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EAN : 9782070708093
168 pages
Gallimard (11/09/1986)
4.45/5   28 notes
Résumé :
La Parole en archipel est un recueil de poèmes de René Char paru en 1962.

Il contient des groupes de poèmes écrits entre 1952 et 1960.

* Lettera amorosa
* La Paroi et la prairie
* Poèmes des deux années
* La Bibliothèque est en feu et autres poèmes…
* Au-dessus du vent
* Quitter

Source : Wikipédia
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est beau comme un rivière qui coule, fougueux comme un torrent, frais comme comme une journée d'hiver, odorant comme le printemps, chaud comme un après-midi d'été, coloré comme un sous-bois l'automne ... C'est ce qu'il est possible de faire avec des mots, un archipel où se repose l'esprit, où la pensée s'envole. C'est Noël tous les jours.
C'est beau comme du René Char.
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N° 1529- Février 2021

La Parole en archipelRené Char – Gallimard.

Ce recueil est une approche de l'oeuvre du poète René Char (1907-1988). Il est divisé en « Lettera amorosa », « La paroi et la prairie », « Poèmes des des années», « L'amie qui ne restait pas », « La bibliothèque est en feu et autres poèmes », « Au-dessus du vent », « Quitter ».

Il s'agit essentiellement de poèmes en prose, parfois présentés en strophes, mais rarement rimés, qui libérés de toute contrainte prosodique expriment sans entrave l'émotivité de l'instant ou des mots puisés dans une mémoire qui devient créatrice. C'est le souvenir d'une femme dont il est amoureux, d'une image de jeunesse qui revient, une vision fugitive ou bien ancrée en lui de la nature qui l'entoure, la présence prégnante de la Sorgue qui irrigue tout son être de sa présence définitive. Sa poétique est faite de sons, de la musique des paroles devenues enchanteresses par les images qu'elles suscitent et les réflexions personnelles qu'elles portent en elles, même si le sens d'icelles peuvent momentanément nous échapper. le poète suit son idée, poursuit son rêve, tire pour lui-même le fil de son inspiration intime jusque dans la veille, ce qui fait de lui un guetteur, un scribe qui, avec ses formules nous fait partager son voyage, nous emmène avec lui pour peu que nous le voulions bien, un pied dans le vide de l'inconscient avec ses remords et ses fantômes, un autre bien planté dans la terre du quotidien. Tout cela peut paraître dérisoire, ce ne sont que des signes tracés sur la feuille blanche et son défi, fruits de « l'éclair » de l'instant, tressés face à l'oubli mais ils sont autant de pieds de nez à la mort qui nous attend tous. Ils sont les traces qu'il entend laisser de son passage sur terre, des instants d'émotions qu'ils a ressentis et qu'il nous propose de nous approprier parce que, un jour ou l'autre, au hasard de notre vie, ils seront peut-être aussi les nôtres. C'est l'héritage qu'il nous laisse, vibration insolite, immatérielle et parfois incomprise qu'il sème derrière lui en espérant sans doute qu'un jour prochain une germination se fera dans le secret d'un être différent de lui et qui lui restera à jamais inconnu, mais qu'importe. Les mots du poète tombent dans cette bibliothèque à la disposition de tous pour aider les autres hommes à surmonter une épreuve, y puiser de la force, dessiner une passion, un rêve intemporel ou au contraire bien réel. Libre à eux de les lire, de s'en nourrir ou au contraire de les négliger ou pire de les dénigrer, parce que cela appartient à un autre temps, à un autre univers, parce que le présent met en avant d'autres pouvoirs plus actuels, plus valorisants de réussite, qui nécessitent et exigent une révélation publique mais ne résistent ni à l'oubli ni au néant. Ils sont autant de repères, de jalons qu'il sème derrière lui, loin des hypocrisies et des lâchetés de ce monde que l'homme lui-même détruit alors qu'il s'agit de son propre berceau, de sa survivance, mais aussi de son avenir. Ils ne sont que du vent mais il nous appartient de les charger nous-mêmes du poids que nous entendons leur donner.

Son univers créatif va de moments intemporels puisés au mouvement surréaliste auquel il a un temps adhéré, à une vision plus humaine et quotidienne, glanée sans doute dans ces années de guerre et de Résistance au maquis. Elle prend alors une dimension humaniste mais aussi amoureuse même si la femme évoquée n'est ici qu'une silhouette frêle, presque évanescente mais porteuse de consolations, de rêves et de bonheur. C‘est tout cela René Char et encore bien autre chose aussi mais, au travers de son écriture ce qui s'impose au lecteur-témoin, c'est la liberté et c'est sans doute Albert Camus qui en parle le mieux quand il dit de lui « L'homme et l'artiste, qui marchent du même pas, se sont trempés hier dans la lutte contre le totalitarisme hitlérien, aujourd'hui dans la dénonciation des nihilismes contraires et complices qui déchirent notre monde. […] Poète de la révolte et de la liberté, il n'a jamais accepté la complaisance, ni confondu, selon son expression, la révolte avec l'humeur ».

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La Parole en archipel est un recueil de poèmes qui contient :
Lettera amorosa, deuxième version
La Paroi et la prairie
Poèmes des deux années
La Bibliothèque est en feu et autres poèmes…
Au-dessus du vent
Quitter
c'est beau, c'est unique c'est CHAR............
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
L'ALLEGRESSE (extrait de QUITTER)

Les nuages sont dans les rivières, les torrents parcourent le ciel. Sans saisie les journées montent en graine, meurent en herbe. Le temps de la famine et celui de la moisson, l'un sous l'autre dans l'air baillonneux, ont effacé leur différence. Ils filent ensemble, ils bivaquent ! Comment la peur serait-elle distincte de l'espoir, passant raviné ? Il n'y a plus de seuil aux maisons, de fumée aux clairières. Est tombé au gouffre le désir de chaleur - et ce peu d'obscurité dans notre dos où s'inquiétait la primevère dès qu'épiait l'avenir.
Pont sur la route des invasions, mentant au vainqueur, exorable au défait. Saurons-nous, sous le pied de la mort, si le coeur, ce gerbeur, ne doit pas précéder mais suivre ?
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L’Eternité à Lourmarin (page 145)
Albert Camus

"Il n’y a plus de ligne droite ni de route éclairée avec un être qui nous a quittés. Où s’étourdit notre affection ? Cerne après cerne, s’il approche c’est pour aussitôt s’enfouir. Son visage parfois vient s’appliquer contre le nôtre, ne produisant qu’un éclair glacé. Le jour qui allongeait le bonheur entre lui et nous n’est nulle part. Toutes les parties – presque excessives – d’une présence se sont d’un coup disloquées. Routine de notre vigilance… Pourtant cet être supprimé se tient dans quelque chose de rigide, de désert, d’essentiel en nous, où nos millénaires ensemble font juste l’épaisseur d’une paupière tirée.
Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n’est pas le silence. Qu’en est-il alors ?

Nous savons, ou croyons savoir. Mais seulement quand le passé qui signifie s’ouvre pour lui livrer passage. Le voici à notre hauteur, puis loin, devant.

A l’heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d’énigme, soudai n commence la douleur, celle de compagnon à compagnon, que l’archer, cette fois, ne transperce pas."
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« Pourquoi la journée vole »

Le poète s’appuie, durant le temps de sa vie, à quelque arbre, ou mer, ou talus, ou nuage d’une certaine teinte, un moment si la circonstance le veut. Il n’est pas soudé à l’égarement d’autrui. Son amour, son saisir, son bonheur ont leur équivalent dans tous les lieux où il n’est pas allé, où jamais il n’ira, chez les étrangers qu’il ne connaîtra pas. Lorsqu’on élève la voix devant lui, qu’on le presse d’accepter des égards qui retiennent, si l’on invoque à son propos les astres, il répond qu’il est du pays d’à côté, du ciel qui vient d’être englouti.
Le poète vivifie, puis court au dénouement.
Au soir, malgré sur sa joue plusieurs fossettes d’apprenti, c’est un passant courtois qui brusque les adieux pour être là quand le pain sort du four.
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L'automne ! Le parc compte ses arbres bien distincts. Celui-ci est roux traditionnellement; cet autre, fermant le chemin, est une bouillie d'épines. Le rouge-gorge est arrivé, le gentil luthier des campagnes. Les gouttes de son chant s'égrènent sur le carreau de la fenêtre. Dans l'herbe de la pelouse grelottent de magiques assassinats d'insectes. Ecoute mais n'entends pas.
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Le dessein de la poésie étant de nous rendre souverains en nous impersonnalisant, nous touchons, grâce au poème, à la plénitude de ce qui n'était qu'esquissé ou déformé par les vantardises de l'individu.
Les poèmes sont des bouts d'existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort, mais assez haut pour que, ricochant sur elle, ils tombent dans le monde nominateur de l'unité.
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Vidéo de René Char
Les grands classiques du répertoire N°1 : René Char. “Claire”, suivi de “Fêtes des Arbres et du Chasseur” - Première diffusion sur la Radiodiffusion-Télévision Française : 14/05/1955. Réalisation : Alain Trutat. Musique originale : Pierick Houdy. Chef d'orchestre : Pierre Michel Le Conte. Avec Jacqueline Pagnol, Pierre Vaneck, Roger Blin, Madeleine Sylvain, Jean Mauvais, Pierre Leproux, Gaetan Jor, Jean-Jacques Morvan, Jean Péméja, Roger Pigaut, Jean Topart, Paul Emile Deiber, Lucienne Bogaert, Pierre Larquey, Michel Dumur, Catherine Goetgheluck. Et Cyril Dives à la guitare et l’Orchestre National de la RTF. “Claire” Dans cette suite, René Char suit le cours d’une rivière à laquelle il donne le nom familier de Claire. Il imagine que dans les villages et les lieux qu’elle traverse vivent, participant de l’existence de tous, des jeunes filles et des jeunes femmes appelées également Claire. Mais elles ne sont que des personnifications vivantes de la rivière elle-même. Claire est celle que le poète attend, la “Rencontrée” qui seule lui permet de chasser ses fantômes et de continuer à vivre. Claire est une et plusieurs, toutes celles qui “aiment, rêvent, attendent, souffrent, questionnent, espèrent, travaillent”. À travers les personnages d’un chef d’opérations dans le maquis puis d’un chargé de mission de la Résistance, ce sont ses propres contradictions qu’interroge le poète des “Feuillets d’Hypnos”. Dans “Claire”, il poursuit sous une forme dramatique son analyse à la fois poétique et politique du réel, avoue ses déceptions face à l’hostilité d’un monde qui aurait dû changer et s’est reconstruit, étranger à cette espérance. “Fêtes des Arbres et du chasseur” Poème pour voix et guitare. Deux joueurs de guitare sont assis en plein air dans l’attente du chasseur. Ils échangent des poèmes. Thèmes : Création Radiophonique| Radiodiffusion-Télévision Française| Grands Classiques| Poésie| France Culture| René Char
Source : France Culture
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