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Capitaine Joseph Kassov tome 3 sur 3
EAN : 9782264071774
288 pages
10-18 (15/03/2018)
3.52/5   26 notes
Résumé :
Paris, 1611. Dans les rues de la ville, le souvenir du sang versé d'Henri IV est vif. Nul ne s'émeut du sort de Ravaillac, l'assassin du roi, qui meurt en emportant ses secrets. Outre-Manche, le lieutenant de la garde Mattheus Kassov est convoqué par Jacques Ier d'Angleterre : une espionne de la Couronne britannique a disparu lors d'une mission en France. Mattheus est envoyé sur ses traces. Le jeune homme, qui connaît bien l'espionne et sa nature déloyale, sait que ... >Voir plus
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« — Ravaillac, François Ravaillac. Un illuminé qui aurait agi seul, sur un coup de folie. »
C'est ce que l'opinion pense à propos de l'assassinat de Henri IV. Mais sa disparition intervient à point nommé. Louis XIII, trop jeune pour régner, est sous la coupe de la Ligue Catholique proche de Marie de Médicis de Concini et de la Galigaï.
Il y a des raisons objectives de s'inquiéter. Les protestants de France redoutent une alliance entre la France et l'Espagne, la Saint-Barthélemy est présente dans tous les esprits. de son côté, l'Angleterre partage les mêmes inquiétudes et craint de se retrouver isolée en Europe.

La trame de l'histoire se fonde sur le célèbre adage « à qui profite le crime ? »

Ce polar historique nous projette dans l'Histoire avec un grand H, mais aussi dans le Paris quotidien de 1611.

Mattheus Kassov, le praguois est lieutenant de police dans la Garde Royale à Londres, au service de sa majesté, (tiens ça me rappelle quelque chose, mais non...) ; il apprends le Français, coaché par Lord Dawson et s'apprête à quitter Londres pour Paris où le roi Jacques 1er l'a chargé d'une mission.
Il a passé huit années à Londres et depuis quelques mois les subtilités de la langue française n'ont plus de secret pour lui. Maître Bourlié, un protestant ayant trouvé refuge en Angleterre, lui fait réciter du Ronsard, le reprenant à chaque faute d'article et de temps.

Mattheus Kassov doit retrouver Margaret Dorchester une espionne (on dit une « mouche ») du roi. Elle a disparue dans Paris alors qu'elle devait élucider les circonstances de la mort d'Henri IV.

Margaret est une vieille connaissance de Mattheus :
« (…) dans cet espace réduit mais confortable, Mattheus avait connu les délices de la chair dans les bras de Margaret Dorchester, la sulfureuse espionne qu'il était précisément chargé de retrouver à Paris.»
A Paris, Mattheus Kassov devient Matthieu Quassoy commis d'Antoine Praslin, artisan drapier et prévôt des marchands de Paris.

Le roman évoque avec tendresse et mélancolie le Paris du XVIIème siècle, « la cohue de Paris toute bruissante de la cacophonie des marchands interpellant le chaland. » « Carrosses, cavaliers et charrettes à bras disputaient l'espace aux mendiants, soldats, laquais, porteurs d'eau et autres piétons pressés de vaquer à leurs affaires. Les cris des hommes et des animaux, le claquement des sabots sur les pavés, le grincement des essieux… » ; la gouaille de ses « Françaises au tempérament de braise (…) » « — Vous odorez bien fort, monsieur le voyageur, et vous allez décourager ma pratique. Allez donc manger plus loin votre bracole et faire votre cour aux gargouilles de Notre-Dame, vous ne leur causerez pas de tort ! » ; ses petits métiers et les coutumes de l'époque, « le péage est tenu par les archers du Châtelet qui ont charge de police. Tout impécunieux que l'on soit, on ne peut passer gratis. Cet homme a fait la démonstration d'un tour de dressage. Cela s'appelle « payer en monnaie de singe ».

On y croise aussi Shakespeare. Helen la femme de Mattheus est costumière au fameux théâtre du Globe. le capitaine Landrock qui fait traverser la Manche à Matthieu Quassoy cite le dramaturge de Stratford Upon Avon dans le texte ! Matthieu ne peut s'empêcher de lui révéler certains traits de caractère de l'auteur dont il loue la maison à Londres :
« Il ressemble parfois à l'un des personnages de ses comédies, un peu distrait, toujours agité par quelque fantaisie, et dans le même temps il a l'oeil à tout, au détail d'un costume, à la disposition du décor, à la bonne interprétation de ses acteurs. Ajoutez à cela qu'il se tient informé de chaque recette et qu'il gère sa fortune avec la rigueur d'un banquier italien, qu'il s'habille sans ostentation et, lorsqu'il habitait à Londres, vivait dans une certaine austérité, entièrement consacré à ses écritures, et vous aurez un portrait approximatif du personnage. »

Mattheus découvre la France avec plaisir même si parfois, il se prend « (…) à sourire, convaincu que les Français étaient particulièrement doués pour les complications d'étiquette et le vain bavardage. »

Son enquête piétine, même si « (…) par l'aide discrète d'Antoine Praslin, il avait obtenu ce jour-là une entrevue avec un homme de la plus haute importance nommé Maximilien de Béthune, mais que tout le monde appelait M. de Sully. Ancien ministre du feu roi, le duc de Sully était, pour l'heure, gouverneur de la Bastille, grand maître de l'artillerie et des fortifications et capitaine des eaux et rivières. »

Il se laisse aller aux joies de la gastronomie française « Jacoline Praslin posa sur la table un grand plat sur lequel s'étalaient les morceaux tout juste découpés d'une poularde rôtie fourrée d'ail, d'oignons et de pruneaux. Une servante apporta une corbeille de pain frais ainsi qu'un saladier rempli de panais fumants généreusement saupoudrés d'épices et de fleur de sel. »

Bientôt rejoint par son oncle Josef venu de Prague, aidé par Michel Praslin le fils du drapier, Mattheus se lance à corps perdu dans la recherche de Margaret Dorchester. Au fur et à mesure qu'ils retrouvent des traces du passage de la « mouche » de Jacques 1er, la mort les précède. Les commanditaires de l'assassinat d'Henri IV fermant toutes les portes avant qu'ils ne les découvrent pour éviter que la vérité n'éclate au grand jour.
Plus que jamais, les trois hommes se sentent « Huguenots en terre catholique, espions en pays étranger, le moindre faux pas les condamnait. »

Mattheus Kassov, même sous le pseudonyme du commis drapier Matthieu Quassoy est un redoutable enquêteur capable de déjouer tous les pièges et de jouer de l'épée des poings et du pistolet avec une adresse et une précision redoutable. Cet homme a aussi de la méthode. Il consigne dans son journal d'enquête tout ce qu'il observe, tout ce qu'il pense, même ce qui à première vue n'a aucun rapport avec l'enquête. Il a « constaté qu'il y avait dans la chose écrite une matière solide à quoi la mémoire peut s'arrimer »

Un merveilleux roman qui se lit avec grand plaisir. A découvrir.

Un clin d'oeil de l'auteur à la BD Les 7 vies de l'épervier de Juillard et Cothias, dans laquelle on voit le jeune roi Louis XIII s'exercer à l'art de la Fauconnerie en compagnie du Duc de Luynes. Scène très proche décrite dans le roman de Etienne Bourcy.
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Londres 1611, le roi Jacques Ier envoie à Paris son lieutenant de la garde Mattheus Kassov. Il doit y retrouver la trace d'une espionne royale, Margaret Dorchester, qui s'est volatilisée dans les rues parisiennes.

Le jeune homme va se retrouver pris dans les suites de l'assassinat d'Henri IV par François Ravaillac, et dans la mise au jour d'un complot qui touche au plus près de la couronne de France.

Polar historique sans surprise mais agréable, ce volume est le troisième des aventures de Mattheus Kassov, dont je n'ai pas lu les deux premiers.
M'aura donc manqué cette familiarité avec des personnages qui ont un passé commun régulièrement évoqué, pourtant rappelé en quelques mots.

Je n'y avais pas fait attention, uniquement attirée par le titre assez surprenant.

En effet, que voulait dire ce "Ils", quand il était question de la mort de Ravaillac ?
Régicide, supplicié par écartèlement en place de Grève (place de l'Hôtel-de-Ville actuelle) treize jours après l'assassinat, quelle place cette justice express pouvait laisser au doute ?

Eh bien aucune en fait, puisque Ravaillac n'est qu'une ombre dans ces pages et qu'il est question du soupçon de complot fomenté contre Henri IV par Henriette d'Entragues, marquise de Verneuil, et Jean-Louis de Nogaret, duc d'Epernon, encouragés et soutenus par bien d'autres.

Je dis "soupçon" parce que les historiens continuent de s'écharper sur le sujet, assez documenté depuis longtemps et que l'on retrouve jusque dans les archives du Vatican et de la Sérénissime.

Les auteurs se saisissent donc de cette trame pour y jeter leur héros.
C'est habile, plutôt bien fait.
Mais c'est aussi assez convenu. On y retrouve les passages manifestement obligés de la prise de notes par le détective improvisé, de la séduction par une belle de passage, et des cadavres qui s'accumulent autour de Mattheus et de son oncle Josef.

La grande qualité de ce livre tient plutôt dans la reconstitution minutieuse du Paris de l'époque, précise et très documentée.
On peut aisément suivre les déplacements des uns et des autres, dans les rues encombrées du centre de Paris, aux portes de la ville, autour du Pont Neuf et du Louvre. Quelques remarques à propos du mode de vie apportent également un éclairage intéressant.
Ce n'est donc pas une révélation mais j'ai passé un bon moment.
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Jacques 1er, roi d'Angleterre a perdu une mouche...
Je ne vous parle pas, ici, de cet insecte agaçant que vous chassez à longueur d'été, ni de ce petit point de coquetterie que les dames de la cour posent au coin de leur joue. Non, je vous parle d'un espion. Une espionne, plus précisément. Libérée des geôles londoniennes, pour aller enquêter en France sur la mort de ce bon Roi Henri IV, elle ne donne plus de nouvelles ce qui inquiète fortement le souverain britannique.
Il fait donc appel à James Bond... Euh ! Qu'est-ce que je dis, moi, je m'égare. Il envoie donc le jeune Mattheus Kassov (déjà rencontré dans les deux précédents ouvrages du duo d'auteur) en mission à Paris.
Objectif, mener à son tour l'enquête autour de l'assassinat du Roi et retrouver.... la mouche.
C'est aidé de son oncle Joseph, tout juste arrivé de Prague,  qu'il se lance dans une enquête à rebondissements.
Plus Mattheus avance dans ses recherches, plus les cadavres s'accumulent.
Qui est donc ce mystérieux homme en gris qui semble le suivre comme son ombre ?
Une fois de plus, je me suis laissé happer par ce récit mené de main de maître par Thierry Bourcy et François-Henri Soulié. Je ne comprends toujours pas comment ils fonctionnent dans leur travail, Il y a une telle fluidité.
Qui a écrit quoi ? Bien malin le lecteur qui saurait le dire.
Et puis, ce Paris du XVIIème siècle, qu'ils savent si bien dépeindre.
Parce qu'un roman historique, c'est intéressant,  surtout si, à chaque page, vous êtes imprégné de l'époque, si l'auteur (les auteurs, ici) vous font ressentir les lieux comme si vous y étiez, les odeurs, qu'elles soient puanteur ou doux parfum, les tissus, soyeux ou rèches, les rues animées ou désertes, les cuisines où l'on se repaît de mets savoureux... (Quand vous avez faim au milieu d'un bouquin, que le rôt sur la broche dans la cheminée vient titiller vos papilles et que vous n'avez sous la main... qu'une tranche de pain de mie...).
Ils ont tué Ravaillac est un polar historique réussi.
Polar parce qu'il y a une enquête et des crimes et Historique parce que , je suis sûr que comme moi, vous aurez envie d'en savoir plus sur les personnages (qui ne sont pas tous de fiction) que vous allez rencontrer au cours de cette lecture.



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Nous sommes en 1611 à Paris. L'assassinat d'Henri IV a eu lieu quelques mois auparavant.
Après la résolution de l'affaire "la conspiration du Globe" Mattheus est resté vivre à Londres où il exerce la fonction de lieutenant de police. Il a épousé Hélen, la costumière du Globe.
Le roi d'Angleterre, Jacques Ier, décide de l'envoyer en France pour retrouver une "mouche" qui a disparu. Il s'agit de Margaret Dorchester.
Depuis l'édit de Nantes une paix relative règne entre protestants et catholiques. Mattheus sera logé dans la famille d' Antoine Praslin, artisan drapier, de religion protestante. Pour l'assister il fait venir de Prague son oncle Joseph Kassov.
Politiquement la France n'est pas au mieux de sa forme, Louis XIII n'a que 9 ans, le royaume est gouverné par la régente, Marie de Médicis, sous emprise du couple Concini et La Galigaï.
Selon des rumeurs Ravaillac, l'assassin d'Henri IV, aurait été manipulé. Avant d'être exécuté il aurait communiqué au Capitaine Pierre Lagarde, le nom des comploteurs. le Duc d'Epernon qui se trouvait dans le carrosse serait l'un d'eux.

La Ligue Catholique et notre héros recherche, chacun de leur côté pour des raisons opposées, le document qui aurait été rédigé par Lagarde.
Cette course poursuite sera jonchée de nombreux cadavres...

Comme dans les deux ouvrages précédents on rencontre au cours de la lectures des personnages de fiction et des personnages historiques.

Pour conclure j'ai trouvé la lecture de cette trilogie intéressante et assez documentée.
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1611 : Mattheus Kassov, lieutenant de la garde royale britannique, est envoyé à Paris. Sa mission : retrouver l'agent qui l'a précédé et qui a disparu depuis trois mois, mais surtout se renseigner sur le complot qui a abouti à la mort du roi Henri IV. Dès qu'il arrive à Paris, Mattheus doit faire face à de nombreux périls et à des ennemis plus dangereux d'être, par leur naissance, intouchables. Les cadavres s'accumulent et les dangers se multiplient alors que progresse la quête du lieutenant qui se trouve plongé dans les inextricables complots qui annoncent la Fronde. Qui a armé le bras de Ravaillac ? Les témoins de son ultime confession disparaissent à mesure que Mattheus s'approche de la vérité. L'intolérance et la violence couvent dans les rues de Paris et le héros frôlera plusieurs fois la mort, alors que l'hydre fanatique menace d'étouffer tout espoir de paix.

Ce roman à quatre mains fait la part belle aux menus détails de la vie à Paris en ce début du XVIIe siècle et c'est savoureux. En distillant au lecteur toujours un peu plus d'informations que n'en détient le héros, les auteurs font habilement monter tension et suspense jusqu'aux dernières pages. Une lecture que j'ai trouvée très plaisante et addictive.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Tel un galion fantastique sortant de la nuit, la cathédrale Notre-Dame de Paris se dégageait des brumes de l’aube et présentait au promeneur solitaire les mystères de son architecture frappée en plein par le soleil d’est. Déjà, sur le fleuve en contrebas, des barges déchargeaient leurs marchandises dans le grincement des poulies et les cris des bateliers. L’homme à la silhouette mince enveloppée dans une longue cape de couleur sombre, le visage dissimulé sous un chapeau, se laissa distraire un moment par le spectacle qu’offrait la Seine en ce petit matin d’été. Qui aurait pu croire que, quarante années auparavant, le plus terrible des massacres avait ensanglanté la ville et plongé dans le chaos le royaume qui, miné par les factions, se remettait mal ? L’assassinat récent du roi Henri le Quatrième en était la preuve.Se rappelant soudain sa mission, l’inconnu accéléra le pas. Il avait enfin obtenu un rendez-vous avec un informateur travaillant au palais du Louvre. Il en espérait une moisson de renseignements qui lui permettraient peut-être d’écourter son séjour en France et de retrouver la relative tranquillité de son pays.Il voyait déjà se refléter sur l’eau grise les arches du pont au Change quand son attention fut attirée par le roulement d’un carrosse sur les pavés. Il se retourna. La voiture arrivait vite, menée par un cocher dont une large écharpe masquait les traits. Il eut immédiatement la certitude que cette voiture l’avait suivi. Elle ralentit et, avant même qu’elle fût arrêtée, trois hommes en descendirent. Eux aussi cachaient leurs visages derrière des foulards. Ils sortirent des gourdins de sous leurs longs manteaux. Le promeneur imprudent se mit à courir. Le premier coup le toucha derrière la tête. Il tomba à genoux. Sans un mot, les assaillants se mirent à frapper méthodiquement, on eût dit trois bûcherons s’attaquant à un arbre. Il y eut un craquement d’os. L’inconnu n’était plus qu’un pantin immobile sur lequel les autres s’acharnaient encore. Puis le cocher siffla. Après un dernier coup de massue, les trois hommes de main remontèrent dans le carrosse qui s’éloigna à vive allure. Malgré la violence des coups reçus, la victime releva son visage couvert de sang, distingua dans un brouillard la voiture qui s’éloignait puis tenta de se traîner vers la berge. Chacun de ses gestes était une torture. Une patrouille du guet se dépêchait déjà vers la silhouette qui rampait en laissant derrière elle de longues traînées rouges. Le sergent se pencha sur le blessé.
— Monsieur, monsieur…
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Deux chiens passèrent en grondant, qui se disputaient un os humain. Ils se mirent à tourner, l’un poursuivant l’autre, autour de la grande statue représentant un cadavre décharné élevée au milieu du cimetière, singulière évocation de la folie des hommes courant après de hasardeuses fortunes sous le regard impitoyable de la Mort. Perdu dans ses pensées, Mattheus ne se rendit pas compte que le cimetière se vidait avec la tombée de la nuit. Le voyant ainsi seul, deux malandrins avinés vinrent lui chercher querelle. Mattheus n’eut qu’à sortir son épée pour les mettre en fuite. Il commençait à désespérer de revoir Emilia et s’apprêtait à quitter lui aussi ce pourrissoir géant planté au cœur de Paris quand la belle fit enfin son apparition, un ballot sous le bras.
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La bonne fortune voulut qu’un estaminet fût ouvert tout à pic en face de l’hôtel. Ils y entrèrent et prirent place tout près de la fenêtre donnant sur la rue. On leur servit un mauvais vin de Montmartre, épais comme une soupe et chargé de tanin. Tandis que Josef s’efforçait, en grimaçant, de finir sa chope, Mattheus parcourait avec attention les pages de son carnet. Il remonta finalement jusqu’à la première ; celle du jour où il avait commencé son enquête en compagnie de Michel. Un sourire passa furtivement sur ses lèvres.
— Voyez, mon oncle, comme tout tombe juste !
Du menton il désigna la demeure de l’autre côté de la rue.
— C’est derrière cette auguste façade que loge notre fameuse marquise de Verneuil. Il m’avait bien semblé, à l’ouïr dans la bouche du manant, que cette rue du Coq ne m’était pas inconnue. Il se trouve que j’ai rencontré l’artisan tapissier de la marquise. C’est de lui que je tiens son adresse.
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Colin Vailly était, de longue date, un client assidu auprès des filles qui officiaient de leurs charmes dans le quartier du cimetière des Innocents. Le meurtrier savait fort bien où trouver sa victime. Au sortir des cuisses d’une garce, l’homme était dans cette disposition où l’esprit est aussi flasque que le membre et peu apte à la vigilance. Alors que le tueur le suivait de près, guettant le moment propice où il pourrait lui planter son couteau dans le dos, un bateau remontant la Seine avait accosté près du pont au Change. La populace des quais s’était empressée du côté de l’embarcation, dans l’espoir d’une obole à gagner en prêtant main-forte à la manœuvre. À l’instant où Vailly allait pénétrer dans l’estaminet, la lame de l’Araignée lui avait perforé le cœur. Un geste foudroyant, camouflé par le mouvement de la cape, qui pouvait passer, de loin, pour une tape amicale
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Margaret Dorchester se tenait devant lui, les fers aux pieds, les poignets liés par un solide cordage, vêtue d'une épaisse robe de laine à peine moins délabrée que celle qu'elle portait dans sa prison. Sa belles chevelure d'antan n'était plus qu'une poignée d'étoupe emmêlée et crasseuse, mais dans son visage amaigri, brillait à nouveau son regard étincelant.
- Eh bien, monsieur, dit-elle à son approche, voyez l'ironie de nos existences ! N'est-ce pas le reflet à l'identique de la situation où je vous vis un jour, sur le bateau du malheureux Guy Fawkes ?
- A cette nuance près, Madame, qu'on vous a gratifiée d'un seau d'aisance qui me faisait alors cruellement défaut.
Margaret Dorchester eut un sourire où Mattheus crut lire plus d'attendrissement que de mépris.

p. 279
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