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EAN : 9782073021014
72 pages
Gallimard (09/03/2023)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Voici un hommage joyeux à une longue tradition où le poème de Paris est aussi chanson. Le périmètre géographique et lyrique du poème est ainsi tracé : ce qui luit et sonne comme un grelot ancien, le village disparu du Ier arrondissement comme le village du poète campagnard vivant à la capitale. L’histoire des noms reflète les mœurs du quartier, où Cossonnerie est une atténuation de Cochonnerie. Il y a dans ce recueil ambulant quelque chose d’évident, de populaire et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En maniant le quatrain et autres vers comme un jongleur, l'espiègle poète belge nous fait faire le tour du propriétaire de ce premier arrondissement de Paris où il a posé ses pénates il y a quelques dizaines d'années. Mais plus que la rue des Halles, ses chevaux de Marly, le pont Saint-Michel ou encore la Madeleine, « mieux vaut, je vous le dis, flâner au gré des rues… » Car, comme le disait Georges Perros, « La poésie est dans la rue » et c'est ce chemin là qu'affectionne Guy Goffette, le chantre du petit rien, du quotidien.
Ainsi, tournant le dos au Paris des lumières au « Paris des beaux quartiers, du commerce et du luxe », il nous emmène plutôt vers ces rues moins cossues mais qu'il arpente en se souvenant de son village d'autrefois.
Il y a de la gouaille et du rythme dans ses vers, on pourrait les chanter, d'ailleurs l'un d'entre eux, qui évoque la rue Pirouette, se décline sur l'air de « Pirouette, cacahuète » preuve que notre ami Goffette est resté un grand enfant. Et pourquoi pas, comme il le suggère avec humour, chanter la Marjolaine rue Rouget-de-Lisle.
C'est « entre les ombres de sorbiers frissonnants » rue de la Cossonnerie que le poète vit, une rue qui, à défaut d'avoir du chien, sent la cochonnaille car le « ventre de Paris » comme le nommait Zola, était tout à côté. Orpheline de ses porcs, la Cossonne est devenue rue piétonne.
Ces rues évoquant des métiers de bouche ou bien une nourriture riche ont perdu leur sens premier et même la rue de la Lingerie a une appellation trompeuse car elle n'abrite qu'un restaurant où faire bonne chère en rêvant à ces chairs corsetées.
On aime cette flânerie dans les rues et dans les souvenirs de Guy Goffette, comme cette première visite de Paris lorsqu'il avait seize ans et des rêves en pagaille.
Les rues s'humanisent quand elles évoquent une personne comme la rue des lavandières Sainte Opportune qui convoque le souvenir de sa mère au lavoir ou encore la rue Croix-des-Petits-Champs et son amante aux cheveux de feu.
Ces rues nous renvoient à une période ancienne et révolue, et les poèmes font un clin d'oeil à Villon ou Du Bellay qui ont su embrasser la ville dans leurs vers.

J'ai été sous le charme de ces poèmes avec cette sonorité de la langue qui nous donnerait envie de les fredonner en flânant dans la rue de la petite truanderie, rue Mondétour, place Joachim du Bellay mais en évitant le Sébasto.
Un (trop) court recueil où il fait bon baguenauder en compagnie de l'ami Guy.

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Guy Goffette a décliné en de trop rares poèmes son attachement au premier arrondissement dans un collectif intitulé « Merci Paris »! (1)
Dans ce recueil, qui arrive avec le printemps 2023, le poète urbain nous convie cette fois à une déambulation dans un dédale de rues qui forment « un rectangle parfait ». Quartier qui « commence et finit dans la Seine » ! Jeu de mots : « Le 1er entre en Seine ».
La Seine qui « coule sous le (ju)pont de la Concorde ».
Un florilège de citations ouvre le livre : Une de Jean Follain,une de Pierre Béarn.

L'auteur évoque, avec un brin de nostalgie, le quartier qu'il connaît et la rue où il réside depuis des décennies. «  La Cosonne est piétonne /Et muse sous les arbres/ En guignant les vitrines ». Une rue transversale très fréquentée, menant du métro à Beaubourg. Nommée autrefois la rue de la Cochonnerie.

Dans cet opus, « le villageois », ( comme l'auteur se définit), mêle ses souvenirs d'adolescents, sa première fois dans la capitale à seize ans. En fugue avec son ami Louis, ils étaient plus attirés par la rue Saint-Denis que par les monuments incontournables de la ville lumière ! Désireux de s'y perdre la nuit. Ne dévoilons pas la conclusion de leurs expériences pour ces ados en goguette qui espéraient se voir proposer un «  Tu viens » par des dames.
Cette rue est une voisine avec qui il «  s'entend bien » : il y fait ses courses, vient parfois régaler son palais au Relais du vin, tenu par Roumani.

Comme « Paris a fait sa mue », il est témoin des métamorphoses de la ville. Les habitués du site des Halles ont vu s'ériger un toit appelé Canopée, « qui gondole et ondoie en jaune canari ». 
Des rues ont changé de nom, comme la rue du Pélican. Baltard a sonné la fin du bal. D'autres ont disparu, comme la Rue Pirouette. le poète, récemment invité dans l'émission d'Emmanuel Khérad, s'est pris au jeu de fredonner l'air de « Pirouette, cacahuète », pour le plaisir des auditeurs. (2) Afin d' immortaliser ce nom , un restaurateur, connaisseur de l'histoire de Paris, a choisi pour son établissement de la rue Mondétour l'enseigne Pirouette. Une façon indirecte de célébrer La Cour des Miracles, un lieu auréolé de légendes, tout comme le célèbre Puits d'amour de la rue de la Petite-Truanderie. L'endroit idéal pour tromper les jours d'ennui.

Guy Goffette retrace l'histoire de la Place Joachim -Du -Bellay avant qu'elle n'abrite la Fontaine des Innocents. Il y rode le fantôme de Villon, qui venait «  prier Dieu de lui pardonner larronneries et jouvencelles... ». Lieu de rassemblement de la jeunesse, qui «  dispute /L'ombre au soleil sur les margelles ». Place « encombrée de badauds » qui insupporte , enrage celui qui veut la traverser ! Mais la voix d'un quidam exhorte «  l'ami Guy » à se rappeler des « lais /Du poète angevin que la langue transporte». !

Si l'Obélisque n'a pas bougé, la Roue, elle, a connu des emplacements différents pour «  faire le paon ».
Le «  saltimbanque » s'intéresse aux rues dont les noms convoquent des images.
Ainsi dans la rue de la Lingerie, il déplore de ne pas voir des vitrines qui exposent bas résille, guêpière, dentelles et soies, tout ce qui «  fait reverdir les amants » !
Ces dessous féminins renvoient au roman de l'écrivain : « Une enfance lingère » dans lequel le gamin dévoile comment il a découvert le corset et autres atours affriolants de sa tante ! (3) Un resto occupe toute la rue, dont «  la patronne est La lumière » !

Le poème de la Rue Croix-des-petits-champs est dédié à une femme qui l'a séduite.
La sensualité traverse quelques textes : «  Sur la chaussée, folâtrent les jambes roses des néons ». Il confesse avoir aimé , dès le plus jeune âge ,les lèvres rouges des dames et « leurs seins drus » . Adulte, il aime «  rendre leur sourire aux filles » en les saluant.
Dans la Rue des Lavandières, saluons sainte Opportune ! Guy Goffette rend hommage aux femmes, aux mères , aux «  doigts usés difformes bleuis », « souffrant d'arthrose » qui trimaient au lavoir. Il se revoit gamin sur la brouette cahotante.

Notre « guide émérite » suggère de chercher trace d'Aragon rue de la Sourdière, de « débrider les chevaux de Marly », de chanter la Marjolaine rue Rouget-de-Lisle !.
Le piéton de Paris préconise aussi de flâner au gré des rues,de ne pas s'en tenir à un arrondissement mais de marcher le nez en l'air. Ainsi il enjambe les ponts pour rallier l'île de la Cité...

La déambulation s'achève Boulevard Sébastopol, par une série de rimes faisant écho à « Sébasto » : «  Carco », «  nigaud », chaos », « hameau » « hosto ». Un texte laissant entendre que traverser cette artère est à éviter, mieux vaut rentrer lire Michaux !
Les textes consignés sont tantôt en vers libres, tantôt rimés et appellent à des relectures, pour débusquer toutes les références littéraires et historiques. Pour ce qui est de la ponctuation, elle est quasiment absente , une constante chez le poète.

Pour mieux situer les lieux égrenés dans ce recueil, un plan de Paris ne serait pas superflu. le lecteur, qui voit défiler la géographie sentimentale parisienne de Guy Goffette entre passé et présent, n'a qu'une envie : s'offrir une échappée à Paname ! Un inventaire instructif des rues.Une ode à la ville séduisante, pleine de gouaille.

(1) Merci Paris ! 20 écrivains amoureux de leur quartier,
un collectif préfacé par Douglas Kennedy, éditions Tallandier.
(2) La librairie francophone, émission du 11 mars 2023 sur Inter avec Emmanuel Khérad.
(3) Un été autour du cou , roman de Guy Goffette.
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Faire d'un quartier de Paris de la poésie, ça c'est fait.
On dit merci qui ? Merci Guy Goffette.


Le poète a habité le premier arrondissement de Paris et s'en délecte dans ces poèmes.
Et nous aussi !
Bel hommage à la capitale qui donne envie de mettre les pieds dans le quartier.



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critiques presse (1)
LeMonde
11 avril 2023
Des séries de quatrains et de septains accompagnent la rêverie, de la rue Saint-Denis à la fontaine des Innocents, où jadis s’ouvrait un cimetière.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Aujourd'hui la rue Saint-Denis
est ma voisine on s'entend bien
J'y vais chaque jour pour poster
mes lettres et faire des courses

entre les sex-shops et l'église
Saint-Leu-Saint-Gilles où l'on prie
pour les pauvres et pour les filles
et puis déjeuner ou dîner

seul ou avec quelques amis
dans cet ancien Relais du vin
où bien des rois ont dû passer

avant que Roumani le Copte
y vienne établir son palais
et régaler le nôtre. Amen.
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Laissons la Canopée
Des Halles aux badauds
Et tirons-nous en douce
Dans la rue Saint-Denis
Où jour et nuit des dames
Procurent aux quidams
Maintes câlineries
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Laissons la Canopée
Des Halles aux badauds
Et tirons-nous en douce
Dans la rue Saint-Denis
Où jours et nuit des dames
Procurent aux quidams
Maintes câlineries.
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Vidéo de Guy Goffette
Avec douze écrivains de l'Anthologie Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle) Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps La fenêtre qui donne sur les quais n'arrête pas le cours de l'eau pas plus que la lumière n'arrête la main qui ferme les rideaux Tout juste si parfois du mur un peu de plâtre se détache un pétale touche le guéridon Il arrive aussi qu'un homme laisse tomber son corps sans réveiller personne Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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