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Roland Cahen (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253904311
126 pages
Le Livre de Poche (01/06/1995)
3.92/5   32 notes
Résumé :

Cet essai écrit par Jung vers la fin de sa vie résume sa pensée morale et sociale et peut à bon droit passer pour son testament spirituel. Malgré leurs divergences, Jung et Freud s'accordent pour penser que l'épanouissement de l'individu est menacé par le développement de la civilisation.

La pression des masses organisées plonge l'individu dans un état de " somnambulisme infantile " où il perd sa dignité. La science qui l'ignore au profit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Inspiré par la conception cyclique du temps, qui voudrait que les ères se succèdent sans se ressembler sur des périodes d'une durée moyenne de deux millénaires, C. G. Jung nous fait subtilement comprendre que nous évoluons au cours d'une période charnière de l'histoire de l'humanité. S'il ne le dit pas explicitement, d'autres avant lui l'ont écrit : depuis le XVe siècle, nous préparons l'arrivée de l'ère du Verseau qui chassera l'ère du Poisson, culminante avec le Christ et l'expansion rapide de l'Eglise, bientôt rattrapée par son succès et ses dissensions.


Notre Présent, c'est aussi le Présent qui fut celui des peuples avant l'arrivée du Christ, deux mille ans plus tôt. C'est aussi celui qui prépara l'arrivée du Justicier sur Terre derrière la figure du Bélier, quatre mille ans plus tôt… ainsi de suite…


« Nous vivons précisément à l'époque de la « Métamorphose des dieux », c'est-à-dire de la métamorphose des principes et des symboles de base. »


L'homme doit en être conscient et doit être prêt à accepter cette évolution. C. G. Jung, avec un art subtil de la suggestion, renverse le point de vue d'un grand nombre de problèmes inhérents à notre société et nous montre comment l'Ephémère, qu'il s'agisse des institutions étatiques ou des dogmes culturels dominants, nous voile l'Eternel et nous empêche de progresser dans la compréhension de notre inconscient. La bonne blague qui voudrait nous faire croire que les religions sont le frein majeur à l'exaltation de l'individu ! alors que selon Jung, l'Etat et l'Eglise partagent les mêmes constructions faisant appel à l'instinct grégaire de l'individu. Perdu dans la masse, l'homme s'oublie et perd sa capacité à agir réellement sur le monde. L'Etat et l'Eglise promettent les mêmes récompenses, mais le premier ne rassure pas le démon intérieur alors que le second en permet une interprétation riche à visée cathartique. Au contraire, l'Etat projette le mal sur l'Autre. L'individu transfère son ombre sur son voisin et s'efforce de l'en chasser sans jamais prendre conscience de sa responsabilité.


« Si l'on pouvait voir naître une conscience générale du fait que tout ce qui dans le monde sépare et dissocie repose sur la séparation et l'opposition des contraires dans l'âme elle-même, on saurait où et dans quel sens diriger son effort. »


L'homme voulant s'émanciper des influences de l'éphémère peut se tourner vers la foi. La religion aidera l'homme si celui-ci accepte de se guérir des préjugés qu'il conçoit à son égard et s'il l'interprète de façon symbolique, non plus littérale. le risque est grand, toutefois, que si l'Eglise parvienne enfin à établir une relation personnelle avec chacun de ses croyants, elle finisse par se figer et se scléroser. Il faut toutefois prendre ce risque si il permet de faire prendre conscience du dualisme que l'individu préfère rejeter sur l'extérieur. L'homme réalisera peut-être alors qu'il a perdu du temps à se battre contre des moulins à vent alors que son existence même constitue une boîte de Pandore intarissable. La connaissance et la compréhension viendront ensuite d'un renforcement des relations humaines face à l'atomisation de l'individu, esseulé dans la masse ou dans la solitude du progrès aliénant.


C. G. Jung n'est pas un prophète de la nouvelle ère. Il a été frappé par la « pistis » -la foi qui s'impose de façon inéluctable- et souhaite la faire pressentir à ceux qui ne la connaissent pas encore ; à la rappeler et à communier avec ceux qui la connaissent déjà.


« […] En fait la croyance intérieure est un phénomène secondaire qui repose sur une donnée primaire : avoir vécu quelque chose qui nous bouleversait […] »


Présent et Avenir apparaît comme le rappel de cette foi inconditionnelle qui arrache l'individu à l'Ephémère pour le faire danser hors de tout ordre temporel. S'arracher du maintenant pour y être tout le temps...à quoi conduira un tel paradigme ?


- - - - - - - - - - -


Un nouvel essai de définition de la synchronicité ? tout modulé de nuances toutefois...

Citation :
« Les phénomènes parapsychologiques toutefois rendent nécessaires prudence et circonspection, car ils témoignent du fait que des facteurs psychiques peuvent imprimer une relativité au temps et à l'espace, relativité qui remet en question notre explication un peu naïve et précipitée du parallélisme psychophysique. »


Jung se retrouve avec Pichon pour la conception d'un temps qui irait de l'à-venir à ce qui a été :

Citation :
« C'est l'individu qui est le porteur de cette conscience. Ce n'est pas lui qui crée la psyché arbitrairement ; au contraire, c'est elle qui le modèle et qui l'achemine pas à pas de l'inconscience de l'enfance vers un éveil et vers la prise de conscience de sa conscience. »


Jung est parfois limite puisqu'il pose des théories en axiome. Ainsi, la société moderne serait opposée aux fonctions naturelles de l'homme, mais il ne précise pas la nature de ces dernières. Peut-être désigne-t-il alors ce qui relève de l'intuitif...

Citation :
« Chaque fois qu'une fonction naturelle à l'homme se perd, c'est-à-dire se trouve exclue de son exercice conscient et volontaire, un trouble général prend naissance. C'est pourquoi il est tout à fait naturel que le triomphe de la déesse Raison ait institué une névrotisation générale de l'homme moderne, c'est-à-dire une dissociation de la personnalité en tous points analogue à la dissociation actuelle du monde. »


Et pour une définition de l'instinct :

Citation :
« L'instinct est originaire et héréditaire et de même sa forme nous vient du fond des âges : je l'ai appelé archétypique. »


Pour Jung, la religion est un moyen de découvrir le noyau vrai de soi-même. Il considère la religion comme une antidote à la massification, à condition qu'elle soit pratiquée avec conscience :

Citation :
« […] Les religions enseignent une autre autorité, qui est opposée à celle du « monde ». Elles enseignent que l'homme relève du divin, suzeraineté aussi exigeante que celle du monde. Ces exigences divines, avec leur caractère absolu, peuvent soustraire l'homme au monde d'une manière aussi radicale que celle par laquelle il se perd à lui-même en succombant à la mentalité collective. »


Contre la naïveté de l'athéisme et de la laïcité, Jung désigne les institutions étatiques (et surtout socialistes ?) comme la nouvelle religion moderne :

Citation :
« L'Etat s'est mis à la place de Dieu, et c'est pourquoi, dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l'esclavage d'Etat est un genre de culte divin. »


Mais ces institutions n'ont que les désavantages de l'adhésion religieuse :

Citation :
« Par une représentation suggestive de la puissance de l'Etat, on cherche à susciter un sentiment collectif de sécurité qui toutefois, à l'opposé des représentations religieuses, ne fournit à l'individu aucune protection contre ses démons intérieurs. C'est pourquoi il s'accrochera encore plus à la puissance de l'Etat, c'est-à-dire à la masse ; et, alors qu'il est déjà socialement dépossédé, son âme succombera aux influences collectives, et il s'y livrera intérieurement. »


Toute la question est donc de savoir comment dépasser ces deux solutions défaillantes...

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Ecrit en 1957, ce livre s'inscrit pleinement dans le contexte de la Guerre froide entre les USA et l'URSS. Jung nous parle du concept de massification. L'individu pris dans la « masse » est conditionné par la pensée étatique et n'est plus capable de penser par lui-même. Il est condamné à suivre la pensée dominante, notamment celle du progrès, ce qui l'éloigne du Divin. Pour Jung, seul le rapport personnel à Dieu (au sens très large) peut redonner un sens à la vie de l'individu, à retrouver le contact avec son Moi profond. Par ailleurs, c'est également l'époque où plusieurs pays potentiellement dangereux s'arment de la bombe atomique. Jung est effrayé à cette idée d'une autodestruction possible de l'humanité et de la planète. Il va sans dire que la plupart de ces idées restent cruellement d'actualité. Nous sommes maintenant habitués à vivre avec la bombe atomique. En dépit d'une apparente augmentation de l'individualité, nous suivons comme des moutons ce que nous dit l'État. La crise actuelle en est le témoignage le plus flagrant. Quant à notre rapport à Dieu, il n'a pas disparu, loin de là, mais il s'inscrit dans la survenue d'une spiritualité plus syncrétique, qui peut effectivement, être nécessaire à l'homme pour « se retrouver ». Et échapper ainsi au processus de massification.
Pas toujours très clair si l'on ne possède pas quelques rudiments de psychologie et psychanalyse, ce petit livre reste pourtant une bonne approche pour une réflexion sur l'homme dans la société.
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Jung fut un homme épatant. Ce petit livre n'est pas spécialement connu et n'a pas spécialement eu d'échos, à ma connaissance. Il y a là dedans pourtant tout un tas de réflexions passionnantes et qui auraient pu déjà orienter le monde dans un tout autre sens que celui que nous avons connu. Parce que ce livre n'est plus véritablement actuel. Sa valeur est historique. Beaucoup de ces réflexions sont maintenant plutôt obsolètes, les peurs ne sont plus tout à fait les mêmes. Et les solutions non plus... Enfin, ce n'est pas si sûr non plus.
Bref, ça parle de l'homme et la religion, l'homme et les états autoritaires, l'homme et sa liberté. L'homme et la connaissance de l'homme en général, en macro, en scientifique, en termes de médecine et la connaissance d'un homme singulier, en particulier, en micro, en "analyse", en travail individuel, où il faut sortir, oublier les généralités pour connaître, comprendre, traiter, soigner. Pour que soi et l'humanité aient encore un avenir...
Les masses font très peur à Jung, mal menées par des religions extrêmes ou des leaders autocrates, le danger est réel, le monde est en sursis. La solution se crée-se trouve pour Jung dans le développement de la connaissance intime de chacun et le progrès et l'éveil individuel, qui, une fois sommé, additionné, donnerait enfin un peuple, des peuples éveillés et plus à même d'organiser le monde en-dehors des peurs, et vers un mieux, un bien.
Le danger à l'époque du nucléaire, et des extrémismes commençait à sourdre et les peurs n'ont cessé d'être alimentées depuis, Jung avait raison. Sauf qu'on a rien écouté et qu'on n'a pas fait grand chose.
Et maintenant pas mal de paradigmes ont changé, et les solutions sont toujours des points d'interrogation.
Bref, ce livre me donne envie de donner encore un peu plus de crédit à ce personnage marquant de la fin du 19e siècle jusqu'à la moitié du 20e. Dans un degré moindre, certes, mais à l'instar de "Ma vie", son autobiographie.


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Cette oeuvre testamentaire de Jung est dense en concepts et brève. Les thèmes principaux abordés sont l'Etat, l'individu, les masses, la religion (différente de la Confession), la science et la médecine. Son propos me semble intéressant pour comprendre le contexte de l'écriture de l'ouvrage. A sa lecture on comprend mieux les vertiges causés au philosophe par le nucléaire (1945) et la division du monde en deux blocs antagonistes aux contours étanches (Est/Ouest, Individualisme/Communisme). de quoi avoir peur, et sans aller jusque là (Jung se défend d'ailleurs d'être pessimiste), de quoi écrire un essai sur l'avenir de l'humanité.
Jung critique sévèrement le bloc de l'Est et la négation de l'individu, happé de gré ou de force par le représentant du parti politique. Il est aussi critique quant aux masses manipulables dans la partie Ouest du monde, où les médias et les pouvoirs politiques en place ne laissent pas tant de place à l'autonomie des individus.

La mise en péril de l'humanité est, selon Jung, dans le fait que dieu (au sens large, croyances divines et valeurs qu'il incarnerait) ait été mis à mal. La psyché humaine n'est donc plus habitée et nourrie par ce désir de faire le bien, elle est en jachère et canalise moins son penchant au mal.
Si Freud a été taxé de pansexualiste, j'ai envie de dire qu'ici Jung signe son panthéisme.

La densité du propos rend parfois difficile sa compréhension et son assimilation. Il n'en demeure pas moins que cet ouvrage comporte des points de réflexion pertinents sur les masses, l'assujettissement, l'abrutissement des foules au service des gouvernants qu'importe le régime politique. Par ailleurs l'invitation de Jung à renouer avec la nature est loin d'être dénué de sens.

En conclusion, pour comprendre le contexte de l'après guerre, ce livre me semble tout à fait indiqué mais aussi pour continuer la réflexion sur le monde au 21 ème. Une lecture qui ne peut pas faire de mal.

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lu il y a longtemps
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Citations et extraits (91) Voir plus Ajouter une citation
L’homme qui n’est pas ancré dans le divin n’est pas en état de résister, par la seule vertu de son opinion personnelle, à la puissance physique et morale qui émane du monde extérieur. Pour s’affirmer en face de ce dernier, l’homme a besoin de l’évidence de son expérience intérieure, de son vécu transcendant, qui seuls peuvent lui épargner l’inévitable glissement dans la masse collective.
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Par une représentation suggestive de la puissance de l’Etat, on cherche à susciter un sentiment collectif de sécurité qui toutefois, à l’opposé des représentations religieuses, ne fournit à l’individu aucune protection contre ses démons intérieurs. C’est pourquoi il s’accrochera encore plus à la puissance de l’Etat, c’est-à-dire à la masse ; et, alors qu’il est déjà socialement dépossédé, son âme succombera aux influences collectives, et il s’y livrera intérieurement.
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Dans le désir du grand nombre se trouve la puissance qui permet de forcer les choses et de parvenir à la réalisation des souhaits ; le plus beau semble pourtant être de se laisser glisser avec douceur et sans douleur vers une espèce de pays d'enfance où l'on peut s'abandonner à la vigilance des parents et se dépouiller , comme lorsqu'on était enfant des soucis et de la responsabilité. Ne pense-t-on et ne s'occupe-t-on pas de vous en haut lieu ? A toutes les questions, des réponses sont prévues ; pour tous les besoins, le nécessaire est fait. Ce somnambulisme infantile de l'homme de masse est si éloigné de la réalité qu'il ne se pose jamais la question : qui donc paie ce paradis ? Pour le règlement de l'addition, on s'en remet aux institutions supérieures, ce que celles-ci acceptent volontiers, car leur puissance se retrouve augmentée par cette exigence. Mais plus leur puissance augmente, plus l'individu isolé se trouve dépourvu et affaibli.
Chaque fois qu'un tel état social prend des proportions importantes, il prépare les chemins de la tyrannie ; il lui ouvre les portes et la liberté de l'individu se transforme en un esclavage physique et spirituel. La tyrannie étant en soi immorale et prête à tout pour atteindre son but, elle est naturellement plus libre dans le choix de ses moyens qu’un régime qui tient encore compte de l’individu.
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Il est curieux que l’homme […] en soit amené à se réduire au rôle de quantité négligeable. Quelle singulière affaire que cette contradiction et que cette appréciation paradoxale de l’être humain par lui-même ! Elle n’est compréhensible qu’en y voyant l’expression d’une extraordinaire insécurité de jugement ; en d’autres termes, l’homme est à lui-même une énigme.
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L’Etat s’est mis à la place de Dieu, et c’est pourquoi, dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquelles l’esclavage d’Etat est un genre de culte divin.
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Pourquoi certaines personnes prennent les bonnes décisions, se retrouvent au bon endroit au bon moment ? Pourquoi ont-elles l'idée qui va marcher à coup sûr ?
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Disponible ici : https://www.editions-tredaniel.com/le-guide-essentiel-de-lintuition-p-10667.html
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