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EAN : 9782207133804
160 pages
Denoël (17/03/2016)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Octave Mathurin, un paisible et assez mauvais professeur d'histoire ne parvient à calmer ses élèves qu'en leur racontant des histoires drôles. C'est pourtant lui qui sera choisi pour être le prochain Président de la République. Il est acclamé par la foule qui l'aime parce qu'il n'y connaît rien, n'a pas de programme et ne fait pas partie du sérail politique, au contraire, il a limogé tous ceux qui en étaient et qui lorgnaient de belles places. Moira Cochrane est une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce roman, écrit en 1960, soit bien avant les grands succès de l'auteur "Le passé simple", Naissance à l'aube", "Une enquête au pays", mêle l'absurde et la dénonciation de l'ordre social et la supercherie liée à l'image et aux capacités des personnes incarnant l'Etat sur fond de personnages tirés de bande dessinées comme Popeye ou Tintin. le résultat est donc conforme à une oeuvre de jeunesse.
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Que voici un roman étrange, à la fois drôle, un peu absurde dans ses personnages de deux Mamadou, pas crédible et en fait visionnaire et assez proche d'une certaine réalité, profondément moderne. Écrit en 1960/61 par un auteur marocain d'expression française, Driss Chraïbi (1926-2007), publié en 1961. Quelle belle idée de Denoël que de le reproposer au catalogue (dans la collection Empreinte).

Je disais que l'histoire n'était pas crédible, ce petit prof effacé, mal dans sa peau, quasi humilié par ses élèves qui se retrouve au plus haut poste de son pays et pourtant, un petit homme, sans programme qui promet de changer le monde, qui met des estrades partout où il va pour ne pas paraître petit, amoureux de sa femme au point d'en oublier ses fonctions, ... ça ne vous rappelle personne ? C'est un peu un condensé de nos politiques depuis quelques années, plus occupés par leur image que par leur tâche et surtout obnubilés par leur réélection pour divers motifs (besoin de pouvoir, de montrer qu'on est le meilleur, envie d'échapper à la prison, ...)

Je parlais également de modernité, certains passages en sont criants, on les croirait écrits il y a seulement quelques semaines : "Plus on est civilisé et moins on vit. On en arrive à perdre la notion de la vie et, face à la vie, on se sent de plus en plus seul, on devient un paria de la vie. Alors on se serre les coudes, on devient grégaire et social au sein d'une nation, d'une religion, d'une idéologie ou d'un système économique donnés. La plupart du temps, on n'est même pas conscient de cette solitude. On achète des meubles et on se marie. le problème du logement, le problème du bifteck priment les problèmes de l'âme. Et on crée des enfants qui vivront dans un monde qui sera beaucoup plus dur que le nôtre, parce que notre monde est appelé à être unifié, c'est-à-dire planifié, total. Et nos enfants créeront leurs enfants appelés à vivre dans un monde encore plus dur et plus inhumain." (p.54/55) Et c'est loin d'être le seul, un peu comme si Driss Chraïbi avait été médium et avait deviné notre avenir ou bien, sans doute fut-il un grand observateur de son temps.
Lien : http://lyvres.fr
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J'aime beaucoup la collection Empreinte des Éditions Denoël. Plusieurs romans ont d'ailleurs déjà été chroniqués sur Just One More Page, comme "Mademoiselle B." de Maurice Pons, "Mille regrets" d'Elsa Triolet ou "Un lieu à soi" de Vriginia Woolf. Empreinte reprend des textes d'auteurs classiques ou reconnus comme Henry James, René Barjavel, Arto Paasilinna, Georges Perrec, Sylvia Plath, etc. Pour le coup ici, Denoël réédite un ouvrage de Driss Chraïbi, épuisé jusqu'à aujourd'hui: "La foule", écrit en 1961, et critique à peine voilée du Général de Gaulle d'après les on-dit. ^^

En ce qui concerne le lecteur lambda, qui n'a pas vécu cette époque en direct, la critique d'un gouvernement, voire la parodie, est flagrante, mais il faut plonger plus loin dans l'analyse et la recherche pour savoir que cela concerne Charles de Gaulle. C'est vrai que l'en y repensant, l'incipit du roman annonce d'emblée que le héros "(...) était un tout petit homme, avec une toute petite pipe (...)". L'allusion est flagrante.

Des les premières lignes, le lecteur sent que ce roman ne sera pas convenu, ni de facture classique, et très vite, la trame plonge dans l'absurde. le postulat de départ signale qu'un professeur d'histoire, ayant du mal à maîtriser ses élèves, est élu président de la république. Déroutant. Ou l'auteur veut-il en venir en développant une idée pareille?

Parodie tout à fait crédible de l'esprit de la actuelle politique , le roman , vieux d'une cinquantaine d'années, tape encore juste. Quelle ironie! La politique est une histoire de manipulation du pouvoir. Des hommes de l'ombre, placent une marionnette sur scène, puis lorsqu'elle ne satisfait plus ou que le public n'est plus crédule, on change. (...)
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
-Savez-vous pourquoi on se marie, pourquoi on a des enfants qui à leur tour se marient et ont des enfants?
- Non, dit Moira. Le printemps, peut-être...
- C'est pour échapper à la solitude imposée par le progrès technique et la civilisation. Plus on est civilisé et moins on vit. On en arrive à perdre la notion de vie, et face à la vie, on se sent de plus en plus seul, on devient un paria de la vie. Alors on se serre les coudes, on devient grégaire et social au sein d'une nation, d'une religion., d'une idéologie ou d'un système économique donnés. La plupart du temps on n'est même pas conscient de cette solitude. On achète des meubles et on se marie. Le problème du logement, le problème du bifteck priment les problèmes de l'âme.
p.54
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D'une seule et même voix, les deux Noirs répondirent:
-Nous ne savons pas lire.
ils arrangèrent leurs lunettes sur leur nez, les y arrimèrent ferme.
- Nous savons manger, boire, dormir, rigoler et le reste, expliquèrent-ils. Mais, nous ne savons pas lire. Sincèrement.
Et ils furent secoués de rire. un rire qui venait du fond des entrailles et dont ils semblaient souffrir.
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Tout le monde est dictateur a un certain moment de sa vie, comme il peut être communiste, démocrate, révolté ou rentré dans le rang.
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Videos de Driss Chraibi (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Driss Chraibi
Driss Chraïbi au micro de José Pivin (1959 / France Culture). Production : José Pivin. Photographie : Driss Chraïbi © Stéphan Chraibi. Présentation des Nuits de France Culture : « Comment raconter son enfance au Maroc ? Driss Chraïbi, écrivain marocain de langue française, racontait au micro de José Pivin une partie de son enfance dans l'émission “Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée”. Cet entretien a été diffusé pour la première fois le 14 novembre 1959 sur France II Régionale. L'entretien était illustré par des lectures d'extraits des œuvres de Driss Chraïbi. » Des extraits des romans de Driss Chraïbi, “L'Âne”, “Les Boucs”, “De tous les horizons” sont interprétés par Roger Coggio, François Darbon, Yves Péneau et Suzanne Michel. Driss Chraïbi (en arabe : إدريس الشرايبي), né le 15 juillet 1926 à El Jadida, au Maroc, et mort le 1er avril 2007 à Crest, dans le département de Drôme, en France, est un écrivain marocain de langue française. Il a également participé à des émissions radiophoniques pour France Culture pour qui il a dirigé l'émission “Les Dramatiques” pendant 30 ans. Connu pour son roman “Le Passé simple”, Driss Chraïbi aborde des thèmes variés dans son œuvre : colonialisme, racisme, condition de la femme, société de consommation, islam, Al-Andalus, Tiers monde, etc. Il se fait connaître par ses deux premiers romans, “Le Passé simple” (1954) et “Les Boucs” (1955) d'une violence rare, et qui engendrent une grande polémique au Maroc, en lutte pour son indépendance. “Le Passé simple” décrit la révolte d'un jeune homme entre la grande bourgeoisie marocaine et ses abus de pouvoir incarnés par son père, « le Seigneur », et la suprématie française dans un Maroc colonisé qui essentialise et restreint l'homme à ses origines. Le récit est organisé à la manière d'une réaction chimique. À travers la bataille introspective de ce roman par le protagoniste nommé Driss, le lecteur assiste à une critique vive du décalage entre l'islam idéal révélé dans le Coran et la pratique hypocrite de l'islam par la classe bourgeoise d'un Maroc des années 1950, de la condition de la femme musulmane en la personne de sa mère et de l'échec inévitable de l'intégration des Marocains dans la société française. Ce dernier point sera renforcé en 1979 dans la suite de ce livre, “Succession ouverte”, où le même protagoniste, rendu malade par la caste que représentent son statut et son identité d'immigré, se voit obligé de retourner à sa terre natale pour enterrer « le Seigneur », feu son père. C'est une critique plus douce, presque mélancolique, que propose cette fois Chraïbi, mettant en relief la nouvelle réalité française du protagoniste et la reconquête d'un Maroc quitté il y a si longtemps. “Succession ouverte” pose la question qui hantera l'écrivain jusqu'à ses derniers jours : « Cet homme était mes tenants et mes aboutissants. Aurons-nous un jour un autre avenir que notre passé ? » Question qu'il étend ensuite à l'ensemble du monde musulman. Dans “Les Boucs”, l'auteur critique le rapport de la France avec ses immigrés, travailleurs exploités qu'il qualifie de « promus au sacrifice ». C'est le premier livre qui évoque dans un langage haché, cru, poignant, le sort fait par le pays des Lumières aux Nord-Africains. Suivent deux romans épuisés aujourd'hui : “L'Âne”, dans le contexte des indépendances africaines, prédit avant tout le monde leur échec et les dictatures, « ce socialisme de flics ». “La Foule”, également épuisé, est une critique voilée du Général de Gaulle. Le héros est un imbécile qui arrive au pouvoir suprême, car, à son grand étonnement, la foule l'acclame dès qu'il ouvre la bouche. Une page se tourne avec la mort de son père, Haj Fatmi Chraïbi, en 1957. L'écrivain, en exil en France, dépasse la révolte contre son père et établit un nouveau dialogue avec lui par-delà la tombe et l'océan dans “Succession ouverte”. “La Civilisation, ma Mère!...” (1972) tente d'apporter une réponse aux interrogations de l'écrivain marocain. Le fils aide sa mère à se libérer du carcan de la société patriarcale et à trouver sa propre voie. C'est l'une des premières fois que la question de la femme est évoquée dans la littérature marocaine.
Sources : France Culture et Wikipedia
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