Publié cinquante années après le drame, ce livre me semble être LA référence sur Mers El Kébir, car l'auteur a été le premier historien français à accéder aux archives britanniques et a bénéficié de nombreux témoignages de survivants et de confessions de certains acteurs qui éclairent bien des zones d'ombre.
Sur le contexte, les documents de l'amirauté montrent les divergences entre les responsables de la Navy et le diktat de
Churchill.
Pour l'attaque du 3 juillet,
Jean-Jacques Antier, consacre un chapitre à chaque cuirassé, ce qui révèle les différentes réactions des officiers et des équipages. Véritable étude sur la gestion de crise et les postures managériales, cette analyse révèle quelques erreurs ou défaillances, mais elle immortalise les sacrifices et les actes héroïques de nos marins.
Pour l'attaque du 6, qui fut une grande première puisque ce sont des avions qui ont attaqué le Dunkerque avec des torpilles qui touchèrent le Terre Neuve, bourré de grenades, dont l'explosion fut fatale, l'auteur est sévère avec les responsables de ce drame : amiraux annonçant que le cuirassé était quasi indemne ... de quoi provoquer la Navy ... et bêtise de "protéger" le cuirassé par des patrouilleurs en lieu et place de filets.
Reste ouverte l'énigme des aviateurs français, peu actifs et guère agressifs sur ce front et celle des pilotes anglais dont la plupart ont "raté" la cible ou désamorce leurs torpilles.
Enfin, en annexe, "ce qu'ils sont devenus" précise le destin des survivants et notamment celui de l'Amiral Gensoul, nommé par l'
Amiral Auphan, responsable des oeuvres sociales de la marine ... qui réglèrent aux familles des "dissidents" les soldes des hommes durant toute l'occupation.
Un ouvrage complet, objectif ; l'ouvrage définitif sur cette douloureuse agression qui brisa l'alliance cordiale ?