AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Nathalie Azoulai (Traducteur)
EAN : 9782267049961
180 pages
Christian Bourgois Editeur (01/02/2024)
3.54/5   67 notes
Résumé :
Recherché pour meurtre et poursuivi par la police, un Noir américain s'est glissé dans un trou d'égout.
Réfugié sous la ville, il découvre un monde étrange, humide et mystérieux, un monde aux règles différentes de celui " sur terre ", celui des Blancs.
Que lire après L'homme qui vivait sous terreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 67 notes
5
5 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
3 avis
1
1 avis
Un homme noir est accusé d'un crime qu'il n'a pas commis et forcé à signer des aveux qu'ils n'a pas fait après avoir été mis à mal par des policiers blancs. Une pratique plutôt banale dans l'Amérique des années 1960, sauf que ... le protagoniste décide de s'enfuir et se cache.. dans les égouts.
Lui ne se transforme pas en insecte (ou en rat), à l'opposé du héros de Kafka, mais il assiste à des scènes très étranges ou lugubres.

Il y avait longtemps que ce livre était dans ma PAL, et j'ai choisi de commencer par celui-ci car j'ai voulu éviter l'erreur de débuter avec le chef-d'oeuvre de Ricahrd Wright - à savoir le très célèbre Black Boy - pour m'épargner des déceptions.

Le rythme de cette novella est haletant et traduit bien l'anxiété et la perte de repères du personnage. J'avoue ne pas avoir toujours bien suivi le cours de ses pensés (et actions) délirantes.
Au final, l'auteur parvient à décrire un moment de vie (plus ou moins long?) où le dessus et le dessous se confondent, l'innocent devient coupable, la vérité devient mensonge, ... Et le lecteur ne sait plus trop à quoi se fier.

Ce roman n'est, pour moi, ni mauvais ni transcendant mais cela ne m'a pas dissuadée de relire Richard Wright, au contraire!
Je suis contente d'avoir découvert l'univers de Wright, où le système injuste , dirigé par des blancs aliène des noirs. Sans pour autant avoir un récit où tout est noir...ou blanc !




Commenter  J’apprécie          380
« Mais il en va d'une oeuvre comme d'un arbre : plus les racines s'enfoncent dans la nuit dense de la terre, plus grand est le morceau de ciel que la ramure peut embrasser. » Michel Tournier. ..« l'homme qui vivait sous terre » , nouvelle de Richard Wright, est de ces arbres.
Ses racines plongent dans la cruauté d'un monde, de son injustice, de son absurdité, de ses fictions, de sa réalité. Nuit dense, profondeurs létales. A la surface de ce monde : mensonges, illusions, absurdes croyances, fausses richesses, théâtres hallucinants où dansent des ombres macabres.
Dans le ventre de ce monde, dans la densité de sa nuit, les bruits, les heures connaissent une autre horloge, embrasse un autre temps . D'autres valeurs. Un autre regard. Dans la densité de cette nuit, une autre lumière, une vérité, atroce, cruelle. La réalité.
A la surface, ...mais dans le fond.
C'est ici l'autopsie d'un corps social.
Dans les entrailles du monde, la lumière se fait.
Faisant apparaître, entendre, toucher, ce qui jusqu'à lors était invisible.
Terrible et insupportable, et presque prothétique nouvelle de Richard Wright : Celui qui s'expose et fait remonter à la surface la vérité sera assassiné.
Il serait intéressant d'analyser la nouvelle de Richard Wright à travers la lecture du mythe de Jonas...dans le ventre de la baleine, ..trois jours et trois nuits…, recraché sur le rivage...  «  Lève-toi, va à Ninive et crie contre elle car sa méchanceté est montée jusqu'à moi. » .
La baleine,..le poisson…
Comment ne pas repenser aux mots de Richard Wright durant l'interview qu'il avait accordé au journal l'Express le 18 août 1960, lorsqu'il était interrogé sur la valeur symbolique de son roman Fishbelly : « « Qu'entendez-vous par le titre de votre livre Fish Belly ?  
Ce titre a une certaine portée symbolique ; l'estomac d'un poisson est généralement blanc, mais cela ne se voit pas de l'extérieur, et ce que je voulais faire comprendre au lecteur, c'est que mon personnage regarde avec des yeux de Noir les valeurs des Blancs, mais qu'il a entièrement absorbé les valeurs de la société dans laquelle il vit... C'est ce qu'un de ses compagnons de jeux exprime dans le livre lorsqu'il dit : "Le ventre des poissons est blanc". » »
https://www.lexpress.fr/culture/livre/1960-entretien-avec-richard-wright_2027196.html.

Il est parfois intéressant de lire une nouvelle séparément du recueil auquel elle appartient. "L'homme qui vivait sous la terre" appartient au recueil "Huit hommes", recueil que j'ai précédemment eu le plaisir de lire. Cette nouvelle, il est vrai, avait à cette époque déjà retenu mon attention. Mais lu ainsi, séparément, sa relecture m'a permis de saisir peut être plus nettement, je pense, la densité de cette nuit.
https://www.babelio.com/livres/Wright-Huit-hommes/199142/critiques/1271107

Astrid Shriqui Garain



Commenter  J’apprécie          220
Peut-on espérer une autre vie que celle que les circonstances nous imposent ? injustice, pauvreté, assignation . . . Les maux ne manquent pas et Richard Wright abordait déjà cette question dans "Black boy".

Dans ce texte, il emprunte la voie de l'imaginaire mais le héros contraint de se cacher dans les égouts afin d'échapper à un funeste destin lui ressemble. Cette fois, il n'est pas question d'esquiver des coups comme lui naguère ou de quitter son Etat.

Son double, si j'ose dire vit sous terre, à l'abri de ce monde d'en haut, lumineux en apparence mais terriblement effrayant pour des gens comme lui. En revanche, sous terre règne en apparence l'obscurité mais l'espérance y est saisissante, telle une lumière pour n'importe qui.

Trop peut-être, tant il s'acharne à vouloir empêcher une injustice, auprès de ceux-là même qui sont à l'origine de sa décadence. Parviendra-t-il ?
Malgré l'alternance de narrateurs qui peut dérouter le lecteur, cet ouvrage conserve sa force de dénonciation de l'injustice et de célébration de la dignité humaine.
Commenter  J’apprécie          290
Accusé à tort d'un meurtre, un Noir américain se réfugie dans les égouts. de cave en cave, il découvre une autre façon de voir le monde et s'aménage une grotte extravagante. Les bruits du dessus sont étouffés, la lumière est une abstraction. « Une part de son être essayait de se rappeler le monde qu'il avait quitté, une autre part ne voulait pas s'en souvenir. » (p. 46) L'homme fait corps avec son refuge et devient un être excavateur. Mais face à une nouvelle démonstration d'injustice et de violences policières, il sait qu'il doit remonter. « Et c'était maintenant ainsi que lui apparaissait le monde de dessus terre : comme une forêt sauvage, qu'emplissait la mort. » (p. 71 & 72)

En quelques pages très précises, Richard Wright dépeint une lente glissade dans la folie, une dissociation mentale salvatrice. Mais l'homme n'est pas fait pour les souterrains, et s'il en ressort, personne ne le comprend. Avec ce texte digne d'une nouvelle de Kafka, l'auteur dénonce les violences faites aux Noirs américains. C'est très puissant et ça nous met face à une réalité sordide.
Commenter  J’apprécie          170
Fred Daniels, ouvrier noir américain, est arrêté par la police un soir alors qu'il rentre de son boulot. Il est soupçonné d'avoir volé et assassiné les voisins de ses employeurs. Pas de preuve mais il est noir. C'est suffisant. La police l'interroge, le torture jusqu'à ce qu'il avoue ces meurtres qu'il n'a pas commis. Profitant d'une occasion, Fred s'enfuit, se cache dans les égouts et s'installe sous les rues de Chicago.

Cela commence comme une histoire typique d'injustice raciale et en une fraction de seconde, le roman prend une tout autre direction, une toute autre dimension.

La vie sous terre de Fred se transforme en une allégorie de l'expérience noire. Une vie invisible.
Caché sous la ville, dans la clandestinité, hors du monde, Fred Daniels va accéder discrètement à ce qui compte tant au dessus (l'argent, les diamants….) et réfléchir à ce qui a vraiment du sens.

L'entrée en matière est ultra réaliste et à l'opposé, les aventures souterraines totalement surréalistes. La combinaison des deux rend l'expérience de lecture de ce roman incendiaire, puissante et douloureuse.

📌 Écrit à peu près à la même période que les livres phares de l'auteur, Un enfant du pays(1940) et Black Boy (1945), ce roman n'a pas été publié dans son intégralité du vivant de Richard Wright. Sans doute jugé trop revendicatif et trop réaliste, il est paru expurgé sous forme de nouvelle.
Commenter  J’apprécie          150


critiques presse (3)
LeDevoir
19 avril 2024
Si l’auteur de Black Boy y dénonce le racisme, il s’y livre également à une subtile critique du capitalisme — voire à une réécriture de l’allégorie de la caverne.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
12 avril 2024
Ce superbe roman inédit du grand écrivain afro-américain, datant de 1941-1942, a été exhumé des archives de l'auteur à l'université Yale. Il étonne par ses puissantes résonances actuelles.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
28 mars 2024
« Un homme que l’on accuse d’un crime qu’il n’a pas commis peut tout sauf se défendre », écrit Wright dans Souvenirs de ma grand-mère, l’indispensable texte qui complète le roman. Jusqu’à sa tragique remontée à la surface, Fred Daniels tentera désespérément de faire mentir son auteur.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Une part de son être essayait de se rappeler le monde qu’il avait quitté, une autre part ne voulait pas s’en souvenir. » (p. 46)
Commenter  J’apprécie          10
« Et c’était maintenant ainsi que lui apparaissait le monde de dessus terre : comme une forêt sauvage, qu’emplissait la mort. » (p. 71 & 72)
Commenter  J’apprécie          00
Il alla vers un kiosque dont le marchand était parti et regarda une pile de journaux. Il vit un gros titre :
CHASSE AU NEGRE ASSASSIN
C'était comme si quelqu'un s'était glissé derrière lui, et était en train de le déshabiller ; (...). Ils savent que je n'ai rien fait, chuchota-t-il. Mais comment le prouver ? Il avait signé une confession. Quoique innocent, il se sentait coupable, condamné.
Commenter  J’apprécie          190
Il continua à ramper longtemps, puis s'arrêta, à la fois effrayé et curieux. Il allongea son pied droit en avant : le pied se balançait aujourd'hui du vide ; pris de peur, il se rejeta en arrière. Il se mit à trembler, voyant en imagination la terre s'ébouler et l'enterrer vivant. Il frotta une allumette et vit que le sol de terre dégringolait abruptement et s'élargissait en une sorte de grotte quelque cinq pieds au-dessus de lui. Un égout désaffecté, murmura-t-il.
Commenter  J’apprécie          110
Il marcha à peu près un quart d'heure, pataugeant sans but, tâtonnant soigneusement en avant de soi avec la barre. Puis il s'arrêta, les yeux fixes, attentif. Qu'est-ce que cela ? Une image étrangement familière, à la fois fascinante et repoussante : éclairé par les lianes de lumière jaune qui tombaient d'une autre trappe, le petit corps d'un bébé nu, coincé par des détritus et à demi recouvert par l'eau. Pensant que le bébé était vivant, il se dirigea vers lui impulsivement ; mais ses nerfs surexcités lui disaient qu'il était mort, froid, redevenu néant, ce même néant qu'il avait ressenti en regardant les gens qui chantaient dans l'église. L'eau s'épanouit autour des petites jambes, des petits bras, de la petite tête, et continua sa course en avant. Ses yeux étaient fermés, comme s'il dormait ; ses poings fermés, comme s'il protestait ; et sa bouche s'ouvrait, sombre, dans un cri silencieux.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Richard Wright (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Richard Wright
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 14h00 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • Ce que je sais de toi de Eric Chacour aux éditions Philippe Rey https://www.lagriffenoire.com/ce-que-je-sais-de-toi.html • La promesse de l'aube de Romain Gary, Hervé Pierre aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/la-promesse-de-l-aube-premiere-partie.html • le jongleur de Agata Tuszynska aux éditions Stock https://www.lagriffenoire.com/le-jongleur.html • a fille d'elle-même (Romans contemporains) de Gabrielle Boulianne-Tremblay aux éditions JC Lattès https://www.lagriffenoire.com/la-fille-d-elle-meme.html • Les muses orphelines de Michel Marc Bouchard et Noëlle Renaude aux éditions Théatrales 9782842602161 • Oum Kalsoum - L'Arme secrète de Nasser de Martine Lagardette et Farid Boudjellal aux éditions Oxymore https://www.lagriffenoire.com/oum-kalsoum-l-arme-secrete-de-nasser.html • le pied de Fumiko - La complainte de la sirène de Junichirô Tanizaki , Jean-Jacques Tschudin aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/le-pied-de-fumiko-la-complainte-de-la-sirene.html • Amour et amitié de Jane Austen et Pierre Goubert aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/amour-et-amitie-1.html • L'homme qui vivait sous terre de Richard Wright et Claude-Edmonde Magny aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/l-homme-qui-vivait-sous-terre.html • Maximes et autres textes de Oscar Wilde et Dominique Jean aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/maximes-et-autres-textes.html • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #editionsphilipperey #editionsfolio #editionsstock #editionsjclattes #editionstheatrales #editionsoxymore
+ Lire la suite
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (183) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11121 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}