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EAN : 9782258194694
276 pages
Presses de la Cité (18/02/2021)
3.93/5   35 notes
Résumé :
Portrait d'une femme d'aujourd'hui, infirmière, la presque quarantaine, dans les Pyrénées, touchée en plein cœur par la requête d'un vieil homme souffrant d'Alzheimer. Un roman juste qui puise dans l'air du temps ses thèmes humanistes : la solidarité des cœurs, la nécessaire interaction des générations...
Soigner, veiller, sourire, prodiguer les mots et les gestes qui réconfortent, être là tout simplement... Aurore sait combien son travail d'infirmière à dom... >Voir plus
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« Et la vie continue… »

Si Bertrand Touzet n'a pas remporté le Prix Jean Anglade 2020, son éditrice a compris qu'il serait dommage de ne pas offrir ce beau roman au public. D'autant que l'actualité lui donne encore davantage de relief.

Si la pandémie a servi de révélateur et placé quelques temps les infirmières libérales sur le devant de la scène, convenons qu'aujourd'hui elles ont retrouvé leur statut peu enviable de forces invisibles, même si leur métier ressemble pour beaucoup d'entre elles à un sacerdoce. On remerciera donc Bertrand Touzet d'avoir choisi pour héroïne de son premier roman Aurore, une de ces femmes qui ne ménage pas sa peine pour aider ses prochains. Et ce même si sa propre vie n'a pas été facile. Après avoir perdu son mari, elle a quitté sa région pour venir s'installer dans un village des Hautes-Pyrénées avec son fils Nils, qui ne lui rend pas la vie facile non plus. Perturbé par les événements, il se replie sur lui-même et a de la peine à s'ouvrir aux autres.
Tout va changer le jour où elle découvre une annonce sous un Abribus : «Vieil homme ne voulant pas finir sa vie seul ou en maison de retraite cherche personne ou famille qui voudrait l'adopter.» Une annonce rédigée par Noël, l'un de ses patients, qui a perdu son épouse et a beaucoup de peine à accepter sa solitude. Elle décide alors de répondre à son appel à l'aide et s'installe chez lui. Et si les premiers jours ne sont pas faciles, le trio va finir par prendre ses marques et s'apprivoiser.
Avec beaucoup de sensibilité, Bertrand Touzet – dont j'ai eu le privilège de lire le manuscrit sélectionné pour le Prix Jean Anglade – décrit cette métamorphose, ces trois existences qui en se frottant l'une à l'autre vont finir par faire des étincelles. Avec patience mais aussi une belle volonté, Aurore, Noël et Nils vont montrer des qualités humaines insoupçonnées, chacun dans un registre qui lui est propre, mais que leur cohabitation va permettre de développer.
Nourri de son expérience personnelle – il est kiné au Muret en Haute-Garonne – et du souvenir vivace de ses grands-pères et de sa propre enfance, le roman s'appuie sur ces petits détails qui «font vrai» et lui donne de la chair et du coeur. Très vite on se laisse entraîner derrière ce trio de plus en plus attachant. À tel point qu'on en vient à souhaiter que tout se passe bien pour eux. Reste que Bertrand Touzet parvient très bien à entretenir le suspense et gagne haut la main ses lettres de noblesse de primo-romancier.



Lien : https://collectiondelivres.w..
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Voici mon retour de lecture sur Aurore de Bertrand Touzet.
Soigner, veiller, sourire, prodiguer les mots et les gestes qui réconfortent, être là tout simplement...Aurore sait combien son travail d'infirmière à domicile, aussi routinier et difficile soit-il, agit comme un baume pour ses patients. Et contre le désert affectif de sa vie.
Aurore élève seule Nils, ado, et s'est reconstruite au fil des ans dans ce petit village. En enfouissant le drame qui a atomisé sa vie d'avant et en se protégeant des jeux de l'amour. Même si son charme ne laisse pas indifférent le déroutant docteur Verdier..
Un jour, Aurore découvre une petite annonce : " Vieil homme ne voulant pas finir sa vie seul ou en maison de retraite cherche personne ou famille qui voudrait l'adopter. " Car Noël est inconsolable depuis la mort de son épouse. Souvent il va se recueillir sur sa tombe qu'il orne de petites violettes en origami et convoque ses souvenirs lumineux mais de plus en plus épars.
Autour de Nils, Aurore et le vieil homme vont nouer un profond lien filial et s'ouvrir à de nouveaux lendemains.
Et si Noël n'attend plus guère des jours, Aurore a encore beaucoup à accomplir.
Pour elle seule désormais et non plus pour les autres ?
Aurore est un magnifique premier roman dont l'écriture m'a touchée en plein coeur.
Aurore est infirmière à domicile, dans les Pyrénées. Elle a presque 40 ans et a un fils : Nils. Veuve avant la naissance de ce dernier, elle a du l'élever seule. Elle a fuit son passé et s'est réfugiée dans cette vallée, éloignée des autres sauf de ses patients dont elle s'occupe avec dévotion.
Une femme touchante, très actuelle. J'ai aimé sa façon d'être avec les autres, allant jusqu'à s'oublier pour s'occuper de son fils et de ses patients. Elle a souffert, cache des choses à Niels. Il y a beaucoup de non-dits entre eux, c'est dommage et ça prend au coeur.
Nous suivons Aurore mais également Niels et Noël, ce vieil homme veuf et lui aussi solitaire. Il est touchant cet homme dont la mémoire joue parfois au yo-yo. Un jour, il met une annonce où on demande qu'on l'adopte..
Aurore et lui se connaissaient déjà étant donné qu'elle a été l'infirmière d'Élise, sa défunte femme.
Peu à peu, la confiance s'installe de plus en plus et la cohabitation entre ses trois là s'imposent.. sans quoi Noël risque bien de se retrouver en maison de retraite..
Aurore est un très joli roman avec une histoire simple mais qui fonctionne, des personnages attachants et une bien jolie écriture.
Le ton de Bertrand Touzet est emprunt d'une grande justesse et d'une grande sensibilité. On sent qu'il sait de quoi il parle, qu'il n'invente pas et qu'il sait ce qui se passe entre un soignant et son patient. Lui même est masseur-kinésithérapeute, et je pense qu'il a déjà du travailler à domicile.
J'ai aimé l'ambiance, le fait que ça se passe dans la montagne.
Le rythme est un peu lent, le temps que tout se mette en place peu à peu. Cela ne m'a pas dérangé car ça permet de s'attacher à Aurore, Niels et Noël. A comprendre leurs fêlures.
J'ai adoré ma lecture, j'ai même faillit être en retard à mon travail alors que je mangeais sur place, en salle de pause. Mais j'étais tellement prise dans ma lecture que je n'avais pas vu l'heure lol
Vous l'aurez compris, je vous recommande ce premier roman que je note avec un énorme cinq étoiles.
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#Aurore #NetGalleyFrance

Je découvre ce titre, symbolique à souhait, grâce à NetGalley, France et aux éditions Les presses de la cité. Merci à eux pour ce bon moment de lecture offert en toute confiance. L'illustration de la couverture me rappelle celle du si touchant livre « Un arbre, un jour » de Karine Lambert. Et pour cause, elles sont signées de la même illustratrice, Constance Clavel et transpirent la même quiétude, la même tendresse que toutes les pages de Bertrand Touzet ne démentiront jamais.
Père de trois enfant et kinésithérapeute, cet auteur sait de quoi il parle lorsqu'il met en scène une infirmière, soignante à domicile, un vieux qui cherche à échapper à l'ehpad et un adolescent qui ne sait pas trop comment garder le contact avec sa mère et créer une relation amoureuse avec sa copine du lycée. le tout se déroule dans un village pyrénéen et l'auteur y sublime la nature (relief, végétation, climat) et l'entraide villageoise.
Avec son écriture forgée autant avec les mots de tous les jours que les silences qui les accompagnent et en permettent toute la résonnance, Bertrand Touzet nous donne de rentrer progressivement dans une double adoption. Celle d'un vieux qui cherche une famille, une fille et un petit-fils qu'il n'a pu avoir et celle d'une mère quadragénaire qui a été trahie par un mari disparu et qui a perdu toute confiance en elle et dans la possibilité de refaire sa vie avec un homme qui ne la brise pas. le vieux, Noël, perdra de plus en plus ses souvenirs mais restera au taquet pour décoder les sentiments et besoin d'Aurore et de son fiston. Avec malice et bienveillance, il intriguera pour les pousser à évoluer. Lui-même se prendra en main jusqu'au bout.
L'écriture paraîtra peut-être lente à certains lecteurs. En fait, elle reflète assez bien le temps nécessaire, loin de toute précipitation, au cheminement vers un bonheur durable et la sérénité des uns et des autres. Un livre de tendresse, de respect du rythme de chacun, de service et de transmission des savoirs. Un livre chargé de mélancolie mais aussi de bonheur. Un livre qui peut vous cueillir et vous accompagner un bout de chemin si vous l'accepter.
« C'était un p'tit bonheur que j'avais ramassé, il était tout en pleurs, sur le bord d'un fossé… » [Félix Leclerc]

Lien : https://frconstant.com
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&#xNaN;"Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l'entraide et la solidarité visant à un but commun : l'épanouissement de chacun dans le respect des différences."
Françoise Dolto&#xNaN;

🌸Quand Aurore perd son mari dans un incendie, elle décide de s'installer dans les Hautes-Pyrénées avec son fils Nils.
Les journées d'Aurore sont rythmées par les visites à domicile de ses patients.
Aurore est une infirmière au grand coeur qui amène un peu de soleil dans le quotidien morose des personnes âgées.
Un jour où elle découvre sous un abribus une annonce qui l'interpelle : "Vieil homme ne voulant pas finir sa vie seul ou en maison de retraite cherche personne ou famille qui voudrait l'adopter. "
Cette annonce est rédigée par Noël, un vieux monsieur malade qui risque d'être placé en EHPAD.
Seulement Noël a beaucoup trop de souvenirs dans sa maison qu'il a partagé avec sa défunte épouse, d'où son annonce d'adoption, seule solution pour lui éviter de quitter sa demeure.
Intriguée mais surtout touchée par l'annonce de son patient, Aurore décide de s'installer chez Noël avec Nils...
Un roman qui n'a pas été un coup de coeur pour moi.
Néanmoins, le fond de l'histoire est très touchante par l'humanité qui s'en dégage.
J'ai eu beaucoup de tendresse pour Noël, si touchant à exécuter des petits bouquets de violettes en origami pour les déposer sur la tombe de son épouse.
Cependant, j'ai trouvé l'histoire un peu trop longue même si le roman en lui même est court. Trop détaillé pour ma part...🌸

RÉSUMÉ :
📖 Soigner, veiller, sourire, prodiguer les mots et les gestes qui réconfortent, être là tout simplement... Aurore sait combien son travail d'infirmière à domicile, aussi routinier et difficile soit-il, agit comme un baume pour ses patients. Et contre le désert affectif de sa vie. Aurore élève seule Nils, ado, et s'est reconstruite au fil des ans dans ce petit village. En enfouissant le drame qui a atomisé sa vie d'avant et en se protégeant des jeux de l'amour. Même si son charme ne laisse pas indifférent le déroutant docteur Verdier...
Un jour, Aurore découvre une petite annonce : " Vieil homme ne voulant pas finir sa vie seul ou en maison de retraite cherche personne ou famille qui voudrait l'adopter. " Car Noël est inconsolable depuis la mort de son épouse. Souvent il va se recueillir sur sa tombe qu'il orne de petites violettes en origami et convoque ses souvenirs lumineux mais de plus en plus épars.
Autour de Nils, Aurore et le vieil homme vont nouer un profond lien filial et s'ouvrir à de nouveaux lendemains. Et si Noël n'attend plus guère des jours, Aurore a encore beaucoup à accomplir. Pour elle seule désormais et non plus pour les autres ?
Portrait d'une femme d'aujourd'hui, infirmière, la presque quarantaine, dans les Pyrénées, touchée en plein coeur par la requête d'un vieil homme souffrant d'Alzheimer.
Un roman juste qui puise dans l'air du temps ses thèmes humanistes : la solidarité des coeurs, la nécessaire interaction des générations...📖
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Vous aimez les romans feel good dans le style de ceux d'Agnès Ledig ? Celui-ci vous plaira.
Aurore est infirmière à domicile, elle est la soignante que l'on voudrait pour s'occuper de ses parents vieillissants : douce, attentive, respectueuse, discrète, empathique. Veuve, elle a perdu son mari dans l'incendie de leur maison quatorze ans plus tôt, alors qu'elle était enceinte de Nils.
Pendant ses visites, elle croise souvent Maxime Verdier, le médecin bourru et taciturne, quitté par sa femme Myriam.
Un de leurs patients, Noël Potier, souffre d'un cancer de la prostate et perd la mémoire. Conscient de sa dépendance qui s'installe, comme beaucoup de seniors il refuse cependant catégoriquement l'idée d'être placé en Ehpad et envisage une alternative qui lui permettrait de rester vivre dans sa maison... Veuf, il a vécu avec sa femme Elise le grand amour, même s'ils n'ont jamais pu avoir d'enfants. Il va lui parler sur sa tombe, dépose des violettes en origami qu'il lui confectionne.
Ce roman est assez prévisible mais offre de belles pages sur la vieillesse, le lien intergénérationnel et la transmission.
La recette de la garbure préparée par Aurore et Noël m'a rappelé ce plat pyrénéen que j'ai découvert il y a quelques années en vacances, et m'a donné l'envie d'en cuisiner !
Merci à Netgalley et aux éditions Les Presses de la Cité pour cette lectue détente.
#NetGalleyFrance
#Aurore
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
— Ne bougez pas, madame Campos, je vais finir par vous faire mal !
L’aiguille pénètre la peau fine de la vieille dame. Toujours la même difficulté à trouver les veines sur ces corps décharnés, comme si la vie se cachait… Aurore a vu tellement de personnes s’étioler jour après jour et partir en lambeaux de vie.
Côtoyer la mort sans jamais s’y habituer, savoir qu’elle est là, qu’elle rythme ses jours, dans l’odeur qu’elle sème, dans le regard d’un patient qui a perdu son étincelle, la tenir en respect, comme on le ferait d’un chien de garde dont on sait qu’il peut mordre.
La maladie, la sénilité, la souffrance et les sourires, les gestes de soutien, les gratitudes. Ce qui constitue l’humanité de son quotidien, Aurore en a fait son métier. Aurore est infirmière, elle assure les toilettes, les changes, le nettoyage des draps souillés par des corps qui s’abandonnent ; elle sent la fragilité des gens qu’elle touche (elle se dit qu’elle est peut-être la seule à les toucher vraiment, au sens physique du terme). Réalité nue, âpreté de l’existence, sacerdoce qu’elle s’impose pour fuir une vie qu’elle ne maîtrise plus.
Aurore place les tubes de prélèvement dans la mallette qui partira au laboratoire d’analyses, retire l’aiguille, applique le coton imbibé de désinfectant, le maintient pour éviter que cela ne saigne trop. Mme Campos est sous anticoagulants. La moindre coupure, dure à endiguer, montre toutefois qu’une vie, même fragile, palpite encore en elle. Aurore sourit – toujours sourire, montrer de la douceur dans ces gestes mécaniques, de la légèreté.
Elle se retourne, jette l’aiguille et la compresse souillée dans le sac jaune des déchets médicaux, retire ses gants en latex. Elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille droite et commence à écrire les transmissions informant les autres soignants des soins effectués et de l’état de santé des patients.
Les rituels de la toilette laissent place maintenant à la pensée active.
En remplissant le cahier, elle observe la silhouette frêle dans le lit, note qu’une prise de sang a été effectuée pour contrôler les marqueurs tumoraux. Aurore sait que les résultats ne seront pas bons, le taux monte au fur et à mesure que Mme Campos s’éteint. Le cancer du sein gagne du terrain, essaime, mais du fait de l’âge de la patiente l’évolution est lente. Il faut bien que le vieillissement des cellules ait un avantage.
Pas de selles ce matin, un peu somnolente à part pendant la prise de sang. Saturation bonne et tension un peu basse.
Aurore se lève, met son manteau, s’approche du visage évanescent, passe sa main sur les cheveux chenus de la vieille dame. Elle lui sourit, la prévient qu’elle reviendra ce soir vérifier que tout va bien. Monologue des soignants afin de meubler le silence. Elle allume la télévision, change de chaîne, hésite sur le programme et finalement s’arrête sur un reportage sur le Costa Rica. Continuer à occuper le vide, ou créer une sollicitation, comme disent les soignants. Peu importe, pense Aurore, il faut juste tenter de stimuler le peu de flamme des malades, même par des programmes sans intérêt.
Elle remonte les barrières du lit médicalisé, non par peur que Mme Campos descende toute seule, mais par habitude.
Elle rapproche la table à roulettes, pose la télécommande et un verre d’eau. Dans un grincement, la porte d’entrée s’ouvre.
— Bonjour, madame Campos, quel froid ! L’hiver est là, depuis le temps qu’on l’attend…
— Coucou, Fabienne ! Tu vas bien ? Pas trop dur avec la neige ?
— Non, ça roule bien, le chasse-neige est passé de bonne heure. Comment ça va aujourd’hui ?
— Plutôt fatiguée… tu sais si elle a bien dormi ? demande Aurore. La fille de nuit n’a pas laissé de trans…
— Oui, la nuit s’est bien passée. J’arrive de chez Georges… C’est coton, aujourd’hui.
— Ah, bon on fera avec. Il est agressif ?
— Un peu. Tu as le temps pour un café ? propose Fabienne.
— Non, j’y vais, ma grande, il faut que je monte à Cazaux et la route risque d’être difficile avec le verglas.
— Bise, bon courage, on se voit demain ?
— Ça marche, passe une bonne journée. A ce soir, madame Campos.
La porte frotte sur le granit de la première marche, lustrée par le passage des années. Aurore soulève le loquet et donne un coup sec pour la refermer. Elle se souvient de ce « petit truc pour la fermer du premier coup » que lui avait enseigné M. Campos, à l’époque où elle venait lui mettre ses bas de contention. Il était encore alerte, travaillait son jardin.
C’était il y a trois ans, hier, une éternité.
Aurore se retourne, observe la façade grise au crépi typique de cette vallée. Les volets en bois peint de l’étage sont tous fermés, elle les a toujours vus ainsi. Elle prend le temps d’ajuster son bonnet, se demande si la personne qui les a fermés en dernier savait qu’ils demeureraient clos aussi longtemps.
Sur les quinze fenêtres que possède la maison, seules deux sont régulièrement ouvertes. Celles de la chambre et de la cuisine du rez-de-chaussée, uniques pièces à être chauffées par la même occasion.
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Des origamis, il a appris à en faire des dizaines : des fleurs, des animaux, des formes, des assemblages complexes. Élise lui avait offert un livre sur cet art et il s’était plus ou moins frotté à tous les modèles. Mais l’origami dont il était le plus fier était celui qu’il avait spécialement créé pour elle. Une fleur, leur fleur, une petite violette. Assemblage simple de trois feuilles violettes groupées en cercle et d’une feuille verte pour la tige.
Cet origami, il ne l’a jamais oublié car il le confectionne chaque jour en allant rendre visite à Élise sur sa tombe.
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Face à la vitre, son bol de café à la main, Noël regarde la neige.
Des traces d’oiseaux, de cervidés, mais pas d’empreintes d’homme, pas de tranchées occasionnées par les pneus d’une voiture. Il se demande s’il est sorti hier. Il ne sait même pas le jour qu’il est. Noël se rend compte que les jours lointains sont plus faciles à amadouer que ceux de la veille ou de l’avant-veille. Le médecin appelle ça le début d’une dégénérescence sénile. Il trouve que ce mot est bien compliqué pour dire qu’il perd la tête lentement.
Il se retourne vers le poste de radio, l’allume. 28 novembre.
Il remarque alors qu’il n’a pas enlevé la fine feuille de l’almanach, comme si la journée d’hier n’avait pas existé, comme s’il était passé directement du 26 au 28 novembre.
Il met son bol dans l’évier, le rince en passant juste sa main dedans et le range sur l’égouttoir en faïence blanche.
Il s’approche de l’almanach, retire les deux feuilles, du 26 et du 27 novembre, pour laisser apparaître la date du 28. Il s’assied face à la table en chêne, s’applique sur le premier pli d’une petite feuille, hésite un peu puis se lance. Faire trois pliages pour les ailes et le cou, ramener le bord inférieur pour définir le corps, et l’oiseau en papier prend forme. Il le regarde, dessine un rond noir pour l’œil, le pose sur la table puis saisit une autre feuille.
Si Noël ne se rappelle pas ce qu’il a fait la veille, il se souvient que sa femme adorait les origamis et en particulier le premier qu’il lui avait confectionné : un papillon avec une feuille bleue achetée pour l’occasion. Après s’être longtemps exercé en cachette sur du papier brouillon, il s’était, un jour, assis à cette même table et, sans un mot, avait commencé son origami. Élise était en train de repasser le linge. Il avait le geste sûr de celui qui s’est exercé avec application. Cinq minutes plus tard, un papillon était dans sa paume, prêt à s’envoler jusqu’à elle. Élise avait souri, réalisant les efforts qu’il avait dû faire. Elle lui avait demandé ensuite de dessiner un poisson. Tout penaud devant sa feuille, il avait pris un crayon et avait esquissé rapidement les contours d’un poisson rouge. Ils s’étaient mis à rire dans cette cuisine où, aujourd’hui, ne résonne plus que le tic-tac de la comtoise.
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Elle pense au roman de Romain Gary, La Promesse de l’aube, en particulier à cette phrase au sujet des mères, qui devraient toujours avoir quelqu’un d’autre à aimer que leur enfant.
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Les maisons de retraite, ce sont des petits pas, des petites siestes, des petits goûters, des petites sorties, une petite vie qui se rabougrit jusqu’à disparaître…
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