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EAN : 9782879296845
264 pages
Editions de l'Olivier (20/08/2009)
3.6/5   35 notes
Résumé :
L'Arabe est un grand roman " sudiste ", où des personnages de Faulkner ou de Flannery O'Connor traverseraient des paysages à la Giono. Le Sud d'Antoine Audouard est lui aussi un vieux pays vaincu, peuplé de figures tour à tour tragiques et grotesques. Écrit dans une langue où le parler populaire se mêle à un lyrisme altier, ce roman qui multiplie les dissonances et les ruptures de ton est l'œuvre d'un écrivain accompli.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman est mon premier coup de foudre littéraire de l'année. Dans une bourgade du Sud de la France, un nouvel arrivant fait beaucoup parler sur la place : il est arabe. Pour la plupart des habitants, cela suffit à le rendre suspect, méprisable voire coupable lorsqu'un meurtre est perpétré dans le village. Entre cris, chuchotements, silences, l'Arabe occupe les pensées de tous alors qu'il n'aspire qu'à la tranquillité et à l'invisibilité.

Antoine Audouard s'attaque avec maestria au racisme ordinaire, celui de monsieur et de madame tout le monde, celui qu'on ne remet pas en cause parce c'est normal de penser ce qu'on pense, celui qui naît de l'ignorance et conduit de la peur à la haine. Avec cynisme et sans fioriture, il nous dresse le portrait de petites gens dans ce qu'ils ont de plus laid et de plus bas. A travers des personnages plus nuancés, il assène des vérités douloureuses. Il allie le fond et la forme pour nous embarquer dans un roman poignant et glaçant qui n'est pas sans rappeler Jim Thompson. J'adore !

A découvrir sans hésiter.
Lien : http://lafleurdesmots.fr/l-a..
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"L'Arabe"...Ce titre lu par hasard, la tête de coté dans les rayons d'une bibliothèque m'a envoyé une claque : un titre qui fleure le racisme, le rejet, la différence de l'étranger, de l'autre. L'Arabe, c'est celui dont on se méfie. Bref, il est celui accusé de faire ses coups en douce, accusé de mille défauts et rejeté...Que de soupçons, que de sectarisme, derrière ces mots : "C'est un arabe !!!".
Sud de la France, pas loin de la mer et des étangs, un fleuve...il appartient au lecteur de situer le lieu de l'action, selon ses préjugés ou ses connaissances. Chacun se fera sa propre idée. L'Arabe personnage central du roman, dont on ne connaîtra jamais ni le nom ni le prénom - ça n'intéresse personne - vit dans une cave et travaille dans un chantier d'extraction de granulats. Il conduit son dumper et est apprécié de son patron et de ses collègues...mais pas de sa voisine Mamine qui l'espionne par un petit trou entre son logement et la cave de l'Arabe. Je n'en dirai pas plus...
Alors le jour où un événement grave se produit, mettant en émoi le village...on trouve de suite quelqu'un à soupçonner...l'étranger au village, celui qu'on méprise, qu'on rejette, l'Arabe, celui dont le frère est accusé et emprisonné pour terrorisme.
Racisme quotidien.
Au fil des pages l'action, les réactions des uns et des autres deviennent de plus en plus dérangeantes.....heureusement quelques personnages du roman en sortiront grandis.
Quelques heures de lecture salutaire...Il est bon de temps en temps d'être dérangé par un roman bien écrit, décrivant page après page cette banalisation du racisme, cette montée du racisme "culturel" qui s'invite en politique !
Banalité de l'exclusion, du rejet de la différence, de la peur de l'autre, de la rumeur, des amalgames...
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Terrible histoire de racisme ordinaire, "L'Arabe" nous fait toucher du doigt l'intolérance, la bêtise, la cruauté, toutes plaies qui se révèlent dès qu'on a du mal à appréhender la "différence" (différent de qui ? différent en quoi ?)
Une très belle écriture qui illustre magnifiquement le proposs.
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Nous sommes dans un village du Sud de la France, et la présence d'un étranger, l'Arabe (il n'a même pas de nom ou de prénom), dérange certains. Il est pourtant discret, il travaille dur sur un chantier voisin, il ne fait rien de mal. Et pourtant, les préjugés et les a priori vont bon train « Eh bien on les connaît, c'est tout, on sait qu'un boulot mal fait c'est un boulot d'Arabe, on sait qu'un braquage ou un viol, c'est les Arabes, on sait que les primes elles sont pour les Arabes, on sait qu'un trafic de drogue à la ville dans le sous-sol d'un parking c'est les Arabes, et on sait qu'un avion qui explose dans une tour c'est encore les Arabes, on le sais bien, tout ça, tu le sais bien aussi, pas la peine de faire la tête, on n'a pas besoin de faire le tour de la terre pour savoir qu'ils sont pas comme nous, ces gens-là. »

Puis un meurtre est commis dans le village, le coupable est trouvé rapidement c'est l'ex-mari de la victime et pourtant l'Arabe va être accusé gratuitement de complicité. Il est mis en garde à vu et là, la justice lui découvre un frère en lien avec des entreprises terroristes et c'est la police anti-terroristes qui débarque... La rumeur s'amplifie, par ignorance, le village va se liguer contre lui. Il est seul face à tous. « - Parce que tu es du mauvais côté au mauvais moment dans le mauvais pays. Parce que la peur domine et que tout le monde s'en fout, de l'injustice commise à un Arabe berbère ou pas. Parce que tu es seul. »

L'auteur nous entraîne dans l'enfer du racisme gratuit. le mensonge entraînant le mensonge, la violence entraînant la violence et la machine infernale de l'injustice ne peut pas être stoppée. Il aura cependant quelques alliés comme Estevan le gendarme, l'Indienne la Sauvage, Bernard son employeur, Juste son logeur... Mais ceux-ci ne pourront rien y faire.


Lien : http://aproposdelivres.canal..
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Dans un petit village, un homme vient de s'installer dans une cave. Dans ce genre d'endroit, où tout se sait et où tout le monde s'épie, cela fait déjà parler. Mais si en plus, l'homme est un "Arabe" alors les langues se délient encore plus vite. Même si c'est un homme charmant, qu'il aide ses voisins et est très poli.
Alors, quand un meurtre est commis... alors même que le coupable est connu de tous, même les quelques personnes qui avaient de la sympathie pour lui l'accablent.
Un livre dérangeant de par sa description de la nature humaine et par la violence du texte. On ne ressort pas indemne de cette lecture.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Un lapin dans son terrier, voilà ce qu’il était entouré de notre belle jeunesse, débordante d’énergie à dépenser, un dimanche soir de fin de saison, quand les distractions commençaient à manquer et qu’on risquait l’ennui.
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Avant de les massacrer, nous donnons aux hommes dont il est devenu indispensable de se débarrasser des noms de bêtes - nous les métamorphosons en rats, en cloportes, en cafards, en chiens, en fourmis. le joli nom de crouille, par lequel nous désignons les Arabes, n'est-ce pas dans sa sonorité même, rappelant la grenouille, le margouillat, qu'on devine le talon qui se lève et écrase ? Écrabouiller le crouille, ce n'est pas tuer un être humain, c'est nettoyer le jardin de la terre d'un nuisible en ouille. Nuance... (P. 198)
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- Je pense que chez le juge tu as une bonne chance.
- Pourquoi je n'ai pas une chance avec vous ?
- tu le sais déjà.
- Redites-le-moi
-Parce que tu es du mauvais côté au mauvais moment dans le mauvais pays. Parce que la peur domine et que tout le monde s'en fout, de l'injustice commise à un Arabe berbère ou pas. Parce que tu es seul.
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Manquerait plus que ce soit un Arabe, dit Mamine – et tout le monde se mit à rigoler, sauf Noémie, sa fille, qui venait d'arrêter de fumer et faisait la toupie tant et si bien qu'elle nous soûlait, à force. Si c'est un type gentil, dit David, dans le fond, on s'en fout, mais son père le reprit, ces gars-là je les connais et crois-moi, ils sont pas comme nous. Dans l’ensemble, tout le monde trouva que Mamine en avait de ces idées, un Arabe petite place des Hommes, il n’y avait qu’elle pour nous inventer ça. Puis Trevor s’explosa le nez et deux dents en fonçant droit dans le mur avec son nouveau vélo, et on oublia tout dans l’engueulade entre José, qui était d’avis de lui mettre une rouste pour être aussi con, et Noémie, qui voulait aller à l’hôpital. Mais quand le gars arriva, quelques jours plus tard, et que pour de vrai c’en était un, d’Arabe, ça mit une drôle d’ambiance.
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Eh bien on les connaît, c’est tout, on sait qu’un boulot mal fait c’est un boulot d’Arabe, on sait qu’un braquage ou un viol, c’est les Arabes, on sait que les primes elles sont pour les Arabes, on sait qu’un trafic de drogue à la ville dans le sous-sol d’un parking, c’est les Arabes, et on sait qu’un avion qui explose dans une tour c’est encore les Arabes, on le sait bien tout ça, et u le sais aussi, pa sla peine de faire la tête, on n’ pas besoin de faire le tour de la terre pour savoir qu’ils ne sont pas comme nous, ces gens-là.
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Videos de Antoine Audouard (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antoine Audouard
15 décembre 2009 : Mot de l'éditeur : Un inconnu vient se réfugier en un lieu où il croit trouver la tranquillité : une cave donnant sur une petite place, dans un village du Sud. Un inconnu : un Arabe. Le jour, il charrie des tonnes de cailloux sur un chantier de terrassement. le soir il rentre dans son trou. Pourquoi se cache-t-il ? Le village s'agite, une hostilité sourde monte de la terre. Ici, il n'est pas chez lui et ne le sera jamais. L'Arabe n'entend rien, se berce de l'illusion qu'à force de vivre invisible, il finira par disparaître. Lorsqu'un meurtre est commis sur la place, cette illusion se dissipe. Aux yeux de tous, c'est lui le coupable. Mais les forces qui se dressent contre lui sont anciennes, comme le feu, la rage, la peur. Pour leur échapper, se rendre invisible ne suffira plus.
L'Arabe est un grand roman «sudiste», où des personnages de Faulkner ou de Flannery O'Connor traverseraient des paysages à la Giono. le Sud d'Antoine Audouard est lui aussi un vieux pays vaincu, peuplé de figures tour à tour tragiques et grotesques. Ecrit dans une langue où le parler populaire se mêle à un lyrisme altier, ce roman qui multiplie les dissonances et les ruptures de ton est l'oeuvre d'un écrivain accompli.
Antoine Audouard est né en 1956. Il est l'auteur de huit romans, dont Adieu, mon unique et Un pont d'oiseaux (Gallimard).
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