Le chapitre conclusif rassemblera les caractéristiques centrales de la transcendance que les trois mystiques ont en commun. Au cours de cette analyse comparative, nous évaluerons également les notables différences entre les trois mystiques dans une tentative d'aboutir à une réponse à l'une des questions centrales concernant la réalisation spirituelle dans la religion: le sommet de la quête mystique est-il une seule et même chose, ou y a-t-il autant de sommets qu'il y a de religions?
La conclusion prédominante, fondée sur les énonciations des mystiques étudiées, est qu'il est justifié de parler d'une seule essence transcendante de réalisation spirituelle, quelque soit le point de départ religieux.
Le but de ce livre est de contribuer à l'élucidation d'un thème important, mais fort négligé, dans l'étude comparée des religions et de la mystique: celui de la transcendance. D'une manière plus spécifique, nous entendons mettre en lumière la signification de la transcendance, à la fois en elle-même et au sommet de la réalisation spirituelle, par conséquent, tant comme principe métaphysique que comme accomplissement mystique, dès lors que notre principale préoccupation vise les dimensions concrètes des voies spirituelles menant à ce que nous appellerons ici "la réalisation transcendante". Ce que nous souhaitons présenter est un essai interprétatif de ce thème, en prenant comme point de départ ce que trois des plus grands mystiques de par le monde ont dit ou écrit à ce sujet.
La vision unitive finale consiste à voir toutes choses «dans» l'Un transcendant, et cet Un en toutes choses ; seul le jîvan-mukta la réalise pleinement, celui qui est « délivré en cette vie », « celui qui Me voit (...) dans tous les êtres, et qui voit Brahma, le Créateur, et tous les autres êtres, en Moi» (Gita, VI, 30). (p. 29)