Cinéaste passionné,
François Truffaut a toujours vécu une relation intense avec ses comédiens, au point de lier des amitiés plus que professionnelles avec certaines de ses actrices. A l'image d'Antoine Doinel, son héros fétiche, il a sans cesse chaloupé de coup de foudre en coup de coeur, passionné par l'image que reflétait
Jeanne Moreau à l'écran, admiratif de la beauté de François Dorléac, pétri de passion pour
Catherine Deneuve, ému par la fragilité de
Claude Jade, magnétisé par les sourires de Fanny Ardant. La femme idéale étant une chimère, il n'a eu de cesse de l'inventer et de la façonner selon ses attentes, la souhaitant tantôt blonde ou brune, petite ou haut perchée sur des talons à rallonge. Tout son cinéma reste un plaidoyer à la beauté de celles dont les jambes arpentent le monde comme s'il s'agissait d'un compas. Mieux que beaucoup d'autres collègues, il a réussi à les sublimer sur la toile et à les rendre intemporelles. D'une certaine manière, il aimait toutes les femmes et choisir représentait une souffrance. Son cinéma reflète admirablement son obsession. Dire que les femmes le lui rendaient bien demeure un euphémisme.