécifique qui permet d'identifier au premier coup d'oeil chacun des trois poètes et Paul Cézanne, grâce à la jeunesse d'Arthur Rimbaud, et les barbes taillées différemment de Verlaine et Nouveau. La simple narration en deux ou trois bandes de couleur différente dégage une forme de diversité à chaque page, même quand l'une de ces lignes narratives repose sur une succession de champs et contrechamps en plan serré sur le buste des interlocuteurs. L'artiste sait concevoir des plans de prise de vue qui alternent plan fixe ou déplacement de caméra, maîtrisant ainsi la sensation de mouvement.

La structure du récit invite à comparer ce qui se déroule dans une bande narrative à ce qui se déroule dans une autre placée juste en dessous, avec parfois des similitudes directes dans l'action des personnages, parfois des jeux de réponse ou de contraste. Lors de l'avant-dernière scène, le lecteur découvre le sens de ces dessins en double page, en plan fixe sur le portail de la cathédrale. La dernière scène se déroule en deux temps, d'abord cinq pages de discussion entre Germain Nouveau et un éditeur, à raison de douze cases par page, réparties en quatre bandes de trois, puis une forme très libre sans bordure montrant le poète cheminant sur un sentier comme s'il se déplaçait sur la page elle-même. le lecteur devient ainsi le témoin privilégié des discussions entre ces trois amis, sur la poésie, sur leur art, sur leurs limites, sur leurs frustrations et leur manque d'assurance, ainsi que de leurs voyages. S'il connaît un peu la vie de chacun, il repère plus facilement les moments ayant acquis une valeur de vérité historique et participant à la légende de ces poètes. Sinon, il prend les événements comme ils viennent, les déplacements, la conviction d'être un poète sans avenir, leur façon différente à chacun des trois, d'écrire, de pratiquer leur art, de ressentir l'acte de sculpter leur vision avec des mots. Il se rend compte que l'enjeu pour eux réside dans comment mener une vie leur permettant d'exercer leur art, et également en cohérence avec leur sensibilité artistique. Comment alimenter leur flamme sans se laisser gagner par la dérision ou la futilité de simples poèmes semblant en total décalage avec l'appréhension de la réalité par le reste du monde. En filigrane, il apparaît également la fragilité de leur entreprise, totalement soumise à des contingences arbitraires, à des mouvements d'humeur ou inspirations du moment aussi ténus que fugaces, en particulier pour ce qui est de la publication de leurs oeuvres, et plus précisément pour Les illuminations.

Assurément des auteurs qui prennent le risque de sortir des sentiers battus. Tout d'abord par le choix de mettre en scène des poètes, en s'attardant sur les vicissitudes de leur vie. Ensuite par une narration visuelle mêlant précision et évocation, en deux fils narratifs simultanés sur la même page, avec une mise en couleurs déclinant une couleur en plusieurs nuances. Enfin en évoquant leurs atermoiements et leurs revers de fortune, faisant ainsi ressortir leur fragilité, et les différents paramètres qui concourent à rendre leur création artistique quasi miraculeuse, tellement de choses venant la contrarier, la fragiliser, l'empêcher.
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Attention, pépite ! Quel magnifique album ! Celui-ci reprend quelques passages de la vie de Rimbaud, Verlaine et Germain Nouveau. le titre leur va comme un gant. Il fait référence aux Illuminations de Rimbaud mais également à la façon dont ils étaient perçus dans la société.

Les dessins sont superbes, au service du scénario, changeant de couleurs suivant ce qui est raconté (allant du gris-bleu au sépia). Ils rappellent ce XIXe siècle dans lequel évoluait nos poètes. Les tranches de vie sont racontées pudiquement et finement. Si je connaissais nos fameux poètes maudits, j'en savais beaucoup moins sur Germain Nouveau, tombé un peu dans les oubliettes de nos jours. Merci à cet album de réhabiliter sa mémoire.

Voici un magnifique ouvrage à mettre entre toutes les mains !
Un grand merci à Netgalley et au Groupe Delcourt pour cette très belle découverte.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Club N°55 : BD sélectionnée
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Les dessins et couleurs retranscrivent parfaitement les pérégrinations des 3 poètes, notamment celle, météore de Rimbaud.

C'est subtil et cela reste un remarquable moment de lecture.

Wild57
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Les Illuminés, ce sont les trois poètes : Verlaine, Rimbaud et Nouveau.

Leurs relations, leurs liaisons, leurs complicités et duplicité également.

Un jeu de couleurs implique une lecture double, deux histoires en simultané.

Pas toujours facile à suivre mais très intéressant.

Les dessins sont magnifiques.

Virginie
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Pas évident de s'attaquer à un sujet de poésie tel que Rimbaud en bande dessinée. J'aime bien l'oeuvre de Jean Dytar en général et je partais donc assez confiant.

Le graphisme rend bien l'esprit de l'époque, le dessin est réalisé uniquement au pinceau, une monochromie en pâte, épaisse et subtile dans les nuances de lumières, cela donne un aspect de vieille carte postale aux couleurs sépia ou verdâtre, le ton va évoluer au fil de l'histoire. Les pages sont d'abord séparées en deux parties, deux tons différents, deux récits parallèles. Dans celui du haut en sépia, on suit Germain Nouveau, le troisième larron injustement méconnu du mouvement initié par les deux autres, et dans celui du bas, dans une gamme de vert, on découvre Paul Verlaine et Arthur Rimbaud. Au fil de l'histoire, les couleurs vont changer, les poètes passeront d'un récit à l'autre en fonction des rencontres et des séparations.

Les auteurs ont fait le choix de ne pas narrer l'incident qui amena Paul Verlaine en prison, ils choisissent d'éviter le spectaculaire, ce qui aurait donné une vision très romantique de l'histoire, j'approuve totalement ce choix car le mouvement Parnassien dont ces trois auteurs sont les successeurs était motivé par une réaction contre le mouvement romantique, je n'aurai pas aimé y trouver une vision romantique de leur histoire. Jean Dytar et Laurent-Frédéric Bollée sont toujours justes, leurs choix graphiques et narratifs sont toujours en adéquation avec le sujet.
Arthur Rimbaud est un personnage incontrôlable, l'histoire met en lumière les tensions chez les deux autres, provoquées par leur amour de la création, leur admiration pour le gamin, face à l'inconstance de celui-ci.

Les Illuminés ne se contente pas d'une biographie classique, croisée sur trois poètes, il entre dans les processus de création, sur les motivations de la poésie, des forces en jeu, l'impact sur le lecteur, sur la création qui suit. Une fois ses poèmes écrits, Arthur Rimbaud ne s'y intéresse plus, mais le récit parvient à nous faire pénétrer dans la fascination qu'ils exercent sur les deux autres poètes, amour, passion, admiration… La conclusion est assez défaitiste, comme une sorte de défaite de la poésie, sa place actuelle dans la littérature d'aujourd'hui conforte cette vision. Gérard Nouveau, à l'instar d'Arthur Rimbaud, continuera à écrire mais ne voudra plus être publié.

Je trouve aussi assez fine la présentation de Gérard Nouveau, considéré par les surréalistes comme l'égal d'Arthur Rimbaud, et par d'autre que comme un simple suiveur. Les auteurs ne prennent pas vraiment parti, il nous laissent l'envie d'en savoir un peu plus par nous même. La bande dessinée est magnifique, le propos est juste et subtil, et cette lecture nous donne une irrésistible envie de lire de la poésie, de découvrir plus profondément Gérard Nouveau et de lire et relire Arthur Rimbaud et Paul Verlaine.

Seul petit bémol que je mettrais : la division des pages avec les différents récits en parallèles rend parfois la lecture un peu hachée, mais y-avait-il une autre solution, ce choix est cependant justifié par le contenu et pour l'harmonie de la page. Il m'est arrivé de ne lire que le récit du haut, ou celui du bas sur trois ou quatre pages et de revenir en arrière pour relire l'autre pour redonner de la fluidité à ma lecture.

Qu'on sorte d'une biographie en ayant envie de lire le ou les artistes évoqués est pour moi un critère majeur, Les Illuminés y parvient à 100%. Et en plus c'est magnifique, bravo.
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Quelle splendeur!

Les Illuminés Rimbaud, Verlaine et Nouveau, sont restés longtemps au chevet des illuminations. Germain Nouveau et Arthur Rimbaud bien sur entre 1872 et 1875 puis Arthur Rimbaud a délaissé ses poèmes et pris la route Verlaine et Nouveau ont eu à tour de rôle entre leurs mains le manuscrit ... qui ne sera publié qu'en 1895 à titre posthume.

Ceci précisé il n' ya plus qu'à se laisser porter par les mots, les scènes "polyphoniques" comme définies par les auteurs, jusqu'à la Montagne sainte Victoire qui résiste toujours à Cézanne. de Paris à Bruxelles, de Londres à Charleville, de l'Italie à l'Egypte , les dessins accompagnent les destins uniques de nos Illuminés quant aux mots ils se font poésie . Voilà j'ai apprécié cet album de la première à la dernière page, j'ai lu et relu certaines vignettes, me suis arrêtée sur les dessins . Bref que du plaisir et cerise sur le gâteau j'ai appris beaucoup . Merci Lydia pour ta critique enthousiaste !

Un immense merci aux éditions Delcourt pour ce partage via netgalley
#LesIlluminés #NetGalleyFrance !





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critiques presse (5)
BDZoom
18 décembre 2023
Que ce soient par les images de Jean Dytar — qui accompagnent les destins de nos « illuminés » — ou par les textes fins et pudiques de Laurent-Frédéric Bollée, c’est l’ensemble de ces 140 magnifiques pages qui se fait ainsi poésie.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Culturebox
05 décembre 2023
Ce livre est beau comme un tympan de cathédrale, poli comme les vers d’un poème sublime, construit comme un fragile château de cartes qui tient bon jusqu’à son achèvement.
Lire la critique sur le site : Culturebox
BoDoi
28 novembre 2023
Centré sur le pouvoir de la création et les sentiments puissants d’un amour littéraire à trois [...], "Les Illuminés" ne dévie jamais de son angle et tente de comprendre, avec beaucoup de subtilité, le cheminement intellectuel qui fait avancer les artistes et les explorateurs de notre monde.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Bedeo
13 novembre 2023
Œuvre poétique par son thème et par ses choix narratifs, "Les Illuminés" présente des pages qui sont d’une rare justesse lyrique.
Lire la critique sur le site : Bedeo
LeMonde
31 octobre 2023
L’album rend enfin justice au poète de Pourrières, tout en s’appuyant sur les différentes nuances de sépia pour proposer une narration audacieuse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Enfin, j’espère que cette préface me libèrera d’une sorte de malédiction, que je pourrai passer à autre chose, dix ans après… Ces poèmes… ils ont pour moi le goût amer de la prison et de la jalousie. Je végétais dans une cellule quand Arthur les a écrits à Londres, en compagnie de Germain Nouveau. Depuis, ils n’ont cessé de me hanter. J’ai eu le manuscrit en main une première fois à Stuttgart, avec charge de l’envoyer à Nouveau… J’ai aussitôt regretté mon zèle. Deux ans plus tard, j’ai fini par le récupérer. Mais je l’ai prêté à mon beau-frère Sivry, que je croyais mon ami. Las, il ne me l’a jamais rendu. […] La malédiction dont je parlais, plus forte que l’absinthe. […] Si les feuillets vous sont parvenus, c’est parce que Mathilde a finalement autorisé son frère à s’en défaire. Et pour cause ! Mathilde s’est remariée. Nuire à Arthur ne lui importe plus. Ni à moi, hélas… Elle a définitivement tourné la page. Ces poèmes ressurgis des limbes… Ils viennent me narguer. Ils viennent me dire que j’ai tout perdu. Mon fils, ma femme, ma réputation. C’est le fantôme de Rimbaud qui ne me lâche pas. Et moi, qui n’ait pas un sursaut de dignité, je n’arrive pas à m’en décoller. J’ai écrit cette préface en espérant me soulager de quelque poids. Ou au contraire en m’y agrippant désespérément. Vous devez me trouver pathétique.
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Mon cher ami, je ne t’ai pas écrit contrairement à ma promesse parce que j’attendais lettre de toi, enfin satisfaisante. Rien reçu, rien répondu. Aujourd’hui, je romps ce long silence. Sept mois passés chez des protestants m’ont confirmé dans mon catholicisme, dans mon courage résigné. Résigné par l’excellente raison que je me sens, que je me vois puni justement et que plus sévère est la leçon plus grande est la grâce et l’obligation d’y répondre. Donc, le même toujours. La même affection (modifiée) pour toi. Je te voudrais tant éclairé, réfléchissant. Ce m’est un si grand chagrin de te voir en des voies idiotes, toi, si intelligent. J’en appelle à ton dégoût lui-même de tout, et de tous, à ta perpétuelle colère contre chaque chose, juste au fond cette colère, bien qu’inconsciente du pourquoi. Tu m’as écrit en avril, des lettres trop significatives de vils, de méchants desseins, pour que je me risque à te donner mon adresse. Tu n’auras mon adresse que quand je serai sûr de toi. Allons, un bon mouvement, un peu de cœur, que diable ! un peu de considération et d’affection pour un qui restera toujours, et tu le sais, ton cordial… P.V.
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Eh bien… jusque -là, c’était comme si je laissais venir à moi les visions. Je les attrapais… Puis je tentais de les dompter avec les mots. Mais désormais, ce sont les mots qui semblent précéder les visions. Justement, je voudrais ne plus avoir peur de leur lâcher la bride. Qu’ils soient plus libres, plus fougueux ! Sans aller n’importe où… Seulement, il faut que j’accepte de perdre un peu le contrôle.
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- Moi, c'est tout le contraire, voyez-vous. Je ne suis jamais seul. Mais à force de liens, je me sens entravé de tout mouvement. Prisonnier de tant d'obligations !
- De ça je me suis libéré, c'est vrai. Enfin, je crois que la liberté, c'est comme l'horizon. Ce n'est qu'un mot. Sans réalité tangible.
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Mon joli, il n’y a pas que les nourritures spirituelles dans la vie. Ne veux-tu pas effeuiller autre chose que les pages d’un livre ? Je parie que tu as un certain doigté.
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Vidéo de Jean Dytar
Un entretien avec Jean Dytar, pour la sortie du magnifique album : Les Illuminés aux éditions Delcourt. Entretien réalisé lors du FIBD d'Angoulème 2024.
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