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EAN : 9782072704208
176 pages
Gallimard (09/02/2017)
3.72/5   20 notes
Résumé :
«À dix ans de distance, c'était un double étonnement : infiniment tendre, émerveillé, irrévocable, que contre toute espérance elle ait consenti à devenir sa femme, sans effroi ni calcul ; et sombre, insupportable que dix ans aient passé de la sorte, dans ce parfait apaisement, pendant lesquels, chaque jour, sans s'en rendre compte, il avait commis la faute infime, impardonnable, de n'être plus sur le qui-vive pour se tenir à sa hauteur, près d'elle qui l'avait accep... >Voir plus
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J'ai découvert un grand auteur, Pierre Bergounioux, avec son premier livre « Catherine » écrit en 1954. Il m'a fait très grande impression.

Pierre Bergounioux, c'est tout d'abord et avant tout une plume extraordinaire, mais ne vous méprenez pas, non pas une plume fluide pour un roman fleuve pouvant être lu n'importe où et n'importe quand, non…C'est une plume exigeante, ciselée, travaillée. Une plume qui demande de la concentration, un face à face entre le texte et son lecteur quasi amoureux, patient et attentif. Un peu d'inattention et seule une lueur de soupirail luira dans vos cerveaux embrumés. Un talent d'orfèvre pour façonner et sertir la bassesse humaine, la dépression, les états de décrépitude, l'hypocrisie, la solitude, le dégout de soi. D'une manière si troublante que j'ai lu et relu plusieurs fois de nombreux passages tellement je trouvais sa façon d'exprimer les choses juste et unique, derrière l'apparente complexité des phrases. L'effort de lecture aboutit à l'émerveillement. C'est saisissant.
Nous pourrions qualifier cette écriture de précieuse de prime abord, je préfère la dire précise. Surannée aussi, avec ce charme poétique, polie, élégante, des plumes classiques, des plumes du terroir, celles qui ont une forme de gratitude pour la campagne et la nature, pour l'esprit paysan.

« A sa montre il était trois heures. Les yeux lui piquaient. Dormir à l'ombre, sans plus se soucier de rien, le lourd fardeau basculé dans le champ de maïs, aurait été délicieux. Il fut tenté de fermer les yeux, pour voir, le dos à l'arbre. Contre l'écran rougeâtre de ses paupières, la lumière posait des lunes mauves, dérivantes. Il soupira. Il n'atteindrait jamais les hauteurs ».

L'incipit donne le ton : notre narrateur, complètement ivre, vomit, vautré telle une bête monstrueuse et nauséeuse mû par « un dégout violent, plein de cuir et de sucre ». Abandonné par Catherine qu'il aime tant, auprès de laquelle il a oublié d'être digne, le narrateur est venu se réfugier dans une petite maison qu'il vient d'hériter en Corrèze, proche du petit bourg où il a été nommé professeur de français. Nous assistons à son chagrin, immense, à sa solitude dans une nature immuable et indifférente à son sort, à ses journées de dépression, ses envies suicidaires, et à sa tentative de reconquérir celle qui l'a quitté. Ce qui va le sortir de sa torpeur et de son enlisement sera l'espoir de cette reconquête et la brutalité du monde qui l'entoure, notamment la bestialité de ses voisins qui dévastent clandestinement son verger dans le but de braconner son bois, transformant le récit en thriller et en chasse à l'homme. Lui qui ne se voit guère plus important que les insectes qu'ils collectionnent, terrés sous les écorces, endormis dans leurs alvéoles de terre ou de bois derrière leur écran de mousse, va se faire félin.
Notre premier contact avec le narrateur fut celui d'une bête monstrueuse et pathétique au début du livre, nous le quittons en être digne et battant par la seule grâce de l'espoir amoureux. Une fin que j'imagine sur grand écran…magistrale.

La façon qu'a Pierre Bergounioux de saisir le temps qui passe, l'écoulement immuable des saisons, est une merveille qui m'a vraiment touchée : « Il était un peu plus d'une heure. le mur d'en face, l'air de la rue étaient taillés dans une gaze bleue. le matin était fané. Il y avait dans l'après-midi lumineux, une aridité à quoi un coeur sensible pressent la fin lointaine, les grandes lessives de l'automne, l'ombre recueillie de décembre ».

L'égarement du narrateur, au-delà des états d'âme évoqués, se ressent également à la manière dont l'auteur fait alterner le « je » et le « il », et ce, parfois dans un même passage. Comme si celui-ci pensait tout en s'observant, perdant parfois sa capacité à simplement vivre sans penser et analyser sa situation, sans pouvoir être tout simplement ce « je », cessant de vivre pour comprendre en quoi vivre consiste…Une sorte d'hésitation, d'incertitude entre l'un et l'autre, entre le je et le il, entre aile blanche et aile noire…entre ce qui est vu, les apparences, et le vécu.

« Il fit passer le café mais chercha ensuite du sucre, en poudre, dont il lui fallut déchirer l'emballage et concasser le bloc résistant. Il pensait à Catherine et c'était comme au temps de la vie antérieure, juste avant qu'il ne s'enhardisse, malgré les monstres, la peur, la crainte du sacrilège, à lui dire simplement ceci : qu'il ne concevait pas de durer, sinon près d'elle. J'ai souffert de ce qu'elle n'était pas là à en avoir le souffle coupé. C'était comme vivre loin du soleil, dans la vase, la nuit ».

Cette découverte est un coup de coeur, pour ne pas dire un coup de foudre. Une détonation en période de chasse alors que nous errons pensifs dans les bois. La plume de cet auteur, dont je veux absolument découvrir les autres titres, est saisissante, unique, magnifique. Un immense merci à Jean-Michel (@jmb33320), je te dois cette découverte littéraire, importante pour moi !

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« L'après-midi déclinait. L'air était tiède. Ce pouvait être un plaisir que de simplement s'y mouvoir. le silence compact, celui des vacances qui s'achevaient à peine, avait reflué, rempli jusqu'au plafond la classe vide, infusée de lumière. Il fourra dans son cartable les feuillets dactylographiés, le livre bleu qui sentait la colle puis, par la galerie de béton cru badigeonné aux couleurs de l'arc-en-ciel, il quitta les lieux sans rencontrer personne. »

Le narrateur de ce roman coup-de-poing, qui m'a beaucoup étonné par ses accents Faulknériens, s'installe dans une maison léguée par un oncle. Il vient s'y réfugier car Catherine, sa compagne, a décidé de rompre. Il a réussi à obtenir rapidement une demi-affectation dans un collège proche et enseignera donc pour se suffire à lui-même..

Des jours de profonde dépression suivent. Il est submergé par des idées de suicide. Il écrit une dernière lettre à Catherine, dans l'espoir de renouer, et se laisse les quelques jours que mettrait une éventuelle réponse à lui parvenir. Mais il a décidé de passer à l'acte, la découverte d'un fusil Mauser laissé par son oncle lui en donne le moyen.

Pourtant c'est le monde dans toute sa brutalité qui va le secouer. Et plus particulièrement, par l'entremise de deux voisins malveillants, la nature dans ce qu'elle a de plus indifférent au sort des humains.

Une nouvelle fois j'ai été absolument saisi par le style de Pierre Bergounioux. Alors que je m'attendais à un roman plus autobiographique (les lecteurs de ses « carnets de notes » savent qu'il a effectivement pour compagne une Catherine), j'ai plongé dans un thriller à la « Délivrance », écrit dans une prose somptueuse.

Coup de coeur. Je suis d'habitude un peu pingre pour les "5 étoiles" mais ici, ça s'impose !
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Je n'avais jamais lu Pierre Bergougnoux, alors j'ai commencé par le début, son premier livre "Catherine". Il y a des moments splendides dans ce roman : la découverte des noyers volés dans son verger, coupés et vendus par les voisins qui prétendent avoir éclairci pour une meilleure récolte de noix, la lecture pas à pas de tout Flaubert, le repas de sanglier chez les voisins, le sujet de rédaction donné à ses élèves de 13 ans "vous avez deux heures. Sujet : moi", des moments qui m'ont moins séduite, mais des inventions de style simplissimes et efficaces : le roman est écrit à la troisième personne, mais ce il devient "je" quand il intervient dans le récit.
J'aime cet esprit paysan qui demeure chez un normalien, professeur de français intime de Flaubert : il compte les arbres du verger dont il a hérité d'un oncle, se défend d'être un rentier, un exploiteur mais compte son bien et ne supporte pas qu'on s'en empare. Je vais continuer à petite dose.
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Un roman que je trouve très connoté années 1970, avec plein de petites expérimentations. Celle qui saute en premier aux yeux est l'irrésolution, dans la narration, entre l'emploi de la première ou la troisième personne du singulier, surtout au début et à la fin. le narrateur hésite, il est en pleine séparation avec Catherine, ce qui provoque une crise par rapport à la réalité et à son Moi, pour s'apercevoir qu'il n'est pas grand-chose sans elle.
C'est une petite difficulté de lecture à surmonter, comme le fait que l'auteur saute souvent du coq-à-l'âne, il faut le comprendre à demi-mots, il est donc hors de question de sauter des passages. Mais de toute façon, ce roman n'est pas un « page-turner », même si la fin y ressemble. le style est recherché et agréable à lire, avec des mots rares sans être trop précieux, et une façon précise de rendre les sensations.
Il n'y a finalement que trois ou quatre thèmes d'abordés, et ils sont parfaitement identifiables. le premier est donc la séparation avec Catherine et tout ce qu'elle provoque comme remise en question dans l'esprit du narrateur. Elle est aussi l'occasion pour ce professeur de français parisien de s'installer à la campagne, dans une maison héritée d'un oncle, sur les bords de la Dordogne, avec de nouvelles relations de voisinage, et de s'interroger sur la notion de propriété. Il y a d'ailleurs peut-être une concordance d'interrogation pour l'homme moderne à se demander : qu'est-ce qui m'appartient ? et qu'est-ce que je suis ? Enfin il y a son travail d'enseignant auprès des enfants, dans lequel on peut inclure une exégèse originale de Flaubert, celui de Madame Bovary.
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« L'existence est soumise à l'inlassable travail du temps. »
C'est beau, vous ne trouvez pas et très juste.
Dans son premier livre Pierre Bergounioux trace son histoire d'une plume fine et d'une richesse stylistique qui nous revigorent, nous lecteurs, amoureux de cette belle langue française. Il fait partie du trio : Pierre Michon, Marie-Hélène Lafon et Pierre Bergounioux, qui nous raconte la vie, avec des mots choisis, polis par leur savoir-faire et c'est passionnant.
J'ai adoré la subtilité de nommé le narrateur par IL et de temps à autre par JE.
IL a perdu son amour Catherine.
« A dix ans de distance, c'était un double étonnement : infiniment tendre, émerveillé, irrévocable, que contre toute espérance elle ait consenti à devenir sa femme, sans effroi ni calcul ; et sombre, insupportable que dix ans aient passé de la sorte, dans ce parfait apaisement, pendant lesquels, chaque jour, sans s'en rendre compte, il avait commis la faute intime, impardonnable. »
IL a perdu son JE, il pensait qu'il lui suffisait d'être.
« JE considérais, au fond, que c'était tout lui donner que la dépendance dernière où j'étais vis-à-vis d'elle. »
IL a demandé sa mutation dans l'urgence, le lendemain de la rupture, pour la Corrèze où il a hérité une maison de son oncle.
Loin de son malheur, dans un cadre où la nature l'accueillera, lui la bête blessée.
IL est dans une situation d'inconfort extrême, tout son être le crie.
Chaque jour, IL doit « seul appareiller pour une journée sans havre. »
IL commence à s'approprier l'environnement, l'intendance d'une maison est une donnée quasi-inconnue pour lui, mais dans cet antre, IL peut s'adonner à sa passion de l'entomologie et IL cherche réconfort dans la lecture de l'oeuvre de Flaubert, celui d'avant Emma.
IL doit conquérir son juste rapport au monde et à la vie sociale car jusque-là, cela se faisait naturellement par le truchement de Catherine.
C'est ainsi qu'un pas après l'autre IL prend conscience que le monde tourne sans lui et que lui doit trouver voire prouver son existence par lui-même.
Le désordre de la maison et sa façon de se nourrir fait sourire. Mais la scène de sa première rencontre avec ses voisins est hilarante, tant IL est en décalage et pour des roublards une proie en apparence facile.
Mais cet intellectuel n'a pas oublié ses racines paysannes, elles seraient une ancre dans son désert. IL le prouvera.
A la campagne, contrairement à ce que l'on dit, il y a de l'action.
La preuve une véritable chasse à l'homme dont je vous laisse découvrir l'enjeu.
L'auteur nous offre un voyage entre le subjectif et l'objectif accessible à chacun.
Un pèlerinage comme interrogation existentielle, phrase après phrase.
IL devient JE car il va inexorablement vers l'apaisement.
IL a compris qu'IL ne pouvait vivre de papier imprimé, qu'IL devait acquérir un savoir-faire pour arriver à pouvoir-faire afin de savoir-être.
Remettre sa vie entre ses mains.
Entre ces turbulences, il enseigne à des gamins de onze ans, auxquels un lendemain d'agapes avec ses voisins qui ont été plutôt troubles, il donne un devoir de deux heures qui a pour sujet « Moi ».
Il prend conscience du désarroi de sa classe, et leur donne des explications qui vous réjouiront car le savoir-faire est là, une leçon de philosophie.
Si le ciel lui est tombé sur la tête, il finit par voir le ciel par-dessus les toits. Mais je ne vous dirai pas s'il finit par reconquérir Catherine, omniprésente sans que vous en sachiez plus sur elle.
« La fuite légère, saccadée, du temps qui lui était encore accordé lui semblait tangible. C'est cela le bien suprême, le pur écoulement. Encore faut-il être quelqu'un ou quelque chose pour en profiter. »
©Chantal Lafon

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le patron portait sur le bras droit, en équilibre, de la betterave rouge, l’assiette de blanquette et une corbeille de pain. La main gauche tenait un petit carafon de vin, un verre et les couverts. Il remercia, mit de côté la betterave rouge qu’il n’aimait pas et attaqua vigoureusement un morceau de veau. Manger de la viande et du pain lui procura un tel plaisir qu’il en oublia un instant toute vergogne, occupé seulement à se bourrer les joues puis à sentir descendre la boule compacte. Il avait vers le genre humain, la paysannerie, les bouchers, la femme du patron, invisible dans la cuisine, un grand élan de gratitude. Ce n’est qu’un peu réconcilié avec la nourriture et le vin qui lui chauffait la figure qu’une gêne lui vint d’être seul, dans son coin, comme un chien auquel on a donné sa gamelle. Le besoin que nous avons régulièrement de nous remplir est aussi honteux que les autres.
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La pluie avait cessé. Les arbres s’égouttaient pesamment dans le silence. Il eut un regard morne, écœuré, pour les cartons fermés, sous l’abat-jour vieillot d’épais verre bleu. Cela n’avait plus de sens, à l’orée des bois, dans la nuit campagnarde. Il faut un appartement en ville, des toits, de vieilles avenues avec des ormes, des bibliothèques et, tout autour, la rumeur des gens qui vont et passent. Quand l’univers est un cube de cinq mètres sur cinq, le ciel un étroit rectangle que visite parfois le soleil, on se convainc facilement qu’on existe et que ça n’est pas dénué d’importance. On peut vivre de papier imprimé. On s’imagine qu’il serait terrible que cela finisse un jour. On craint la mort. Les forêts, les rivières – les vraies – sont loin, à peine réelles. On n’a pas l’espoir de les atteindre. Tandis qu’ici ! Que je sois ou non dans le tableau cesse de présenter beaucoup d’intérêt.
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Il n’avait pas bougé, à quatre pattes, la tête basse, râlant encore par accès sous le déluge noir qui l’avait instantanément transpercé. Un voile glacé descendait doucement le long de ses côtes que l’asphyxie, l’épuisement soulevaient par saccades, comme de profonds sanglots. Il n’y a plus rien. Je dois être vidé, maintenant. Il encensait pesamment, imprimant au long filet de bave épaisse, collante, déjà refroidie, qui pendait à sa lèvre un lent mouvement pendulaire. En même temps que l’abjecte mixture de petits pois et de porto qui se dissolvait sous son nez dans l’herbe noyée, il avait expulsé la houle abominable qu’il avait tenté d’apaiser avant qu’elle ne le jette dehors, luttant de vitesse avec l’extrusion suffocante, libératrice.
(incipit)
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Elle repéra tout de suite que c'est à la réalité qu'elle avait affaire - je dormais. Oui, vous dormiez effectivement. Mais elle s'enferra sur le temps. Voyons, il n'y a pas, dans les onze années que vous avez vécues, de l'imparfait, pas plus que du plus-que-parfait ou du passé-simple. Ce sont des étiquettes trompeuses. C'est du passé. C'est tout. Vous dormiez. Vous êtes éveillée, maintenant. Ce n'est plus la nuit, les rêves. Je suis là - une voix irrévérencieuse, et qui venait de lui, le coupa : tu parles. Vous aussi, et quelques autres. Vous comprenez ? Les deux nattes tressautèrent deux fois. Bon.
Il n'avait pas fini de prononcer "personne" qu'il sut qu'il avait employé la première du singulier. Mais pour l'aspect, on était de nouveau embarrassé. Il s'évertua à faire admettre que ce disant - je dormais -, il évoquait le calme écoulement du sommeil, inachevé encore, et que le cauchemar, les brigands - et il prit un air terrible - peuvent interrompre. Mais il avait mis l'affaire au passé et s'il est bien vrai que le passé, c'est terminé, alors il n'était pas concevable qu'on puisse considérer quelque chose qui est de son ressort comme inachevé.
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C’est une sombre machination. Dans les images que l’auteur sans visage fait se mouvoir, le lecteur ne peut pas ne pas se reconnaître. Mais en vérité, il découvre qu’il n’est pas celui qu’il croyait. Il se méconnaissait quand il pensait se connaître. Et ce qu’il reconnaît enfin – sa dérision – le déchire. La pointe acérée le transperce soudain de part en part.
Il faudrait développer le plan.
Les grandes sauterelles vertes étincelaient dans le soir. Le soleil avait quitté la terrasse mais une tiédeur montait de la terre. Il couvrait les pages de miettes. Les lignes ondulaient doucement sur le papier. « Je vais donc écrire l’histoire de ma vie. Quelle vie ! Mais ai-je vécu ? Je suis jeune, j’ai le visage sans ride et le cœur sans passion. Oh ! comme elle fut calme, comme elle paraît douce et heureuse, tranquille et pure. Oh oui, paisible et silencieuse, comme le tombeau dont l’âme est un cadavre. »
Je suis fatigué. Il mâchait mécaniquement l’étouffant mélange. A trente heures de là, l’escarpement lui bouchait complètement la vue.
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Lecture de Jean-Marie Gleize: une création originale inspirée par
Une série de créations littéraires originales inspirées par les collections de la BIS. Ce cycle est proposé par la Maison des écrivains et de la littérature (Mel) en partenariat avec la BIS. Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé.
Saison 4 / 2020 : Linda Lê, Arno Bertina, Muriel Pic, Jean-Marie Gleize, Jean-Christophe Bailly.
Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne": * saison 1 : Pierre Bergounioux, Marianne Alphant, Arlette Farge et Eugène Durif paru en septembre 2018. * saison 2 : Jacques Rebotier, Marie Cosnay, Claudine Galea et Fanny Taillandier, paru en septembre 2019. * saison 3 : Hubert Haddad, Line Amselem, Christian Prigent, Mona Ozouf, Laure Murat, publication prévue en septembre 2020.
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