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EAN : 9782757841662
235 pages
Points (18/09/2014)
3.58/5   73 notes
Résumé :
Garden Hills a connu des jours heureux. À l’époque où Jack O’Boylan, un magnat de l’industrie, a fait construire le village au fond d’une mine de phosphate qu’il a découverte et exploitée. Travail assuré, salaire, sécurité. Puis, les hommes de Jack ont quitté la place. Le créateur a abandonné sa création, la mine a fermé, les habitants ont déserté le village. Seules une douzaine de familles ont résisté, constituant une véritable cour des miracles qui vit aujourd’hui... >Voir plus
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"Nu dans le jardin d'Éden" ne vous parlera pas d'Adam et Eve chassé du Paradis, mais plutôt le contraire : Dieu qui fou le camp, abandonnant ses misérables créatures dans ce qui se rapprocherait plus de l'Enfer que du Paradis d'Éden !

1960. Garden Hills, une petite ville de Floride, sorte de trou du cul du monde d'où on extrayait du phosphate, tient plus d'un enfer que d'autre chose : les tâches y sont harassantes, horriblement sales à cause du phosphate, et répétitives à la limite de l'absurde, comme ce trou qu'un homme - Wes - creuse tous les jours et qui est rebouché la nuit

On pourrait croire que les habitants n'étaient pas heureux, mais c'est tout le contraire : ils étaient tout content, les gens qui bossaient à l'usine d'extraction de phosphate de monsieur O'Boylan ! La routine, certes, mais l'argent de leur salaire les faisait vivre... Jusqu'à ce que O'Boylan (Dieu) se retire de ce trou à rat, laissant les gens en plan.

Une douzaine de familles résistent encore et toujours, s'accrochant aux collines poussiéreuses et aux lacs sans poissons au lieu d'aller chercher fortune ailleurs. Car dans leur petite tête, O'Boylan va revenir, cette absence de la divinité, qui les nourrissait en les faisant travailler, ne peut être que temporaire.

C'est ce constat qui donne un sens à leur présence dans cet endroit désolé.

Ici, nous sommes dans un vrai roman noir, limite huis clos puisque, en plus d'être dans le trou du cul phosphaté du monde, nous suivons la vie de trois personnages principaux (Fat Man, Jester et Dolly) et quelques autres secondaires (Wes dit "Iceman" et Lucy). Les seuls moments où nous quittons la petite ville, c'est lorsque nous suivons leur parcours de vie "antérieure".

Si ces habitants attendent le retour de O'Boylan comme d'autres attendent le Messie, c'est parce que Fat Man - 280 kg à poil - a entretenu cette flamme en racontant sa fable : O'Boylan reviendra !

Fat Man, dont le père a touché un pactole en vendant les terres à O'Boylan, trône dans sa grande baraque sur les hauteurs. Un autre Dieu puisqu'il a maintenu un simulacre de vie normale à Garden Hills depuis le départ de l'usine et que "Les hommes pour qui Dieu est mort s'idolâtrent entre eux" (Le Chanteur de Gospel - 1968).

Les familles qui végètent à Garden Hills sont des pathétiques doublés d'assistés. D'ailleurs, s'il n'y avait pas le talent d'écriture de l'auteur additionné à un scénario bien monté, des personnages travaillés et goupillé avec tout le reste, on pourrait même dire que ces gens sont des cons, des débiles et des gros naïfs.

Mais cela eut été trop simple et trop facile que d'en faire des cons, et le roman n'aurait pas mérité son titre de roman "noir". Non, on l'aurait appelé "Lost Story", tout simplement. Ces gens, on apprend à les connaître et on comprend le pourquoi du comment... Une partie de la force du roman réside là-dedans.

Mensonges, cupidité, trahisons, manipulations, freaks (monstres humains) prostitution soft (pelotage), espoirs entretenus, despotisme, misère, voyeurisme,...

C'est tout cela qui est réuni dans ce livre dont je ne puis vous en dire plus tellement le scénario est riche sans être alambiqué, travaillé, bien pensé, bien pesé, jusqu'à un final dantesque.

Une lecture coup de coeur, coup de poing, courte, mais bonne et qui va me trotter dans la tête durant de longues années !

Note : dans la salle de bain de Fat Man, construite par O'Boylan, il y avait la représentation de Michel-Ange "La Création" où Dieu et Adam se touchent le doigt, car si Dieu a créé l'homme à son image, l'homme a créé Dieu à la sienne. Et tout s'explique...

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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De Garden Hills, il ne reste rien ou presque.
Un beau jour, l'usine a fermé, les habitants sont partis.
Seuls quelques paumés à la poursuite de leurs chimères, sont toujours là, accrochés à leur territoire avec la rage de vaincre la noirceur de leur quotidien.
Ils espèrent le retour de Jack O'Boylan, , persuadés que celui grâce à qui le bout du bout du monde est devenu la plus grande mine de phosphate du pays ne peut les avoir abandonnés.

Toute la force de ce roman réside dans l'éventail de personnages qui nous est proposé.

Comme dans toute communauté, il y a le notable, Fat Man, dont le père était autrefois le propriétaire des terres sur lesquelles a été creusée la mine, il s'est vu offrir par le magnat en partance, les titres de propriété sur l'exploitation.
A la tête d'une petite fortune léguée par son père, il vit à l'écart, dans une grande demeure. Personnage atypique de 285 kg pour 1,65m il passe ses journées à ingurgiter d'énormes quantités de boissons et de nourriture.
Il est assisté dans sa vie quotidienne par Jester, qui a perdu dans un accident son cheval en même temps que ses rêves de jockey.
Et puis il y a Dolly, superbe créature, ancienne reine de beauté de retour de New-York, elle a bien envie de redonner vie au site en le transformant en lieu de plaisir pour les touristes.
Par-dessus tout ce petit monde, il y a l'ombre de Jack O'Boyal, celui par qui tout a commencé, une sorte d'Arlésienne, on en parle tout le temps mais il n'apparait jamais.

« Nu dans le jardin d'Eden » est un roman noir qui se savoure avec bonheur, qui ne laisse aucune place à l'ennui.
Un bon moment de lecture.

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Prenez une ancienne mine de phosphate floridienne devenue une ville fantôme où tentent de survivre une douzaine de familles. Au coeur de cette petite communauté, placez Fatman, 280 kilos sur la balance, des « petits orteils roses aussi tendres que les tétons d'une vierge » et « un nombril aussi profond qu'une tasse de thé ». A ce « roi obèse » ajoutez Jester, ancien jockey d'un mètre dix traumatisé par un accident en course et qui depuis fait du cheval à bascule, Dolly, ex-reine de beauté voulant transformer la mine en bordel avec go-go danseuses, Lucy, échappée d'un Freak Show où elle fumait des cigarettes avec son vagin devant « une foule masculine qui passait son temps à lui demander d'essayer avec son trou du cul » ou encore Wes, au chômage depuis l'arrêt de l'exploitation du phosphate et qui passe ses journées à creuser un trou qu'il rebouche le soir venu. Mélangez bien le tout et vous vous retrouvez avec un récit peuplé de créatures aussi sauvages que misérables où le grotesque et le pathétique tiennent les premiers rôles.

Bienvenue chez les marginaux de l'Amérique profonde, ceux qu'Harry Crews savait mettre en scène comme personne. Publié en 1969, Nu dans le jardin d'Eden est son second roman et il était jusqu'alors inédit en France. L'auteur du cultissime « Chanteur de gospel » y déroule une partition déjantée dont personne ne sort grandi. Dans ce paradis perdu devenu un enfer pour tous, la méchanceté est une seconde nature et la cupidité une raison d'être. La narration alterne entre le passé des différents protagonistes et le présent de la communauté. le retour sur le parcours de chacun éclaire leurs attitudes et leurs actes. ll faut sans doute aimer cette ambiance crépusculaire peuplée d'affreux, sales et méchants pour apprécier toute la modernité d'un texte sans concession dont la fin d'une insoutenable cruauté laisse sans voix. Perso, je suis fan, totalement fan !
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Livre devenu quasiment une légende urbaine, un mythe, tant, après qu'il a complètement cessé d'être édité aux États-Unis, il était devenu introuvable, Nu dans le jardin d'Éden (Naked in Garden Hills) débarque en France grâce à Patrick Raynal – qui avait édité Harry Crews en France à la Série Noire – et aux éditions Sonatine.
Nu dans le jardin d'Éden est seulement son deuxième roman, en date de 1969, mais il y a déjà dedans tout ce qui fait la singularité de Harry Crews : des personnages de freaks (deux d'entre eux viennent d'ailleurs directement d'une fête foraine) attirés par le pouvoir, l'argent mais surtout la reconnaissance et un semblant de sens à donner à leurs vies, des corps malmenés par les autres mais aussi et surtout par eux-mêmes, un vernis grotesque qui sert à toucher du doigt l'essence de l'homme ; un homme qui est loin de l'innocence édénique mais qui possède bel et bien son libre arbitre et qui est loin d'être dénué de vice.
Garden Hills, donc est l'Éden du titre français. Un Éden dont le démiurge, Jack O'Boylan, a fait un immense chantier à ciel ouvert en y créant une mine de phosphate qui a permis, dans cette Floride profonde, à quelques familles de vivre confortablement. Mais un jour O'Boylan a disparu et la mine a fermée. Ne restent plus qu'une douzaine de familles et un représentant d'O'Boylan sur Terre : Fat Man, 280 kilos à la dernière pesée, installé dans la maison sur la colline qui domine la petite communauté. Un monde partant en lambeaux et vivant dans l'attente du retour d'O'Boylan et de la prospérité. Jusqu'au jour où revient Dolly, ancienne Miss Phosphate partie à New York pour retrouver Jack O'Boylan et le convaincre de redonner vie à Garden Hills. Si elle n'a pas trouvé l'insaisissable créateur de la communauté, elle n'en revient pas moins avec un projet censé rendre vie à ce rêve évanoui. Car dans la grande ville elle a enfin compris ce qui fait tourner le monde : le sexe allié au voyeurisme.
Tout est donc là, dans cette atmosphère surréaliste, grotesque, où les filles concourent pour savoir laquelle aura l'honneur de trôner dans une cage, où les touristes se pressent devant une lunette pour apercevoir un obèse qui grossit à vue d'oeil en se gavant de produits de régime, où les vicissitudes de l'amour et du désir de pouvoir bouleversent les plans des uns et des autres… Crews se plaît à caricaturer, à grossir le trait pour mieux faire jaillir l'humanité, et si le procédé apparaît encore un peu forcé dans certains passages, il n'en demeure pas moins que Nu dans le jardin d'Éden est une heureuse découverte, une belle pépite noire que viennent illuminer quelques véritables moments de grâce jusqu'à une scène finale dantesque.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Imaginez un mélange de Tod Browning, Fellini, David Lynch et Bunuel, et vous aurez un aperçu de ce roman inclassable et magnifique.
La quintessence du roman noir ! Avec une vision glaçante de l'Amérique profonde, celle des plus pauvres, des désespérés, des abandonnés et des marginaux. Et tellement cinématographique...

A Garden Hills, il ne reste rien qu'une poignée de miséreux depuis le départ de Jack O'Boylan, un mystérieux magnat de l'industrie, que personne n'a jamais rencontré mais qui avait choisi d'y construire la plus grande mine de phosphate du monde. A la fermeture de la mine, certains sont restés pétrifiés, abasourdis, incapables d'imaginer un avenir ailleurs. Alors, ils attendent le retour de Jack. Comme Vladimir et Estragon attendent Godot.
D' autant plus qu'il leur a laissé un signe. Un messager qui se nomme Fat Man, qui approche des 300kgs en se nourrissant de boissons protéinees et de gaufrettes minceur. Fatman est le fils du propriétaire des terres de la mine et il a hérité d'une fortune colossale qu'il distribue avec parcimonie aux derniers habitants et à son serviteur, improbable jockey nain qui lui sert de nounou. Il utilise également son argent pour constituer une gigantesque bibliothèque mais " il collectionnait les livres comme il mangeait, _ au delà d'une vision impossible et d'une quête affamée de finitude."
Cette présence et cette prodigalité dans la maison en haut de la colline fait sens.
Il n'en faut pas plus pour que chacun soit persuadé du retour proche du messie.

Sauf qu'il y a Dolly, une fille de la ville, ex Miss Phosphate, qui va partir à New York à la recherche de Jack, pour lui offrir sa virginité en échange de son retour . Si elle ne le trouve nulle part, elle va néanmoins apprendre beaucoup sur la vie et en particulier que le sexe et l'argent mènent les hommes et le monde. Et elle découvre que ce Dieu qu'elle cherchait, c'est ce qui guide l'Amérique, l'argent.
" Et vous êtes Jack O'Boylan. Tout le monde l'est. Jack O'Boylan est une chose qui vit en nous tous, qui mange de la viande crue et boit du sang. Et soit vous l'admettez et vous en profitez, soit vous êtes bouffé par quelqu'un d'autre."

Dans cette cour des miracles à laquelle ils appartiennent tous, il manquait une apothéose que Dolly va mettre en scène. A la place de l'usine, un immense lupanar pour voyeuristes avec des danseuses dans d'immenses cages et des télescopes pour que les clients puissent observer des simulacres de vie, comme Westrim payé pour faire semblant de creuser un trou, rebouché chaque nuit ; ou des anomalies de la nature comme Fatman qui ne peut s'empêcher de combler un vide incommensurable en mangeant.

Pour Harry Crews, le pire de l'humanité n'est pas dans ces exclus qui survivent en marge et qui restent avant tout des victimes , mais dans cette masse boulimique qui succombe au délire consumériste et fait le choix de l'indignité.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Les gens pensent que les badauds ne font rien parce que ce sont des trouillards, parce qu'ils ne veulent pas se mouiller. Ce n'est pas vrai. Ils ne font rien parce qu'ils ne remarquent rien, parce qu'ils ne voient pas ce qui se passe. Ça serait complètement différent avec une cage. Ils viendraient en aide à un dresseur de lions si le lion lui sautait dessus. Bon sang, ils fonceraient là-dedans et l'en arracheraient. Ecoutez, je le sais,et je vais vous le prouver.
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Dans un bungalow perché sur le versant dénudé de la Montagne de Phosphate, Jester s’était endormi sur sa selle. Entre les jambes de sa mulâtre, il rêvait du derby du Kentucky. C’était la course pour les Roses et l’odeur du fric imprégnait l’air. Ses narines palpitaient et ses petites mains d’acier à la paume jaune serraient les rênes bien huilées. Sa casaque vert et jaune flottait sur un étalon dont la crinière et la queue étaient d’un noir de feu. Le cheval était énorme, il avait adopté un petit galop oblique en approchant de la ligne de départ, piaffait, reniflait et haletait comme un soufflet. Jester le montait haut et léger, comme une feuille chevauche le vent. Il n’avait pas peur.
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Il y a peu de gens qui font des choses, et d'autres qui écrivent sur le peu qui font des choses. Et puis il y a le reste, nous, ceux qui radotent leurs trucs de seconde main, qui ne sont capables que de piétiner les cadavres.
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Tu ne disparaîtras jamais du Show-biz. Personne ne se risque dans une eau infectée de crocodiles si ce n'est un autre crocodile. Et toi, tu as une bouche à croquer de l'acier.
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– J’y ai demandé plein de fois. Y dit que non. Y dit qu’il veut rien voir comme toi sous son toit. » Il recula d’un demi-pas et la regarda. « Esse que ça vaut pas mieux qu’une foutue tente de cirque ? » Il fit un geste des deux mains. « Regarde ce que j’ai fait. » Le bungalow avait été recouvert de panneaux d’acajou préfabriqués. Il y avait un tapis en velours acrylique sur le sol et des draps de soie dans le lit. « J’ai tout récupéré là-haut, sur la Montagne de Phosphate. »
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Videos de Harry Crews (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Harry Crews
Le grand James Ellroy poursuit son tableau wagnérien de Los Angeles dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Et Harry Crews brosse un portrait saisissant des péquenots du sud dans les années 70. En contrepoint, un regard subtil sur l'Inde occupée par les Anglais au lendemain de la grande guerre par Abir Mukherjee, jeune auteur à suivre.
"La tempête qui vient" de James Ellroy (Rivages/Noir) "Péquenots" de Harry Crews (Finitude) "L'attaque du Calcutta-Darjeeling" de Abir Mukherjee (Liana Lévi)
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