L'immixtion d'un anthropologue dans la vie d'ados, d'éducs, d'une institution. Un autre regard, un questionnement, se dédouanant rapidement de la théorie pour laisser place aux sensations, à la musique des mots, aux couleurs des murs, et des visages, au goût des plats et des relations.
" Marseau et les éducateurs luttent peut-être contre ces inavouables pensées qui parasitent leur conscience qui semblent s'imposer, puis se rétractent. Il leur faut en permanence peser leurs mots, évaluer dans quelle mesure ceux-ci se réfèrent à des pensées politiquement incorrectes. "
La douce présence d'un observateur, intrus, étranger, d'un grain de sable dans une institution. Mais l'observateur se retrouve pris, conduit aux frontières de son propre vécu, rattrapé par les sensations étranges qu'il éprouve dans ce foyer. Alors les souvenirs se délient et reviennent à sa mémoire ces moments de vie de famille qui ont laissé à jamais leur empreinte.
Un livre intéressant de par le parti que l'auteur prend dés le début. Il annonce la couleur, la théorie, sa théorie s'est vite retrouvée annihilée par les paroles des ados et des éducateurs. Alors l'anthropologue fait l'expérience de cette zone grise, pour reprendre le terme de
Jean-François Gomez, cette résonnance d'un vécu dans ce positionnement professionnel, mettant à mal jusqu'à la mission envisagée a priori.
Cependant, ce livre s'arrête bien trop vite, on attend la suite, la mise au travail malgré les difficultés. Voilà un problème bien connu des travailleurs sociaux, rencontrer ce qui résonne en nous dans des souffrances de jeunes et de moins jeunes. Mais la question est surtout de savoir comment on fait avec, comment chacun bricole avec cela, pour maintenir le cap et aller au bout de sa mission.
Alors à quand la suite…