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EAN : 9782383991366
400 pages
Sonatine (11/01/2024)
4.34/5   317 notes
Résumé :
Premier shérif noir de Charon County, Titus Crown, ancien agent du FBI, attise la colère des Blancs, mais aussi la défiance des Noirs, qui le perçoivent comme un traître. Dans ce comté rural du Sud des Etats-Unis, frappé par la crise des opioïdes et les tensions raciales, Lattrel, un jeune Noir, met le feu aux poudres en tirant sur un professeur de lycée avant d'être abattu par la police.
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Critiques, Analyses et Avis (116) Voir plus Ajouter une critique
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Il est rare de faire la connaissance d'un personnage aussi fort, beau et complexe, que celui de Titus, ex-agent du FBI devenu presque par accident shérif d'un comté rural de Virginie, élu sur un programme progressiste. Premier shérif noir du comté, il évolue dans un no man's land de gris entre des gens qui croient en lui, d'autres qui le considèrent comme un traître à sa communauté et d'autres encore qui le haïssent pour sa couleur de peau.

Lorsque le fils d'enfant est abattu par la police après avoir assassiné un professeur adulé de tous, la suite des événements font cruellement voler en éclat le précaire équilibre qu'il s'était créé pour parvenir à naviguer dans la fange sans y sombrer.

Le point de départ est assez classique, et pourtant, S.A.Cosby est parvenu à construire avec brio une intrigue totalement maîtrisée qui envoie du très lourd avec ses multiples ramifications parfaitement imbriquées qui bouillonnent sous beaucoup de peur, de tension et de sang en fusion : la traque d'un mémorable tueur en série, une histoire sur la persistance du racisme sudiste, une dénonciation sans concession d'un fanatisme religieux favorisant le statu quo, et enfin l'exploration d'un traumatisme intime. le récit crépite à chaque nouvel indice, à chaque nouvel obstacle, à chaque irruption de nouveaux personnages, à chaque nouvelle scène décisive.

Dans ce polar sombre et profond, tout le monde porte un masque. La petite ville semble calme en surface, mais en dessous, il y beaucoup de haine, à commencer par celle des suprémacistes blancs célébrant l'histoire confédérée de la ville avec nostalgie et rage. Comme chez Dennis Lehane ou R.J.Ellory, la réalité des lieux explose de vérité tant ils sont décrits avec beaucoup de grain et de texture.

Ici, dans un comté dont le sol est imbibé du sang et des larmes des crimes racistes du passé, de l'esclavage, de la guerre de Sécession, de la ségrégation, « seuls les noms, les dates et les visages changent – et encore pas nécessairement. Parfois, quand on ferme les yeux, ce sont les mêmes visages qui apparaissent. Les mêmes visages qui vous attendent dans l'obscurité. » le passé ne passe pas et finit toujours par se rappeler de la pire des manières, comme si le racisme était une maladie qui contaminerait jusque dans les tréfonds ce Sud américain. Sur fond de dangereuse religiosité sudiste, les péchés du passé pèsent sur le présent comme un funeste présage.

Si le nombre de morts est élevé et l'action quasi ininterrompue avec ses tournures inattendues, comme dans un thriller, S.A.Cosby laisse exister ses personnages. On est au plus près de leur ressenti et de leurs émotions. Par touches, l'auteur distille les informations importantes qui révèlent leur parcours et leur personnalité, ceux du jeune abattu au début du roman, ceux de ses parents, du père ou du frère de Titus, du tueur, des pasteurs locaux, et bien évidemment ceux de Titus lui-même dont on découvre les secrets qui le tourmentent et le font porter une longue pénitence durant quasiment tout le récit. Jusqu'à la libération apportée par un superbe épilogue qui résonne fort avec tout ce qui a conduit jusqu'à lui.

Ce roman a l'évidence d'un futur classique, à la fois très actuel par ses thèmes et intemporels par ce qu'il dit de la condition humaine, et par la maitrise des codes du polar rural noir que l'auteur se réapproprie brillamment.

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Ayant adoré le précédent roman (« La Colère ») de cet auteur qui a le mérite de figurer sur la « Summer reading list » de Barack Obama depuis deux étés consécutifs, je n'ai pas hésité un seul instant à me jeter sur cette nouvelle petite perle éditée par Sonatine !

« le sang des innocents » invite à suivre le quotidien tout sauf paisible de Titus Crown, ex-agent du FBI devenu le premier shérif noir de Charon County. Dans ce comté rural de Virginie où le racisme est quasiment héréditaire, la couleur de peau de ce représentant de la loi ne fait pas vraiment l'unanimité, ni chez les blancs, forcément, mais pas non plus au sein de sa propre communauté, où beaucoup le considèrent comme un traître. du coup, le jour où un professeur de géographie adulé de tous se fait abattre par un élève noir au lycée Jefferson Davis et que le meurtrier est ensuite descendu par les collègues blancs de Titus, il se retrouve subitement avec les deux communautés sur le dos et à la tête d'une enquête particulièrement explosive…

Mais quel talent, ce S.A Cosby ! Sa manière de planter une ambiance sombre et pesante en seulement quelques pages me fait penser à du R.J. Ellory, mais saupoudré d'une bonne petite sauce de « Black Lives Matter ». En situant son polar dans le Sud des États-Unis, l'auteur nous plonge immédiatement dans un endroit où les tensions raciales sont palpables… une partie des États-Unis où le sol est encore imbibé du sang et des larmes des générations précédentes et où l'équilibre entre les différentes communautés s'avère très précaire. de suprémacistes blancs arborant le drapeau confédéré avec nostalgie à l'élection d'un shérif noir, en passant par l'ombre d'un passé mêlant esclavagisme, ségrégation et guerre de Sécession, tous les ingrédients sont présents pour faire exploser cette cocotte-minute dont la pression monte à la moindre altercation.

C'est au coeur de cette atmosphère oppressante que l'auteur dépeint une région gangrenée par le racisme, la violence institutionnelle, le fanatisme religieux et la corruption… et il le fait souvent très habilement, juste une petite phrase teintée de racisme latent ici et là, un sourire en coin qui en dit souvent très long ou un regard de travers un peu trop appuyé… Eh oui, le racisme est quelque chose qui s'entretient malheureusement très facilement…

Et au milieu de cette fange nauséabonde, véritable terreau de haine ancestrale, S.A Cosby dresse le portrait d'un homme charismatique, d'une droiture à toute épreuve, qui tente de redorer le blason d'une police corrompue jusqu'à la moelle, habituée à caresser les blancs dans le sens du poil et à violenter préventivement les autres. Un personnage central foncièrement attachant, dont on découvre les démons intérieurs au fil des pages. Un homme certes tourmenté, mais entier, que l'on quitte avec grand regret une fois l'ouvrage refermé…

Immense coup de coeur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Les racines de Titus.
Difficile de s'amouracher d'un bonhomme blazé comme un empereur romain (ou un doberman), sauf si on s'appelle Bérénice. Ce n'est pas du tout le sujet du roman de S.A Cosby chaud devant, puisque Titus est le premier sheriff noir élu du comté de Charon en Virginie.
Pour un ancien agent du FBaïe ! natif du coin, le job pourrait ressembler à un placard doré de préretraité mais le patelin est gangréné par des suprémacistes qui n'ont jamais fait le deuil des Consfédérés et du Général Lee (pas la voiture de Sheriff, fais-moi peur hélas !) qui s'opposent à la population noire à l'origine de l'élection du Sheriff.
La situation dégénère quand un professeur blanc et populaire du lycée est tué par un ancien étudiant, noir, abattu lui-même par les adjoints de Titus. Charon est stone (il fallait que je la fasse). N'ayant que son intégrité à opposer aux deux camps qui lui reprochent soit de couvrir une bavure, soit de protéger sa communauté, Titus va fouiner dans le passé pas joli joli du prof assassiné et il va se mettre en chasse d'un tueur en série local avec une population portée à ébullition. La ville est aussi infestée d'églises et de congrégations, mais compte très peu de saints. Comme le thon rouge, surpéchés et surprêche ont fragilisé l'espèce.
J'ai lu ce roman parce qu'il est à l'origine d'une pandémie de critiques sur Babelio et que je suis un garçon finalement très influençable. Dès que je vois une nuée d'étoiles, je suis tenté par une nuit blanche. J'avoue aussi que j'avais aussi vraiment envie de découvrir qui était le gars qui jouait à cache-cache sur la couverture très réussie du roman.
J'ai adoré ce « Country noir », ou polar rural mais je ne veux pas faire l'amalgame avec la série des meurtres à Pétaouchnok, mon Lexomil du Samedi soir. S.A Cosby ne fait ni dans le polar gratuit qui ne vaut que pour son intrigue, ni dans le polar camouflage au service d'une cause identitaire.
Le personnage tourmenté du shériff est attachant, le biotope de ces villes du Sud avec une bible dans une main, un flingue dans l'autre et des opioïdes dans la musette, est décrit de façon magistrale et l'intrigue policière reste captivante.
Chapeau (de cow-boy) aussi à Pierre Szczeciner pour la traduction qui révèle bien la patte de cet auteur américain dont je vais m'empresser de lire les deux premiers romans.
Je termine ce billet en étalant ma culture Wikipediesque. L'Etat de Virginie s'appelle ainsi et non pas Bégonia ou Domitille car il vient de la reine Elisabeth the first d'Angleterre, dite la « reine vierge » (Virgin Queen). Pas étonnant d'y retrouver une telle proportion de culs bénis.
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Le chaos confédéré

Le saule pleureur a vu couler les larmes de sang des innocents enterrés à l'ombre de ses branches ruisselantes.
Titus Crown, ancien agent du FBI et premier shérif noir élu à Charon, un comté rural de la Virginie, contaste avec amertume que la liste des tragédies qui se déroulent sur les terres de son enfance ne fait que s'allonger.
Quelques jours plus tôt, M. Spearman, un professeur très apprécié du lycée, s'est fait tirer dessus par Latrell, un jeune Noir, avant se faire abattre lui-même par la police.
Titus Crown, sous le feu des critiques, se retrouve confronté au chaos. Acte terroriste pour les uns, bavure policière pour les autres. Cette funeste fusillade a mis en lumière une sordide affaire en lien avec la macabre découverte "du saule pleureur". M. Spearman ne serait pas vraiment celui que tout le monde pense être...

S.A Cosby avec ce nouveau thriller confirme tout son talent et s'installe confortablement aux côtés des meilleurs auteurs américains.
Ce roman musclé et d'une densité incroyable nous montre la réalité d'une Amérique chahutée par les fantômes du passé. le Sud, ses suprémacistes, son racisme et ses prêcheurs pas toujours en odeur de sainteté.
Un thriller gros calibre, percutant et qui coche toutes les cases d'un grand roman noir.


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Charon , c'est une ville qui répond à la fameuse règle des trois B :" la baston , la boisson et ..la baise ! " Et , oui , c'est écrit dans le livre alors moi , je ne fais que transcrire ce que j'ai lu , ne m'agressez pas .Bon , la baston , on la voit apparaître dés les premières pages et , croyez - moi , c'est terrible : fusillade dans un lycée , le prof le plus apprécié de l'établissement abattu par le jeune Larell , lui -même " neutralisé " par les hommes du shériff Titus Crown ...
Début de l'enquête , suspension de deux policiers , information des familles , début d'une vraie course à la vérité dans cette ville du Sud " hantée par le Christ ".
Titus Crown , ex agent du FBI , noir , èlu au grand mécontentement de toute la population blanche locale et considéré comme un traitre pour bien d'autre veut découvrir ce qui se cache sous ce drame .Le racisme est , hélas , encore bien présent malgré l'éloignement de la terrible guerre de Sessession .
Voilà pour le contexte général , le reste vous appartient et la qualité du récit qui vous attend n'a pas besoin d'être plus détaillée .Pas ou trés peu de temps morts , un portrait d'un homme complexe de premier ordre , des personnages secondaires bien campés dans leurs rôles , une écriture fluide et des dialogues enrichissants portent ce roman noir qui met en exergue tous les maux d'une société impitoyable , la violence , le racisme , la religion et ses interprétations rigoureuses ou déviantes .Bref , on ne perd pas son temps dans ce roman dont on tourne les pages avec avidité et gourmandise .
C'est le second livre de cet auteur que je découvre cette année , le premier étant " la colère " et même si j'ai préféré celui -ci , j'ai vraiment apprécié cet auteur que je ne connaissais pas . "Les routes oubliées " ne devraient pas tarder à suivre !
Les lecteurs et amateurs de roman noir ne s'y sont pas trompés si j'en crois la note globale sur Babelio ( Je n'ai pas encore lu les critiques ) et je ne puis que m'associer à ce brillant résultat .
Allez , à bientôt les amis et amies .Le week-end s'annonçant morose ...Pourquoi pas ? C'est bien vous qui voyez ...
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critiques presse (7)
LeDevoir
19 avril 2024
Une enquête fort dérangeante menée par un shérif noir en plein pays confédéré.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaPresse
12 avril 2024
Quand Stephen King encense un auteur dans le New York Times, on peut dire sans se tromper que celui-ci a de toute évidence atteint la consécration.
Lire la critique sur le site : LaPresse
RevueTransfuge
18 mars 2024
S.A Cosby, nouveau maître du polar, revient avec Le sang des innocents, roman en Virginie où se mêlent racisme anti-noir et crise des opioïdes.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
FocusLeVif
18 mars 2024
Nouveau poids lourd du roman noir américain, S.A. Cosby situe l'action de son troisième opus, le fiévreux Le Sang des innocents, dans un Sud rural rongé par un racisme obscène.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
LaLibreBelgique
27 février 2024
S.A. Cosby signe un polar tendu dans le Sud rural et complexe des USA
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeJournaldeQuebec
12 février 2024
Le romancier américain S. A. Cosby frappe fort. Car si on a envie d'un vrai bon polar, on peut difficilement trouver mieux que Le sang des innocents.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Liberation
05 février 2024
Jouant avec différents niveaux de langage, Cosby ajoute une pointe d’humour, casse tout avec une mise en scène brutale, des dialogues cinématographiques. Il n’oublie jamais qu’il vient de là-bas, connaît tous les défauts de ce pays peuplé de fantômes. Alors, certes, il y a des ficelles et des moments bien gore dans le Sang des innocents, mais pas question de lâcher les 400 pages de ce roman époustouflant.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Je ne sais pas, révérend. Ce que je sais, en revanche, c'est que la violence engendre la violence, et que la violence est une preuve de souffrance. Ceux qui souffrent ont tendance à faire souffrir les autres.
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– Révérend, si vous aviez vu tout ce j'ai vu, vous sauriez que le diable n'est que le nom qu'on donne aux choses horribles qu'on se fait les uns aux autres.
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On porte tous un masque. Il y a le visage qu'on affiche en public, le visage qu'on montre en privé, et enfin, notre vrai visage.
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Un homme qui ne te regarde pas dans les yeux quand tu lui parles est un homme qui ne te respecte pas.
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Maynard était l'entreprise de pompes funèbres que choisissaient la majorité des habitants blancs du comté, alors que les Noirs avaient tendance à privilégier Spencer & Sons. Titus songea qu'avec les églises, les salons funéraires constituaient les derniers bastions des vieilles conventions sociales du Sud où l'on continuait à pratiquer la ségrégation volontaire. ( p 73 )
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