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EAN : 9782847424195
383 pages
Le Passage (22/08/2019)
3.68/5   22 notes
Résumé :
Anton a vingt ans. Fraîchement débarqué de Sibérie, il vit à Moscou chez son oncle Iouri Nesterov, haut responsable du KGB. Autour d'eux, le monde s'effondre. Nous sommes en 1989, la fièvre de la perestroïka s'est emparée de leur pays et la chute du mur de Berlin va entraîner celle de l'Union soviétique. Chargé de surveiller de près la lutte politique qui se joue au sommet de l'État, spectateur désabusé d'un régime qu'il ne défend plus que par devoir, Iouri ne croit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Lecture faite dans le cadre des explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com


Le roman se termine par le coup d'État du 19 août 1991 réalisé en Union soviétique par un groupe de tenants de la ligne « dure » au sein du Parti communiste de l'Union soviétique. Considérant que le programme de réforme de Gorbatchev était allé trop loin, les putschistes déposèrent brièvement le dirigeant Mikhaïl Gorbatchev et tentèrent de prendre le contrôle du pays.

Dans ce récit, Olivier Rogez nous restitue les quelques mois qui précèdent ce coup d'État à travers quatre personnages principaux : Anton, 20 ans, qui vient à Moscou pour étudier ; Iouri son oncle, haut dignitaire du KGB ; Aliona une voyante officielle qui sait sonder le coeur des hommes, discerner leurs doutes, leurs errements ; Helena une peintre méconnue qui espère lancer sa carrière.

Ce roman parfaitement documenté nous fait revivre jour après jour, et parfois heure par heure, cette lutte sournoise et souterraine entre Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste de l'Union, aux manettes d'une perestroïka qui affaiblit le bloc communiste, et Boris Eltsine un député ivrogne devenu président de la Russie, qui dénonce la corruption et l'absence de moralité des dirigeants, utilisant le mécontentement du peuple pour essayer de prendre le pouvoir.

J'ai apprécié la qualité narrative de l'écriture qui nous donne vraiment l'impression de participer aux évènements. Nous pénétrons à l'intérieur du KGB, le plus grand broyeur de citoyens soviétiques, au coeur des luttes d'influence, du pouvoir sans limites de ces hommes de l'institution la plus honnie par tous les Soviétiques.
L'auteur dresse un portrait sans concession de l'état du communisme, la corruption, les immeubles gris sans âme, les gens qui ont faim et qui payent 4 fois le prix au marché noir des denrées qui ont disparu des magasins d'état. Un pays où il n'y a aucune différence entre honnêteté et malhonnêteté, tout est question de point de vue, où les organisations maffieuses et les dirigeants se mélangent. Un pays où la veuve d'une sommité médicale croupit dans l'indigence. Un pays où chacun est sur écoute.

« Les dix millions d'habitants de la capitale du monde communiste ne sont donc pas dans ces rues étouffantes, ils sont réfugiés dans les interminables barres d'immeubles qui dessinent un urbanisme aussi désespérant qu'un matin de novembre. Ils se rassemblent dans les cuisines des appartements, devenus les seuls endroits du pays où l'on respire librement, où l'on peut se retrouver, en famille, entre amis, en jurant sur le diable qu'il n'y a ni micro ni surveillance. La cuisine est la Suisse du Soviétique, un terrain neutre où il est possible de critiquer librement et de parler avec franchise. »

C'est sans aucun doute dans ces dernières pages que s'exprime le mieux tout le talent de l'auteur, comme Victor Hugo dans les Misérables et son personnage de Gavroche du haut de sa barricade, le jeune Anton qui cherche un sens à sa vie est le symbole de toute cette jeunesse qui rêve de liberté nouvelle, de ce bouillonnement. Symbole d'un peuple qui va se rassembler dans les rues pour sauver la démocratie quand les chars entrent dans Moscou ce 19 août 1991.

Le roman d'Olivier Rogez mêle donc avec bonheur des faits historiques avec le récit de Moscovites qui vont participer activement à ces évènements pour ne pas être victimes de l'effondrement du bloc soviétique.
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Petit topo sur l'histoire : Anton est un jeune homme de 20 ans qui vit dans un petit village (très) retiré de la Russie, au fin fond de la Sibérie. Alors qu'il détient un pouvoir mystique qu'il ne sait pas encore maitriser, il décide de découvrir d'autres contrées et s'installe chez son oncle Iouri Nesterov, à Moscou. Ce dernier, membre de la célèbre KGB, l'accueille à bras ouverts et lui fait découvrir entre deux missions, la vie urbaine d'une Russie en plein mouvement.
Je découvre la plume d'Olivier Rogez avec ce roman et quelle claque. Son vocabulaire est d'une richesse telle qu'on ne ressent aucune « lourdeur » dans les chapitres et sa syntaxe est d'une telle maîtrise que ce mariage rend la lecture fluide et addictive. le lecteur est spectateur d'un pays divisé entre révolutionnaires et communistes, entre complots, corruptions et manipulations. Bien que romancé, on retrouve des personnages clés de l'histoire de la Russie, notamment Gorbatchev, imaginé dans son intimité ou encore Boris Eltsine, présenté dans ses vices et ses réussites. On est transportés au coeur de l'âme russe, et on prend plaisir à (re)découvrir sa richesse artistique, culinaire et son penchant pour le mysticisme.
J'ai trouvé les personnages recherchés et charismatiques. le personnage type du KGB représenté par Iouri est l'image de l'homme qui n'a peur de rien, qui tente toujours le tout pour le tout et pour qui la confiance en soi est le point d'orgue d'une carrière réussie. D'un côté nous avons un peuple qui prône l'égalité et l'indépendance mais qui puise dans les réserves et regarde l'occident avec des étoiles plein les yeux. Puis, de l'autre côté, nous avons Anton, avec qui on bascule vers une Russie plus profonde, présentant l'image d'un peuple qui tente de survivre et qui cherche du réconfort dans tous ceux susceptible de lui redonner de l'espoir.
En conclusion, Les hommes incertains est un réel coup de coeur. Tout y est : délicatesse et force dans la narration, notions historiques parcimonieuses mais de qualité, sentiments délicats et unanimes. On plonge dans un pan de l'histoire qui a fait basculer des années de communisme corrompu dans un faux-semblant de révolution.
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Ma rentrée littéraire semble placée sous le signe de la Russie et de ses voisins, avec tout d'abord Les patriotes, puis A crier dans les ruines… Pour l'édition de septembre de Masse critique, j'avais repéré aussi Domovoï ou Baïkonour, avant de me rendre compte que ce dernier se passait en Bretagne. C'est sans doute pour cela que le roman d'Olivier Rogez m'a attirée, et je l'ai demandé parmi d'autres, après avoir tout de même pris connaissance de la quatrième de couverture : pas de Bretagne, mais Moscou et la Sibérie, parfait, et de plus à la charnière de 1989, entre URSS et Russie. Voilà qui s'annonçait très intéressant.
Le début m'a beaucoup plu, avec l'endroit où vit Anton, un jeune homme de vingt ans : une forêt nommée « la forêt ivre » où les arbres poussent tout tordus, une ville appelée Tomsk 7, sans que nul ne sache pourquoi ce nombre, une usine atomique… Anton semble un personnage potentiellement passionnant, outre une particularité physique, il fait en effet des rêves prémonitoires. Son père, brillant scientifique, a un frère jumeau vivant à Moscou, et membre du KGB. Il accueillera Anton, qui n'en peut plus de la Sibérie, dans la capitale. À partir de ce moment, le roman se place presque entièrement du côté de Iouri, le frère, et de son entourage : son chef au KGB, un mafieux, une jeune voyante, une jeune peintre éblouie par les nouveaux riches, un starets mystérieux, une vieille dame touchante, un assistant parlementaire…

C'est sûr que Iouri, qui se trouve pris entre ses idéaux, et ce que le pays est en train de devenir, ne manque pas d'intérêt. Malheureusement, les autres personnages qui semblaient pourtant avoir énormément de potentiel au début du roman, peinent à prendre chair, leurs interactions n'apportent pas grand chose, leurs dialogues sont souvent démonstratifs et peu naturels.
Je retiens toutefois des points positifs : la documentation accumulée par l'auteur et sa très grande connaissance du pays et de cette période, des imbroglios politiques et économiques, de la rivalité entre Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine. La présence de pointes d'humour bienvenues pour contrebalancer les situations lourdes est aussi un point qui m'a bien plu. le style ne m'a pas gênée, les descriptions regorgent d'images, qui m'ont parfois touchée, parfois fait sourire. Et toujours ce début, le décor et les habitants de Tomsk 7 bien plantés, les personnages plein de promesses.

Ce qui me restera en mémoire, c'est le sentiment que l'auteur aurait pu faire de ce matériau de départ, et de ses connaissances, quelque chose de beaucoup plus romanesque. Au lieu de cela, des personnages nouveaux, parfois énigmatiques, apparaissent souvent ex nihilo, et je n'ai pas toujours compris dans quel but. Il faut dire que l'ennui m'avait déjà gagnée.
Bref, ma première déception de rentrée, que je ne conseille qu'aux passionnés d'histoire contemporaine, ou aux curieux !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Avoir vingt-ans à Moscou en 1989 quand tout chancelle sous l'oeil d'un oncle colonel du KGB.
Moscou est un vaste théâtre d'ombres où les anciennes positions sont ébranlées par de nouvelles ambitions. Correspondant français pour RFI , l'auteur restitue avec une grande maîtrise les luttes d'influence aussi bien que les misères de la vie quotidienne. Un drame shakespearien chez les Soviets !
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« Nous sommes en 1989, l'été a laissé place à l'automne et les premiers froids rôdent sur les plaines sibériennes. A des milliers de kilomètres de là, le mur de Berlin se réchauffe, s'apprêtant à tomber tel un morceau de banquise arraché par les cours tumultueux de l'histoire ».

L'empire soviétique s'effondre, la Russie va renaître de ses cendres, ou du moins, un vent d'espoir souffle à déglacer Iakoutsk en plein mois de janvier. Après le mur de Berlin, c'est toute la muraille virtuelle du bolchevisme qui va se fissurer, se rompre avec secousses et fracas. Dans ce tremblement politique du vingtième siècle, le journaliste Olivier Rogez nous entraîne au coeur de Moscou avec son oeil de grand reporter et sa plume de romancier en mêlant avec délice et ingéniosité géopolitique et personnages fictifs.

Les premières pages débutent en Sibérie avec Anton et son père Dimitri. Anton, grand rêveur et doté d'une grâce italienne souhaite partir pour s'affirmer, faire sa vie, il sent qu'il est doté de forces étranges et qu'il a destin à jouer. Malgré tout l'amour qu'il porte à son père, il partira à Moscou mais avec la protection du frère jumeau de son paternel, le colonel Iouri Nesterov, haut responsable du KGB. Ce dernier est une sorte de guépard à la russe, intègre mais incertain, incertain sur le passé, le présent et l'avenir ; on se remémore le livre (et le film) sur cette Sicile de Lampedusa qui doit basculer d'un ancien ordre à un nouveau mais peut-être « tout changer pour que tout demeure ».
C'est qu'en plus d'être lucide, Iouri semble très séduisant, tant pas sa prestance que par cette humanité dans un pays où l'humain n'a guère trouvé sa place. Il va veiller sur son neveu comme du lait sur le feu, comme l'innocence (dans toute sa noblesse du terme) sur le brasier de la perestroïka.

Anton va faire connaissance avec la peintre Helena, compagne de Iouri, avec la mystérieuse Aliona dotée de talents divinatoires et d'un étrange personnage, quasi mystique, un « starets » qui aurait pour nom Volodia (subtil clin d'oeil à Anton Tchekhov) avec un passé aussi étrange que flamboyant, aussi dramatique que magnifique.
S'ajoute une galerie de communistes en perdition et de mafieux en espérance ; tous agissant dans un souterrain plus ou moins visible, plus ou moins glauque, où personne ne peut faire confiance à personne, où l'idéologie politique va progressivement laisser place à la puissance financière.
Deux autres noms apparaissent comme des ombres chinoises, protagonistes de cette nouvelle Russie naissante : Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, un « je t'aime moins non plus » qui marquera les années 90 à jamais, de l'Atlantique à l'Oural. Et bien au-delà.

Que va devenir Anton, ce jeune idéaliste ? Et Iouri, avec le démantèlement du bloc soviétique ? Qui survivra ? Qui se transformera en Icare ? Une roulette russe dans l'incertitude humaine…

Ce roman est une formidable opportunité pour se replonger dans cette période charnière de l'histoire contemporaine, et, un brillant kaléidoscope sur la réalité du communisme et de sa chute. Brillant mais également féroce, rien de « potemkineste » juste un regard sans concession sur l'hypocrisie des apparences, la dichotomie entre le peuple et le pouvoir et la complexité des manoeuvres politiques. le sujet n'est pas nouveau mais le romanesque de la trame le transforme en inédit. Une adaptation sur grand écran ferait d'ailleurs merveille.

Quant aux coulisses du KGB et autres services secrets, c'est une impression particulière qui saisit le lecteur même averti. Est-ce la fluidité de la narration ou bien la savante combinaison (je ne parle pas de lingerie féminine) entre réalité et fiction ? On imagine chaque officier sur la scène du Bolchoï dansant sur le long fil des directives soviétiques, s'obligeant à des arabesques périlleuses, faisant croire qu'ils avancent en faisant des pointes alors qu'ils préparent déjà la valse pitoyable des ogres, un ballet sans cadence rythmé simplement par l'orgueil, la vanité et l'instinct de survie. Jusqu'au jour où le rideau va tomber…

Passion et corruption, amour et désamour, une formidable saga dans la pure tradition des drames russes, ces récits empruntés à l'histoire où chaque évènement n'obéit qu'à un déterminisme inéluctable. Mais où la beauté demeure dans les méandres enlacés de l'aube et du crépuscule.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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critiques presse (1)
Bibliobs
10 octobre 2019
Avec un rythme endiablé, Olivier Rogez ressuscite l’atmosphère enfiévrée du Moscou des années 1990, quand l’Empire rouge bascule sur fond d’intrigues et d’espoirs.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Les dix millions d'habitants de la capitale du monde communiste ne sont donc pas dans ces rues étouffantes, ils sont réfugiés dans les interminables barres d'immeubles qui dessinent un urbanisme aussi désespérant qu'un matin de novembre. Ils se rassemblent dans les cuisines des appartements , devenus les seuls endroits du pays où l'on respire librement, où l'on peut se retrouver, en famille, entre amis, en jurant sur le diable qu'il n'y a ni micro, ni surveillance. La cuisine est la Suisse du Soviétique, un terrain neutre où il est possible de critique librement et de parler avec franchise.
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En pénétrant dans la cathédrale sombre, Iouri ne peut s’empêcher de jeter un œil à la porte dérobée située à deux pas du restaurant. Si, par curiosité ou par inadvertance, il poussait cette porte, il découvrirait une dizaine de fonctionnaires du KGB alignés derrière de petites tables, casque audio sur la tête, stylo à la main, en train d’espionner les conversations. Chaque table est sur écoute, c’est systématique vingt-quatre heures sur vingt-quatre sans aucune exception. Les équipes de la Loubianka se relaient en permanence. Iouri ne doute pas du bien-fondé du procédé, après tout cet hôtel est fréquenté par des personnalités importantes de l’empire – personnalités dont il faut par nature se méfier -, il doute plutôt de son efficacité, car qui ignore dans ce pays que l’on est surveillé dans les hôtels moscovites ?
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je n'en peux plus de cette ville, je veux partir, j'étouffe ici. je vis à côté de ma vie. je suis comme le peintre qui recule d'un pas pour contempler son tableau. je vois mon ciel, mes nuages, mon soleil, mais je ne suis pas dedans. je ne suis pas dans le tableau. Je suis extérieur à ma vie.
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Iouri le brillant étudiant, le charmeur, le magnifique orateur des cours de philosophie marxiste, est aujourd’hui un animal redoutable, une arme affutée au service d’un appareil répressif. Il le sait. Il en éprouve de l’amertume.
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Aucun peuple n'est jamais prêt à faire la révolution. Il y a forcément des incertitudes. Le risque est de se libérer d'une prison pour retomber dans une autre. Les hommes qui en sont privés chérissent la liberté. Malheureusement, ils ne savent pas ce qu'elle signifie. Et lorsqu'ils sont face à elle, ils s'en détournent. Par crainte, parce qu’ils n'assument pas le poids écrasant qu'elle met sur leurs épaules. C'est pourquoi nous avons besoin de guides, d'hommes et de femmes qui proposent un système de valeurs, une morale à la hauteur des enjeux.
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Videos de Olivier Rogez (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Rogez
Olivier Rogez vous présente son ouvrage "Les hommes incertains" aux éditions le Passage.
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