Toutes les îles nous convient au rêve, surtout celles que l’on imagine être le royaume de l’Éternel Été. Îles tropicales, d’Océanie, de l’océan Indien ou des Antilles, baignées d’une mer toujours bleue, ornées de fleurs paradisiaques et plantées d’arbres extraordinaires.
Aucune île n’échappe à l’exotisme. Mieux : l’île est, par excellence, le lieu même où se construit la vision exotique. Celle qui chosifie, qui fige le réel dans un décor de carte postale et qui ignore les dures réalités du quotidien. Les insulaires, eux-mêmes, n’échappent pas totalement, quoiqu’ils s’en défendent, à ce prisme réducteur.
La Martinique, île de l’archipel des Antilles – celui qui, sur 3000 km, s’étend de Cuba au nord à Trinidad au sud, dessinant un arc de cercle presque parfait – bénéficie d’une chance exceptionnelle. Elle n’est ni la plus belle (Guadeloupe, Grenade) ni la plus envoûtante (Haïti) ni la mieux conservée (la Dominique) ni la plus riche (Puerto Rico) ni la plus diversifiée humainement et culturellement (Trinidad) mais elle a du caractère.
C’est sans doute pourquoi elle a attiré tant de voyageurs illustres et suscité tant d’écrits de leur part.
Vidéo de Raphaël Confiant