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EAN : 9782710368793
208 pages
La Table ronde (04/11/2011)
4.12/5   12 notes
Résumé :
« J'ai écrit ce livre sur Maurice Genevoix pour que l'on se souvienne du temps où les mots étaient du côté des choses. »
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En cette année 2020 où Maurice Genevoix entre au Panthéon, et avec lui tous « ceux de 14 », qui mieux que Michel Bernard pouvait écrire une biographie de ce grand français ?

Né dans le Barrois, à proximité de Verdun et de la tranchée de Calonne, Michel Bernard arpente depuis 60 ans le bois des Eparges où le 25 avril 1915, le Lieutenant Genevoix perdit l'usage de son bras gauche. Ami de Bernard Maris, gendre de Genevoix, assassiné le 7 janvier 2015 lors de l'attentat contre Charlie-Hebdo, il a souvent évoqué avec lui la Grande Guerre et les destins du Capitaine Ernst Junger et du Lieutenant Genevoix que les combats mirent l'un en face de l'autre au printemps 1915.

Préfet, le haut fonctionnaire a su influencer le Président de la République en 2018, et lui suggérer de rendre hommage aux poilus en honorant le normalien qui immortalisa le sacrifice des combattants. de la rue d'Ulm à la Place du Panthéon, la distance est courte mais aura nécessité un siècle pour être parcourue !

« Pour Genevoix » » est un magnifique hommage à l'auteur de « ceux de 14 », « Le Roman de Renart » et « Raboliot » mais c'est aussi une analyse des racines intellectuelles du grand écrivain formé par une solide culture gréco romaine, une parfaite connaissance de l'oeuvre de nos poètes et une existence ancrée dans un terroir séculaire qui lui avaient donné le sens du réel, du concret, du travail créateur et qui ont contribué à forger son style imagé, sculpté de mots concrets, rythmé par l'observation des hommes au sein de la faune et de la flore et lui ont ainsi permis de nous transmettre une oeuvre inoubliable.

Si Genevoix est aussi lu aujourd'hui, un siècle après le début de sa gloire, c'est que la langue qu'il emploie et qu'il transmet est l'une des plus claires, des plus émouvantes, des plus achevées qu'un écrivain de culture française ait gravée.

Il serait juste que La Pléiade accueille enfin l'immortel.
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Le livre de Michel Bernard aurait pu s'intituler "pour Ceux de14" tant il nous montre l'importance de ce récit dans la vie et la carrière littéraire de Maurice Genevoix. Bel hommage à cet homme de devoir et de fidélité qui sut transcrire l'horreur de la guerre en témoignant avec réalisme pour ses compagnons dans leurs derniers jours . le proche centenaire de la Grande Guerre devrait permettre de (re)découvrir cet auteur injustement présenté comme écrivain régionaliste alors qu'il était un chantre de la nature au bord de la Loire, en Sologne ou au Canada.
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critiques presse (2)
LeSpectacleduMonde
25 janvier 2012
A travers ce livre hommage, il s’agit, à ses yeux, de sauver un pan d’histoire de France, de considérer la nostalgie comme un ferment.
Lire la critique sur le site : LeSpectacleduMonde
Bibliobs
03 janvier 2012
A ce conteur qu'on a mal lu, qu'on ne lit plus beaucoup, Michel Bernard rend un vibrant et légitime hommage. Originaire d'un village de la Meuse où Genevoix a combattu et «ajouté à la fatigue des armes la discipline de l'écriture», il tient «Ceux de 14» pour un chef-d'œuvre, qu'il relit sans cesse. Pas seulement pour ce dont il témoigne atrocement, mais aussi pour l'usage qui y est fait de la langue française.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'un des moments les plus troublants de Ceux de 14, presque surnaturel, est celui où Genevoix est sauvé de la mort par un mourant. Un soldat, sans doute paralysé par une balle reçue dans la moelle épinière, est étendu sur d'autres cadavres en travers du boyau où s'est engagé l'officier. Par la seule intensité de son regard, où s'est concentré ce qui lui reste de vie, le blessé prévient Genevoix de la balle qui l'attend au créneau où lui vient d'être abattu, dans l'axe de tir au bout duquel le guerrier allemand embusqué guette sa prochaine cible. Ce qui relie alors le mourant à celui qui conserve la vie grâce à lui est inexprimable, sauf par Ceux de 14. Il faut aller voir comment c'est dit et comment est dit l’effort d’expression muette du mourant, puis le soulagement dans ses yeux quand il sait qu'il a été compris, qu'il a sauvé la vie de l'inconnu qui passe, ce soldat français, son camarade. Le regard de cet homme - qui était-il ? - a sauvé le sous-lieutenant Genevoix devenu, pour toujours, leur regard à tous.
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Après la proclamation de la mobilisation, deux jours avant de rejoindre le 106e régiment d'infanterie à Châlons-sur-Marne, délai de mise en route et lieu de ralliement prévus par son livret militaire, Maurice Genevoix était monté au sommet du clocher de Châteauneuf-sur-Loire, le cœur grave. De là-haut, point le plus élevé de la contrée, hauteur familière, il avait regardé autour de lui le pays qu'il aimait et qu'il s'apprêtait à quitter pour il ne savait quelle aventure. Il allait partir, calme et plein de curiosité, vers l'événement inconnu, énorme, terrible probablement, événement qu'il verrait de tout près, de l'intérieur du chaudron d'où sortirait l'avenir. Il allait être jeté dedans. Rien n'était changé de la vie paisible étalée sous ses regards : les toits des maisons assemblés en une mystérieuse harmonie, la Loire qui paresse et s'effile au loin, les champs cuits par l'été, la forêt de Sologne au noir pelage de bête, et les hommes que l'on ne voyait pas, sauf une charrette sur la route d'Orléans, image arrêtée d'une civilisation avant qu'elle bascule. Le passé le tenait au paysage par plus de liens
que tous les regards. Si l'on meurt, que perd-on ? C'est la première fois qu'il se posait cette question. La réponse lui parut étalée sous ses yeux. Ce pays, c'est moi. Si je meurs...
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C'est dans cette phase de la guerre, dans les combats incertains des jours suivant la bataille de la Marne, au milieu de ce bois de la Tranchée de Calonne où se trouvait le régiment de Maurice Genevoix, que fut tué l'auteur du Grand Meaulnes. Parmi les cris, les appels et les plaintes qu'il avait entendus venir de la forêt, il y avait eu la voix du lieutenant Henri-Alban Fournier, dit Alain-Fournier, homme des bords de Loire comme lui, son prédécesseur à la khâgne de Lakanal, à peine plus âgé et déjà connu dans le Paris littéraire. Au milieu de la forêt meusienne où disparaissait un écrivain français, un autre naissait. Maurice Genevoix était sans superstition, mais il croyait à une sorte d'équilibre supérieur dans les choses du monde. La guerre y faisait un trou aveugle, puis l'univers se reformait, comme la surface de la mer. Ce qu'elle avait enlevé à la littérature française sur les Côtes de la Meuse, la guerre le lui avait rendu au même endroit.
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Mille hommes étaient partis de la Tranchée de Calonne le 17 février. A leur retour au cantonnement, à Belrupt, dans la nuit du 21 au 22 février, il n'en restait pas la moitié. Maurice Genevoix était un des rares officiers qui n’avait pas été tué ou blessé, si l'on compte pour rien son visage et ses mains brûlés par les projections de poudre d'un obus de 210. L'engin, venu derrière lui, était tombé à ses pieds et avait tué tous les hommes assis dans l'entonnoir, sauf lui, parce qu'il était le plus près. La déflagration était passée au-dessus de sa tête. Le sous-lieutenant Robert Porchon avait eu moins de chance. Son meilleur ami, comme lui du Loiret, comme lui ancien du lycée d'Orléans, avec lequel il partageait tout depuis les premiers jours de la guerre, avait été tué d'un éclat d'obus qui lui avait défoncé la poitrine, le 19 ou le 20 février, on ne se souvenait plus, tandis qu'il allait faire panser au poste de secours une blessure à la tête. Maurice Genevoix apprit sa mort quelques heures après, encore sur la ligne de combat, sous les obus. Le chagrin le submergea et ce fut comme si l'angoisse et la peur se noyaient dans un désespoir plus grand et la révolte de tout son être.
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A l'issue d'un de leurs rendez-vous, en décembre 1915, Dupuy descendit la rue Soufflôt et le boulevard Saint-Michel avec Genevoix en uniforme bleu ciel. Son bras en écharpe et son beau et pale visage retenaient le regard des passantes. Il le conduisait chez Hachette. Un contrat l'attendait sur le bureau du directeur de la maison, un vieux camarade auquel Dupuy avait montré les lettres du normalien. Le jeune homme se défendit une dernière fois en observant qu'on voulait lui faire contracter un engagement pour un livre qui n'existait pas. Dupuy lui montra sur le papier l'endroit où signer.

(...)

Dans le calme de la maison paternelle, Genevoix se mit au travail et commença son récit. Il avait près de lui son carnet de route et ses lettres de guerre que lui avait rendues Dupuy. Moins d'un mois après, il avait rédigé les trois cents pages du livre. En mai 1916, Sous Verdun était en librairie.
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Vidéo de Michel Bernard
Deux remords de Claude Monet de Michel Bernard aux éditions La Table Ronde https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=103018&id_rubrique=12 • Les Bourgeois de Calais de Michel Bernard aux éditions de la Table Ronde
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