Cet épais ouvrage (728 pages dont 230 de notes et annexes) est censé être une biographie de la reine Élisabeth Ière d'Angleterre, comme le laissait entendre la quatrième de couverture. Or, c'est malheureusement surtout un essai sur la séparation de l'Église d'Angleterre du catholicisme romain et la naissance de l'anglicanisme. Sujet quand même nettement moins intéressant !
Pour compliquer la chose, le livre est truffé (que dis-je, mité) par des extraits de correspondances traduits en français de l'époque qui sont d'un style tellement ampoulé qu'ils en deviennent difficilement compréhensibles.
Comme pour de nombreux ouvrages écrits par des historiens, un support photographique aurait été le bienvenu afin de se faire une idée plus précise du physique des principaux protagonistes (reine, conseillers...).
Des fiches de présentation des conseillers de la reine n'auraient pas été superflues. En effet, l'auteur les nomme alternativement selon leur patronyme ou leur titre de noblesse ce qui est cause de confusion si on n'est pas attentif à ce que l'on lit. Ainsi Robert Devereux est également désigné par comte d'Essex, Essex ou Devereux (qui est aussi le nom de son père et de son frère).
Ce n'est malheureusement pas une biographie totalement centrée sur Élisabeth d'Angleterre et je pense que d'autres livres moins récents seront plus à même de remplir cet office.
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Il s'agissait simplement d les rassurer en leur expliquant, au nom de sa Sainteté, que mettre fin aux jours d'une reine hérétique n'était pas un péché. Et le cardinal de répondre en retour, le 12 décembre depuis Rome où il séjournait, que non seulement tuer Élisabeth ne constituait pas une faute, mais que c’était à l’inverse une action louable, pour ne pas dire une bénédiction pour des millions d'âmes ainsi arrachées à l'erreur et à l'hérésie.
William Hacket prétendit, la même année, être le messie. [...] De nombreux éclats de rire semblent avoir accueilli ces prédications alarmistes, dans une Angleterre portée à l'humour ; mais le pauvre homme n'en termina pas moins tragiquement sur le gibet [...] sa carrière d'inspiré. Il avait maudit la reine Élisabeth, tout en appelant à son aide Jéhovah, apparemment peu pressé d'intervenir.
On torturait donc en Angleterre, mais avec doigté - mieux encore : avec humanité. Jamais aucun prisonnier n'aurait été mis à la question pour des raisons de conscience ou de doctrine, qu'il s'agît de la messe, de la transsubstantiation ou d'autres articles de foi. Bref, la torture aurait toujours été administrée avec bonté, charité et parcimonie. Qui aurait osé en douter ?
Ne suffisait-il pas de punir une demi-douzaine de traîtres pour en dissuader une cinquantaine ? Ce calcul sommaire montrait qu'il fallait savoir faire couler le sang à bon escient pour éviter les débordements ultérieurs. Le fouet se révélait, selon Bacon, particulièrement efficace. Fouetter un homme, c'était le meilleur moyen de ne pas avoir à le pendre le lendemain.
En ces temps reculés, les chrétiens avaient des mœurs un peu rudes. On brûla les protestants sous Mary [Tudor] ; on devait sous Élisabeth étriper les prêtres, accusés de haute trahison.
Storia Voce - 12 février 2020
Les Tudors: l'âge d'or de l'Angleterre ?
En 1845, la couronne du souverain d’Angleterre Richard III est retrouvée dans la plaine boueuse d’un champ de bataille, sinistre symbole de la chute d’un roi. Les armées du dernier monarque de la maison d’York sont écrasées par celle d’Henri, comte de Richmond. Bosworth signe la fin de la guerre des Deux-Roses, ouvre l’ère d’une nouvelle dynastie. Richard III meurt laissant le trône d’Angleterre à son rival : Henri VII, dit Henri Tudor. Le conflit dynastique s’est conclu dans le sang, après 30 ans de rivalités entre les deux maisons. Mais d’où viennent les Tudors ? Certains voient dans cet évènement, la fin du Moyen-Age anglais et le début de la modernité. Quel crédit accorder alors à cette conception du passé ? Comment expliquer la postérité des Tudors notamment grâce aux films, aux œuvre littéraires, à tous ces arts qui créent la légende et qui nous incitent aujourd’hui à démêler le vrai du faux. Bernard Cottret vient nous parler de cette "dynastie qui a fait l'Angleterre".
L’invité: Bernard Cottret est professeur émérite de civilisation des îles Britanniques et de l’Amérique coloniale de l’Université de Versailles-Saint-Quentin. Membre honoraire senior de l’Institut universitaire de France, il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux mondes anglo-saxons: Calvin, Henry VIII, Cromwell. Publié en 2015, La Révolution anglaise, une rébellion britannique 1603-1660 (Perrin, 2015). Il vient de publier l'histoire de "la dynastie qui a fait l'Angleterre": Les Tudors (Perrin, 2019).
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