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EAN : 9782373852851
240 pages
Les éditions du Sonneur (17/08/2023)
4.18/5   30 notes
Résumé :
Septembre 2020. Pour la première fois depuis plus de trente ans, la rentrée des classes se fera sans le professeur Mittelmann.
Pour ce jeune retraité, c’est l’heure du bilan. Entré sans conviction dans l’Éducation nationale, n’ayant eu d’ambition que littéraire, il aura pourtant été un excellent professeur de philosophie. Mais un piètre écrivain : « Il avait réussi là où il n’avait pas voulu réussir, échoué là où il avait voulu réussir. » Se remémorant son pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Grosse fatigue…

Mais oui, mais oui, l'école est finie pour Mittelmann qui a bien mérité de l'Éducation Nationale : après une trentaine d'année d'un parcours banal d'enseignant de lycée - mais dans une course à handicap quand on a choisi la philosophie – le temps de la retraite est venu.

Une occasion comme une autre de feuilleter le dossier scolaire de cet enseignant qui entra dans la carrière à l'époque de « yoyo » et la quitta à l'avènement de l'« à peu près ». Une remontée dans le temps que Mittelmann s'inflige lui-même, narrateur de sa propre histoire, faussement nostalgique d'un temps qui s'achève.

Un exercice mémoriel révélateur du temps qui passe et ajoute chaque année au tableau de chasse de Mittelmann son lot de petites désillusions : professionnelles dans sa manière de transmettre ; amoureuses avec les femmes qui passent et le quittent ; littéraires quand ses livres peinent à trouver leur juste place dans les tendances du milieu.

Désillusions oui, mais renoncements jamais : pas le style de Mittelmann qui peut accepter le compromis mais pas la compromission avec l'époque et n'a de cesse d'en débattre avec Marc, son éditeur et ami.

Loin de l'autobiographie ou de l'autofiction, Mittelmann est à Eric Bonnargent ce qu'Arturo Bandini est à Fante : un double de roman qui sublime la réalité et permet de pousser un cran plus loin dans la fiction les audaces limitées de la vraie vie.

« Je n'ai aucune aptitude au bonheur mais je ne crois pas être malheureux pour autant. »

Cela donne avec Les désarrois du professeur Mittelmann un livre délicieux où les scènes jubilatoires se succèdent. On se délecte d'une tentative d'enseignement de Nietzsche via les cases Joyce, Flaubert et Pessoa, comme d'aphorismes lapidaires sur la littérature.

Mais seulement la bonne littérature, hein, celle « qui remue la merde, qui se moque de nos vertus, qui fouille pour voir ce qui se cache derrière nos jolies postures. J'aime les écrivains mal intentionnés, ceux qui titillent là où ça fait mal. »

S'appliquant le principe à lui-même, Bonnargent se lâche. Sur Nice - « Bric-à-brac d'architectures vulgaires » où « le racisme était ici un élément du climat » - comme sur l'amour : « Toi ? Renoncer aux femmes ? C'est comme si Gérard Larcher renonçait au saucisson. »

Et lorsque les effets de la 3e bouteille de Saint-Chinian avalée à la Brasserie Vagenende boulevard Saint-Germain se font sentir, c'est alors les saveurs d'un grand cru sur les rapports auteur-éditeur que le lecteur se met à déguster.

En guise de pirouette, Bonnargent nous abandonne avec sa propre définition de la vieillesse, à méditer : « Après tout, maugréer après la modernité avait toujours été le propre de la vieillesse. C'était cela aussi vieillir : devenir peu à peu étranger au monde. Peut-être finirait-il par voter à droite. »

On peut se précipiter !
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"Les Désarrois du professeur Mittelmann" d'Éric Bonnargent, publié par la maison indépendante les Éditions du Sonneur, sont les chroniques d'une vie, extraordinairement banale ou banalement extraordinaire, écrites avec finesse, humour et intelligence.

Il s'agit de la vie d'un professeur de philosophie, tout juste retraité, devenu professeur par la force des choses alors qu'il rêvait déjà d'être écrivain et qu'il s'engageait tête baissée dans une relation amoureuse sérieuse.

Fin, bienveillant, drôle, touchant et original, Les Désarrois du professeur Mittelmann est un texte de littérature ancré dans la réalité : il est l'exemple d'une littérature loin des fantasmes et détachée des critères d'un marché du livre qui tend à valoriser de façon excessive les textes censés nous “apprendre” des choses ou qui ont vocation à porter un message ou encore à dévoiler des vérités.

Il est une véritable réussite car il parvient à :

1) Raconter l'histoire d'un homme normal

Ce texte traite de la quotidienneté de l'existence, de choses « banales » et il est en même temps foncièrement original. Car ce qui serait la norme, ce serait de rejeter la banalité d'une histoire, or là c'est tout l'inverse qui se passe. Car si la banalité est LE sujet communément perçu comme un non-sujet, ici la narration vient contrer cet effet : elle fait de la banalité un sujet plus que digne.

Dans "Les Désarrois du professeur Mittelmann", une place centrale est donnée aux sensations et aux émotions du quotidien : l'impression de vivre les choses mille fois et que les gens sont une caricature d'eux-mêmes, le désarroi face à des choix pourtant triviaux, la fatigue suite à la répétition des gestes, la langueur qui accompagne les jours qui se ressemblent etc.

Mittelmann est à vrai dire tout à fait normal. Aussi, à la fin du texte, on a l'impression de le connaître un peu, comme un vieil ami, comme quelqu'un dont on sait qu'il nous ressemble. Et puis dans le même temps on a cette intuition que c'est une illusion, que l'on ne le connaît pas, parce qu'on connaît jamais vraiment quelqu'un et que les gens ne se connaissent pas vraiment. C'est donc un personnage très convaincant et très humain.

“C'est à la rentrée suivante, en devenant professeur, que sa vie avait réellement commencé, organisée autour d'événements dont il pouvait retracer la chronologie avec plus ou moins de précision. le professorat, donc, n'avait jamais été une vocation. Les raisons qui l'avaient convaincu d'intégrer la grande famille de l'Éducation nationale (prestige du métier, salaire confortable, temps libre) s'étaient au gré des années avérées décevantes. L'image sociale de la profession s'était tellement détériorée au fil de sa carrière qu'il avait souvent, en public, éprouvé une certaine gêne à s'avouer professeur.”

2) Donner la sensation du temps qui passe

La narration reflète très bien le rythme si particulier de l'existence humaine au cours de laquelle une seconde peut durer des heures et une année quelques minutes seulement.

Si tout le monde se reconnaît ou reconnaît quelqu'un dans le professeur, c'est parce qu'Éric Bonnargent parvient à retranscrire l'évolution du rapport au monde de son personnage, il décrit avec finesse les changements dans la sensibilité de ce dernier _ ce changement de lumière qui intervient petit petit dans toute vie !

Le lecteur vit les différents « premiers jours du reste de sa vie » du professeur Mittelmann et tout ce qui suit, parce que c'est bien l'impression qu'on en a, celle de se faire happer comme lui se trouve happé par sa propre vite.

C'est la magie de la narration et la force du roman d'Éric Bonnargent.

Le charme opère et on prend un plaisir particulier à suivre les pas de ce professeur de philosophie faussement désabusé mais véritablement romantique. Car à chaque nouvelle relation il renaît comme une fleur et c'est très beau.

Aussi, c'est un livre qui raconte comment un événement ou une personne peut faire brutalement gonfler en quelqu'un l'espoir d'aimer à nouveau, de reprendre ses projets, d'être heureux en somme. Et ce à plusieurs reprises dans une vie.

3) Parler du désenchantement du monde et en parallèle du désenchantement intime sans cynisme

En contrepoint des deux points précédents, le texte dépasse le vécu personnel de Mittelmann ou en tout cas il l'inscrit dans le monde. Il raconte le désenchantement de notre époque, sans tristesse et avec une certaine lucidité.

Principalement il y a l'abandon de l'Éducation nationale par les gouvernements successifs et le désintérêt d'une partie de la société pour les questions qui y sont liées, que le professeur vit comme il le peut, plutôt passivement, tout en persévérant dans son métier.

Plus largement, le texte évoque le passage entre le moment où on prétend pouvoir changer le monde puis le moment où il change sans nous. Et cette question s'impose : si ce n'est pas nous qui changeons ce dernier, qui est-ce ou qu'est-ce ?

Cependant au final, on comprend que même si le désenchantement est inévitable, l'amour est un remède, c'est ce qui nous permet de dire que le texte recèle quelque chose de profondément positif.

Avant de conclure, pour parler de la forme rapidement, le style est assez classique, la construction également, mis à part l'introduction de passages au discours direct où Mittelmann donne son cours et répond du tac au tac à ses élèves ce qui dynamise bien le texte. (Par ailleurs quel plaisir de redécouvrir quelques bases oubliées !)

Pour conclure

Ce texte est une sorte de leçon d'humilité, il offre une dose de sagesse avant l'heure. Son ton ironique pourrait en refroidir certains, mais il est dénué de condescendance et apporte en réalité un peu de légèreté quand les thématiques abordées pourraient peser sur l'histoire.

Ce n'est pas un livre pour ceux qui veulent de l'action, du choc, des émotions fortes et/ou faciles, mais pour les quelques uns d'entre nous qui n'ont pas peur de se regarder en face.

Il est ancré dans le réel, ancré dans notre temps, et étrangement, il a quelque chose de réconfortant. C'est donc une lecture pour laquelle je suis reconnaissante, comme je serais reconnaissante après une bonne et franche conversation amicale.

Chronique publiée sur la webzine Un dernier jour avant la fin du monde
Lien : https://www.undernierlivre.n..
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A regarder la couverture et son vert triste, couleur tableau, avec des traces d'effaceur , je retrouve le souvenir olfactif, mélange de poussière et de craie des chiffons et autre tampons effaceurs.

5h45, le réveil sonne !! « Trente-trois années durant, deux, trois, quatre fois par semaine, il lui avait fallu se lever à 5h45. Trente-trois années durant lesquelles il avait grogner bordel en cherchant à éteindre cette satanée sonnerie. » le professeur est, depuis peu, à la retraite, cette rentrée se fera sans lui, oui, mais, bordel, l'horloge interne marque… 5h45 et… debout feignant. Oui, « la vie se foutait de la gueule du monde », enfin de la sienne…. Parce que, perso, mon horloge biologie me fout une paix royale.

Revenons à ce cher professeur Mittelmann. Bon, la photo, comme sur les sites de rencontre, n'est pas récente. En effet, il est atteint de canitie alors que, aucune trace de poils blancs sur la couverture…. C'est bien les mecs, tiens !!! « Définitivement, l'âge allait mieux aux hommes qu'aux femmes », bon, j'rigole, mais, des abdos mous, ne font pas une belle silhouette… J'dis ça, mais j'dis rien !! Pardon professeur, excusez ces propos cavaliers en mauvais français, votre écriture est d'une toute autre nature.

L'agrégation en poche, l'enseignement n'est décidément pas votre tasse de thé et vous partez pour un doctorat « La Dislocation du sujet dans l'oeuvre d'Herman Melville ». Oui, mais….Vous vous rêvez écrivain. le prix Goncourt couronnerait votre premier roman, à vous Apostrophes et le Grand Échiquier... les mots en ont décidé autrement. Ils se refusent à vous. L'amour vous arrive sous les traits de Perrine et s'en est définitivement terminé, vous serez prof de philo. Soit disant que c'est un métier que l'on pratique par vocation, mais vous, non.

Je ne note aucun enthousiasme, même dans votre couple, tiède est votre univers.

A lire les mots de Bonnargent, je vous pense bon prof. Bien faire est dans votre nature comme ne pas se faire remarquer. Pas comme Didier, ce chef d'entreprise bellâtre et gominé qui, de surcroît, vous pique votre épouse.

« Son drame était celui de la médiocrité : assez intelligent pour se rendre compte qu'il ne l'était pas assez, qu'il n'avait pas le talent dont il avait rêvé, et qu'il était passé à côté de sa vie. » Bon, n'est-ce pas le cas de beaucoup d'entre nous ?

Dans les pages grisées du bouquin, j'ai noté l'évolution des élèves et donc de vos cours. Ce sont des passages très intéressants. J'aime votre façon d'engager le dialogue avec vos élèves, sans être dupes de leurs lacunes, d'essayer de les faire pensez par eux-mêmes, de réfléchir de ne pas tout prendre pour argent comptant. Vous vous moquez avec tendresse de leurs bizarreries.

Cher professeur, la lassitude est là, le désenchantement suit, les désillusions présentes, mais vous avancez et essayez de ne pas devenir le con de réac comme certains de vos collègues. Ah ! La salle des profs. D'ailleurs, j'ai eu l'impression d'entendre mes amis enseignants lorsqu'ils se retrouvent à plusieurs autour d'une table !

« Après tout, maugréer après la modernité avait toujours été le propre de la vieillesse. C'était cela aussi vieillir : devenir peu à peu étranger au monde. Peut-être finirait-il par voter à droite. » A vous de voir où vous vous situez sur le graphique vieillesse-opinions politiques, moi, je sais !! Et puis, vieillir a quelques avantages.

Eric Bonnargent égratigne le monde de l'enseignement qu'il connaît parfaitement. Les enseignants qui ont la passion ou pour le moins l'envie de faire du mieux possible, essaient de combler les lacunes de l'administration et de leurs élèves, de faire entrer l'humanité qui devrait être le pilier de notre vie.

J'ai aimé l'écriture cyniquement drôle, l'humour grinçant. Les discussions savoureusement avinées ou pas avec son éditeur genre « bouddha ventripotent », Marc Villemain, tournent à la philosophie. de toute façon, chez vous professeur, tout est philosophie

« Je n'ai aucune aptitude au bonheur mais je ne crois pas être malheureux pour autant. » Une belle conclusion pour un livre très humain avec le cynisme qui lui va si bien.

Une lecture plus qu'agréable à plusieurs directions. Cher Mittelmann, je vous souhaite tout le bonheur du monde à l'aurore d'une nouvelle vie avec un changement radical.



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Rien d'extraordinaire ne se passera au stade où en est arrivé ce professeur, glissant sur la pente du désabusé, savonnée de convenance, de conformisme et de clichés. On sent bien qu'on ne peut pas s'attendre à une épopée à la Jules Verne mais on se retient d'user de formule comme "description sans concession" ou " de l'inspection à l'introspection". Parce qu'il y a quelques petits détails qui aguichent la sympathie : le format de l'objet-livre, taille et pages physiquement teintées comme aux nuances des chapitres; cette image qu'on peut imaginer trompeuse, des bras croisés d'un mutique peu enclin au bavardage; ce faux excès de simplification.
Même s'il va falloir éviter d'être rétif au monde de l'éducation et de l'édition on peut partir en confiance tranquille dans ce roman d' Eric Bonnargent où sont jetés des pavés dans la marre (sic) , buvard à acide qui ne se refuse aucune liberté. Bien des choses peuvent se tapir derrière le banal, et quand on voit ce qui peut s'animer dans la vie d'un cours au lycée, peu percutant d'apparence et aux répercussions à formes inattendues...

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Le professeur de philosophie Mittelmann prend sa retraite à soixante ans et fait retour sur son parcours, questionne ces accidents, ces embranchements qui constituent malgré tout un chemin, peut-être une carrière, qui sait une oeuvre, certainement un épais brouillard traversé. Avec Éric Bonnargent, professeur de philosophie lui aussi et auteur de ce roman qui paraît ces jours-ci aux éditions du Sonneur, le professeur Mittelmann à plus d'un trait de ressemblance. Délicieuse cette qualité que possède Bonnargent mieux qu'un autre de se mettre à l'écart de soi pour se raconter, se penser, sous une forme romancée, avec lucidité et drôlerie, avec l' « oeil exercé » de celui, philosophe de son état, qui s'est évertué sa vie durant à observer et questionner. Témoin ces lignes que j'extrais des premières pages du roman.

« La mémoire n'est pas une boîte noire qu'il suffirait d'ouvrir pour dérouler le film de sa vie : les souvenirs ne sont pas des instantanés statiques, fragmentaires et disparates, des sensations anémiées, confuses, sybillines que l'esprit restaure et remanie sans cesse. le passé ? Un patchwork d'images mnémoniques et d'impressions embrouillées, nécrosées, que la conscience, telle Pénélope, tisse, détisse et retisse à l'aide de fils de mots pour y créer des motifs toujours plus renouvelés. La mémoire pense. Il n'y a pas de temps retrouvé, seulement du temps reconstitué. Non, décidément, songeait-il en s'assoupissant : nulle défaillance, nulle trahison. »

Sur son éditeur Marc Villemain, meilleur, "voire seul" ami dans le roman comme dans la vie, il y a ces mots délicieux que l'éditeur en question a forcément lu avant nous : "Rien ne laissait présager que cet homme, alors aussi élancé que lui, se transformerait au fil des ans en un bouddha ventripotent." Peu rancunier, donc.


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critiques presse (2)
Marianne_
26 septembre 2023
« Les Désarrois du professeur Mittelman » est une pépite d’humanité dans un océan de propos trop souvent convenus.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Culturebox
16 août 2023
Dans son nouveau roman, Eric Bonnargent retrace la vie intime et la carrière d'un professeur de philosophie, entre ambition littéraire déçue, ennui et désillusions.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Sans même parler du fait que la plupart avaient moins de charisme qu'un ficus, nombre de ses collègues le navraient par leur manque d'esprit critique. Il se souvenait ...d'une collègue de lettres s'offusquant qu'eût été mis au programme de terminale le roman d'un obscur inconnu, avait-elle glouglouté, Le Joueur d'échecs de Stefan Zweig.

Ceux qui l'exaspéraient le plus étaient les profs de langue, de sciences et de lettres. Les premiers ne s'intéressaient qu'à l'organisation de voyages scolaires dans les pays où ils passaient déjà toutes leurs vacances, les seconds estimaient que rien, en dehors de la loi des grands nombres, de la thermodynamique ou de la génétique, ne valait la peine d'être enseigné, et les derniers, qui ânonnaient à longueur d'années leur Molière et leur Zola, pensaient tout connaître de la littérature contemporaine parce qu'ils lisaient assidûment l'opus annuel d'Amélie Nothomb.

Après tout, ils méritaient peut-être ce qui leur arrivait.
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Il faut dire que tout, en Didier, l'exaspérait. À commencer par sa physionomie de mannequin pour la Redoute. Grand, solidement bâti, il avait les yeux aussi bleus que le cul d'un Schtroumph et les cheveux, parfaitement gominés, de la blondeur d'une crêpe mal cuite.

Ils étaient l'un pour l'autre ce que chacun deux n'avait pas voulu devenir : Didier méprisait les fonctionnaires, Mittelmann se persuadait que la réussite sociale était l'apanage des gens dépourvus d' imagination.

Il [Didier] avait l'outrecuidance des ignares qui pensent avoir réussi leur vie et parlait avec une affection qui contrastait avec la pauvreté de son vocabulaire gangrené de "globish".
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... Une époque qu'il ne comprenait plus, où la moindre discrimination condamnait à l'anathème, où les identitarismes victimaires s'étaient multipliés (fiertés d'être femme, gay, noir, musulman, français ou quoi que ce soit d'autre, il y en avait pour tous les goûts), où le droit à la différence triomphait du droit commun...

Il avait dû faire face à un nombre croissant de ces revendications, spécialement à propos de religion et de sexualité. Les premières l'avaient convaincu d'étudier le Coran et la civilisation musulmane, afin d'en enseigner les rudiments à des jeunes qui, pour la plupart, invoquaient le texte sacré à tort et à travers et ne savaient rien de la culture dont ils avec se réclamaient avec orgueil ; les secondes I'avaient poussé à convoquer l'histoire de la sexualité pour tenter d'anéantir les clichés homophobes si profondément ancrés dans les banlieues.
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Mais oui, vous pouvez mettre ce mot dans une copie, à condition bien entendu d'en parler de manière philosophique, j'écris le mot au tableau ... À votre avis ? Eh non salaud, ça s'écrit ... comme ça ... parce que salaud n'est pas le masculin de salope.
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Il s'était longtemps interrogé sur l'attitude des rares piétons qu'il lui arrivaient de croiser [dans la ville de Brunoy] ... Et si leurs bras par malheur s'effleuraient, il était toujours le seul à s'excuser. Ce devait être là une manière de se sentir exister. Le cogito des ectoplasmes, en somme : je bouscule donc je suis...

De cette insignifiance généralisée émergeait cependant une originalité ... : le bar-tabac face à la gare ... L'haleine empatée, confite au Ricard, ça s'invectivait pour le plaisir de l'invective, ça s'esclaffait pour le plaisir de l'esclaffe, ça commentait l'actualité pour le plaisir de raconter n'importe quoi.
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Vidéo de Eric Bonnargent
Septembre 2020. Pour la première fois depuis plus de trente ans, la rentrée des classes se fera sans le professeur Mittelmann. Pour lui, la retraite a sonné, c'est l'heure du bilan sur son métier… et sur sa vie.Roman sur l'usure du temps et le vieillissement, avec une plume drôle et grinçante, Eric Bonnargent raconte le désenchantement contemporain.
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