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EAN : 9782844141583
43 pages
L'Association (16/09/2004)
3.56/5   8 notes
Résumé :
Invité au Chili par un organisme français, Baudoin en a ramené des pages de carnet.

Où qu'il aille, son chemin croise des gens, des paysages et de l'amour.

Mais au Chili, le spectre de la Dictature plane encore, et l’Araucaria, cet arbre qui symbolisait alors la résistance, est encore dans toutes les mémoires.

Et Baudoin a partagé l’Araucaria.


(Présentation de l'éditeur)

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ces chiens sont si souvent battus qu'ils sont très soumis, sans aucune agressivité envers les humains.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, le récit d'un voyage de l'auteur au Chili. Sa première publication date de 2004 dans la collection Mimolette, et il a été réédité en 2017 dans une version augmentée et modifiée. Cette bande dessinée est l'oeuvre d'Edmond Baudoin, pour le scénario et les dessins. Elle est en noir & blanc et compte soixante-deux pages.

En octobre 2003, Edmond Baudoin a été invité au Chili par la bibliothèque de l'institut culturel franco-chilien, à Santiago. le 12/10/2003 dans l'avion. Il aime regarder les écrans avec les cartes, il rêve. Une escale à Buenos Aires. La ville de Breccia, José Muñoz, Carlos Sampayo, Jorge ZentnerBorgesJulio Cortázar… 11.887 mètres plus bas, une hacienda aux environs de Córdoba. Il est possible que les paysans qui travaillent pour le propriétaire n'auront jamais assez d'argent pour s'en acheter une. La cordillère des Andes, un mur. L'Aconcagua, il a une boule dans la gorge. Puis très vite le Pacifique devant, la cordillère derrière, dessous, Santiago. le lendemain de son arrivée, le 13/10. Il rencontre une première fois les étudiants des beaux-arts de l'université catholique de Santiago. le soir, seul enfin. Dans un restaurant. Octobre, c'est le printemps au Chili… Il est au Chili. Il observe les clients, la rue, les serveurs. Certains étaient pour Pinochet, d'autres luttaient contre. 14/10. le cours de dessin. Il demande s'il est possible d'avoir un modèle vivant... C'est un problème la nudité (en 2003) dans cette université catholique. Difficile dans une classe. Les professeurs décident que ce sera dans la chapelle, un lieu moins passant… Les étudiants rient et sont ravis. La chapelle est bondée. Comme dans ses cours au Québec, il demande aux étudiants de prendre la pose du modèle 5 minutes avant de commencer à dessiner. Il veut qu'ils expérimentent dans leur corps les tensions qu'inflige une pose. Qu'ils lui dessinent l'extérieur et l'intérieur. Ils sont très forts, c'est du bonheur de travailler avec eux. le 14 octobre c'est l'anniversaire de son frère Piero. le modèle s'appelle Valéria. Elle est belle avec un corps de baleine. Il l'imagine être née dans les îles du Pacifique. Il pense à Gauguin. Plus tard, il sera invité par Valéria et Rip (son ami, un musicien américain) et il apprendra qu'elle n'est pas du tout des îles sous le vent, mais simplement née à Santiago comme beaucoup de monde ici.

15 octobre 2003. Il attend le taxi qui doit l'emmener à l'université. À partir de six heures du matin, la ville est sillonnée par des milliers de bus jaunes qui font la course dans les rues. Les chauffeurs sont payés en fonction des ventes, un peu comme les taxis. Plus ils font de trajets, plus ils gagnent de fric. Et Edmond sait que le hurlement de ces machines va le réveiller tous les matins, en se rappelant que le syndicat des transporteurs a largement contribué à renverser Allende. En trois jours, il a rencontré beaucoup de beaux êtres humains.

Sous une couverture un peu cryptique qui trouve son explication dans le récit, le lecteur se retrouve à voyager avec l'auteur au Chili en 2003, la majeure partie de son séjour s'effectuant à Santiago. Comme à son habitude, il raconte au gré de sa fantaisie, dans une narration qui peut donner une impression décousue, ne répondant qu'à l'inspiration du moment. Pour autant, l'auteur respecte un déroulement chronologique du douze octobre 2003 au dix décembre de la même année. Il donne des cours de dessins à l'université, il voyage dans le pays, il observe les gens dans la rue, il en rencontre des hôtes, que ce soit à l'occasion de nuits passées, ou d'une soirée. Il effectue des remarques sur ce qu'il lui est donné de voir, exprimant ainsi sa propre sensibilité. Sur le plan pictural, Edmond Baudoin se montre incontrôlable comme à son habitude : hors de question pour lui de s'en tenir à des cases bien alignées dans des bandes, ou de tracer des bordures de cases à la règle, ou même de s'en tenir à de la bande dessinée. Il peut aussi bien réaliser une ou deux pages muettes avec des cases pour raconter, pour montrer ce qu'il a observé, que reproduire un texte écrit par lui, pour une revue littéraire (sous forme de texte tapé à la machine à écrire, avec des corrections au crayon), en passant par des paragraphes de texte accompagnés d'une ou deux illustrations (à moins que ce ne soit l'inverse), et même un ou deux collages de tickets de bus, sans oublier quelques courtes remarques écrites à la verticale sur le bord d'une image.

Le lecteur abandonne donc les a priori de son horizon d'attente, si ce n'est celui de faire l'expérience du Chili par les yeux et la sensibilité d'Edmond Baudoin. Les modalités d'expression de l'auteur ne correspondent pas à de l'excentricité pour faire original, mais bien à la personnalité de l'auteur. Ce constat s'opère dès la première page : d'abord deux phrases écrites en lettres capitales disposées en lieu et place d'une première bande de cases, puis une mince frise géométrique irrégulière pour séparer la bande suivante qui est constituée d'un dessin et d'un texte, puis une autre séparation suivie par une carte sommaire avec une phrase de commentaire, une vue du dessus simpliste de la Cordillère des Andes avec une phrase de commentaire, et une vue du dessus de parcelles de champ avec un autre commentaire. À ce stade, le lecteur pourrait croire qu'Edmond Baudoin raconte son séjour comme les idées lui passent par la tête. Les pages suivantes lui permettent de mieux saisir la démarche : un déroulement chronologique solide, des remarques en passant générées par le lieu, par une sensation du moment, ou un souvenir, un échange avec une personne. Fort logiquement, l'artiste adapte son mode de dessin à la nature de ce qu'il raconte, de ce dont il se souvient. D'une certaine manière, les cases réalisées au pinceau peuvent s'apparenter au mode narratif principal, ou plutôt aux séquences qui s'enchaînent pour former la colonne vertébrale de l'ouvrage. Pour les réflexions au fil de l'eau, elles sont dessinées en fonction de leur nature, des bourgeons ou des fleurs se déployant à partir du tronc du récit. Lors de la première séance de pose, l'artiste intègre ses propres dessins de la modèle, au pinceau. Lorsqu'il se promène dans la rue, il opte pour des esquisses à l'encre, avec une écriture manuscrite cursive comme s'il s'agissait de notes prises sur le vif.

Une fois qu'il s'est adapté à cette forme narrative, le lecteur trouve du sens à la structure du récit, et il peut apprécier chaque considération passant au premier plan, le temps d'une case ou d'une page. Il se rend compte que, prise une par une, chaque séquence relève de l'anecdote qui donne lieu à des réflexions de l'auteur, dans une direction historique, ou sociale, ou politique, ou morale, ou existentielle, etc. Ainsi, au fil des pages, il peut donner l'impression de sauter du coq à l'âne, car il aborde aussi bien la pauvreté des paysans et le capitalisme, des leçons de dessin et de nu, le sort de Salvador Allende, le sort des Mapuches, la torture et la guerre, le sort des chiens errants de Santiago, l'art mural de la ville, le port de lunettes de soleil, la dictature d'Augusto Pinochet, l'arbre Araucaria, l'irréalité de se retrouver au Chili, la répression, la douceur des gens qui ressemble à de la soumission, le souvenir de son ami Joël Biddle, sa rencontre avec Pablo Neruda à l'ambassade du Chili en France, etc. Chaque séquence semble un petit souvenir, raconté avec simplicité, et dans le même temps raconté avec la personnalité de Baudoin. L'effet cumulatif de ces séquences aboutit à une lecture très dense, abordant de nombreux thèmes.

Au bout d'un certain temps, le lecteur n'est plus très sûr de ce qu'il est en train de lire : des souvenirs de voyage, une vision culturelle du monde ? En effet, il se produit également un effet cumulatif des écrivains et des artistes cités : Gilles Deleuze, Alberto Breccia, José Muñoz, Carlos Sampayo, Jorge Zentner, José Luis Borges, Julio Cortázar, Gauguin, Frida Kahlo. Il ne s'agit pas pour l'auteur d'en mettre plein la vue au lecteur, ou de légitimer son oeuvre sur le plan littéraire. Là encore, cet ingrédient fait partie de la personnalité de l'auteur : il l'intègre parce que sa perception de ce qui l'entoure en est indissociable. Chaque séquence prise une par une s'apparente à un regard différent sur une facette du Chili. L'ensemble de ces séquences brosse un portrait complexe du pays, tel que Baudoin en a fait l'expérience, cette année-là, pour l'individu qu'il est, dans le contexte qui l'a amené à y séjourner. le lecteur repense alors à la couverture et au titre. Cette femme nue est celle qui sert de modèle pendant les cours de dessins, et les individus autour d'elle sont les élèves qui prennent la même pose qu'elle pour ressentir les tensions musculaires qui en découlent. le lecteur peut également le comprendre comme Baudoin se rendant au Chili et vivant comme un habitant pour prendre conscience des caractéristiques systémiques de cette société. Au cours d'une des remarques poussant à partir de la narration, l'auteur développe les caractéristiques de l'araucaria du Chili, une espèce de conifères, et le lecteur est tenté d'y voir une métaphore des chiliens, ou peut-être des Mapuches.

L'oeuvre d'Edmond Baudoin est indissociable de sa vie. Il voyage au Chili du fait de sa condition d'artiste et de professeur de dessin. Il raconte ce séjour en tant qu'artiste, relatant ses rencontres et les paysages, ainsi que les réactions qu'ils suscitent en lui, adaptant son mode narratif et graphique à chaque passage, pouvant expliciter une expérience passée dans la mesure où elle donne du sens à ce qu'il observe. Un carnet de voyage incroyable témoignant du pays visité, des individus rencontrés, avec cette vision subjective qui est celle de l'auteur.
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Votre ami à l'occasion de partir pour son travail au Chili pendant un mois.
A son retour:
a- il vous raconte quelques anecdotes sympas autour d'une bière
b- il vous raconte quelques anecdotes sympas autour d'une bière et vous montre des photos
c- il vous raconte 100% de son voyage sans s'inquiéter de votre intérêt pour son récit
d- il vous montre le blog qu'il a crée et vous faire lire chaque article
e- comble d'un égo mal placé, il fait une BD qu'il vous vend sans point de vue artistique ou quelconque ambition d'entrée dans la culture locale. Un journal de bord ni plus ni moins.

Si c'est la réponse e, fuyez ! (à vrai dire si c'est autre chose que la réponse a ou b, fuyez)
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Valparaiso est une très belle ville, la ville de Pablo Neruda. Il y a dans son port un très beau voilier blanc avec un condor pour figure de proue. C’est le voilier-école des officiers de marine militaire. C’est à Valparaiso qu’a commencé le coup d’État contre Allende. Dans ce bateau blanc, des hommes ont été emprisonnés et peut-être torturés. La ville est tout en montées et descentes, il y a plus de quarante collines et une grande quantité de funiculaires impressionnants de vétusté, j’aime. Quand je dessinais, un étrange couple m’a croisé. Une très belle jeune fille assise sur les épaules d’un homme avec la figure d’un monstre. Il y a dans les rues des chiens errants qui vont par meute de cinq ou six. Valparaiso a été classée Patrimoine Mondial par l’UNESCO, et dans ce cadre il est question d’éliminer les chiens sauvages. Je n’ai pas de sympathie particulière pour ces bêtes, mais je ne crois pas que le progrès se fasse avec ce genre d’élimination. À l’ouest de Valparaiso, la route qui longe la côte est magnifique. Elle n’a rien à envier à celles de la côte d’azur, les différences sont : ici la mer c’est la Pacifique, il y a des vols de pélicans, Cannes est à 10.000kms. Les meutes de chiens que je croise sont impressionnantes, mais il n’y a rien à craindre d’elles, ces chiens sont si souvent battus qu’ils sont très soumis, sans aucune agressivité envers les humains.
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Il était une fois où j’étais comptable à Nice. Je l’ai été jusqu’à un peu au-delà de mes trente ans, et durant le temps de mes années de comptabilité je rêvais de laisser les chiffres pour ne faire de mes jours à venir dans le reste de ma vie que du dessin. Une seule fois, j’ai quitté la comptabilité pour aller dans ce rêve. Et le rêve devenu réalité se transformait dans l’étirement des jours en cauchemar. Je restais devant ma belle table à dessin toute neuve, incapable de faire autre chose que ce que l’on fait sur des bouts de papier quand on téléphone. Aucune idée de dessin extraordinaire, rien, même pas l’ombre de rien, mes années devant une calculatrice avaient effacé jusqu’au soupçon de cette ombre. Les jours s’égrenaient comme un long chapelet dans des mains qui s’ennuient et la culpabilité de ne rien faire envahissait mes nuits. Que j’aille voir sur le port de Nice voir les bateaux partir ou que je m’oblige à l’inertie devant mes beaux papiers blancs, le résultat était le même, je me couchais le soir avec le désespoir d’un Pessoa à qui on aurait enlevé son Bureau Prétexte. Je regrettais sans l’avouer le temps de mon nid gris souris où j’avais pour mission de tricher sur les résultats du palace qui m’employait. Au moins, à cette époque, j’étais utile à quelqu’un : mon patron me payait pour mon savoir – tricher, alors que dans mes nouveaux d’habits d’artiste, personne ne me reconnaissait. Aucun éditeur, aucun contrat, aucune attente. J’étais inutile, impuissant, sans avenir. Une fois la poésie que j’aimais et que j’aime m’a donné la main. Une fois j’ai fait comme si j’avais un contrat, comme si quelqu’un me demandait l’illustration d’un livre écrit par deux poètes. L’un était Rimbaud et son chant d’éphémère, l’autre Neruda et son champ terrien. J’allais de l’un à l’autre, et, doucement, quelque chose s’est réveillé en-dessous de mes années molles, comme une pompe que l’on actionne, qui souffle de l’air avant de tirer l’eau du puits. De l’eau est venue, j’avais une quarantaine de dessins du paysan et du danseur. Alors, riche de ces quarante balbutiements, j’ai pris le train de nuit pour Paris. J’avais des rendez-vous avec des éditeurs qui m’avaient dit Oui au téléphone, et, dans ceux-là, il y avait les Éditions de Minuit, c’était mon dernier rendez-vous. Je n’avais pas décroché le contrat miracle, mais un intérêt sympathique dans la plupart des entrevues. J’étais maintenant en face d’une jeune femme fragile qui me recevait assise devant une table débordant de manuscrits. Elle me disait aimer ce que je lui montrais mais ne rien pouvoir en faire car les Éditions de Minuit ne publient pas d’illustrations, puis elle ajouta : Monsieur Neruda aimerait sûrement voir vos dessins. Pablo Neruda était ambassadeur du Chili à Paris. Je dis à la dame fragile que je n’oserais jamais, et devant moi elle prit le téléphone et un rendez-vous avec cet homme. J’étais émerveillé et un peu sonné. Une fois, deux jours après, j’allais à l’ambassade chilienne, j’allais fois un poète ambassadeur. C’est un homme qui se faisait cuire deux œufs sur un réchaud à gaz, assis sur des marches en marbre, qui m’a indiqué le bureau de Neruda. La porte était entrouverte et cet ambassadeur, déjà malade derrière son bureau. Il a simplement regardé mes dessins, dit que ça lui plaisait. J’ai dit : Je vous les donne. Il a dit : Mais non, voyons. J’ai dit : Oui, c’est un grand plaisir pour moi. Et c’était vrai. Je lui devais beaucoup. Je ne pouvais pas dire merci à Rimbaud. Une fois, en 2003, je suis allé à Valparaiso. Devant le Pacifique, j’ai dit doucement : Rimbaud, Neruda. Je me suis senti un peu bête, mais ça ne fait rien, ça m’arrive souvent.
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En octobre 2003, j’ai été invité au Chili par la bibliothèque de l’institut culturel franco-chilien, à Santiago. […] Le 12/10/2003 dans l’avion. J’aime regarder les écrans avec les cartes, je rêve. Une escale à Buenos Aires. La ville de Breccia, José Muñoz, Carlos Sampayo, Jorge Zentner… Borges… Julio Cortázar… 11.887 mètres plus bas, une hacienda aux environs de Córdoba. Il est possible que les paysans qui travaillent pour le propriétaire n’auront jamais assez d’argent pour s’en acheter une. La cordillère des Andes, un mur. L’Aconcagua, j’ai une boule dans la gorge. Puis très vite le Pacifique devant, la cordillère derrière, dessous, Santiago. Le lendemain de mon arrivée, le 13/10. Je rencontre une première fois les étudiants des beaux-arts de l’université catholique de Santiago. Le soir, seul enfin. Dans un restaurant. Octobre, c’est le printemps au Chili… Je suis au Chili. J’observe les clients, la rue, les serveurs. Certains étaient pour Pinochet, d’autres luttaient contre. 14/10. Le cours de dessin. Je demande s’il est possible d’avoir un modèle vivant... C’est un problème la nudité (en 2003) dans cette université catholique. Difficile dans une classe. Les professeurs décident que ce sera dans la chapelle, un lieu moins passant… Les étudiants rient et son ravis. La chapelle est bondée. Comme dans mes cours au Québec, je demande aux étudiants de prendre la pose du modèle 5 minutes avant de commencer à dessiner. Je veux qu’ils expérimentent dans leur corps les tensions qu’inflige une pose. Qu’ils me dessinent l’extérieur et l’intérieur. Ils sont très forts, c’est du bonheur de travailler avec eux. Le 14 octobre c’est l’anniversaire de mon frère Piero. Le modèle s’appelle Valéria. Elle est belle avec un corps de baleine. Je l’imagine être née dans les îles du Pacifique. Je pense à Gauguin. Plus tard, je serai invité par Valéria et Rip (son ami, un musicien américain) et j’apprendrai qu’elle n’est pas du tout des îles sous le vent, mais simplement née à Santiago comme beaucoup de monde ici.
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Pour l’instant au Chili, les enfants des familles qui ne peuvent pas se payer l’école vont à l’école publique, comme partout. Mais cette école de tous, ici, veut dire pas d’école. Des associations comme La Balmaceda permettent à ces enfants d’avoir une approche de la culture. Ils ont un immense désir d’apprendre. […] Dans une école de cette ville, je vais vivre une expérience qui va me questionner sur les liens culturels du continent américain. La cour de l’école est comme un balcon sur le Pacifique. J’attends des jeunes Mapuches qui arrivent de la Cordillère pour prendre un cours de dessin de l’étranger que je suis. L’étranger que je suis est très intimidé. Les professeurs, des militants de l’éducation populaire, ont une grande feuille de papier sur l’un des murs de la cour. J’ai une idée très précise de ce que je veux leur enseigner. Quand le traducteur m’arrête dans mon élan. Un des jeunes gens voudrait dessiner avec moi. Ça change mes plans mais je veux rester ouvert, je lui tends un pinceau. Ils se lèvent tous, il ne parlait pas en son nom mais pour la communauté. J’ai de la chance, il y a juste assez de pinceaux. Ils me donnent alors un cours d’histoire de l’art. Des fils de fer barbelés à ses chevilles, un arbre prenant ses racines dans son ventre, couchée sur une baleine, des oiseaux dans la tête. Il y a environ 6.600kms entre Valparaiso et Mexico, aucun des Mapuches n’a entendu parler de Frida Kahlo.
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Santiago. 29/10/2003. Dans les jardins des villes du Chili, le soir c’est très joli. Des couples de tous âges, sur les bancs, sur l’herbe, font comme un concours de bisous. Je me suis renseigné sur les raisons de ces pratiques intelligentes. Les avis divergent. Les chambres sont chères. La libération des mœurs après la dictature. Le divorce toujours interdit (dans le temps où j’écris ces lignes). Mais peut-être est-ce aussi que mon voyage se situe en octobre, au printemps dans l’hémisphère sud, à moins que ce soit une sexualité débordante des Chiliens. Qu’importe les raisons, c’est joli.
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Pour ses 50 ans, Futuropolis republiera une série de 5 ouvrages rares qui ont marqué leur époque et l'histoire de la maison d'édition.
Le premier d'entre eux sera Carla, d'Edmond Baudoin et Jacques Lob, un roman graphique majeur qui commence comme ça : un homme, plutôt jeune, hèle un taxi. Une Mercedes noire. À l'intérieur du taxi, une jeune femme, habillée de cuir noir. C'est Carla. L'homme est pressé, vite à l'aéroport, compagnie Transaerial, au départ. Il est anxieux. Quand il arrive, c'est trop tard, l'avion a décollé. Il retrouve Carla, qui lui propose de le ramener en ville. L'homme lui raconte son histoire : le coup de foudre, réciproque, avec une belle étrangère, l'amour fou, la fuite de celle-ci, et cette nouvelle que la radio diffuse dans le taxi : un appareil de la Transaerial, en direction de New York, s'est crashé peu après le décollage, avec à son bord 450 passagers. On ne sait pas s'il y a des survivants...
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