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EAN : 9782757897621
320 pages
Points (28/10/2022)
4.17/5   44 notes
Résumé :
Dans cette anthologie très personnelle, Françoise Chandernagor nous convie à la lecture des textes de femmes poètes francophones de tous horizons, que l'histoire littéraire a injustement laissées dans l'ombre, et nous raconte leurs vies si souvent tumultueuses. De ces regards de femmes sur l'amour émerge peu à peu, au sein d'un patrimoine poétique jusqu'ici essentiellement masculin, un chant singulier.
De la très sensuelle Béatriz de Die à la romantique Marce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« L'amour au féminin à travers neuf siècles d'expression poétique » francophone : voilà ce qu'annonce la quatrième de couverture de cette anthologie toute de rouge vêtue, élaborée par Françoise Chandernagor à la demande de son éditeur - des textes de femmes poètes toutes nées avant la Seconde Guerre mondiale. Parti-pris de «  décantation » du temps voulu par l'auteur.

Bien sûr, j'y ai retrouvé les classiques : Sappho, Louise Labbé, Marceline Desbordes-Valmore, Anna de Noailles, Christine de Pisan, Andrée Chedid, pour ne citer que les plus célèbres. J'ai découvert Marie Dauguet ou Marguerite Burnat-Provins.
Mais ce qui fait tout l'intérêt de ce recueil, c'est le ton très personnel aussi bien de l'avant-propos que des biographies détaillées de chaque poète à la suite de leurs textes, fourmillant de détails permettant d'éclairer leur oeuvre.

On y apprend, étonnamment, que « les poétesses sont plutôt moins sentimentales que les poètes » et que « dans leurs écrits, les poétesses semblent plus sensuelles que sexuelles ».
Oui, les femmes ont moins écrit, moins osé que les hommes, ce qui n'est sans doute que le reflet de leur place dans la société au fil des siècles. Car, comme le fait remarquer l'auteur, « l'inspiration est capricieuse : quand elle frappe à la porte, si on ne lui ouvre pas tout de suite, elle s'en va ! ».
Pour autant, certaines ont néanmoins été précurseurs : Marceline a inventé le romantisme avec ses Élégies et Romances dès 1819, et Marie Krysinksa le vers libre dès 1882. Mais qui le sait…

Coup de coeur de fin d'année donc pour cette instructive et évidemment poétique anthologie.
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La critique de Piatka et le bel objet-livre, tout de rouge vêtu, m'ont donné fortement envie de me procurer cette anthologie, je me la suis offerte pour Noël, et c'est un cadeau qui me ravit...

D'abord, quel intéressant avant-propos ! L'auteure explique que c'est son éditeur qui lui a proposé de réunir des poèmes écrits par des femmes en langue française. D'abord réticente, elle s'est prise au jeu et a fait des recherches.Constatation évidente: comme dans les autres domaines littéraires, la femme est fort peu représentée en poésie, en France,au contraire d'autres pays comme l'Angleterre ou la Russie.Combien d'entre elles sont tombées dans l'oubli...Cela l'a justement incitée à mener à bien ce projet. Et elle a eu raison!

La poésie dite "féminine", comme elle le rappelle,n'est pas mièvrerie et romance, elle peut être philosophique, engagée. En amour, elles sont même moins sentimentales que les hommes. En mettant ces femmes-poètes ( je n'aime pas tellement le terme"poétesse"que je trouve assez condescendant...) en valeur, elle espère, comme Sappho qu"il y aura quelqu'un , un jour, pour se souvenir de nous"...

L'anthologie , chronologique, présente bien sûr les femmes poètes reconnues et qui ont résisté au temps, comme Christine de Pisan, Anna de Noailles, Marceline Desbordes-Valmore, mais aussi des auteures méconnues , comme Marie Dauguet, Juliette Darle, Cécile Sauvage,et bien d'autres.J'ai beaucoup apprécié les biographies, émaillées de nombreuse anecdotes, remarques,qui accompagnent les poèmes.

Certes, les hommes dominent en poésie, cependant j'adhère complètement à cette remarque de l'auteure:" Mais ce n'est pas une raison pour étouffer le chant, gracieux ou bouleversant, même s'il est parfois plus frêle, des femmes poètes de talent"...

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Objectif réussi pour cette anthologie de la poésie féminine au travers du thème de l'amour : on y découvre des poétesses inconnues ou méconnues, et on referme le livre avec l'envie urgente de dégoter d'autres trésors de ces poétesses que l'on entend décidément très peu. Déjà que la poésie n'est pas très « audible » (probablement parce que pas très « vendeuse »), alors quand il s'agit d'une auteure ….

D'ailleurs, Françoise Chandernagor, qui ne rassemble ici que des poétesses nées avant la deuxième guerre mondiale, « les plus jeunes ne [devant] être jugées qu'une fois passé le temps nécessaire à la décantation », règle ses comptes avec les éditeurs et les érudits: dans sa préface, elle dénombre méticuleusement le nombre de pages consacrées aux poétesses dans les anthologies connues du grand public, le nombre de poétesses publiées dans les collections de poche de poésie, et démontre ainsi, simplement et rigoureusement, la sous-représentation des femmes en poésie.

La poésie, chasse gardée de ces Messieurs. Peut-être un peu à l'image de la haute gastronomie, de la haute couture, de la direction d'orchestre, de la composition de musique classique, de la peinture, … La liste est longue, de ces disciplines artistiques – socialement très valorisées - qui sont l'apanage quasiment exclusif des hommes. Si on ouvrait la porte aux talents féminins, nous aurions alors un point de vue plus complet sur la création humaine et l'imagination, et peut-être des oeuvres d'art complétement différentes …

Mais revenons à nos moutons. L'anthologie s'ouvre sur la toute grande Sapho (certes elle n'est pas francophone, mais comment parler de poésie féminine sans un mot sur cette immense poétesse ?). Ensuite on parcourt les siècles, depuis le Moyen Âge (j'y ai d'ailleurs découvert un Moyen Âge beaucoup moins obscurantiste et machiste que celui de mes cours d'histoire …) jusqu'à Vénus Khoury-Ghata… Tantôt romantiques (Marceline Desbordes-Valmore bien sûr), tantôt coquines. Tantôt sensuelles (Marie Dauguet, Renée Vivien, Marguerite Burnat-Provins), tantôt mystiques. Tantôt heureuses, mais le plus souvent malheureuses …

Pour chaque poétesse, Françoise Chandernagor y va de son petit mot d'explication sur sa vie et son oeuvre, souvent complété par des extraits d'autres poésies … Elle analyse les poèmes sous l'angle mélodique et rythmique, rappelant par-là que la poésie est d'abord écrite pour être lue à voix haute, déclamée … ce que trop peu savent encore aujourd'hui (en tout cas en Belgique, à Bruxelles, où les soirées « poésie » se comptent sur les doigts d'une main pour un mois entier, même en tenant compte des soirées slam). Mais je m'égare de nouveau.

En conclusion, ne boudons pas notre plaisir, gardons dans nos journées connectées un petit moment pour soi, le temps du plaisir de quelques pages de cette anthologie. Et espérons très vite qu'il y aura d'autres anthologies consacrées à la poésie féminine francophone, sur des thèmes un peu moins bateau que l'amour …
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J'ai d'abord lu l'avant propos : la mise dans le contexte de ce recueil, l'origine de sa création, les choix qui ont été fait. Ensuite, j'ai lu par petite touche les textes proposés, j'ai découvert des auteures..... pour être honnête je les ai presque toute découvertes, au mieux je connaissais leur nom, mais c'était bien rare.
J'ai aimé certains poèmes, d'autres m'ont laissée indifférente, et très clairement il yen a auquel je n'ai rien compris.
Mais globalement j'ai pris beaucoup de plaisir, et je n'hésite pas de temps en temps à ouvrir une page au hasard.
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A lire! Pas d'un trait! Peu à peu, ou en alternant de longues rasades... et de petites lampées. Toutes savoureuses.
Pourtant le point d'entrée parait un peu mince, ou du moins peu porteur d'une nouveau regard de la poésie; D' ailleurs Françoise Chandernagor elle même mentionne dans son avant propos: "je ne suis pas sûre qu'il existe une poésie féminine différente de la poésie masculine".
Et pourtant c'est un bon livre!
Est avouable? le papier, la typographie mêlant noir et rouge contribuent à l'envie de se plonger dans sa lecture.
Et l'on est récompensé de cet a priori positif. L'enchaînement rapide des styles nous fait voyager dans différentes poésies. les commentaires de Françoise Chandernagor viennent resituer la poétesse et son oeuvre, sans manquer de prendre parti: "je n'aime pas la poésie discursive, rhétorique, la poésie d'idées; elle pèse", et en appuyant de quelques coups de griffe (Margueritte Yourcenar; je vous laisse découvrir page 45!).

Bref quelques belles pages dans un bel écrin.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
ODE À L’AMANT

Tu es la vigueur du soleil
Et ta sève embaume,
Elle est un ruisseau de Mai sous l'aubépine,
Plus douce que la fleur du sureau.
Tu te dresses et tu es la force de la forêt,
Son mouvement dans la lumière.
Ta poitrine est rude sous ma joue,
Tes reins blessent mes mains nouées,
Tu es rude comme un chêne.

Je t'ai baisé comme un rouge-gorge dans ma main,
J'aime la tiédeur de ton corps dans ma main.
Je me rassasie de ton odeur sauvage ;
Tu sens les bois et les marécages
Tu es beau comme un loup (…)
Je louerai ta brutalité,
Le sanglot rauque de ta chair ;
Je louerai ta sève immense
Où l'univers est en puissance.
Je louerai tes poings et comment ils se dénouent
Tout à coup quand tu retombes
Au creux d'une épaule,
Plus doux qu'un petit enfant
Et plus innocent qu'un ange.

MARIE DAUGUET, 1926
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L’ALOÈS

Au bout de l’amour il y a l’amour
Au bout du désir il n’y a rien.
L’amour n’a ni commencement ni fin.
Il ne nait pas, il ressuscite.
Il ne rencontre pas, il reconnaît.
Il se réveille comme après un songe
Dont la mémoire aurait perdu les clefs.
Il se réveille les yeux clairs
Et prêt à vivre sa journée.
Mais le désir insomniaque meurt à l’aube
Après avoir lutté toute la nuit.

Parfois l’amour et le désir dorment ensemble
Et ces nuits-là on voit la lune et le soleil.

Liliane WOUTERS, 1983
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Ecrivez quand même, oui, écrivez encore, écrivez sans cesse, malgré l’indifférence du public, le silence de la critique, et l’incompréhension de vos amis. Écrivez, pour les étoiles comme Cécile Sauvage, pour les palmiers comme Anne Perrier, pour le désert comme les poétesses du Liban. Car, lorsqu’ils ont été suffisamment recopiés, imprimés ou mis sur le Net, les poèmes vivent plus longtemps que les poètes. Votre corps, votre nom, auront disparu depuis des siècles quand un jour, par hasard, un curieux dénichera, au fond d’une bibliothèque en ruine, sous une épaisse couche de poussière, un exemplaire papier, ou numérique, d’une de vos œuvres. Et, soudain, on essaiera de savoir qui vous étiez, on vous lira avec intérêt, dans la surprise de l’instant on vous portera même aux nues, vous serez lancée – ou relancée : croyez-vous qu’on lisait encore Christine de Pisan et Ronsard au XVIIème siècle, ou Maurice Scève et Du Bellay au XVIIIème ? Le XXème siècle leur a donné une seconde chance. Comptez sur le XXIIème …

Et surtout, n’oubliez jamais ce qu’a écrit Sappho, cette petite phrase isolée dont le contexte est perdu, une phrase orpheline, à demi dévorée par le temps, mais que tout écrivain, tout artiste, devrait se répéter comme un mantra : « il y aura quelqu’un, un jour, pour se souvenir de nous ».
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LA SINCÈRE

Veux-tu l'acheter ?
Mon coeur est à vendre.
Veux-tu l'acheter,
Sans nous disputer ?

Dieu l'a fait d'aimant ;
Tu le feras tendre ;
Dieu l'a fait d'aimant
Pour un seul amant !

Moi, j'en fais le prix ;
Veux-tu le connaître ?
Moi, j'en fais le prix ;
N'en sois pas surpris.

As-tu tout le tien ?
Donne et sois mon maître.
As-tu tout le tien,
Pour payer le mien ?

S'il n'est plus à toi,
Je n'ai qu'une envie :
S'il n'est plus à toi,
Tout est dit pour moi. (...)

L'âme doit courir
Comme une eau limpide ;
L'âme doit courir,
Aimer et mourir.

Car pour nos amours
La vie est rapide,
Car pour nos amours
Elle a peu de jours.

Marceline DESBORDES-VALMORE
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VERS D’AMOUR

Tu gardes dans tes yeux la volupté des nuits,

O Joie inespérée au fond des solitudes !

Ton baiser est pareil à la saveur des fruits

Et ta voix fait songer aux merveilleux préludes

Murmurés par la mer à la beauté des nuits.

Tu portes sur ton front la langueur et l’ivresse,

Les serments éternels et les aveux d’amour,

Tu sembles évoquer la craintive caresse

Dont l’ardeur se dérobe à la clarté du jour

Et qui te laisse au front la langueur et l’ivresse.

Renée VIVIEN, Cendres et Poussières, 1902
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