Dévoré ! J'ai littéralement dévoré ce livre, en un après-midi. Certes, il est plutôt court – 150 pages, désormais, c'est un petit livre, la mode étant aux pavés… sans que cela soit toujours justifié par la qualité… -, mais quelle histoire, quelle écriture, quel artiste, quel livre, tout simplement !
C'est enlevé, c'est captivant, on apprend beaucoup de choses sur ce peintre méconnu – dont il ne reste, en tout et pour tout, qu'une seule toile -, on découvre également que l'intransigeance protestante n'a pas évité les excès que l'on connaissait du côté de l'Inquisition catholique…
Mais ce qui est particulièrement intéressant, dans ce livre, c'est la façon dont il ouvre des réflexions sur nos sociétés d'aujourd'hui. Je n'imagine pas un instant que, même s'il explique, dans la note qui suit le livre, ne pas avoir voulu faire oeuvre d'historien, l'auteur n'ait pas fait exprès des liens avec notre époque, comme en témoigne la choisie pour ouvrir cette chronique. Ces deux références, à la psychanalyse et au capitalisme, ne peuvent pas avoir été choisies par hasard.
Or que nous montre ce livre ? Il nous présente un homme qui veut juste être libre, et dont les choix peuvent nous déplaire. La première fois où il nous est présenté, il parait d'ailleurs assez imbu de lui-même, prétentieux, assez peu sympathique – si ce n'est qu'il a un faible pour le Bourgogne, et, ça, c'est la preuve absolue qu'il ne saurait être tout à fait mauvais ! -. Mais, au fur et à mesure, on découvre un homme qui s'engage et qui, au-delà de tout ce qui peut sembler superficiel dans ses comportements, a des convictions et est prêt à les défendre, quel que soit le prix à payer.
L'immense différence entre l'époque décrite dans le livre et la nôtre, c'est naturellement le rapport à la religion. On n'imaginerait plus autant d'étroitesse d'esprit, d'intolérance, de plaisir sournois et malsain à imposer aux autres ses choix théologiques. Ceux qui aujourd'hui ont encore cet état d'esprit sont repoussés vers les marges – même si elles sont malheureusement parfois agissantes.
En revanche, tout le reste est remarquablement d'actualité.
Torrentius, qui s'est cru protégé parce qu'il connaissait des puissants, se fait lâcher en beauté. La vengeance et la jalousie demeurent des moteurs actifs, récurrents, premiers sans doute dans bien des affaires sordides. L'argent, le sexe, le pouvoir.
Bref, j'ai passé un très bel après-midi de lecture avec ce
Torrentius, merci beaucoup Monsieur Thibert. Et, pour tous ceux qui ne l'ont pas encore découvert, n'attendez pas, il mérite le détour !
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