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EAN : 9782234080829
272 pages
Stock (10/02/2016)
3.36/5   22 notes
Résumé :
Les bouleversements qui se sont produits des années 1960 à aujourd’hui et la « révolution culturelle » qui les a accompagnés ont entraîné des fractures dans les pays démocratiques révélant des conceptions contradictoires du rapport au travail, de l’éducation, de la culture et de la religion.
Ce livre met en lumière les postures et les faux semblants d’un conformisme individualiste qui vit à l’abri de l’épreuve du réel et de l’histoire, tout en s’affirmant co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je ne connaissais pas ce sociologue, Jean-Pierre le Goff mais je dois dire que j'ai été impressionnée par la profondeur de ses analyses sur le malaise que traversent les démocraties occidentales, peu armées pour ne pas dire totalement désarmées face aux mutations économiques et aux affrontements idéologiques.
Le Goff oppose un "ancien monde" avant 1968, à un "nouveau monde" où tout se place sous l'aune de l'individualisme poussé au plus haut point. Education, travail, politique, tout est envahi par cette forme d'exaltation extrême des libertés et des droits individuels.
Selon l'auteur, ce nouvel individualisme est pernicieux. Il tend au relativisme culturel, à la dépréciation de nos propres valeurs et à l'idéalisation de celles de "l'autre". Il incite au "bricolage identitaire".
Le déni de notre héritage historique contribue au malaise ambiant.
En 2015 le terrorisme a frappé dans un monde occidental qui croit à une fraternité universelle. L'auteur veut montrer dans ce livre ce qui nous a conduit à ce déni des réalités. Oui nous avons des ennemis et peu importe notre attitude, nous avons été désignés par certains comme des ennemis.
Jean-Pierre le Goff veut insister sur l'importance des fractures et des bouleversements dans la seconde moitié du 20ème siècle.
Pas de recettes miracles proposées mais à l'instar d'Albert Camus qui le déclarait dans son discours de remise du Prix Nobel, l'objectif est non pas de refaire le monde, mais d'empêcher que "le monde se défasse".
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Ayant vu et écouté l'auteur dans le "Journal de l'histoire", sur la chaîne du même nom, j'ai acheté son livre et je l'ai lu, non sans me rendre compte qu'ici et là, il avait été mal jugé par tous ceux qui crient à l'extrême-droite chaque fois qu'un penseur s'avise de penser. Le Goff est un modéré, et son livre, ses propos, son étude de la culture contemporaine, ne font pas de lui un "mécontemporain" à la Finkielkraut ou un imprécateur comme Philippe Muray. Il analyse et observe posément les changements radicaux qui affectent l'homme contemporain, dès sa naissance : enfant produit par "du désir d'enfant", éducation, consommation culturelle, façon de travailler, de "faire la fête" et spiritualité. Ses analyses soulignent la césure de civilisation qu'ont représenté Mai 68 et ses suites : 68 n'est pas moins que la création d'un homme nouveau, ambition de toutes les révolutions, comme le romancier Michel Houellebecq l'avait bien vu. Cet homme nouveau se trouve pris dans un système politique démocratique dont le bon fonctionnement repose a priori sur la présence et l'action de citoyens lucides et responsables - espèce éteinte -, pas sur des enfants attardés, jouisseurs et obsédés de leurs propres droits et des devoirs des autres envers eux. C'est pourquoi le propos entier du livre est éminemment politique, et il est porté par une espérance en l'avenir : l'auteur n'espère pas une restauration de la civilisation ancienne, mais une reconstruction du lien démocratique, malgré les obstacles. C'est donc un livre optimiste.
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Peut-être ai-je trop lu ces dernières années mais cet essai, qui pourtant n'a que cinq ans, ne m'a pas fait découvrir grand chose.
Après une introduction convaincante, Jean-Pierre le Goff peint le "malaise de la démocratie" en cinq grands tableaux : individualisme accru, faillite éducative, mutations du monde du travail, envahissement du culturel par le festif et émergence d'une "religiosité diffuse".
Hormis sur les mutations du monde du travail, les constats m'ont paru factuels mais l'esprit critique de l'auteur, qui fait flèche de tout bois, suscite d'abord une certaine gêne, puis lasse. J'avoue avoir tourné assez vite les pages sur le tout festif et la religiosité diffuse. Et j'ai, par ailleurs, été surpris de voir consacrer plus de pages à l'émergence d'une religiosité diffuse qu'à la faillite éducative. C'est-à-dire plus de place à un symptôme du malaise qu'à l'une de ses causes majeures.
Sur les mutations du monde du travail, on adhère facilement à l'opinion qu'on n'évite pas qu'un chômeur souffre de son isolement en lui versant des allocations. En revanche, les critiques sur les nouvelles méthodes de management m'ont semblé ignorer le contexte de leur introduction : dés-industrialisation et recherche de productivité dans les activités tertiaires. Les emplois n'étant plus les mêmes, le rôle des salariés changeait : moins de contrôles, plus d'initiatives mais aussi plus de responsabilité.
Mais la déception à la lecture du livre tient surtout à ce que Jean-Pierre le Goff attend les vingt dernières pages pour évoquer le rôle que pourraient jouer les partis politiques pour permettre au pays d'échapper maintenant, au moins partiellement, aux dérives régressives qu'il dénonce. Mais, est-ce qu'ils ne leur incombait pas, au premier chef, de les éviter ? Cela n'a-t-il pas à voir aussi avec le "malaise dans la démocratie" ?
Finalement, un livre clair et bien construit mais plus à l'aise dans la peinture des symptômes que dans la mise en évidence des causes. En conséquence, les remèdes esquissés dans la conclusion paraissent bien anodins : suffira-t-il d'apprendre à nouveau aux jeunes français l'histoire de leur pays pour redonner à la France une ambition ?
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Pour qui a lu en son temps les oeuvres de Gilles Lipovetski , d'Alain Finkielraut, d'Emmanuel Todd, et de Régis Debray (Auteurs souvent référencés dans ce livre), Jean-Pierre le Goff ne nous apprend que peu de choses, pour ne pas dire : rien!.... Ce livre semble tout droit extrait d'une bibliothèque poussiéreuse des années 70.
Voir de la spiritualité en toute chose relève plus, d'un exercice de style plutôt que d'une véritable réflexion. (L'athéisme de Marx n'était-il pas une religion comme une autre ?...)
Quant-à vouloir attribuer des vertus éducatives aux militaires cela ne me semble pas être une idée, sinon très novatrice, mais sûrement avec des résultats improbables.
De la lecture de ce livre, je n'en retiendrai quasiment rien, pas même l'envie de le relire.
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Des constats pas toujours réjouissants entre ancien monde et nouveau, j'ai bien aimé l'analyse sur les nouvelles formes de religiosité et de recherche spirituelle, néo-bouddhisme et écologie, mais l'idée de "préchi précha en dehors de l'histoire et de la réalité" me gêne un peu.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Malgré les apparences, cet individualisme émotionnel et sentimental n’est pas si tolérant : il ne l’est que pour autant que l’autre lui ressemble ou le laisse vivre comme il l’entend. Persuadé que son comportement et son mode de relation aux autres incarnent le bien-vivre en société, il ne comprend pas et s’étonne que d’autres puissent penser et vivre autrement. Aussi a-t-il tendance à rejeter comme naturellement réactionnaire, arriéré et « ringard » tout ce qui vient contredire ses valeurs et son mode de vie particuliers. S’il se montre ouvert et tolérant envers les autres peuples et les autres cultures du monde, dont il se fait volontiers le promoteur et le défenseur attitré, il n’hésite pas, en revanche, à donner des leçons de morale et à dénoncer ses compatriotes qui n’en font pas autant.
p. 37

Le nouvel individualiste est en fait un « faux gentil » qui ne supporte ni la contradiction ni le conflit, non plus que le tragique inhérent à la condition humaine et à l’histoire. Il s’est construit un monde à part où il vit, se protège de l’épreuve du réel et se conforte avec ses alter ego.
p. 38
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Cette nouvelle condition de l'"enfant du désir" influe directement sur la formation de sa personnalité. "Dans sa rareté, par le choix qui est fait de lui, il représente ses auteurs, il incarne l'alliance de ses auteurs" et, de ce fait, il est un être surinvesti d'attentes, un être sacralisé, une "sorte de petit dieu vivant" qui fait l'objet d'une "glorification de l'être unique qu'il recèle, témoignant du désir unique et spécifique dont il est le fruit."
...
Poussant plus loin son analyse, Paul Yonnet décrit la "constitution psychique" de cet "enfant du désir", conçu, élevé et éduqué dans ces nouvelles conditions. Celle-ci est marquée par une fragilité interne et une sourde angoisse sur son identité d'être désiré, choisi et unique. Cherchant continuellement à se faire remarquer, il "guette en permanence dans l'échange symbolique de la relation quotidienne un élément possible de réponse à cette question : 'Ai-je vraiment été désiré ?'". Les parents, et plus particulièrement la mère, se doivent de répondre à ce questionnement permanent et, ce faisant, ils se placent eux-mêmes dans une situation où leur autorité devient difficile à assumer : "Comment, en effet, faire comprendre son affection, son amour, en s'opposant à ses enfants (...) ? S'opposer aux désirs des enfants, n'est-ce pas risquer de faire apparaître que ses enfants ne sont pas des enfants du désir ?" ; la relation de l'enfant à l'autorité s'en trouve tout autant affectée : "Si tu m'as tant désiré, pourquoi t'opposes-tu à mon désir ?" s'interroge l'enfant, tandis qu'à l'inverse les parents, et plus particulièrement la mère, peuvent se poser la question : "Mais pourquoi est-ce que je m'oppose à son désir, puisque je l'ai désiré ?" L'avènement du désir d'enfant est ainsi porteur d'une crise structurelle de l'interdit et de l'autorité : "Il y a une sorte de légitimité introuvable à vouloir s'opposer aux désirs des enfants, puisqu'on les a désirés."

(citations de Paul Yonnet, "Le recul de la mort. l'avènement de l'individu contemporain").

p. 75 sq.
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... un autre trait du nouvel individualisme : la primauté accordée à l'émotion et aux sentiments, considérés comme la marque d'une "authenticité" première et singulière qui s'érige en critère de vérité face à un monde des idées trompeur et impersonnel. Dans le débat public, l'expression émotionnelle a valeur d'autorité contre le travail intellectuel et les convictions sensées. Soupçonnés d'être une pure rationalisation et le masque d'une infrastructure sentimentale qui les détermine, ils sont déconsidérés au profit d'un "ressenti individuel" qui balaie tous les arguments.

p. 35
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La démocratie suppose une "éthique de responsabilité" qui prend en compte les effets indésirables de ses paroles et de ses actes dans une situation donnée. S'y ajoute une exigence d'intégrité qui a valeur d'exemple auprès des citoyens. Depuis des années ces principes éthiques et politiques qu'incarnent nombre d'hommes et de femmes politiques ont été bafoués par une série d'affaires et de scandales à répétition
p.258
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La personnalité de Pierre Rabhi, les pratiques et les associations qui s'inspirent de la stratégie du colibri et de l'agroécologie, ne sauraient faire oublier cet incroyable prêchi-prêcha mystico-écologique baignant dans un magma de bons sentiments. Dans ses écrits et ses déclarations disparates, Pierre Rabhi incarne une forme de spiritualité tourbillonnante et agnostique qui déconcerte mais qui n'est pas sans rapport avec le relativisme et l'éclectisme religieux propres à l'individu contemporain.

p. 225
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