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Louis-Jean Calvet (Traducteur)
EAN : 9782228882699
144 pages
Payot et Rivages (11/05/1990)
3.47/5   18 notes
Résumé :
Dans quelle mesure la recherche et la spéculation sur la nature du langage éclairent-elles les "principes mentaux humains" ? Ou comment la linguistique donne-t-elle, depuis le Moyen Age, des clés pour comprendre les mécanisme de la pensée ? Ces questions sont au cœur des trois conférences, rapportées dans cet ouvrage, données par Noam Chomsky devant des étudiants à Berkeley en 1967 : trois parties, passé, présent, futur, qui correspondent aux temps de l'investigatio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est la question de la poule ou de l'oeuf. Lequel des deux est arrivé le premier : le langage ou la pensée ? Si la linguistique devait s'intéresser à un problème majeur de son domaine, c'est bien celui-ci. Noam Chomsky nous explique pourquoi en trois conférences chronologiquement caractéristiques : le passé, le présent, le futur.


Le passé permet de partir sur des bases communes et de comprendre pourquoi la linguistique est devenue ce qu'elle est aujourd'hui. Noam Chomsky différencie essentiellement deux courants majeurs qui sont la grammaire philosophique -surtout prégnante au siècle du Romantisme- et la grammaire structuraliste -qui eut une influence décisive jusqu'à la moitié du 20e siècle. Des concepts importants sont posés et déjà, la distinction se fait entre structure superficielle et structure profonde. La question se pose de savoir quelles lois régissent le rapport entre ces structures.


Le présent est une conférence essentiellement technique au cours de laquelle Noam Chomsky présente l'état d'avancée des recherches dans le domaine de la linguistique au moment où il s'exprime, en janvier 1967. Structure profonde et structure superficielles sont encore utilisées et sont déployées ici pour illustrer concrètement leur intérêt dans l'étude du langage. Les exemples se multiplient et, pour peu que l'on maîtrise l'anglais et que l'on connaisse certaines de ses subtilités, on saisira plus facilement les enjeux de la linguistique.


« Un problème majeur est posé par le fait que la structure superficielle en elle-même donne généralement très peu d'indications sur le sens de la phrase. Il y a par exemple de nombreuses phrases ambiguës d'une façon que n'indique pas la structure superficielle.
Considérons la phrase 4 :

4 – I disapprove of John's drinking.

Cette phrase peut faire référence soit au fait que John boit dans l'instant, soit à son caractère. L'ambiguïté est résolue, de façons différentes, dans les phrases 5 et 6 :

5- I disapprove of John's drinking the beer.
6- I disapprove of John's excessive drinking.

Il est clair que les processus grammaticaux sont implicites. »


La réflexion tourne donc essentiellement autour du problème qui consiste à révéler quels sont les processus qui relient la représentation phonétique à la représentation sémantique –ce n'est qu'une autre façon d'aborder, en creusant un peu plus profondément, l'ancienne dualité entre structure superficielle et structure profonde.


Le futur est une conférence plus spéculative mais c'est sans doute la plus intéressante. Noam Chomsky émet ses opinions quant à savoir quelle direction devrait emprunter la recherche linguistique pour dépasser tous les anciens clivages et modèles de prêt-à-penser dans le domaine du langage. Sans qu'il ne le dise clairement, on sent que l'émergence parallèle des sciences neurobiologiques a pu influencer Noam Chomsky. Dans le futur, le langage devra trouver une explication plus convaincante dans le réseau synaptique :


« En d'autres termes, nous pourrons poser la question suivante : quelle structure initiale doit posséder l'esprit pour pouvoir construire une telle grammaire à partir des données des sens ? »


Nous pénétrons ici en territoire mystérieux et Noam Chomsky ne cherche pas à spéculer. Il débroussaille à peine le terrain en nous faisant connaître quelques idées corroborant son hypothèse et nous abandonne à notre méditation, sans avoir rien résolu ni souhaité le faire. Aux autres de prendre le relais…


Le langage et la pensée signerait donc la fin de la linguistique telle qu'on la connaissait dans les années 1970. Que s'est-il passé depuis ? La structure innée que doit posséder l'esprit n'a toujours pas été clairement identifiée et si certaines découvertes ont pu nous faire cheminer tranquillement dans cette direction, il n'existe toujours aucune hypothèse qui ne soit « suffisamment riche » pour contenter Noam Chomsky.


D'abord hermétique, cette lecture nécessite une concentration accrue pour se révéler progressivement. Noam Chomsky ne cherche pas particulièrement à se montrer accessible et dans le cas d'un linguiste, on peut se demander si cela n'est pas fait sciemment. « Hérétique, n'essaie pas d'en savoir plus que tu ne le dois » -ainsi semble-t-il vouloir s'adresser au lecteur du dimanche. Peut-être parce qu'il s'est passé peu de choses depuis les années 1970, le langage et la pensée ne donne pas l'impression d'être révolutionnaire et n'apprend rien que l'on ne connaissait déjà. Il s'agit simplement de soulever le mystère expliquant l'émergence du langage chez l'être humain en insistant sur la nature forcément complexe de ce processus –au moins aussi superficiellement alambiqué que le livre qui en parle- et peut-être, finalement, aussi profondément trivial qu'il nous apparaît à la fin de la lecture. Rappelons toutefois que plus de quatre décennies sont passées par là, ce qui explique peut-être une relative déception.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Ce livre est l'ensemble de 3 conférences. Il est assez complexe et spécifique. D'abord, il s'agit d'étudier la nature du langage puis, l'auteur présente les recherches contemporaines sur la linguistique et la pensée. Et enfin, la théorie de la direction que pourrait prendre la linguistique.
Certains mots me sont restés obscures du début jusqu'à la fin du livre comme: « structure profonde », « structure superficielle ».
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Huarte distingue ensuite trois degrés d’intelligence. Le plus bas de ceux-ci est « l’intelligence docile », satisfaisant à la maxime qu’il attribue par erreur […] à Aristote, selon laquelle il n’y a rien dans l’esprit qui ne lui est simplement transmis par les sens. Le degré suivant, l’intelligence humaine normale, va bien au-delà de la limitation empirique : elle peut « engendrer elle-même, par sa propre puissance, les principes sur lesquels repose la connaissance ». […] Ainsi l’intelligence humaine normale est-elle capable d’acquérir la connaissance par ses propres moyens, en utilisant peut-être les données des sens, mais en continuant à construire un système cognitif grâce à des concepts et des principes développés sur des bases indépendantes ; et elle est capable d’engendrer de nouvelles pensées et de trouver des moyens nouveaux et appropriés pour les exprimer, par des voies qui transcendent entièrement tout entraînement et toute expérience.
Huarte postule un troisième type d’intelligence, « par laquelle certains, sans art ni étude, disent des choses subtiles et surprenantes, cependant vraies, qui ne furent jamais vues ou entendues ou écrites, ni même pensées ». On fait ici référence à la vraie créativité, exercice de l’imagination créatrice par des moyens qui vont plus loin que l’intelligence normale et qui peuvent, pense-t-il, impliquer un « mélange de folie ».
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Les phénomènes dont traite la grammaire sont à un certain niveau expliqués par les règles de la grammaire elle-même et par l’interaction de ces règles. A un niveau plus élevé, ces mêmes phénomènes sont expliqués par les principes qui déterminent le choix de la grammaire sur la base de l’expérience limitée et incomplète dont disposait la personne qui a acquis la connaissance de la langue et qui s’est construit cette grammaire particulière. Les principes qui déterminent la forme de la grammaire et qui choisissent une grammaire de forme appropriée sur la base de certains faits constituent un sujet qui pourrait, selon l’usage traditionnel, être appelé « grammaire universelle ». L’étude de la grammaire universelle ainsi comprise est une étude de la nature des capacités intellectuelles humaines.
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Les propriétés qu’ont en commun les langages humain et animal sont d’être « intentionnels », « syntaxiques » et « énonciatifs ». Le langage est intentionnel car « il y a presque toujours dans le discours humain une intention définie de passer quelque chose à quelqu’un d’autre, de modifier sa conduite, ses pensées ou son attitude générale face à une situation ». Le langage humain est « syntaxique » car tout discours est un acte de parole pourvu d’une organisation interne, d’une structure et d’une cohérence. Il est « énonciatif » parce qu’il transmet de l’information. […]
Tout cela peut être vrai mais n’établit que bien peu de choses, puisque lorsque nous nous plaçons au niveau d’abstraction où se rejoignent langage humain et communication animale, presque tous les autres comportements peuvent aussi s’y retrouver. Considérons la marche : la marche est clairement un comportement intentionnel, au sens le plus général d’ « intentionnel ». La marche est également « syntaxique » au sens défini ci-dessus, comme l’a en fait souligné Karl Lashley il y a longtemps, dans son importante discussion de l’ordre sériel dans le comportement […]. En outre, elle peut très certainement apporter de l’information, je peux par exemple signaler mon intérêt à atteindre un certain point par la vitesse à laquelle je marche. […]
En outre, il est faux de penser que l’usage du langage humain se caractérise par la volonté ou le fait d’apporter de l’information. Le langage humain peut être utilisé pour informer ou pour tromper, pour clarifier ses propres pensées, pour prouver son habileté ou tout simplement pour jouer.
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L’honnêteté nous oblige à admettre que nous sommes aujourd’hui tout aussi loin que l’était Descartes il y a trois siècles de comprendre ce qui permet à un homme de parler de façon novatrice, libre du contrôle de stimuli, ainsi qu’adéquate et cohérente. C’est un sérieux problème que le psychologue et le biologiste doivent finalement aborder, et dont on ne peut nier l’existence en invoquant l’ « habitude », le « conditionnement » ou la « sélection naturelle ».
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Le but de la grammaire philosophique était clairement de développer une théorie psychologique et non une technique d’interprétation textuelle. La théorie prétend que la structure profonde sous-jacente, avec son organisation abstraite de formes linguistiques, est « présente à l’esprit » lorsque le signal, avec sa structure superficielle, est émis ou perçu par les organes humains. […] Il doit y avoir, représenté dans l’esprit, un système fixé de principes génératifs qui caractérisent et associent les structures profonde et superficielle –en d’autres mots une grammaire qui est utilisée d’une certaine façon lorsque des énoncés sont produits ou interprétés. […] Le problème de la détermination du caractère de telles grammaires et des principes qui les gouvernent est caractéristique de la science.
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