Une belle anecdote :
[Buñuel raconte : dans les années 50 à Madrid, le metteur en scène]
Nicholas Ray me dit :
- « Comment faites-vous Buñuel pour réaliser des films assez intéressants avec d'aussi petits budgets ?
Je lui dis que pour moi le problème ne se posait pas. C'était ça ou rien. Je pliais mon histoire à la somme d'argent dont je disposais. Au Mexique je n'avais jamais dépassé vingt-quatre jours de tournage [ ]. Mais je savais que la modestie de mes budgets était la condition de ma liberté. Et je lui dis :
- Vous qui êtes un metteur en scène célèbre (il traversait sa période de gloire), faites donc une expérience. Vous pouvez tout vous permettre. Essayez de gagner cette liberté. Vous venez de tourner par exemple un film pour cinq millions de dollars. Tournez maintenant un film pour quatre cent mille dollars, et vous verrez, pour vous-même, la différence.
Il s'écria :
- Mais vous n'y pensez pas ! Si je faisais ça, à Hollywood tout le monde penserait que je dégringole, que ça va très mal pour moi ! Je serais foutu ! Je ne tournerais plus jamais rien !
Il parlait très sérieusement. Conversation qui m'attrista. » p234
Hélas, les fragments comme celui-ci, me permettant un bref aperçu derrière les coulisses, sont particulièrement rares.
C'est pour cette raison que j'ai été déçue.
J'ai attendu un témoignage sur la genèse de ses films, le tournage, le travail avec le chef opérateur et avec les acteurs, sur sa vision du cinéma. J'ai trouvé uniquement des miettes.
En revanche j'ai appris des choses sur Buñuel et son époque ; mais voilà, mon intérêt pour l'homme Buñuel est tout à fait secondaire.
Certes, le créateur est empreint de modestie et il a traversé une époque formidable.
Mais pour découvrir des choses sur sa manière de travailler je dois chercher ailleurs.