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EAN : 9782507002411
Luc Pire (15/05/2009)
4.1/5   66 notes
Résumé :
À Champleure, un coin reculé de campagne, Quentin, un traducteur, Anaïs et leurs trois enfants viennent d'emménager dans leur nouvelle demeure. La famille pense avoir trouvé un havre de paix. C'était sans compter la curiosité des voisins, un vieux couple qui s'intéresse à la vie et à l'histoire des nouveaux venus. Au fil des jours s'établit un lien ambigu entre ces personnages, sur toile de fond une légende ardennaise.
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai ADORÉ a dit mon amie babeliote latina, donc aucun échappatoire,dés que j'ai pu mettre la main sur le livre, j'y m'y suis jetée....Déjà la photo de couverture tronquée des grosses chaussures boueuses et le bas d'une salopette bleu de travail (?} boueux annonce la campagne, eh je ne sais quoi de pas très net .

Ils sont encore jeunes, ont trois jeunes enfants et débarquent dans une ferme délabrée, dans un trou perdu. Dans ce trou perdu, il y a pourtant un couple de fermiers voisins, vieux, curieux et seuls, juuuste à côté.
A trois kilomètres du hameau, de l'autre côté de la vallée, s'étendent les jardins noirs. Des friches qui entourent l'ancien village anéanti par l'épidémie de peste de 1709, une terre noire,et putride, d'où ne poussent que les fleurs de la mort et où erre la légende de « l'enfaon ». Dans cet arrière plan, qui rappelle les tableaux d'Anselm Kiefer, un récit à deux voix, narré successivement par Anais, la jeune et jolie mère de famille, et Simon, le mari du couple de voisins curieux, probablement le propriétaire des pieds de la photo. L'insolite du récit vient du style narratif, par le biais duquel l'auteur nous immisce dans l'intimité de ces deux univers totalement étrangers l'un à l'autre, pourtant géographiquement si proche, à travers des détails subtils d'observations, de jugements et de sensations. Rien que cette pensée de ce vieux schnock qui épie le linge de la voisine, dont les petites culottes flottent au vent et dont sa femme en fait une remarque désagréable, “Ça la gêne que je porte le regard sur ces minces triangles de tissu vaporeux dans lesquels elle pourrait tout au plus glisser le gros orteil “ souligne l'insolite de ce petit bijou littéraire. Une toute petite phrase très forte et dérangeante qui résume la tristesse infinie d'une relation qui n'en est plus une. Entre fantastique, réalisme et tension psychologique, une excellente lecture.

J'ai ADORÉ latina, merci infiniment de m'avoir fait connaître Adamek.
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Quand j'ai ADORE un roman, j'ai toujours peur que ma critique ne passe inaperçue ou ne soit considérée comme banale et que ce roman « passe à la trappe », comme on dit, dans les oubliettes de Babelio. Comme j'aimerais vous convaincre du contraire !

« le maitre des jardins noirs » est pour moi un petit chef d'oeuvre, alliant la vie à la campagne, avec l'installation d'une famille à l'apparence heureuse dans un hameau oublié là-bas dans les Ardennes, au désir érotique déstabilisant du voisin d'en face et aux légendes qui pullulent dans ces régions.
Tout cela, narré avec 2 points de vue alternés – celui de la jeune mère de famille et celui du voisin d'en face -, est très troublant.

Tout est cohérent, je dis bien tout. Rien n'est laissé au hasard, et pourtant nous flirtons avec les rêves et les désirs de l'un, avec l'intuition profonde de l'autre. Oui, l'intuition... Ce monde obscur qui rôde et nous guide...

La nature omniprésente ne manque pas d'établir des liens étranges avec ces personnages à vif, et les animaux dont le cerf et le chien jouent un rôle fondamental.
Les « jardins noirs » sont les terrains jouxtant l'ancien village anéanti par la peste en 1709, dont personne ne veut car ils sont évidemment considérés comme maudits.
Pourtant, tout y conduit…

Je me suis délectée de la langue d'Adamek, poétique, visuelle, pleine. Simple en apparence. En apparence ! Car dès qu'on y jette un oeil, on est entrainé, marqué du sceau de ces jardins noirs.
Je le répète : c'est un chef-d'oeuvre.
Après la déception de ma dernière lecture d'Adamek (« Retour au village d'hiver »), celle-ci m'a réconciliée avec le maitre de la campagne belge.
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Je suis petit par la taille, mais grand par la qualité.
J'ai été très habilement construit, mon auteur a fignolé chaque détail.
Je suis à la fois simple et complexe, poétique et brutal, envoûtant, ensorcelant.
Qui suis-je ?
Je suis le maître des jardins noirs.
Je suis une histoire incroyable !
Tout au long de ma lecture, j'ai pensé à Alfred Hitchcock.
Au début, c'est "Fenêtre sur cour".
Ces deux familles voisines, si différentes et si proches géographiquement, qui s'épient mutuellement : j'adore !
Dans la vraie vie, le voyeurisme et les ragots me sont insupportables, mais dans un livre ou un film, surtout lorsque c'est si bien mis en scène, je me régale.
Le regard et l'ouïe toujours en alerte, chacun se lance dans d'incroyables commentaires dès qu'il aperçoit ou entend la plus petite chose, le moindre petit morceau de vie de ses voisins.
On n'imagine pas tout ce que l'on peut déduire de l'observation... d'une corde à linge !
Et moi, lectrice comblée, j'assiste à ces scènes qui me ravissent... mais finissent aussi par m'inquiéter. Car l'auteur, très habile, fait tout doucement monter la tension.
Une tension psychologique qui va crescendo. L'atmosphère devient peu à peu étouffante.
J'ai cherché des repères, de quoi garder pied : qui sont les gentils et qui sont les méchants ? Et le tour de force de l'auteur est de faire en sorte que plus l'histoire avance, moins on peut répondre à cette question. C'est magique et mystérieux.
Je me suis sentie perdue, mais j'ai aimé me perdre. J'ai aimé frissonner, me faire peur à bon compte.
Lorsque je suis arrivée à la fin, j'ai tout de suite pensé que ce livre aurait plu à Alfred Hitchcock : il aurait adoré ce texte qui aurait pu lui servir de scénario pour un épisode de sa formidable série "Hitchcock présente".
J'ai tout aimé de ce récit fascinant, incroyablement maîtrisé, dans lequel chaque élément est à sa place. Tout a été rigoureusement calculé, savamment dosé. Une construction minutieuse servie par une langue riche et précise, dans laquelle chaque mot est à sa place.
Ce maître des jardins noirs est un petit bijou, magnifiquement ciselé par un auteur-orfèvre.
Je ne peux que vous recommander d'aller à votre tour vous promener dans ces jardins. Mais, soyez prudents ! Un écriteau devrait indiquer : "Attention, vous entrez ici à vos risques et périls !"
Un immense merci à latina dont la critique enflammée m'a donné envie de lire ce livre !
Belle découverte d'un auteur que je ne connaissais absolument pas. Si vous avez d'autres titres à me conseiller, je suis partante !
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Voici un ouvrage lu d'une traite, à la fois grisant et intrigant , fascinant et déstabilisant dont je dois la découverte, l'achat et la lecture à Cecile que je ne remercierai jamais assez......
Son billet alléchant m'a convaincue ...
Cela m'a fait penser à un film de Claude Chabrol mais bon, je me trompe peut- être, c'est mon côté addictif à ses réalisations ....plutôt du Alfred Hitchcock ....à vrai dire ...
La blonde , douce , soignée et jolie Anaïs , ses trois enfants. Paul et Maurice , la petite Yolande et son mari traducteur Quentin viennent d'emménager à Champleure , un coin reculé de campagne, pas loin des friches entourant l'ancien village victime de l'épidémie de peste en 1709, une terre putride et noire d'où ne poussent que " les fleurs de la mort" , terre dont personne ne voudra jamais ....
Le charme de ce roman dont bien sûr , je ne dévoilerai rien, vient de la force de l'écriture à l'efficacité redoutable ..

Chaque mot minutieusement choisi y a sa place , un travail d'orfèvre !

La langue est riche et précise sans oublier la description de somptueux paysages qui parlent à nos sens : les serpents et les failles,... Les ravines et ornières, les fissures, les cordes et les blocs de schiste, les grottes, les jardins noirs .....
Le côté dérangeant, déstabilisant et insolite provient de la vision du voisin, qui passe son temps à guetter le linge d'Anaïs, dont les petites culottes de soie volent au vent au grand dam de sa femme à laquelle il pense :
" Ah! Ça la gêne que je porte le regard sur ces minces triangles de tissu vaporeux, dans lesquels elle pourrait tout au plus glisser un gros orteil . "
Ce couple de fermiers relativement âgés, curieux et seuls , à l'affût, elle, adepte de ragots de caniveau , curieuse, envieuse de la beauté, lui, revenu de tout, qui peut demeurer deux heures à son poste à guetter la gracieuse silhouette d' Anaïs, derrière les fenêtres éclairées.
" le temps est suspendu et un pesant ennui écrase la terre . "
" Il guette Anaïs comme le chasseur désarmé à l'affût se contente d'un battement d'ailes . "
C'est une histoire incroyable entre fantastique, observation incessante , voyeurisme , contes et légendes ardennaises telle celle de " l'enfaon".
Plus on avance dans le récit plus on est indécis . 'Parallèlement le récit trés maîtrisé nous plonge dans un univers tout à fait particulier où rien n'a l'air de se passer et pourtant ..

Le lecteur est bluffé , ébloui par cette attente jusqu'à la fin entre tension psychologique , ambiguïté , surprise , fantasme, réalisme désabusé et splendeur des paysages !
Un petit bijou de lecture, passionnant , vite lu mais que l'on va conserver longtemps en mémoire !
Merci beaucoup à Cécile de m'avoir fait découvrir André - Marcel Adamek .
Et vive la littérature Belge !


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Dès la première page, le malaise est instillé : « Moi, trois jours avant leur arrivée, je n'étais déjà plus dans mon assiette. Ce qui n'est pas bien clair me gâche les sangs et rien ne me paraît plus obscur que leur installation à Champleure ».
Celui qui parle et s'inquiète de la sorte, c'est Simon, vieux fermier qui vit depuis toujours à Champleure avec sa femme Rachel.
Eux, c'est un jeune couple, Anaïs et Quentin, et leurs trois enfants, qui ont acheté la vieille bâtisse en face de chez Simon, une maison bourrée d'humidité et de courants d'air. Ils sont un peu l'archétype de la petite famille citadine qui fuit le vacarme de la ville pour s'installer à la campagne, convaincue d'y trouver le bon air et la tranquillité.
Pourtant dans cette contrée de forêts, de contes et de légendes, l'air n'a pas toujours été pur. Tenez, les fameux jardins noirs, par exemple, à quelques kilomètres de là : des terres stériles et putrides, maudites peut-être, bordant l'ancien village anéanti par la peste en 1709.
Et la tranquillité, alors... Anaïs trouve que Rachel, sous couvert de bienveillance, est bien curieuse avec toutes ses questions... Et que dire de Simon, ce voyeur qui le jour lorgne les petites culottes d'Anaïs sur la corde à linge, et l'ombre de la jeune femme à la fenêtre de la salle de bain le soir...
Au fil du récit qui alterne les points de vue d'Anaïs et de Simon, une relation ambiguë se noue entre eux, le malaise s'épaissit et une menace plane, sans qu'on comprenne bien en quoi elle consiste ni d'où elle vient. La nature est un personnage à part entière, omniprésente avec le vent, la pluie, la boue, un chien, un cerf, la roche, le schiste et les failles profondes dissimulées par la végétation.
Derrière la simplicité apparente de ce court roman, il y a en réalité un texte dont la construction a été pensée dans le moindre détail et dont la montée de la tension psychologique est tout à fait maîtrisée. Un récit en clair-obscur, entre réalité, fantasmes et légendes, poétique, teinté d'érotisme, troublant.

#LisezVousLeBelge
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Pour venir à bout des petits travaux et entreprendre sans fatigue la construction des abris, Quentin fit l'acquisition d'un outillage spécialisé qui finit par occuper la moitié de la remise. Je pensais qu'avec un tel matériel, nous étions équipés pour le reste de nos jours, mais en matière de bricolage, c'était faire preuve d'une flagrante naïveté.
La profane que j'étais imaginait que pour le sciage, par exemple, il suffit d'une lame dentée montée sur un manche et, dans le meilleur des cas, actionnée par un moteur. Quand j'entendis pour la première fois parler de scie sauteuse, je crus que cette machine allait se mettre à bondir sur l'établi, mais Quentin m'affirma que l'engin était parfaitement inoffensif. Les lames interchangeables, dont il avait acheté une vaste panoplie, devaient lui permettre la découpe du zinc, du plastique, des agglomérés mais en aucun cas des bûches, car pour débiter notre bois de chauffage, il fallait recourir à une autre scie, qualifiée de circulaire. Celle-ci étant montée sur une table d'acier, elle s'avérait totalement inutile dans le déboisement ou l'élagage, opérations qui exigeaient l'achat d'une tronçonneuse, encore que cet outil pétaradant et par ailleurs inadéquat au nettoyage des haies n'excluait pas la possession d'une débroussailleuse à essence, ni d'un sécateur sur batteries. De belles planches ne pouvaient être obtenues qu'au moyen d'une scie à ruban et il n'était pas question de mettre une pierre ou une brique à la bonne mesure sans l'intervention d'une disqueuse.
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C'est fou ce qu'une lessive suspendue peut livrer comme détails sur l'intimité d'une famille. La petite, c'est à peu près sûr qu'elle fait pipi dans sa culotte ; son linge à elle occupe une bonne moitié des cordes. C'est de l'austère coton blanc sans fioritures, du bon marché qu'on remplace souvent. Lui, le Quentin, il doit transpirer des aisselles et changer de chemise tous les jours. J'en ai compté six, dont les manches interminables nagent dans le vent. Quant à elle, j'ai bien vu une rangée de slips multicolores, légers comme des fumées et tout juste assez grands pour couvrir un œuf, mais pas la moindre trace de soutien-gorge. J'en déduis qu'elle n'en porte pas et que c'est dans l'ordre des choses. Aucune chaussette ne présente la trace d'un raccommodage ; sans doute qu'ils les jettent dès qu'elles sont trouées. Pour le reste, ils doivent déjà s'être enrhumés parce qu'il y a bien quarante mouchoirs qui pendent.
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Le seul remède pour conserver les regrets enlisés au fond de soi, c'est de s'abrutir de travail du matin au soir. Et quand la nuit vient, si on n'est pas encore tout à fait recru, il reste la télévision.
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Il fallait à tout prix que je dissimule mes appréhensions, sous peine de détruire un rêve que nous avions entretenu pendant des années et qui nous donnait la force de vivre dans l'espérance. (...) Un avenir paisible nous était apparu, porté par des saisons belles et fortes, dans le parfum des fleurs et l'amitié des animaux. Ici, nous avions dessiné l'image de notre bonheur. Je ne me sentais pas le droit d'en ternir l'éclat, et la crainte de céder à l'abattement fit renaître en moi des forces insoupçonnées.
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On ne sème pas l’épeautre sur un ossuaire de pestiférés. (…) Sur cette terre noire et putride ne poussent que les fleurs de la mort : la belladone, la jusquiame et la lauréole y abondent. On y trouve aussi, à l’automne, les amanites les plus vénéneuses et des bolets satans pansus comme des outres. » (…)
Combien étaient-ils mes frères des jardins noirs, quand s’est éteint le souffle de leurs espérances ? Trois cents, quatre cents peut-être ? La peste qui les a emportés leur a couvert le corps de bubons. Celle qui me conduit parmi eux, au détour des sentes traversées de serpents, me ronge lentement.
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Vidéo de André-Marcel Adamek
Alors que l'hiver approche, tout le village de Marselane attend l'arrivée des saltimbanques pour la traditionnelle fête de la Saint-Luc. Sadim, le montreur d'ours, arrive quelques jours avant l'ouverture de la fête et meurt en pleine représentation. La rumeur circule que les villageois de Marselane l'ont tué. de cette méprise va découler une terrible malédiction que les forains vont prononcer à l'encontre des habitants de Marselane. Les villageois, privés de la fête qui clôture la belle saison, envoient alors deux émissaires pour parlementer avec le prévôt des forains. Alban et Lauric partent pour un périple chargé d'aventures, d'amour et de morts.
Les romans d'André-Marcel Adamek (1946-2011) ont remporté de nombreux prix et ont été largement traduits : "Le Fusil à pétales" (Prix Rossel), "Un imbécile au soleil" (Prix Jean Macé), "Le Maître des jardins noirs", "Le Plus Grand Sous-Marin du monde" (Prix du Parlement de la Communauté française), "Retour au village d'hiver", "La Fête interdite" ou encore "La Grande Nuit" (Prix des Lycéens).
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