Pas de critique en fait, cette fois-ci. Les deux premières parties du livre développent une analyse précise (comme toujours), mais sans rien de nouveau par rapport aux précédents ouvrages, notamment
Abattre l'ennemi (voir la critique du livre : https://lescorpscelestes.fr/abattre-lennemi-de-j-branco-par-g-rivron/). La troisième partie, qui constitue le « manuel insurrectionnel » proprement dit, est d'une importance fondamentale et inspirera tous les esprits entreprenants, les corps entreprenants, désireux de renverser la couronne de fer pour réensemencer le monde. Mais cela ne se prête aucunement à une quelconque analyse littéraire.
Petite note toutefois sur l'épilogue, qui brosse le portrait, dont Zinoviev ne nierait pas la pertinence, de deux François : le Bégaudeau et le Ruffin. En résumé :
Bégaudeau, brillant esprit passablement désincarné, ne croyant pas à la matérialité des êtres, sa dimension charnelle consistant après tout guère plus qu'en un nombril – le sien.
Ruffin, sa gauche n'ignorant pas ce que fait sa droite, aime à ce que soient présentes les caméras quand ils sert de portier aux puissants, dans l'espoir d'un maigre pourboire qu'il redistribuera aux pauvres.
Puisse Branco, après mainte lutte exténuante, retrouver enfin, comme le Maître (personnage bien connu de
Boulgakov), une terre paisible et une Marguerite aux bras aimants.
P.-S. : à noter encore, une similitude de parcours entre Branco et
Pasolini, tous deux originaires de milieux bourgeois, ne le reniant pas mais s'en détachant intellectuellement ; tous deux s'engageant à gauche, dans leur volonté intègre de se battre aux côtés des déshérités ; tous deux s'éloignant de la gauche (sans pour autant se rapprocher de la droite), ne ménageant pas leurs attaques envers leurs anciens camarades qui s'enlisent dans des combats qui ne sont plus d'actualité et font le jeu des puissants, tandis qu'eux dépassent le clivage archaïque de la droite et de la gauche pour tenter de réunir l'humanité contre ce qui la menace de mort. Voir ma critique des Écrits corsaires, de
Pasolini, pour se convaincre de cette ressemblance : https://www.senscritique.com/livre/ecrits_corsaires/critique/282178786 (On pourrait citer aussi
Bernanos qui, à l'inverse, parti de la droite monarchiste et antisémite, a fini, après la constatation des crimes franquistes (dénoncés dans
Les Grands cimetières sous la lune) et de la folie hitlérienne, par s'abstraire des oppositions stériles pour mettre en garde l'ensemble du peuple contre le péril de la technique et de la massification mondialisée dans
La France contre les robots.)