Elle est caustique, mais nuancée, cette critique de la modernité actuelle dans l'univers universitaire québécois. Vu de la lorgnette d'un prof de littérature, spécialisé dans Céline, et accessoirement aussi par trois de ses collègues blancs submergés dans leur département par les incontournables de nos jours: féministes, personnes racisées, autochtones, minorités sexuelles etc. On est toutefois loin d'un livre de dinosaures qui s'ennuient du bon vieux temps, sauf, bien sûr, lors de leurs discussions de tavernes . . .
En quelques deux cents pages l'auteur aborde avec lucidité et humour des thèmes aussi variés que le wokisme, la dictature des minorités, l'évolution sociale extrêmement rapide, les changements du paradigme universitaire etc. Ces enjeux sociologiques sont contre balancés par l'espèce de renaissance du narrateur dont l'histoire personnelle allège et approfondit à la fois le thème central.
Il y a tellement de références à
Louis-Ferdinand Céline que j'ai regretté de ne pas avoir pu me rendre au bout du “
Voyage au bout de la nuit” ni n'avoir rien lu d'autre de lui. Car l'auteur apostrophe régulièrement Ferdinand, lui suppose des réactions face aux aberrations qu'il expose, digresse de temps à autre sur son oeuvre, bref s'en sert abondamment. Ce n'est pas agaçant mais, à la longue, ça titille la curiosité . . . Au total j'ai adoré, le mot est choisi, ce livre qui non seulement est écrit de façon lumineuse, mais surtout suscite une réflexion sur des débats de société actuels. Une perle.