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EAN : 9782266092739
442 pages
Pocket (06/05/1999)
3.58/5   13 notes
Résumé :

1870. Sur les hauts de Pompey, depuis des temps immémoriaux, quelques maisons sont nichées sur des coteaux de vignes dominant la Moselle.

C'est là que Léopold Muller, le cantonnier, laisse sa femme et ses deux fils jumeaux pour partir " régler son compte " à Bismarck. Il revient blessé et retrouve une Lorraine en proie à la fièvre de l'industrialisation.

Dépassé, il pressent que plus rien ne sera comme avant. Aussi, lorsqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Si l'on excepte la transition initiale il y a quelque dix mille ans où l'homme, chasseur-cueilleur de toute éternité (enfin pas plus de 3 millions d'années), se posa et inventa l'agriculture, le XIXème siècle atteste du virage pris par une humanité qui ne voyait pas encore sa perte.
Cette mutation profonde, cette transformation des bases de la société, est la toile de fond du roman de Michel Caffier, ex rédacteur en chef de l'Est Républicain, le quotidien Nancéen bien connu de tous les lorrains.
Cette saga commence en 1870 et se terminera au coeur de l'été 1914, laissant penser à une suite… qui ne vint jamais (enfin, peut-être est elle déjà écrite, se reposant au fond d'un tiroir).
Comme dans tout roman du terroir, on a plaisir à partager les joies et les peines d'une famille qui devra se débattre au milieu d'un monde changeant dont les repères s'évanouissent au gré des avancées (progrès?) techniques et des transformations sociales et morales (perfectionnement?).
Le père de la famille Muller plante un mirabellier le jour de sa mort. C'est le point de départ d'une allée se perdant au milieu des champs et qui sera, très vite, engloutie dans un quartier ouvrier. Car sur ces rives de la Moselle, vont s'élever les hauts fourneaux lorrains. La mutation de la société ne se fera pas attendre. Ajouté à cela, la frontière si proche, coupant une Lorraine en deux et aiguisant mieux qu'une meule l'esprit revanchard d'un peuple spolié d'une partie de son territoire, comme amputé d'un membre. le général Boulanger saura mieux que quiconque utiliser ces ressentiments et affiner la fibre patriotique dans le jeu politique qui, on s'en rend vite compte, n'a pas beaucoup évolué en 130 ans : mêmes opportunismes de ses participants, même démagogie envers des électeurs qui ne voient que leurs propre intérêt.
Une société en pleine transformation est toujours passionnante. Michel Caffier peint avec précision et justesse cette mutation du monde paysan en monde ouvrier. Même le vocabulaire change. Les journées rythmées hier encore par le lever et le coucher du soleil, des années scandées par le déroulement des saisons, vont être découpées désormais en heures et en minutes, à l'image du développement du chemin de fer (dont un des frères sera employé). Tout autant que l'usine, l'horloge asservira l'homme, le rendant esclave du temps qui passe et qui, forcément, accélérera la vie au point de ne plus avoir une minute à soi tandis que la nouvelle classe dirigeante verra ses profits augmenter selon la loi du « time is money » bien connue des spéculateurs.
C'est la fin d'une certaine liberté et l'arrivée du confort, pourtant les deux semblent antinomiques. Une nouvelle technologie censée nous rendre indépendants de la communauté et de ses contraintes et traditions sociales mais dépendants d'un nouveau système technologique. Cette rupture avec la nature est concrétisée par le remplacement des sons par les bruits, constants, des hauts fourneaux, des wagons de marchandises sur la voie ferrée. L'urbanisation se traduit par l'arrivée d'une population nouvelle, des idées neuves et l'essor des commerces, remplaçant les foires et les marchés avant de se fondre, 50 ans plus tard, dans ces Mecques de la consommation à outrance que seront les hypermarchés (mais cela est une autre histoire).
Partout la nature recule, en témoigne la chasse aux derniers loups. L'adaptation à cette nouvelle société est modérée par les préventions de l'institutrice, travaillant à éduquer les enfants par de puissantes leçons de morale et les adultes par des conseils pour ne pas tomber dans les travers d'une société en mutation où l'on perd rapidement ses repères. L'alcool aidant les ouvriers à oublier douze heures de labeur quotidien devant la lave en fusion mais les asservissant davantage, le déploiement de nouvelles boutiques pour les femmes, attisant un nouvel appétit d'acheter, aiguisant la convoitise. Deux drogues qui seront, deux guerres plus tard, largement remplacées par la voiture et la télévision.
Léon, l'un des frères devenu le porte-parole des ouvriers et, un peu malgré lui, soutien du maire-candidat, finira par ne plus se reconnaitre dans ce monde qui n'aura pas mis une génération à changer du tout ou tout.
Nous vivons depuis les trente glorieuses pareil changement. Sommes-nous seulement capables de nous adapter?

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Un roman fort, qui nous transporte entre deux guerres, de 1870 jusqu'à l'été 1914, dans une Lorraine coupée en deux, entre un Nancy libre et un Metz annexé. Pompey, petit village d'une centaine d'habitants, situé tout près de la nouvelle frontière allemande, dans un monde rural avec ses animaux, ses vergers et ses vignes à flancs de coteaux ; cette bourgade calme et tranquille va se transformer en une ville, en entrant de plein fouet dans l'ère de l'industrialisation avec l'arrivée des aciéries et de son monde ouvrier. Un paysage défiguré et un ciel empli des fumées de la fonderie qui marche à plein rendement en fournissant à Gustave Eiffel les éléments nécessaires pour la construction de sa tour ; le noir de suie du chemin de fer en pleine expansion, la disparition des saumons dans les eaux de la Moselle et les constructions à tout va qui vont absorber tous les terrains qui verdoyaient de la plaine aux collines ; voilà le nouveau panorama de cet endroit où il faisait bon vivre. C'est aussi la mise en place des syndicats, les revendications, les premières grèves, les réunions politiques en vue des municipales, la disparition des foires, des marchés et petits commerces au profit des premiers supermarchés qui tendent vers une société de consommation.

Le tout à travers une famille d'irréductibles Lorrains, de l'arrière-arrière-grand-père à l'arrière-arrière-petit-fils ; une belle saga que l'auteur nous conte. Une famille qui a conservé sa maison sur les hauteurs de Pompey, véritable balcon qui était accroché au milieu des vignes, avec vue sur la boucle de la Moselle et la Gueule d'Enfer où la Meurthe se joint à elle, avec son allée de mirabelliers, son potager et son jardin de fleurs, admiré plus tard par Emile Gallé et Louis Majorelle qui s'en inspireront.

Une demeure maintenant enclavée entre les constructions d'immeubles toujours plus nombreux. Dernier havre de paix où la famille Muller essaie de rester soudée malgré les différends. Des hommes et des femmes qui vont jouer un grand rôle dans la vie de la commune, les Collin, les Evrard et les Muller des gens du cru.


Un bel ouvrage à lire qui nous fait voyager dans le Département de la Moselle occupée jusqu'à celui de Meurthe et Moselle vers Nancy ou Toul en passant par les communes annexées ou limitrophes de la nouvelle frontière, Gravelotte, Ars sur Moselle, Jouy aux Arches, Pagny sur Moselle, Mars la Tour, Pont à Mousson et ses fonderies, Frouard et ses hauts-fourneaux, Champigneulles et sa Brasserie etc.

Bien sûr des endroits et une route que je connais bien puisque j'ai grandi dans une ville minière (mines de fer) Jarny en Meurthe et Moselle à 20 km de Metz et suis née à Toul 54.

Merci à l'auteur dont j'ai appris le décès en 2021, un journaliste, ex-Rédacteur en chef de l'Est Républicain de Nancy, quotidien bien connu des Lorrains, un Monsieur que j'ai côtoyé début 2019 au centre de rééducation de l'hôpital de Neufchâteau où nous étions tous les deux en soins.
Lien : http://jose-lire-et-le-dire...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans l'arc-en-ciel des couleurs des éléments, le rouge de l'hydrogène, le bleu de l'oxyde de carbone, le verdâtre blafard de la fonte, on ne s'apercevait pas que le jour était définitivement levé, encore moins que le ciel, près de cette nuit artificielle, étalait un azur vif et pur.
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Video de Michel Caffier (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Caffier
Café des libraires - Survivre : le c?ur des femmes Dimanche 23 septembre 2018 de 14h00 à 15h00 Brit Bennett - Jean Hegland - Gabriel Tallent - Valérie Caffier Jusque dans leur chair, les femmes ont, de tout temps, été brimées, violentées, brisées. C'est peut-être cette lutte pour la survie, comme inscrite dans leurs gênes, qui les rend aujourd?hui si fortes et si combatives. Trois portraits de femmes aux prises avec la rudesse du monde.
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