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EAN : 9782362802041
504 pages
MARCHAISSE (03/05/2018)
2.33/5   3 notes
Résumé :
Parmi les historiens de la France contemporaine, aucun ne semble s'être soucié de tenir le journal de son temps. Du moins, comme l'a fait Michel Winock, à savoir toute sa vie, en marge de ses études d'abord, puis de ses activités de chercheur, d'enseignant et d'éditeur. C'est dire le caractère exceptionnel de cette publication au long cours, dont le premier volume (La République Gaulienne, 1958-1998) est déjà paru aux éditions thierry Marchaisse, en 2015. Ce second ... >Voir plus
Que lire après Les années Mitterrand. Journal Politique, 1981-1995Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Michel Winock est un historien très connu qui a eu de nombreuses ativités: chercheur, historien, professeur à Sciences Po, journaliste, écrivain. Rares sont les historiens actuels qui se sont souciés d'écrire un journal de leur temps. C'est dire le caractère exceptionnel de cette publication au long cours, dont le premier volume (La République Gaullienne, 1958-1998) est déjà paru aux éditions Thierry Marchaisse, en 2015. Ce second volume couvre les deux septennats de François Mitterrand, c'est-à-dire les années 1981-1995.
L'opération Masse Critique de Babelio m'a permis de découvrir mieux cet écrivain-historien que je connaissais de réputation seulement.
Ce journal couvre des événements très divers, l'actualité internationale est évoquée aussi et c'est ce qui m'a plu plus particulièrement dans ce livre, permettant de nous éloigner des guéguerres politiques françaises.
Certains événements donnent lieu à des analyses politiques fournies: ainsi tout ce qui concerne la chute du communisme, la fin de l'URSS est développée de manière intéressante. de même la guerre du Golfe de 1990-1991, le démantèlement de la Yougoslavie et le déclenchement de la guerre civile qui s'en est suivie sont analysés de manière vivante sans tomber dans l'érudition.
J'ai apprécié aussi la manière dont Michel Winock évoquait le putsch raté des militaires en août 1991 et la démission de Gorbatchev qui s'en est suivie ainsi que l'arrivée au pouvoir de Boris Eltsine. La décomposition de l'URSS, les conditions de vie difficiles à ce moment pour les Russes sont bien rendues aussi.
Sur le plan intérieur, j'ai apprécié les analyses sociologiques qui sont données, comme le grand recul de l'emploi ouvrier, la laïcité mise à mal avec l'affaire du foulard islamique de Creil en 1989, les affrontements patronat/syndicats , paternalisme d'un côté, attachement au concept de lutte des classes de l'autre, que l'on retrouve au long de ces années.
Michel Winock a parfois (et même souvent!) la dent dure vis à vis de certains de ses contemporains: les plus fustigés: Georges Marchais l'inénarrable secrétaire général du autrefois puissant Parti Communiste, qui alors que de nombreux Allemands de l'Est quittent leur pays, déclare sans mollir que "le socialisme ne cesse de montrer sa supériorité", de même Edith Cresson, alors Premier Ministre, est épinglée avec ses nombreuses bourdes (voir ma citation)...
Côté droite, des personnalités comme Jacques Chirac, Philippe de Villiers, ne sont pas épargnées non plus...
Des jugements qui sont parfois très durs comme le pauvre évêque réformiste Gaillot en fait les frais, "le trublion évangélique à la cervelle politique de moineau", selon l'auteur...
Très bonne analyse des votes sur le traité de Maastricht, vote qui a eu lieu en 1992, et qui permettait d'aboutir ultérieurement à la création de la monnaie européenne; les classes aisées et de formation supérieure ayant voté majoritairement pour le oui... un vrai scrutin de "classe" selon les dires de l'auteur.
Le jugement est parfois très dur aussi quant au commun des mortels: à propos des croisiéristes qui l'accompagnaient lors d'une croisière culturelle dans laquelle M Winock faisait des interventions, l'auteur parle d'"esprit de vieux"...Bref il y en a pour tout le monde...
Peu de contemporains donc qui trouvent grâce à ses yeux, hormis quelques confrères peut-être..
Et c'est justement là que le lecteur peut être un peu déçu, devant l'avalanche d'anecdotes de brouilles et de rivalités diverses entre professeurs d'université, entre politiciens, entre journalistes ( que d'anecdotes sur la guéguerre entre l'auteur et Jean-Marie Domenach, autre journaliste très connu qui avait travaillé aussi pour le magazine "Evénement du Jeudi" lancé par Jean-François Kahn..)
Cela devient lassant parfois, on se sent un peu à l'écart de ces innombrables dîners en ville, conférences à l'étranger, rivalités entre intellectuels etc...Toutefois le rappel à l'ordre que M Winock fait aux intellectuels de l'époque en vue de les inciter à développer plus de compétences et de modestie paraît de bon escient.
Dommage que tant de "faits parallèles" soient évoqués car le fond est intéressant et Michel Winock avait matière et les capacités réelles pour mieux développer l'analyse des événements évoqués.
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Un livre qui passe à côté de son titre. "Les années Mitterrand" : il aurait dû s'intituler : "Ma vie entre 1981 et 1995". Cela aurait été plus clair et je n'aurais pas perdu mon temps à lire la vie d'un enseignant à Sciences-Po Paris, au gré de ses fréquentations d'éditeurs, de journalistes ou de restaurants branchés. De la lecture de ce livre, je reste sur ma faim. Il n'y est question, en effet, que du carnet d'adresses de l'auteur, et non de l'histoire de France. L'actualité politique y est plus ou moins évoquée. J'ai cherché en vain ce que l'auteur a noté en juillet-août-septembre 1985 au sujet de l'affaire du Rainbow Warrior qui ébranla l'Etat jusqu'à son sommet. Non seulement, on passe directement du 15 juillet au 16 septembre 1985, mais encore on n'a droit qu'à une vague allusion à l'affaire, à la date du 23 septembre 1985. Sans doute l'auteur n'a-t-il écouté ni radio, ni télévision au cours de ces deux mois. Pour qui a connu cette période et les dénégations quotidiennement répétées au plus haut sommet de l'Etat, cela paraît inconcevable !
Vous l'aurez compris, les années Mitterrand constituent un journal autocentré, empreint du nombrilisme germanopratin qui s'épanouit dans son entre-soi. Beaucoup de noms sont cités, mais ils ne parlent qu'à l'auteur. Il manque des notes en bas de page qui expliqueraient au lecteur qui sont les personnes mentionnées.
Après la lecture de la passionnante "Histoire de la république gaullienne" de Pierre Viansson-Ponté, cet ouvrage paraît à la fois plat et creux. En physique, ce n'est pas possible; en littérature, si !
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Michel Winock est un historien que j'ai découvert au travers de ses émissions de radio - en particuklier pendant l'été 2017 où il avait présenté sur France Culture une semaine de "Avoir raison avec" sur Germaine de Staël
C'est aussi un homme qui a tenu son journal toute sa vie. Ce deuxième volume est consacrée aux Années Mitterrand, ces 14 années de 1981 à 1995 où la France a changé
Les entrées de cet ouvrage racontent ... les luttes intestines au sein de sa maison d'édition, les premiers pas d'un gouvernement qui savait davantage critiquer qu'agir, les mesures parfois prises bien rapidement, les 'purges' télévisuelles ...
Le tout émaillé de quelques (trop) rares données personnelles et de conversations avec des amis ...
ouvrage passionnant ... mais qui ne se lite pas d'une traite ... il se déguste et se savoure lentement ...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La Yougoslavie s'enfonce dans la guerre civile, les Serbes et les Croates s'affrontent dans diverses régions (1991). Or il existe une relation de causalité entre la fin de la guerre froide et l'explosion des nationalismes en Yougoslavie: le bras de fer interminable entre Américains et Soviétiques retenait serrés les maillons de l'immense filet des nationalités, qui manifestent aujourd'hui leur quête de souveraineté.
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Le journal "Le Monde" titre à la une: "Monsieur Gorbatchev propose au parti communiste l'abandon de la lutte des classes. " C'est à peu près comme si le pape recommandait à l'Eglise de ne plus croire en la divinité de Jésus-Christ.
Pendant des dizaines d'années, nous nous sommes représenté le monde peu ou prou soit à travers la grille marxiste, soit à travers la grille de l'anti-marxisme. Et voici que tout s'effondre, le dogme et l'anti-dogme, l'orthodoxie et la lutte contre l'orthodoxie, le totalitarisme et l'antitotalitarisme.
Un formidable raz-de-marée qui emporte des millions de boutiques où chacun travaillait dans ses certitudes et vendait sa camelote.
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Edith (Cresson, alors Premier Ministre en 1991) a encore sévi. La presse rapporte les propos qu'elle a tenus sur la chaîne de télévision américaine ABC. D'abord sur l'homosexualité, qu'elle a eu l'imprudence de localiser fièrement dans les pays anglo-saxons: "Cela existe plus dans la tradition anglo-saxonne que latine. Tout le monde le sait. C'est dans les livres et dans l'histoire et c'est un fait de civilisation. "
Ensuite elle a brocardé une nouvelle fois les Japonais , qui vivent comme des fourmis. " Nous ne pouvons pas vivre comme ça, dans de petits appartements, avec deux heures de transport pour se rendre à son travail..."
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Bernard-Henri Lévy, dont le nom brille aujourd'hui dans tous les journaux à propos de la Yougoslavie ( nous sommes en 1992) parle sottement dans le JDD de son "métier d'intellectuel" L'INED n'a pas encore répertorié cette catégorie socio-professionnelle, sans doute parce que Lévy est le seul à en faire partie.
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Un esprit libre n'écrit ni pour la gauche ni pour la droite, et devrait se flatter de se faire détester, simultanément ou alternativement, par des gens de tous les bords "
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Videos de Michel Winock (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Winock
Par Annette WIEVIORKA, directrice de recherche émérite au CNRS
Tout historien, et même préhistorien, établit un lien avec "ses" morts dont il tente de restituer l'histoire, de la Lucy d'Yves Coppens aux morts qui sont ses contemporains. L'opération historiographique a souvent été décrite, de Jules Michelet à Michel de Certeau, comme opération de résurrection des morts et oeuvre de sépulture de ces morts qui hantent notre présent. Il y a aussi d'autres morts. Ceux des siens qui sont autant de dibbouk pour l'historien parce qu'ils ont orienté sa vie. Ce sont des morts fauchés avant d'avoir été au bout de leur vie, des morts scandaleuses. "Je suis le fils de la morte". Ce sont les premiers mots de l'essai d'égo-histoire de Pierre Chaunu. Ces morts nourrissent les récits familiaux, devenu un nouveau genre historique, de Jeanne et les siens de Michel Winock (2003)("La mort était chez nous comme chez elle") à mes Tombeaux (2023). Les morts de la Shoah occupent une place tout à la fois semblable et autre. C'est la tentative d'éradiquer un peuple, la disparition du monde yiddish dont ceux qui en furent victimes prirent conscience alors même que le génocide était mis en oeuvre. Ecrits des ghettos, archives des ghettos, rédaction de livres du souvenir, ces mémoriaux juifs de Pologne écrits collectivement pour décrire la vie d'avant, recherche des noms des morts, plaques, murs des noms, bases de données.... Toute une construction mémorielle. Vint ensuite le temps du "je"(qui n'est pas spécifique à cette histoire) , celui des descendants des victimes, deuxième, troisième génération, restituant l'histoire des leurs. Chaque année, plusieurs récits paraissent, oeuvres d'historiens ou d'écrivains, qui usent désormais des mêmes sources, témoignages et archives, causant un trouble dans les genres.
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