AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Albert Lortholary (Traducteur)
EAN : 9782073063694
112 pages
Gallimard (21/03/2024)
3.67/5   207 notes
Résumé :
Pour avoir vendu son ombre au Diable contre la bourse inépuisable de Fortunatus, Peter Schlemilh va connaître une existence de proscrit. Chacun se détourne avec effroi de ce voyageur fastueux et munificent mais qui n'est plus un homme comme les autres.

Condamné à vivre loin de la lumière pour masquer sa singularité, il tentera sans succès de reprendre son bien à l'Homme Gris. Mais un miraculeux hasard l'engagera dans la voie de l'expiation, du vrai sa... >Voir plus
Que lire après L'Etrange histoire de Peter SchlemihlVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 207 notes
5
8 avis
4
11 avis
3
14 avis
2
1 avis
1
0 avis
L'Étrange Histoire de Peter Schlemihl est une sorte de conte philosophique de la période romantique allemande, pas tellement différent de ceux qui nous sont parvenus de la période des lumières française.

Adelbert von Chamisso, ou peut-être devrait-on dire Louis Charles Adélaïde de Chamissot de Boncourt, puisque c'est son véritable nom et qu'il cache à lui seul bon nombre des démons qui agitent l'auteur, infuse son récit d'éléments de sa propre biographie.

En effet, fils de l'aristocratie française, émigré dans sa jeunesse avec ses parents en Prusse pour cause de révolution française, le petit Louis se sent rejeté de partout. S'il décide de germaniser son prénom, c'est probablement pour se faire mieux accepter en sa terre d'accueil. (Tiens, un autre qui voulait en finir avec Eddy Bellegueule...)

Il n'en demeure pas moins que le destin du héros de ce conte, Peter Schlemihl, va lui aussi faire quelques expériences douloureuses au contact du monde.
D'abord de condition humble, fraîchement débarqué d'on ne sait quel port après on ne sait quel périple, Peter se rend, sur recommandation, chez un soi-disant ami, Thomas John, dont la fortune notoire et le renom permettront peut-être à Peter de dénicher une position un peu moins inconfortable.

C'est à peine si M. John fait attention à lui, mais, dans sa suite, Peter Schlemihl remarque un triste sire, tout de gris vêtu, fort discret mais qui semble posséder d'étranges pouvoirs magiques...

Peter comprend vite qu'il n'a pas sa place dans cette société et est près à s'en retourner quand justement, l'homme à la grise mine l'aborde et lui propose un bien étrange marché : la bourse de Fortunatus où l'on peut puiser sans limite en échange de... son ombre.

Peter hésite quelques instants, puis, passé la surprise première de la proposition, trouve l'offre acceptable au vu de sa piètre condition. le voila donc nanti d'une bourse remplie d'écus d'or et qui jamais ne se tarit, mais dépourvue de l'ombre qui lui tenait compagnie de toujours.

Ce détail, si anodin soit-il, ne manque pas de faire un effroyable effet sur toutes les personnes qu'il rencontre. Et l'argent qu'il distribue plus que de raison pour faire oublier ce détail ne résout rien à sa disgrâce.

Subissant fortunes et revers divers, Peter, pris pour un monarque dans une contrée reculée d'Allemagne, s'amourache d'une Mina en taisant son handicap par un savant arrangement de ses activités diurnes et nocturnes. Mais évidemment, rien ne saurait se passer comme il l'espérait. La trahison de l'ignoble Rascal cause une catastrophe et son mariage avec Mina semble menacé.

C'est alors que l'homme à la grise mine lui propose de lui rendre son ombre tout en gardant la bourse, mais en échange de... son âme ! Je vous laisse découvrir la suite et la fin de ce conte évidemment centré sur l'argent et la possession matérielle. Peut-on vendre son âme pour de l'argent ?
Quel va-t-être le modus vivendi de notre infortuné très fortuné ?

Bref, un bon petit conte, sans plus, à la forme d'écriture un peu datée, mais qui se lit sans déplaisir et qui nous interroge forcément un petit peu tout de même (sur la possession, sur l'acceptation de la différence, etc.) et qui nous livre une vision parfois aigre de l'humain, du moins c'est mon étrange avis, un parmi tant d'autres, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          911
Un conte fantastique où l'on voit le jeune Peter Schlemihl, désargenté, succombé aux paroles d'un mysterieux homme en costume gris doté de pouvoirs extraordinaires, qui lui propose une bourse de pièces d'or s'il lui cède son ombre. Un marché avec le diable....
Ce marché improbable accepté, le jeune Peter va faire la cruelle expérience de la différence qui va le mettre peu à peu au ban de la société, car sans ombre, il est considéré comme un pestiféré.
Au terme d'une autre aventure fanstastique il parviendra à trouver une certain apaisement et une reconciliation avec le monde.

Un peu à la manière de Christo qui fait disparaître les monuments pour leur redonner une présence dans leur absence visuelle, Adelbert von Chamisso fait disparaître l'ombre de son héros malheureux pour lui en rappeler toute l'importance et la valeur inestimable, qui, lui faisant défaut désormais, va l'exclure du monde, le privant de tout lien social.
J'ai beaucoup aimé la forme qu'Adelbert von Chamisso a choisi pour nous conter ce destin fantastique, une longue lettre confession de Peter à son ami Aldebert.
L'Etrange histoire de Peter Schlemihl est une incursion dans le fantastique inhabituelle pour moi mais que j'ai trouvée très intéressante
Commenter  J’apprécie          364
J'ai acheté ce Folio 2€ parce que le thème faustien en diable me plaisait. Je ne connaissais pas du tout cet auteur. Ce conte procure une lecture agréable mais pas inoubliable non plus.

« L'étrange histoire de Peter Schlemihl » porte bien son titre. Etrange, l'histoire du personnage principal de ce court récit, l'est assurément. Au hasard d'une rencontre, Peter vend son ombre en échange de la richesse et, à partir de là, va connaître le malheur. le thème et la morale qui en découle sont des arguments connus et maintes fois traités dans la littérature. von Chamisso ne se démarque pas par l'originalité de son propos. En revanche, j'ai trouvé qu'il parvenait à donner une certaine atmosphère à son récit, une étrangeté permanente très agréable. L'écriture est fluide et très accessible mais sans grande personnalité.

J'ai bien aimé cette lecture. « L'étrange histoire de Peter Schlemihl » est un conte philosophique plaisant qui offre un court moment de lecture sympathique mais je pense que j'aurais tout oublié dans pas si longtemps.
Commenter  J’apprécie          320
Peter Schlemihl est déjà un Héros halluciné. On le retrouve hébété sur la lande, sur des débris de rochers, face à une mer et un ciel qui se déchaînent. Quelle a été sa faute ? Il a négligé l'importance de son ombre en la donnant en échange d'une bourse inépuisable à un singulier personnage qui ressemble... au Diable. Il lui faudra dès lors fuir la lumière du jour, des nuits aux lunes trop vives. Il va connaître, malgré toutes ses richesses, le plus invraisemblable désespoir, miné par son secret, et finira même banni de la société des hommes.
Le Diable, lui, le harcèle, comme s'il était devenu l'ombre dont il est désormais le Maître, et lui propose, pour le délivrer, d'échanger celle-ci contre son âme, en l'invitant à signer de son sang un parchemin maudit. Mais, cette fois-ci, il saura lui résister, à l'instar d'un Saint Antoine dans le désert. Il consacrera alors le reste de son existence en voyageant loin des hommes grâce à des bottes extraordinaires, et étudiant la nature dont il rêve d'écrire le système. Une région cependant lui reste interdite et condamne son oeuvre à rester fragmentaire.
Commenter  J’apprécie          290
Intéressante allégorie que celle de ce court roman. Si le pacte avec le diable repose habituellement sur la vente de l'âme, l'ombre cédée par Peter Schlemihl ne se confond pas avec celle-ci. Aussi fourbe qu'obséquieux, le Malin avance masqué. Il procède par étapes et minimise la portée de chaque transaction proposée. Une ombre, ça n'a l'air de rien. Et pourtant, elle revêt ici une signification particulière, comme le montre la réaction de rejet horrifiée partagée par tous ceux qui observent le héros au grand jour. J'ai dans l'idée que l'ombre, c'est l'estime des autres. Un regard évaluateur, qui s'attache à nous, et nous suit perpétuellement. Quand ce regard devient négatif, il semble incarner le diable, qui finit justement par se substituer à l'ombre du héros, pour lui proposer de racheter cette estime perdue… en l'estimant au prix de son âme, bien sûr. Mais un rachat authentique ne saurait se faire via un pacte ou une richesse diaboliques. Alors notre héros infortuné doit inventer une solution de fortune. La moralité est intéressante et nuancée, car elle montre que si le désir de réparation peut être infléchi vers un autre rêve de complétude, celui-ci est destiné à demeurer imparfait, la création restant l'ombre du créateur.

Ce dernier point invite à se pencher sur la biographie de Chamisso pour comprendre ce que cette histoire signifiait pour lui, tiraillé entre des cultures, doctrines et statuts sociaux qui s'excluaient mutuellement aux yeux des autres. Un entre-deux qui lui ferme bien des portes, mais le pousse à entrebâiller celle de la littérature fantastique, où Hoffmann s'engouffrera juste après lui.

Parmi les aspects négatifs, signalons que ce récit baigne dans un lacrymalisme romantique des plus grossiers. Une fois les péripéties lancées, il ne s'écoule pas deux pages sans que le héros et ses adjuvants ne fondent en larmes. On pourrait presque croire à une parodie. Mais ça ne me fera pas pleurer pour autant, car j'ai vendu mes propres larmes au diable en échange de vacances en Nouvelle-Hollande.
Commenter  J’apprécie          207

Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
- Monsieur le professeur, lui dis-je, vous serait-il possible de peindre une ombre à un homme qui, par un enchaînement inouï de malheurs, aurait perdu la sienne ? (...)
- Mais, (...) par quelle négligence, par quelle maladresse, cet homme a-t-il donc pu perdre son ombre ?
- Il importe peu, repartis-je, comment cela s'est fait ; cependant je vous dirai — et je sentis qu'il fallait mentir — que, voyageant l'hiver dernier en Russie, son ombre, par un froid extraordinaire, gela si fortement sur la terre, qu'il lui fut impossible de l'en arracher. Il fallut la laisser à la place où le malheur était arrivé.
Commenter  J’apprécie          240
Je me retournai, et j'aperçus une vieille femme qui me dit :
"Prenez donc garde, Monsieur, vous avez perdu votre ombre.
- Grand merci, ma bonne mère", lui répondis-je en lui jetant une pièce d'or pour prix de son bon avis, et je continuai ma route à l'ombre des arbres qui bordaient le chemin.
A la barrière, la sentinelle répéta la même observation :
"Où, celui-ci a-t-il laissé son ombre?"
Des femmes, à quelques pas de là, s'écrièrent :
"Jésus-Marie! le pauvre homme n'a point d'ombre!"
Commenter  J’apprécie          280
- M'acheter mon ombre ? il est fou, me dis-je en moi-même. (...) Eh ! mon ami, n'avez-vous donc point assez de votre ombre ? Quel étrange marché me proposez-vous !...
(...)
- Je ne demande à Monsieur que de me permettre de ramasser ici son ombre et de la mettre dans ma poche.
Commenter  J’apprécie          320
A propos, il faut que je vous montre encore que je ne laisse pas dépérir
les choses que j'achète, mais que j'en prends soin,
que je m'en fais honneur, et qu'elles ne sauraient être
mieux qu'entre mes mains. »
A ces mots il, tira mon ombre de sa poche, et la jetant
à ses pieds du côté du soleil, en la déroulant avec
dextérité, il se trouva avoir deux ombres à sa suite,
car la mienne obéissait, comme la sienne, à tous ses
mouvements.
Quand après un temps si long je revis enfin ma
malheureuse ombre, et la retrouvai dans cet odieux
servage, alors que son absence venait de me jeter dans
une telle détresse, je sentis mon cœur se briser, et
des torrents de larmes amères s'échappèrent de mes
yeux. Cependant, l'odieux homme gris, souriant avec
orgueil à sa conquête, et se promenant devant mes
yeux, osa me renouveler impudemment sa proposition
« Il tient encore à vous, allons, un trait de plume,
monsieur, et vous sauverez cette pauvre Mina d'entre
les griffes d'un vil scélérat, pour la presser avec amour
sur votre sein. Allons, comte, un trait de plume 1 A
ces mots mes larmes redoutèrent, mais je détournai
mon visage, et lui fis signe de s'éloigner.
Commenter  J’apprécie          60
Il ne me quittait pas et ne cessait d'exercer sur moi son éloquence, affectant toujours la plus parfaite sécurité que je finirais, ne fût-ce que pour me débarrasser de lui, par conclure le marché qu'il m'avait proposé. Il m'était en effet aussi à charge qu'odieux ; il me faisait peur. Je m'étais placé moi-même dans sa dépendance.
Commenter  J’apprécie          200

Video de Adelbert von Chamisso (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Adelbert von Chamisso
Vidéo de Adalbert von Chamisso
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
autres livres classés : littérature allemandeVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (584) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
415 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..