Période toujours un peu difficile pour la lecture et moi en juillet , cette année comme les autres , et pourtant , impossible de lâcher complètement, alors les choix ......sont plus délicats .Ce petit livre à la belle couverture m'a " tendu les bras " , sans doute sensible à mon besoin de me ressourcer en cette période où tout autour de nous nous incite à " nous abandonner " à la beauté des paysages , à la douceur des eaux lacustres , au clapotis des vagues sur le sable doré et chaud , à la douceur et à la longueur des soirées bénies , à l'inquiétude aussi , liée à ces canicules et cette sécheresse dont on ne peut plus désormais ignorer le danger . Ce livre , il me l'a sussuré comme une confidence , " on a tous un banc , un arbre et une rue " ou encore " auprès de mon arbre , je vivais heureux , j'n'aurais jamais dû m'éloigner d'mon arbre...." Oui , mes amis , le héros de cette touchante histoire , c'est un platane centenaire qui trône sur la place , au centre du village . Et il en a vu des choses , ce témoin de la vie , il en a connu du monde , il pourrait parler , mais...on l'a condamné à disparaître : en mauvais état et donc dangereux , dit - on. Et pourtant , quand on lui donne la parole , il semble plutôt sensé , plutôt bienveillant à l'égard de tous ces gens qui s'agitent à ses pieds , sans toujours bien le remarquer , toujours protecteur de " la mémoire" , comme du monde contemporain . Son "ennemi ", c'est François , l'employé communal qui exécute les ordres du maire .( enfin , François, ennemi , ennemi , un bien grand mot) . Son premier défenseur , c'est Clément , dix ans , petit bonhomme au charisme touchant , un bonhomme déterminé à fédérer autour de lui toutes les générations pour sauver celui qu'il considère comme un ami , une bouffée d'oxygène , un membre à part entière de la communauté villageoise ....Mais comment un gamin de dix ans pourrait - il venir à bout de la bêtise ou de l'indifférence des hommes ?
Un petit livre sympa , sans prétention, quoi que ... , bien écrit, poétique avec lequel vous passerez forcément un bon moment , une sorte de fable contemporaine pour nous rappeler , une fois de plus , combien le relation des hommes avec la nature est indispensable , pour des " tonnes " de raison....Et le pire , le pire , c'est que ce beau message a encore bien du mal à franchir toutes les barrières de la conscience ( des intérêts égoïstes ) des hommes......Un livre pour méditer sur un avenir de plus en plus incertain , et pourtant....
Commenter  J’apprécie         693
Voilà cent trois ans que le platane d'un village de Provence veille sur ses habitants, leur offrant un peu d'ombre par chaudes journées ou encore une petite tanière pour les amoureux. Il fait le bonheur des habitants dont certains d'entre eux sont encore plus attachés à cet arbre centenaire.
Raphaël n'a pas eu une enfance joyeuse, il a dû très vite choisir entre son père ou sa mère, choix qui le torture encore à l'âge adulte et pour lequel il suit une psychanalyse. Mais le seul soutien qu'il retient de ses séances est le platane qu'il observe devant le psy et qui le rassure.
Fanny est en couple avec Aurélien. Habituée aux défis que celui-ci lui lance à tout-va, la panique vient à elle quand Aurélien lui lance que si le platane survit, s'en suivra une demande de mariage auquel cas il la quittera...
Clément est un jeune écolier de 10 ans attaché à la cause écologique et qui ne comprend pas qu'on puisse tuer un être vivant tel qu'un arbre.
D'autres citoyens vont rejoindre ce petit monde amoureux du platane et se liguer pour le sauver car le maire a décidé de l'abattre.
Ce joli monde se raconte à nous à côté des pensées du platane qui a lui aussi des choses à partager. C'est bien connu que les arbres ressentent et partagent leur énergie avec nous tous.
Je n'irai pas jusqu'à penser que ce roman « cache une forêt d'émotions » mais qu'il est rempli de gentillesse bon enfant, un chouïa simplet, il a malgré tout le don de nous faire passer un bon moment et nous rappeler par sa couleur verte nos beaux sapins de noël qui dans leurs branches nourrissent de beaux messages de paix, solidarité, amour et espoir.
À vous tous, chers amis, je vous adresse tous ces messages afin de vous souhaiter un joyeux noël et de merveilleuses fêtes.
Commenter  J’apprécie         7111
des extraits d'un poème se trouve dans ce livre, je les ai trouvés très beaux du coup j'ai préféré mettre tout, c'est un poème d'Emile Verhaeren, extrait du recueil La multiple splendeur (Mercure de France, 1907) et résume très bien l'ambiance du livre.
L’arbre
Emile Verhaeren
Tout seul,
Que le berce l’été, que l’agite l’hiver,
Que son tronc soit givré ou son branchage vert,
Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,
Il impose sa vie énorme et souveraine
Aux plaines.
Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans
Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;
Les yeux aujourd’hui morts, les yeux
Des aïeules et des aïeux
Ont regardé, maille après maille,
Se nouer son écorce et ses rudes rameaux.
Il présidait tranquille et fort à leurs travaux ;
Son pied velu leur ménageait un lit de mousse ;
Il abritait leur sieste à l’heure de midi
Et son ombre fut douce
A ceux de leurs enfants qui s’aimèrent jadis.
Dès le matin, dans les villages,
D’après qu’il chante ou pleure, on augure du temps ;
Il est dans le secret des violents nuages
Et du soleil qui boude aux horizons latents ;
Il est tout le passé debout sur les champs tristes,
Mais quels que soient les souvenirs
Qui, dans son bois, persistent,
Dès que janvier vient de finir
Et que la sève, en son vieux tronc, s’épanche,
Avec tous ses bourgeons, avec toutes ses branches,
– Lèvres folles et bras tordus –
Il jette un cri immensément tendu
Vers l’avenir.
Alors, avec des rais de pluie et de lumière,
Il frôle les bourgeons de ses feuilles premières,
Il contracte ses noeuds, il lisse ses rameaux ;
Il assaille le ciel, d’un front toujours plus haut ;
Il projette si loin ses poreuses racines
Qu’il épuise la mare et les terres voisines
Et que parfois il s’arrête, comme étonné
De son travail muet, profond et acharné.
Mais pour s’épanouir et régner dans sa force,
Ô les luttes qu’il lui fallut subir, l’hiver !
Glaives du vent à travers son écorce.
Cris d’ouragan, rages de l’air,
Givres pareils à quelque âpre limaille,
Toute la haine et toute la bataille,
Et les grêles de l’Est et les neiges du Nord,
Et le gel morne et blanc dont la dent mord,
jusqu’à l’aubier, l’ample écheveau des fibres,
Tout lui fut mal qui tord, douleur qui vibre,
Sans que jamais pourtant
Un seul instant
Se ralentît son énergie
A fermement vouloir que sa vie élargie
Fût plus belle, à chaque printemps.
En octobre, quand l’or triomphe en son feuillage,
Mes pas larges encore, quoique lourds et lassés,
Souvent ont dirigé leur long pèlerinage
Vers cet arbre d’automne et de vent traversé.
Comme un géant brasier de feuilles et de flammes,
Il se dressait, superbement, sous le ciel bleu,
Il semblait habité par un million d’âmes
Qui doucement chantaient en son branchage creux.
J’allais vers lui les yeux emplis par la lumière,
Je le touchais, avec mes doigts, avec mes mains,
Je le sentais bouger jusqu’au fond de la terre
D’après un mouvement énorme et surhumain ;
Et J’appuyais sur lui ma poitrine brutale,
Avec un tel amour, une telle ferveur,
Que son rythme profond et sa force totale
Passaient en moi et pénétraient jusqu’à mon coeur.
Alors, j’étais mêlé à sa belle vie ample ;
Je me sentais puissant comme un de ses rameaux ;
Il se plantait, dans la splendeur, comme un exemple ;
J’aimais plus ardemment le sol, les bois, les eaux,
La plaine immense et nue où les nuages passent ;
J’étais armé de fermeté contre le sort,
Mes bras auraient voulu tenir en eux l’espace ;
Mes muscles et mes nerfs rendaient léger mon corps
Et je criais : » La force est sainte.
Il faut que l’homme imprime son empreinte
Tranquillement, sur ses desseins hardis :
Elle est celle qui tient les clefs des paradis
Et dont le large poing en fait tourner les portes « .
Et je baisais le tronc noueux, éperdument,
Et quand le soir se détachait du firmament,
je me perdais, dans la campagne morte,
Marchant droit devant moi, vers n’importe où,
Avec des cris jaillis du fond de mon coeur fou.
Emile Verhaeren
Clément Pujol
Monsieur le président,
Ceci n’est pas un message anonyme. Je vous demande, du haut de mes dix ans, de nous aider à sauver celui qui nous protège depuis tant d’années. Il nous donne l’ombre quand le soleil tape trop fort et il éblouit notre place de toutes ses couleurs. Si vous ne le graciez-pas, l’arbre va mourir le 21 mars, dans quatorze jours. Vous êtes le seul qui peut arrêter cette injustice. J’ai pris l’argent de ma tirelire pour le timbre et l’enveloppe. J’espère que vous me répondrez sinon le platane tombera par terre. D’avance merci pour lui et pour nous. C.P.
PS : Il n’y a pas beaucoup de signatures sur ma pétition, mais plein d’autres gens sont d’accord avec moi.
Fanny m’a confié que si elle pouvait choisir, elle rêverait de se réincarner en arbre. Quel serait mon choix ? Une note de piano qui s’envole, un rayon de soleil qui se faufile, un éclat de rire ? Ou alors, renaître en homme ? Pour dormir avec une femme et la serrer contre moi.
Mais quels que soient les souvenirs
Qui, dans son bois, persistent,
Dès que janvier vient de finir
Et que la sève, en son vieux tronc, s’épanche,
Avec tous ses bourgeons, avec toutes ses branches,
–Lèvres folles et bras tendus–
Il jette un cri immensément tendu
Vers l’avenir.
Emilie Verhaeren; L’Arbre.
Le platane
A la pépinière, mes feuilles et mes racines touchaient celles de mes compagnons, nous échangions facilement des informations. Ici, j’étais un étranger. Les humains communiquent dans une langue bizarre que peu à peu j’ai fini par deviner. A les observer, à les entendre, je perçois leurs vibrations de joie et de peur, mais je ne les comprenais jamais complètement. Au début, l’horizon m’a manqué, puis je me suis acclimaté. J’ai grandi lentement, et un matin, enfin, j’ai contemplé le paysage au-delà des toits de la place.
À l'occasion de la parution de son nouveau livre "Dernier bateau pour l'Amérique" publié aux éditions La Belle Étoile, Karine Lambert nous confie ses habitudes de lecture et d'écriture.
Dans "Dernier bateau pour l'Amérique", à travers une narration virtuose entre les lieux et les époques, Karine Lambert livre son roman le plus personnel.
En savoir plus https://www.hachette.fr/livre/dernier-bateau-pour-lamerique-9782501171960