Très intriguée par ce court texte de
Pierre Bergounioux…qui, même après une lecture attentive, me laisse pleine d'interrogations... bien perplexe, au milieu des lectures ou discussions plus habituelles, plus confortables…que nous pouvons avoir !
Je relis la définition d' »Art premier » : « L'art premier ou art primitif est l'art des sociétés traditionnelles, sans écriture ou « primitives ». Par extension, le terme désigne communément l'art traditionnel des cultures non-occidentales. »
Ce court récit met en scène au début, l'auteur, enfant, qui trouve refuge , dès ses sept ans, à la bibliothèque parmi les livres qu'il chérit, lui évitant de perdre son temps avec « ces drôles d'animaux » : les Adultes !!
Très heureuse d'avoir lu avec attention cette réflexion élargie sur l'Histoire, la politique, le capitalisme mondial et au milieu des conflits, des conquêtes coloniales, des compromissions économiques et d'accompagner la réflexion et les analyses originales de
Pierre Bergounioux touchant toute la force et l'esprit subversif qu'ont pu et continuent de posséder l'Art, et plus particulièrement les « Arts Premiers »…
Je me permets de transcrire cet extrait qui nous dévoile enfin, après un certain nombre de circonvolutions….. le noyau de la réflexion de
Pierre Bergounioux , pouvant surprendre dans une première lecture trop rapide : la valorisation et la reconnaissance de « l'Art nègre » par des jeunes artistes modernes et rebelles !... comme des collectionneurs et entre autres figures féminines de la réussite [
Peggy Guggenheim et Helena Rubinstein ]… qui font comme un pied de nez: à tous les conformismes de la société marchande…où ils sont immergés et de laquelle, ils souhaitent se démarquer !...
« le rapport est manifeste entre une attitude politique oppositionnelle et le goût des arts premiers. Des hommes capables de s'orienter dans le chaos des événements, d'identifier l'ennemi- le capital financier et ses soutiens politiques, ses potentats féodaux, ses colonels-étaient à même de sentir, de célébrer le génie plastique de sociétés asservies par l'impérialisme, disloquées, méprisées. Et si les artistes sont ces hommes, ces femmes qui vivent différemment, voient autre chose que les autres ou bien les mêmes mais autrement, c'étaient eux les plus qualifiés pour briser les conventions éthiques, esthétiques de la société patriarcale, impérialiste, belliciste et pour inventer, du même mouvement, l'"art nègre" et la peinture moderne. (p. 41)”
Je suis doublement ravie d'avoir pu insérer cette nouvelle référence dans la base Babelio et d'en parler un minimum… avant que ce texte choisi avec attention, rejoigne pour Noël, des amis, anticonformistes, rebelles à leur manière au système…et passionnés par l'Afrique … que cette surprise complémentaire apporte un « supplément d'âme » à nos choix souvent trop "formatés"... !!!
Une vraie pépite de questionnements, de réflexions poussées entre la politique, l'économie, le monde marchand qui ne peuvent satisfaire , même au sommet de la réussite sociale, la soif d'absolu d'un Homme et le monde de l'Art…est là, vital, essentiel, marginal, contestataire, dans son essence… et d'autant plus, les Arts premiers… qui ont mis du temps, à avoir droit de cité !
Vive la DISSIDENCE !!!