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EAN : 9782350875378
160 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (22/08/2019)
3.38/5   54 notes
Résumé :
[ÉPREUVES NON CORRIGÉES]

Au XVIIe siècle, Johannes van der Beeck, peintre flamand, réalise sous le nom de Torrentius les natures mortes les plus extraordinaires de son temps.
Subjugué par son talent, le roi d'Angleterre, Charles Ier, charge un émissaire d'acquérir une de ses oeuvres à n'importe quel prix. Mais Torrentius est un séducteur, un noceur, un provocateur qui travaille quand bon lui chante et vend des gravures érotiques sous le mantea... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Premier contact avec Colin Thibert, auteur repéré via Babelio, et très belle découverte bien qu'il soit avec ce livre un peu en dehors de sa zone de confort plutôt située dans le polar.

Il s'agit d'une biographie inventé de l'obscur Johannes Torrentius, peintre hollandais du XVIIe siècle dont il ne reste qu'une nature morte (exposée au Rijks Museum) et une réputation sulfureuse (parce qu'on sait qu'il a été jugé et condamné pour blasphème).

À partir de ces minces éléments, l'auteur nous raconte une histoire fort intéressante, crédible même si parfois un peu caricaturale (le procès et la haine implacable de son persécuteur). Il lui invente une enfance, une personnalité, nous raconte ses grandes heures et ses déboires.

Le livre est court et se dévore parce qu'il est écrit sans délayage. Pas le temps de s'ennuyer : l'intrigue avance à vitesse grand V tout en brossant suffisamment les caractères pour que les personnages secondaires soient eux aussi intéressants.

Et pour ne rien gâcher, l'humour n'est pas absent de cette histoire, un peu distancié, comme pour atténuer la noirceur de ce destin.

Le seul reproche (injuste ?) que je lui fais : il ne parle pas tant que ça de peinture. Mais peut-être parce que son propos est plutôt de nous raconter qu'être débauché et flamboyant au milieu des austères calvinistes hollandais de cette époque, c'était mauvaise pioche.
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Dévoré ! J'ai littéralement dévoré ce livre, en un après-midi. Certes, il est plutôt court – 150 pages, désormais, c'est un petit livre, la mode étant aux pavés… sans que cela soit toujours justifié par la qualité… -, mais quelle histoire, quelle écriture, quel artiste, quel livre, tout simplement !

C'est enlevé, c'est captivant, on apprend beaucoup de choses sur ce peintre méconnu – dont il ne reste, en tout et pour tout, qu'une seule toile -, on découvre également que l'intransigeance protestante n'a pas évité les excès que l'on connaissait du côté de l'Inquisition catholique…

Mais ce qui est particulièrement intéressant, dans ce livre, c'est la façon dont il ouvre des réflexions sur nos sociétés d'aujourd'hui. Je n'imagine pas un instant que, même s'il explique, dans la note qui suit le livre, ne pas avoir voulu faire oeuvre d'historien, l'auteur n'ait pas fait exprès des liens avec notre époque, comme en témoigne la choisie pour ouvrir cette chronique. Ces deux références, à la psychanalyse et au capitalisme, ne peuvent pas avoir été choisies par hasard.

Or que nous montre ce livre ? Il nous présente un homme qui veut juste être libre, et dont les choix peuvent nous déplaire. La première fois où il nous est présenté, il parait d'ailleurs assez imbu de lui-même, prétentieux, assez peu sympathique – si ce n'est qu'il a un faible pour le Bourgogne, et, ça, c'est la preuve absolue qu'il ne saurait être tout à fait mauvais ! -. Mais, au fur et à mesure, on découvre un homme qui s'engage et qui, au-delà de tout ce qui peut sembler superficiel dans ses comportements, a des convictions et est prêt à les défendre, quel que soit le prix à payer.

L'immense différence entre l'époque décrite dans le livre et la nôtre, c'est naturellement le rapport à la religion. On n'imaginerait plus autant d'étroitesse d'esprit, d'intolérance, de plaisir sournois et malsain à imposer aux autres ses choix théologiques. Ceux qui aujourd'hui ont encore cet état d'esprit sont repoussés vers les marges – même si elles sont malheureusement parfois agissantes.

En revanche, tout le reste est remarquablement d'actualité. Torrentius, qui s'est cru protégé parce qu'il connaissait des puissants, se fait lâcher en beauté. La vengeance et la jalousie demeurent des moteurs actifs, récurrents, premiers sans doute dans bien des affaires sordides. L'argent, le sexe, le pouvoir.

Bref, j'ai passé un très bel après-midi de lecture avec ce Torrentius, merci beaucoup Monsieur Thibert. Et, pour tous ceux qui ne l'ont pas encore découvert, n'attendez pas, il mérite le détour !

Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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Jan Symonsz van der Beeck dit Torrentius est un peintre méconnu des Provinces-Unies. Et pour cause, il semble ne rester après la destruction par les flammes de son oeuvre que la seule Nature morte avec bride et mors ( Rijksmuseum d'Amsterdam). L'intolérance et la bêtise ont toujours existé et dans les Pays Bas de cette époque qui connaissaient pourtant une certaine tolérance, au moins envers les protestants et les Juifs, attirant de nombreux émigrants, il n'était cependant pas question de remettre en cause l'existence de Dieu telle que définie par la doctrine officielle protégée par les prédicants ni de plaisanter avec le diable.
C'est pourtant ce qu'a fait Torrentius prétendant pour valoriser ses tableaux auprès des acheteurs, que le diable guide ses pinceaux. Il faut dire qu'il aurait eu une technique particulière donnant un rendu “plus vrai que nature”. de plus il peint, outre de magnifiques natures mortes, de petits tableaux licencieux où il n'hésite pas à se mettre lui-même en scène, il fréquente assidument les tavernes, les prostituées et les épouses des autres, accumule les dettes et à une époque où il est de bon ton de se vêtir de noir, il arbore des vétements flamboyants, il serait même membre des Roses-Croix.
Le bailli local Velsaert le déteste et enquête sur lui. Torrentius se croit protégé par ses relations au plus haut niveau, mais lorsqu'il est arrêté, celles-ci se défilent. Ne lui reste que le soutien de son marchand de couleurs, Jeronimus Cornelisz. Refusant de reconnaître ses fautes, il sera torturé, il en restera handicapé et condamné à la prison à vie, qui ne saurait être bien longue, vu les conditions de détention.
Charles 1er amateur de ses natures mortes mais surtout de oeuvres clandestines, lui a commandé auparavant un tableau par l'entremise de son émissaire Brigby. Celui-ci est chargé de la faire évader. le peintre passera effectivement une douzaine d'années en Angleterre sans rien produire avant de revenir dans son pays et d'y mourir.

De son propre aveu lorsque Colin Thibert n'avait pas d'informations précises, il a brodé. Et cela donne un roman court mais savoureux. Avec quelques apartés relevant de l'anachronisme qui font sourire. Ne pas hésiter à le dévorer.
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Ce Torrentius je n'en connaissais rien car il ne reste de ce peintre qu'une nature morte et en plus Torrentius était son pseudo, son vrai nom Johannes van der Beek. Une biographie romancée de cet artiste, spécialiste des natures mortes mais également de gravures pornographiques vendues sous le manteau. Mais les prédicants vont passer par là. Grâce à cet artiste et son devenir Colin Thibert évoque les jugements au nom de la religion au XVIeme siecle à Harleem. Avec son personnage truculent, à l'argumentation infaillible, à la vie dissolue, l'auteur signe non seulement la mise en lumière d'un peintre, de son oeuvre, de ses recherches artistiques en particulier avec la chambra obscura mais également un pamphlet sur l'obscurantisme, la violence, la justice. Instructif, rabelaisien, court mais fort.
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Haarlem, XVIIe siècle

Johannes van der Beeck est peintre et reconnu pour réaliser de superbes natures mortes.
Il se fait appeler Torrentius.
Certains le connaissent plus pour les gravures pornographiques qu'il vend discrètement ou encore pour ses excès de boisson...
Alors que le roi d'Angleterre lui passe commande d'un tableau il est arrêté par Velsaert, le bailli local. Celui-ci s'est donné l'objectif de le détruire.
Il est aussi austère que Torrentius est frivole. Ces deux hommes sont faits pour se haïr.
On assiste donc au procès de Torrentius qui cumule les témoignages contre lui : dettes, débauche, suspicion d'appartenir à une secte...
Il faut dire que le peintre adore dire que le diable guide sa main lorsqu'il peint.
Un roman court qui se lit agréablement. Les personnages sont superbement décrits, très visuels. Une belle mise en contexte et description de l'époque.
Pour les amoureux des romans historiques et de l'histoire de l'art.

Merci à Babelio et aux éditions Héloïse d'Ormesson pour ce titre envoyé dans le cadre de Masse critique.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
-- Réfléchissez : si les femmes pouvaient décider, à leur gré, de porter des enfants ou non, elles deviendraient d'une certaine manière nos égales.
-- En quelque sorte.
-- On les verrait alors partout, se mêlant de tout, certaines se mettraient sans doute en tête de commander et si, par extraordinaire, elles se révélaient meilleurs que nous, imaginez-vous quel enfer deviendrait notre existence ?
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J’écris , monsieur sur l’art et la manière dont ces mêmes hommes s’acharnent à détruire, à étouffer ou à museler ce qui dépasse les étroites limites de leur compréhension. Ceux qui m’ont condamné, messieurs, ne craignent rien tant que la vie, ses débordements, ses jaillissements et ses couleurs. Aussi vont-ils la tête basse et le teint bilieux, tristement habillé de noir, rongé par l’envie et la frustration. Savez-vous pourquoi ils me détestent ? Parce que j’ai tout ce qu’ils n’auront jamais, du panache, du talent et toutes les femmes que je puis désirer !
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- La peinture et le vin s'apprécient de la même façon, pérore Torrentius. Il importe de les aborder sereinement, de s'en laisser pénétrer, de ne point se hâter de professer une opinion... Il convient, dit-il en mirant son verre à la lumière, d'observer les reflets et les ombres. Il faut laisser l'œil et l'esprit s'imprégner du tableau comme la langue s'imprègne des sucs de la vigne...
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Dans ce curieux pays qui parvient à se gouverner sans le secours des Princes, il suffit de se rendre au marché, on peut s’y procurer de la peinture aussi aisément un quartier de bœuf ou un turbo pêché du jour, souvent moins cher. Brigby, en revanche, a dû débourser une somme plus conséquente pour une huile sur panneau dudit Rembrandt qui, en dépit de son jeune âge, s’entend à faire grimper sa cote ; mais son interprétation du sacrifice d’Isaac, par sa vigueur et son foudroiement de lumière dorée, éclipse le travail de tous ses concurrents. Si se Rembrandt survit aux excès de table, de boissons et de luxure qui sont le lot des Flamands, on peut gager qu’il laissera derrière lui une œuvre considérable.
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Torrentius n'a jamais rencontré Velsaert et Velsaert ne le connaît que de réputation. L'antipathie entre les deux hommes est immédiate et rédhibitoire. C'est la rencontre du sanguin et du bilieux, de l'expansif et du constipé, du lion et du rat d'égout, monsieur de La Fontaine aurait pu en faire une fable, mais il n'est âgé que de six ans lorsqu'a lieu, à Haarlem, cette première audition où chacun déteste à l'instant ce qu'il perçoit de l'autre. Les bijoux voyants du peintre, les couleurs éclatantes de son pourpoint, la dentelle sophistiquée de sa fraise, ses cheveux longs et sa coiffure apprêtée épouvantent Velsaert autant qu'elles le révulsent. Ce n'est pas une question de bon ou de mauvais goût, c'est un rejet viscéral. Dans le monde étriqué de Velsaert, la couleur est péché, l'abondance condamnable. Torrentius, de son côté, ne manque pas d'observer le teint maladif du bailli, la nuance ivoire de la sclérotique, les pellicules qui poudrent à frimas le noir usé de son habit, ses lèvres pincées sur ses dents grises, son masque sévère. Cet homme a-t-il jamais ri de bon cœur une fois dans sa vie ? il est permis d'en douter.
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