L'historien et médiéviste polonais Bronislaw Geremek nous a laissé ce remarquable ouvrage sur Les marginaux parisiens aux XIVe et XVe siècles, traduit du polonais par Daniel Beauvois en 1976.
Connu pour ses liens avec Georges Duby et Jacques le Goff, pour son adhésion au parti communiste en 1950, pour sa rupture avec cette idéologie et son rapprochement avec le mouvement Solidarnosc, Bronislaw Geremek, qui parlait un excellent français avec un accent savoureux et un sourire sympathique, aura donc été l'auteur d'un ouvrage qui nous plonge dans les quartiers les plus mal famés du Paris de la fin du Moyen-Âge. On côtoie tout à tour des ouvriers, des journaliers, les brigands de la Petite et de la Grande Truanderie, des membres du bas-clergé, des prostituées, des errants, etc. Tout le peuple de la misère, qui essaye par tous les moyens de sortir de sa pauvreté et qui fait parfois irruption dans L Histoire, aux côtés de certains bourgeois, qui veulent l'exploiter, et ne trouvent rien de mieux à faire que de les entraîner à leur suite dans des révoltes qui préfigurent, bien des siècles avant, la Révolution. Bien évidemment, l'auteur n'apparente pas criminalité à marginalité mais dans l'importance donnée à ce phénomène, il donne quand même l'impression de laisser entendre que les deux choses sont liées statistiquement ou juridiquement parlant. La violence est aussi un thème étudié, et que de nos jours une historienne française de prestige, Valérie Toureille, a totalement revisité.
L'analyse de Geremek est au carrefour de l'Histoire et de la sociologie.
Il est intéressant de noter qu'un grand historien polonais ce soit passionné pour cette question des marginaux parisiens au Moyen-Âge considérés comme une catégorie de population aussi difficile à cerner et à définir que passionnante à regarder vivre.
François Sarindar
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Le système judiciaire et l'appareil policier sont, avant tout, dirigés contre les échelons inférieurs de la hiérarchie sociale.
Notre sujet se situe justement sur cette frontière fluctuante. Nous allons nous attacher à des gens ou des groupes qui sont rejetés, ou se mettent d'eux-mêmes en marge de la vie sociale, ne participent pas aux processus de production et dont la vie reste irréductible aux normes de comportement en vigueur.
Didier Eribon
Bernard PIVOT reçoit
Didier ERIBON,
journaliste au Nouvel Observateur, qui présente "La potence et la pitié" de l'historien
polonaisBronislaw GEREMEK. Avant d'aborder le thème de cet ouvrage, le
journaliste évoque la situation difficile de l'historien, mis au ban de l'université pour ses liens avec Solidarnosc. Il évoque ensuite l'évolution de la place du pauvre dans la
société...