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Pierre Gascar (Préfacier, etc.)Olivier Amiel (Éditeur scientifique)
EAN : 9782715221802
736 pages
Le Mercure de France (10/11/1999)
4.09/5   66 notes
Résumé :
Née en 1652, arrachée, à dix-neuf ans, à son Palatinat natal pour être mariée au frère de Louis XIV, Charlotte-Elisabeth étonna la cour par ses façons rustiques et ses propos cocasses mais sut gagner la sympathie du roi. Ni l'indifférence courtoise de Monsieur, ni les intrigues des courtisans, ni, plus tard, la mise à sac de son pays d'origine par les troupes françaises ne lui firent oublier ses devoirs. Mais quand Louis XIV obligea Philippe d'Orléans à épouser une ... >Voir plus
Que lire après Lettres de la princesse Palatine (1672-1722)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Elisabeth-Charlotte, fille de l'électeur du Palatinat, dite Liselotte (1652-1722), est l'épouse de «Monsieur», titre du frère de Louis XIV, Philippe, duc d'Orléans, père de la branche d'Orléans (dont est issu Louis-Philippe) et ancêtre des dynasties belge, luxembourgeoise, bulgare, etc.
«Madame» est son titre, comme première dame après la mort prématurée de l'épouse de Louis XIV. Elle arrive à 19 ans à la cour de France, venant de Mannheim et Heidelberg, villes qu'elle eut le chagrin de voir plus tard sauvagement saccagées et pillées par les troupes de Louis XIV. Les ruines du château de Heidelberg en témoignent encore, comme «ce pauvre Mannheim, qui a couté tant de soins et tant de peines à mon père». Namur eut plus de chances, les troupes françaises devant lever le siège.
Iphigénie sacrifiée, «Madame» doit épouser un homosexuel qui lui fit certes des enfants, dont le futur régent, mais qui la laisse dans le dénuement, dépensant son temps et son argent avec ses mignons, y compris l'héritage de sa femme: «Monsieur a fait fondre toute l'argenterie qui est venue du Palatinat, et il en a distribué l'argent à ses mignons... (L'un) «est le c... le mieux payé que l'on puisse trouver sur terre... Ce qu'on lit dans la Bible sur la façon dont se passaient les choses à Sodome et Gomorrhe n'est rien à côté de la vie qu'on mène à Paris. Sur neuf jeunes gens de qualité qui dînaient il y a quelques jours avec mon fils, sept avaient le mal français... (Ils disent) que depuis Sodome et Gomorrhe, Dieu n'a plus puni personne pour ce motif». À 44 ans, «Madame», épouse délaissée, écrit «Si l'on peut recouvrer sa virginité après n'avoir pas pendant dix-neuf ans couché avec son mari, pour sûr, je suis redevenue vierge». Autre remarque désabusée: «Les princesses sont encore en état de prendre des maris, mais c'est ce que je ne leur souhaite pas, car je crois que le meilleur mariage ne vaut pas le diable».
C'est Louis XIV et non son mari qui lui donne de temps à autre un peu d'argent. Sa vie de princesse cloitrée est morne et résignée. Les moindres détails de sa vie sont décidés par d'autres. Les bals l'ennuient, comme les mêmes comédies qu'elle voit jusqu'à cent fois. «Rabâchages. On chante uniquement les vieux opéras de Lully. Il m'arrive souvent de m'endormir en les écoutant», mais elle s'endort partout:
(20.2.1695) «C'est un grand honneur d'être à côté du roi, au sermon, mais je céderais volontiers ma place car S. M. ne veut pas me permettre de dormir; sitôt que je m'endors, le roi me pousses du coude et me réveille». (16.3.1695) «Présentement, le roi me laisse de nouveau dormir au sermon».
Ses lettres sont ouvertes. Les espions sont partout. Tout décès est suspect d'empoisonnement. Les rumeurs, les disputes, les jalousies, les cancans, les intrigues et les querelles de préséance sont légion, notamment avec les «bâtard(e)s» de Louis XIV qu'il veut placer.
Louis XIV eut de multiples maitresses et un médecin «à qui l'on demandait pourquoi les enfants de la reine n'étaient pas sains répondit: C'est que le roy n'apporte que la rinsure de ses veres à la reine».
Malheureuse et désabusée, «Madame» témoigne de son quotidien dans ses lettres, sa principale occupation, surtout à sa famille palatine et à Leibnitz (plus de 60.000 lettres en plus de 50 ans, de 1672 à sa mort en 1722, dont 1/10ème a subsisté), envoyées de St Germain, Fontainebleau, Versailles, Port Royal, Meudon, Rambouillet, St Cloud, Paris, Marly et Trianon, au gré des déplacements décidés par le Roi. Les historiens parlent souvent des intrigues à la cour de France. Ici, on quitte l'abstraction pour les cas concrets vécus au jour le jour. «Je vois tant de vilaines choses que cela me dégoute de la vie».
Selon son contrat de mariage, à sa mort, elle aurait dû aller au couvent ou au château de Montargis, mais Louis XIV la garda à la cour. Elle mourra à St Cloud, à 70 ans, après un demi-siècle d'une forme de captivité.
«Madame» s'entendait bien avec le roi, avec qui elle chassait souvent, mais pas avec Mme de Maintenon, qu'avec son franc-parler, elle appelle la «vieille ratatinée» et le plus souvent la «vieille ordure» Ainsi, «Les ministres, pour la plupart, n'étaient que des créatures de la vieille ordure... (qui) s'entend à la guerre comme mon chien Titi».
Elle était révoltée par la débauche à la cour. Convertie au catholicisme à cause de son mariage, elle a la nostalgie de la religion de son enfance. Elle lit la Bible assidument, mais fustige les prêtres et leurs éloges de Louis XIV qui persécute ses anciens coreligionnaires protestants alors que la religion est «instituée pour entretenir l'union entre les hommes... Ce n'est pas pour ça qu'il (Dieu) les a mis sur le trône... C'est une chose bien fâcheuse que les prêtres fassent que les chrétiens soient obligés d'être à couteau tiré les uns vis-à-vis des autres. Les trois religions chrétiennes... devraient se considérer comme n'en formant qu'une et (considérer) uniquement si l'on vit selon l'Évangile... Il me fâche de voir des gens qui professent la même religion être tellement ennemis, se haïr et se persécuter... Si tous les hommes étaient de la même religion, évêques et prêtres n'auraient plus rien à dire». (Le Roi devrait) «les forcer à s'en tenir à leurs prières sans se mêler d'autre chose» Quant aux femmes, ce n'est que lorsque «elles ne sont plus d'âge à avoir des amants, elles deviennent dévotes». À propos d'Adam et Êve, «Qu'avait-il besoin de leur défendre de toucher à un arbre, et ensuite d'étendre sa malédiction à tous ceux qui n'avaient pas péché, puisqu'ils n'étaient pas nés». Elle s'insurge aussi contre les «querelle d'évêques» à propos des piétistes, des jésuites, des jansénistes, des quiétistes, comme de la querelle Fénelon-Bossuet. Les prêtres «font maintenant comme les docteurs et les apothicaires, c'est-à-dire s'arrangent de manière à s'entendre seulement entre eux, sans que personne autre puisse les comprendre». le roi «croit tout ce que disent les prêtres et les faux dévots». «Les couvents sont tellement remplis de vices et de débauche qu'on frémit d'horreur rien que d'y songer... Une jeune nonne entendit parler de viols et quelque temps après, demanda à l'abbesse: Ma révérende mère, quand violera-t-on donc?». «Une fille [la duchesse de Berry] n'a pas honte de procurer à son père une jolie femme de chambre, afin qu'il se montre indulgent quant à ses propres débauches. La mère laisse faire pour qu'on lui passe quelques frasques à elle aussi». Quant au futur régent, «c'est malheureux que tous les bâtards de mon fils soient des garçons, et ses enfants légitimes, des filles». Et à propos de la marquise de Richelieu, «horriblement débauchée... un jour, elle se mit dans le lit de M. le dauphin sans qu'il l'eût priée, pour coucher avec lui. Quand il entra dans sa chambre... il alla vers le lit, et coucha avec elle, mais le lendemain, il le raconta à tout le monde». Pour conserver leurs positions à la cour et ne pas être mutés, prêtres et évêques ferment les yeux et se rabattent sur des querelles théologiques auxquelles personne ne comprend rien.
Autre sujet de ces lettres: les remèdes qu'on s'envoie d'une cour à l'autre pour soigner ses maux: «Poudre de milady de Kent», «Eau de Westphalie», etc., car les médecins ne connaissent que la saignée, au point qu'à la mort de la Trémoille, «quand on l'ouvrit, on n'a découvert d'autres causes de sa mort que celle-ci: il n'avait plus une goutte de sang dans les veines».
En résumé, un témoignage de la vie pas si heureuse, à la cour du Roi, pas si Soleil que ça.
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Lire ces correspondances d'un seul bloc est sans doute ennuyeux. Reste le parti de les découvrir de temps en temps et selon l'humeur, le soir étant à mon avis idéal. Même en s'immergeant de façon fragmentaire dans cette chronique du Grand Siècle on y apprend beaucoup sur les moeurs de l'époque et on s'y amuse autant de sa grandiloquence et de la bassesse de certains courtisans. La princesse Palatine, mariée au frère du roi, liselotte pour les intimes et "Madame" à la cour, était une femme d'esprit dont le franc parler était très apprécié de son beau-frère Louis XIV en compagnie de laquelle il aimait aussi monter à cheval (une des rares si ce n'était la seule à la Cour je crois). Son style vivant, abrupt même et sans détour, son humour aussi donne sa saveur à la lecture. Exemple comment se débarrasser d'une mauvaise toux :

Saint Cloud, le 19 mars 1693

... Il m'est impossible d'entendre prêcher sans m'endormir : un sermon c'est de l'opium pour moi. Une fois que j'avais la toux bien fort, je passais trois nuits sans fermer l'oeil. je me souvins alors que je dormais à l'église dès que j'entendais prêcher ou chanter les nonnes. Aussi me rendis-je en voiture à un couvent où on allait prêcher un sermon. A peine les nonnes eurent-elles commencé leurs chants que je m'endormis et je dormis de la sorte pendant les trois heures que dura l'office, dont je sortis complètement remise... [...]

Prescription : à consommer sans modération, à petites doses évidemment.
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La princesse Élisabeth-Charlotte du Palatinat, comtesse de Simmern, dit la Palatine (1652/1722), duchesse d'Orléans par son mariage avec le frère cadet de Louis XIV, devenue donc "Madame" à la cour de Versailles, avait la dent dure et la langue bien pendue ; nous pouvons la comprendre : arrachée aux siens à l'âge de 19 ans (sort de toutes les jeunes filles des familles régnantes de l'époque, pour la paix, l'extension des territoires, bref les calculs politiques ) , cette toute jeune femme costaude et rougeaude (et cela n'a fait que s'empirer avec le temps...), aimant la campagne, le grand air et peu portée sur les froufrous et les salons, fan de chasse et de choucroute, a dû, dès son arrivée en France, faire sa place entre les amants de son mari et les maitresses du roi. Ayant abandonné très vite l'espoir d'être une épouse aimée, une princesse sublime et courtisée, sa meilleure arme et son meilleur remède furent son papier et sa plume ; parfois vachardes, parfois naïves, parfois tendres mais le plus souvent lucides, ses nombreuses lettres sont depuis un témoignage extrêmement fouillé de la vie à la cour, des us et coutumes, des superstitions de l'époque, comme le sont aussi les lettres écrites par Madame de Campan plusieurs dizaines d'années plus tard.
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Il est difficile, voire impossible, ai-je entendu dire, d'éditer la totalité de la correspondance de Madame, princesse Palatine : d'abord parce que l'océan de lettres dont elle a couvert toute l'Europe couronnée a souffert des pertes, incendies et autres catastrophes ; ensuite, parce qu'elle s'exprime en des langues diverses, parfois mélangées, où le français, l'allemand s'affrontent et se mélangent. C'est du moins ce que j'ai entendu. Ce recueil, nécessairement partiel, présente le meilleur (selon l'anthologiste) de la correspondance de Madame, et le comique, la truculence et la verve de ce qu'on y trouve font regretter de ne pas en avoir plus à lire. Elle s'obstine à admirer Louis XIV qui a fait détruire son pays natal, le Palatinat, à haïr "la vieille s..." Mme de Maintenon, son épouse secrète, et raconte avec naturel ses journées à Versailles du vivant du Grand Roi, ou à Paris après 1715. Parmi mille exemples, on citera cette lettre où elle se vante d'avoir trouvé le remède souverain contre l'insomnie : se faire transporter dans l'église d'un couvent où elle a ses entrées et assister au sermon. Ordre de ne pas la déranger pendant qu'elle dort, comme un loir, au son de la voix du prêtre.
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Le récit (épistolaire) de la princesse palatine, belle soeur du Roi Soleil (elle épouse Monsieur, frère du Roi, dont la première épouse était décédée dans des circonstances troubles, auquel on prêtait des amours masculines, et qui lui donnera un fils, Philippe, passé dans l'histoire, en tant que Régent de France, comme un homme de transition annonçant les lumières mais se complaisant dans une débauche scandaleuse pour l'époque) est un chef d'oeuvre d'observation fine des phénomènes de cour , souvent peu reluisants. Avec l'acuité d'une entomologiste, elle décrit les relations de pouvoirs, les petitesses et bassesses dans lesquelles se compromettent les différents protagonistes de la Cour à Versailles, sans jamais se départir de la grandeur qu'elle pense être la sienne, issue de son rang auquel elle est très attachée. La mésalliance de Louis avec la Maintenon ("la vieille guenon" selon ses termes, qui la fâcheront définitivement avec le Roi Soleil) métra à rude épreuve la très haute estime dans laquelle elle tient le sang bleu...Passé ces vues datées, le livre reste un témoignage extraordinaire de la vie à la Cour du Roi Soleil où Charlotte Elisabeth conjugue un humour rare et une insolence de bon ton qui font défaut dans les mémoire de Saint Simon dont l'envie et l'aigreur altèrent parfois le jugement.
Un excellent livre très distrayant et remarquablement écrit.
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Citations et extraits (80) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait donc un écolier faisant toute sorte d'espiègleries : il vaguait toute la nuit au lieu de dormir dans sa chambre. Les pères le menacèrent, s'il n'y restait pas la nuit, de le fouetter d'importance. Le gamin s'en va chez un peintre et le prie de lui peindre deux saints sur les deux fesses, à savoir : saint Ignace à droite et saint François de Xavière à gauche. Ce que fait le peintre. L'autre remet bonnement ses hauts-de-chausses, s'en revient au collège, et commence cent méchantes affaires. Les pères l'appréhendent au corps et disent : « Pour cette fois-cy vous ores le foüet. » Le gamin se débat et supplie, mais ils lui répondent que les supplications n'y feront rien. Alors l'écolier se jette à genoux et dit : « Ô saint Ignace, ô saint Xavière, ayez pitie de moy et faitte quelque miracle en ma faveur pour monstrer mon inocensse. » Là-dessus les pères lui descendent la culotte et comme ils lui lèvent la chemise pour le fesser, le gamin dit : « Je prie avec tant de ferveur que je suis sur que mon invocation ora effet. » Quand les pères aperçoivent les deux saints, ils s'écrient : « Miracle ! seluy que nous croyons un fripon est un saint », se jettent à genoux, impriment des baisers sur le postérieur, et réunissent tous les élèves...

Saint-Cloud, le 13 avril 1681.
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Port-Royal, le 22 août 1698
Quand on est belle cela ne dure guère, un beau visage change bien vite, mais avoir bon coeur, voilà ce qu'il fait bon posséder en tout temps. Il faut que vous ayez perdu tout souvenir de moi pour que vous ne me rangiez pas parmi les laides : je l'ai toujours été et le suis devenue davantage encore par suite de la petite vérole : de plus ma taille est monstrueuse, je suis carrée comme un dé, la peau est d'un rouge mélangé de jaune, je commence à grisonner, j'ai les cheveux poivre et sel, le front et le pourtour des yeux sont ridés, le nez est de travers comme jadis, mais festonné par la petite vérole, de même que les joues ; je les ai pendantes, de grandes mâchoires, des dents délabrées ; la bouche aussi est un peu changée, car elle est devenue plus grande et les rides sont aux coins : voilà la belle figure que j'ai, chère Amelise !

p. 238
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À la Raugrave Louise
Saint-Cloud, le 4 septembre 1697
...
L’amour dans le mariage n’est plus du tout de mode ; les époux qui s’aiment bien paraissent ridicules. Les catholiques, dans leur catéchisme, rangent le mariage parmi les sacrements, mais dans le fait ils vivent avec leurs femmes comme ceux qui ne croient pas que ce soit un sacrement et plus mal encore : c’est chose convenue que les hommes ont des liaisons galantes et dédaignent leurs femmes...
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Vous avez perdu beaucoup des vôtres, mais, chère Louise, le monde est ainsi fait : ou bien il faut mourir soit-même, ou voir mourir ceux qu'on aime. On pourrait appliquer à cela ce que feu Mme de Brégie avait coutume de dire : « Cela est bien désobligent. » Un jour que, dans mon cabinet, elle était assise par terre, dans un coin, elle se mit à faire cette exclamation-là : « Que dites-vous ? lui demandai-je. — Madame, me répondit-elle, je faisais réflexion tout à l'heure, que nous sommes avant de naistre dans un néant très propre ; nous ne demandons point à venir en ce monde, on nous y met sans demander nostre advis, cela est bien désobligent. Nous sommes en ce monde, nous y avons bien du mal, cependant nous nous y accoustumons et nous n'en voulons point sortir. On nous prend, quand nous y songeons le moins, et on nous en fait sortir malgré nous, cela est bien désobligent... »

Marly, le 18 juillet 1715.
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Mon fils m'a raconté l'autre jour l'histoire suivante qu'il tient d'un chevalier de Clermont, lequel a longtemps navigué sur un vaisseau portugais. Une fois il s'éleva une grande tempête ; le capitaine courut à son bahut, en retira une poupée qu'il plaça entre deux cierges dans une niche et la supplia — c'était saint Antoine — de toutes les forces de son âme de mettre fin à la tempête. Celle-ci n'en continua pas mois. « Hâtez-vous, dit alors le capitaine au saint, ou bien vous vous en trouverez mal. » Le temps ne se mettait toujours pas beau. Il fit chercher des menottes et les mit aux pieds du petit saint. Cela non plus ne servit à rien. Alors il prit une corde, la lui noua autour du corps et le suspendit au-dessus de l'eau, tout près du niveau. Il appela un Turc, lui ordonna de brandir son sabre, mais de ne couper la corde que sur un signe qu'il lui ferait. Enfin alors le temps de rasséréna. Le capitaine hissa le saint et dit au chevalier : « Vous autres François, vous vous moquer de nos manières, mais je vous assure qu'il y a des saints qui veullent este menassés et chastiés , sans cela ils ne font rien qui vaille... »

Versailles, le 2 novembre 1704.
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