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Ségou tome 2 sur 2
EAN : 9782221088548
432 pages
Editions Seghers (04/06/1998)
4.07/5   135 notes
Résumé :
1860. L’Afrique n’est déjà plus ce qu’elle était. Les Européens font main basse sur les terres, enrôlent les hommes dans leurs armées ou les contraignent à courber l’échine sur leurs exploitations.
À Ségou – perle du royaume bambara – tam-tams et griots se sont tus. Un silence pesant, rompu à heure fixe par le cri des muezzins, s’est abattu sur la ville. L’islam édicte ses lois...
Pris dans la tourmente des événements, écartelés entre plusieurs croyanc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Suite de mon voyage dans le Mali du 19e siècle. La ville de Ségou comme décor, la famille Traoré comme personnages essentiels.
Pauvre Ségou, deux fois conquises, brisant sa culture, son histoire.
Par la violence, elle est devenue musulmane. Par la violence, elle est devenue française. Et ce en quelques années.... le polythéisme ou l'animisme a été banni, les populations ont été brimées dans leur religion, dans leur liberté.
.
Mon voyage s'est également déroulé sur la Gold Coast (le Bénin ou le Nigeria) où là c'est la religion chrétienne qui s'implante. Nous suivons l'un des héritiers Traoré décidé à changer de vie ce qui l'amène à partir en Jamaïque.
Certes c'était intéressant, mais vraiment je préfère les pages centrées sur Ségou. de ce fait je retournais à Ségou avec des petits sauts dans le temps déstabilisants, me perdant un peu dans l'arbre généalogique familial... D'où mon 4 étoiles comparativement aux 5 étoiles du premier tome.
Mais cette nuance reste mineure, ce livre est passionnant riche d'informations et de découvertes.
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Si le premier tome de la série Ségou m'avait plu, j'y découvrais l'Afrique de l'Ouest, ses gens, ses traditions. Dans le deuxième, La terre en miettes, toute la nouveauté avait disparu. Puisqu'une grande partie de son intrigue est basée sur des événements historiques (guerres d'El-Hadj Omar, constitution de l'empire toucouleur, colonisation française, sort réservé aux Noirs dans les Amériques, etc.), sa lecture demeure pertinente. Malheureusement, je n'ai pas autant accroché et, pour être franc, je me suis ennuyé à plus d'un moment pendant ma lecture. C'est peut-être, justement, parce que son auteure Maryse Condé visait trop grand? Je m'étais attaché à plusieurs personnages des première et deuxième générations de la famille Douskila. Toutefois, comme je l'avais écrit précédemment, beaucoup d'entre eux ont été expédiés rapidement avant que j'ai eu le temps de m'intéresser à leur sort. C'est d'autant plus vrai pour les troisième et quatrième générations. Je suivais les aventures de Mohammed, Eucaristus, Olubunmi et de tous les autres de manière très détachée. Pour tout dire, rendu vers la fin, j'avais surtout hâte d'arriver à la fin pour savoir ce qui allait arriver au Mali en général. Ça et l'aspect historique évoqué plus haut, la montée et la chute de l'empire d'El-Hadj Omar, beaucoup plus que les péripéties des Douskila. Encore une fois, les appendices (arbre généalogiques, cartes, notes) m'ont été d'un grand secours, je suggère qu'ils soient consultés avant d'entreprendre la lecture de ce roman, ne serait-ce que pour se remémorer ce qui s'est passé dans le premier tome.
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1863 - Ségou est islamisée mais les intrigues et rivalités s'y trament encore

tous les pays musulmans voisins, des médiateurs s'étaient proposés pour mettre fin à la querelle entre
Toucouleurs et Peuls. En vain. Et Ségou était l'un des enjeux de ce conflit.

les rois Bambaras sont défaits et contraints de quitter la ville .

Le bon peuple de Ségou s'assembla devant le palais d'Ali Diarra pour voir brûler les fétiches. Comme c'était la deuxième ou troisième fois qu'une opération de ce genre se produisait, il n'était guère ému, sachant que les fétiches se rient du feu, même de celui d'Allah.

Les Traoré, musulmans ou fétichistes, ont perdu la proximité avec le pouvoir politique des Diarra mais la concession reste prospère avec ses champs cultivés par des esclaves. Elle reste l'aimant qui va attirer les descendants dispersés des fils de Dousika à travers l'Afrique de l'Ouest : Omar, le fils de Mohamed, à la recherche de son père et Dieudonné, le fils d'Olubunmi, recueilli sur le fleuve par des français. Fils sans pères, déboussolés accueillis comme des fils prodigues dans la concession des Traoré. de sangs mélangés de Peul, Bozo ou même marocain, l'appartenance au clan Traoré les renvoie à l'identité bambara.

El-Hadj Omar resta seul. Pendant un moment, il lui sembla qu'il ne savait plus pourquoi il combattait. Les
premières années, tout était clair. Il fallait purifier et rénover l'islam, rendre la chaleur et la virulence à une foi qu'affaiblissaient les querelles de clans et les oppositions entre provinces. Il fallait convertir les païens, leur mettre sur les lèvres la phrase sublime : — Il n'y a de Dieu que Dieu ! Mais, à présent, que se passait-il ? Voilà qu'au nom des nationalismes, des résistances s'organisaient ! Les hommes défendaient leurs territoires, leurs dynasties, leurs parentés et n'acceptaient pas qu'à l'est du fleuve Sénégal s'étende un même empire dont le souverain serait Dieu. Beau rêve si difficile à réaliser ! Idéal que rendaient inaccessible la petitesse et la
mesquinerie des esprits ! Mohammed lui-même avait été dans l'incapacité de comprendre cela !

Dans ce livre les conflits nationaux divisent l'unité illusoire que la croyance commune en l'Islam aurait fédéré.

Sur la côte, à Saint Louis du Sénégal, la colonisation française s'organise

Alors que Saint-Louis, avec l'abolition de l'esclavage, périclitait, un gouverneur énergique débarquait, animé du grand dessein de doter la France d'un empire colonial en Afrique de l'Ouest, qui avait fait ses preuves en Algérie : Faidherbe.

Dieudonné, recueilli avec ses frères par des français va à l'école française. L'armée française recrute des africains dans ses rangs, certains attirés par l'aventure, d'autres par des honneurs illusoires, tous se laissent corrompre par l'alcool abondant dans les cantines militaires.

Si, les premiers temps, les Français étaient partout accueillis avec une curiosité tolérante, la révolte s'était vite déclenchée contre eux. C'est que, après des simulacres d'accord avec les anciens, ils s'appropriaient les terres, forçaient à cultiver des plantes dont on ne voyait pas l'utilité et à tracer des routes qui ne menaient nulle part.

Pour asseoir leur pouvoir, les Français utilisent les rivalités entre les ethnies, arment les uns contre les autres, vendent les fusils efficaces contres lances et arcs traditionnels. Dans leur rivalité contre le pouvoir musulman intégriste Toucouleur, les Bambaras rêvent d'acquérir des armes modernes.

Omar, musulman, rêve d'unité contre les incirconcis français. Il prend même la tête d'une armée qui le prend pour le madhi

Nous sommes un. Un. Qu'il n'y ait plus ni Peul, ni Toucouleur, ni Bambara, ni Sonraï, ni Bozo, ni Somono, ni Sarakolé, ni Malinké, ni Dogon, ni Arma, ni Touareg. Nous sommes un. Ces terres sont nôtres. Et le Blanc, ses
canons, ses canonnières et son cheval de fer est un intrus qui doit partir.

les canonnières auront raison des remparts de Ségou.

Loin de Ségou, les descendants des esclaves brésiliens revenus en Afrique, christianisés,  à Lagos les descendants de Naba (le fils razzié lors d'une chasse au lion). Eucaristus, le pasteur,  a épousée la descendante jamaïcaine des esclaves marrons et eut un fils Samuel. Samuel a rêvé de la révolte des marrons qui n'ont jamais accepté l'esclavage. Il parvient en Jamaïque. Désillusion!

Ma première lecture de Ségou, il y a une vingtaine d'année avait mis la lumière sur les coutumes africaines, les peuplements, le mode de vie. les guerres récentes au Mali qui s'étendent maintenant aux états voisins donnent un intérêt renouvelé à cette histoire.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Critique globale pour les deux tomes, le découpage ne semblant être qu'éditorial...
"Il faut que tout change pour que rien ne change" est une phrase qui revient en boucle dans le Guépard. Oui, je sais bien que ce n'est pas du tout le même contexte géographique et historique. Mais cette phrase signifie que malgré les bouleversements politiques, religieux, les guerres, les guerres civiles, les déchirures dans les familles, les souffrances des femmes pendant que les hommes combattent, les élites économiques et politiques retrouveront leur place, peut-être sous un autre nom, mais les inégalités se perpétueront.
Et c'est l'impression que j'ai eu à lire cette fresque qui s'étend sur plusieurs générations - quitte à m'y perdre un peu d'ailleurs dans les personnages et leurs liens de parenté, et à trouver un manque de profondeur de plus en plus important aux personnages, là où Nya par exemple avait du caractère, les autres femmes qui apparaissent ensuite dans l'intrigue sont plus effacées. L'intrigue est donc pour moi trop longue, avec des répétitions. Et surtout, j'ai eu le sentiment que l'autrice voulait "tout" caser : chasseurs, commerçants à travers tout le Sahara, arrivée de l'islam, esclaves dans les plantations brésiliennes, missions chrétiennes, explorateurs anglais... Cela donne une impression de trop-plein, plutôt irréaliste que tout ceci arrive aux personnages de la même famille.
Mais la grande réussite, c'est le cadre de l'intrigue, son décor et son époque, la rencontre entre plusieurs mondes, ou plutôt, la domination d'un monde, l'Europe coloniale, sur un autre lui-même fracturé entre ethnies et surtout entre religions. Car ce n'est pas l'Afrique au début de la traite atlantique, mais celle de la fin du XVIIIème et du début du XIXème : la Révolution française a ses conséquences sur les territoires, les Anglais interdisent - officiellement - la traite et rapatrient d'anciens esclaves, les marchandises circulent de plus, dans tous les sens. C'est la reconstitution minutieuse et érudite jusqu'aux détails des objets qui s'imposent dans les cases que j'ai particulièrement appréciée. Un bon complément à un de mes cours de cette année sur le patrimoine malien, déjà au XIXème siècle menacé par une vision intégriste de la religion, et encore plus aujourd'hui.
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Après "Ségou Tome 1 : Les murailles de terre", nous retrouvons donc les membres survivants de la famille Traoré pour suivre à travers leurs aventures la suite de l'affrontement entre les fétichistes de Ségou et les tenant d'un Islam lui-même largement déchiré qui lorgne sur ses richesses, alors même que les blancs continuent leur avancée au coeur de l'Afrique. Dans cette seconde partie, on part à l'inverse de l'extérieur pour revenir à Ségou, avant un dénouement prévisible mais brutal.
Aussi intéressant que le premier, cet épisode conclu donc une histoire qui nous fait agréablement voyager dans une Afrique pour ma part peu connue et assez envoutante, un bien bon moment de lecture.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
A bien réfléchir, c'était les Français qui lui avaient mis cette idée-là en tête, confondant systématiquement Malinkés, Bambaras, Ouoloffs, Toucouleurs, Séreres, et ne reconnaissant pas le lendemain un homme qu'ils avaient vu la veille sous prétexte "qu'ils se ressemblent tous". Et il en venait à se poser cette question incongrue : la couleur de la peau constitue-t-elle un lien ?
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Qu'est-ce que la vie ? Est-ce que c'est une femme folle qui vient, hurle et déchire ses haillons en les jetant au vent ? Est-ce un aveugle qui, dans la nuit de ses jours, va, vient, culbute à chaque précipice et se rattrape aux ronces ? Est-ce que c'est un estropié qui claudique ? Est-ce que c'est un unijambiste sans béquilles ? Dites-moi ce que c'est, la vie ?
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Pendant cet hivernage-là, un des plus rudes que l'on ait connus de mémoire de Ségoukaw, les femmes accouchèrent de monstres, enfants enveloppés dans d'épaisses membranes laiteuses que le couteau des matrones ne parvenait pas à déchirer, enfants reliés par le tronc ou à hauteur des jambes, enfants au pied-bot. Les forgerons féticheurs qui les sacrifiaient rituellement, se penchant sur les petits cadavres fumant, inlassablement, répétaient à l'invisible la question qui les hantait. Quelle était la cause de la fureur qui approchait et qui, tel un incendie, allait réduire en cendres floconneuses et noirâtres la forêt de l'univers? Quels crimes avaient été commis et par qui, puisque tous allaient y passer? Peuls, Bambaras, Somonos, Sonraïs, Bozos et les Toucouleurs eux-mêmes... Lequel avait fauté le premier, de manière si irréparable que tous les autres s'en trouvaient condamnés! Voilà que des inconnus venaient se pendre au faite des dubales!
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Aucune ville n'a un sommeil identique. Pour certaines, après l'extrême turbulence du jour, il est pesant, inerte. Pour d'autres, il est fiévreux, entrecoupé de musique et de bruits. Pour d'autres encore, il est paisible, comme souriant, reposant en tout cas. Le sommeil de Mopti était, en réalité, une succession de crêtes de veille, entourées de plage de silence.
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Les enfants le fixèrent, les yeux ronds, et il réalisa avec une poignante douleur qu'ils ne le comprenaient pas. Il revenait parmi les siens, et les siens ne l'entendaient pas.
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Vidéo de Maryse Condé
Augustin Trapenard rend hommage sur le plateau de la grande librairie à Maryse Condé décédée mardi 2 avril 2024 à l'âge de 90 ans. Sa disparition marque la fin d'une époque littéraire marquante. Cette écrivaine guadeloupéenne laisse derrière elle un héritage littéraire riche, composé de près de 70 livres qui ont profondément marqué les esprits avec notamment Segou, La migration des coeurs, En attendant la montée des eaux. Professeur et journaliste, elle était souvent citée pour le prix Nobel, reconnaissance de son engagement et de son talent indéniable. À travers ses écrits, Maryse Condé a toujours cherché à mettre en lumière les questions cruciales de son temps, notamment le racisme, l'esclavage et le colonialisme. Son oeuvre puissante a fait écho bien au-delà des frontières de son île natale, résonnant à travers les Antilles, l'Afrique et au-delà. En 2018, à Stockholm, elle exprimait avec fierté sa contribution à la reconnaissance de la voix de la Guadeloupe.

Maryse Condé restera dans les mémoires comme une figure majeure de la littérature francophone, ayant enrichi le monde des lettres par sa sensibilité, son engagement et son talent incontestable
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