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Jeannine Kalmanovitch (Traducteur)
EAN : 9782228881210
259 pages
Payot et Rivages (05/01/1989)
3.42/5   6 notes
Résumé :

Donald W. Winnicott (1896-1971) occupe, grâce à son originalité, à ses apports cliniques et conceptuels, une place centrale dans la psychanalyse. Membre de la Société britannique de psychanalyse, il consacra sa vie à l'étude du développement affectif de l'enfant et de l'adolescent. A l'exemple de Freud, il tenta de nouer la connaissance analytique avec les notions biologiques et psychophysiologiques. En étendant ses travaux aux cas limites, " anti-sociaux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Passer de Jacques Lacan à Donald Winnicott, ça fait mal au cul. Faut abandonner la logorrhée folle et les paroles délirantes pour un mec bien pâle à côté –mais n'importe qui d'autre le serait à sa place. Ne croyez pas que les types qui allaient écouter Jacques le faisaient pour s'instruire. Que nenni. C'est éclatement des neurones qu'ils cherchaient. Pour Winnicott, préparez la dope.


Winnicott donne des conseils aux individus qui souhaitent donner au fruit de leurs entrailles les possibilités d'arriver à une maturation équilibrée -pas comme ces poires pas mûres qu'on trouve dans les grands magasins, ou comme ces oranges moisies de l'intérieur qui s'éclatent sur les pavés des rues publiques un jour de marché. Donc, il s'intéresse beaucoup aux mioches et à la relation que chacun d'entre eux tisse avec sa daronne. On connaît tous son concept de mère suffisamment bonne et si ce n'est pas le cas, je me demande bien ce que vous foutez là. Il rajoute en outre qu'à la naissance du gosse, la mère fusionne automatiquement avec lui. Pas qu'elle le veuille particulièrement. C'est plutôt instinctuel, elle n'y réfléchit pas. Ça se fait, dans la majorité des cas, comme si la nature, encore une fois cette salope, dont Schopenhauer nous a déjà bien assez causé dans « le monde comme volonté », abusait à nouveau de notre crédulité pour nous faire agir n'importe comment, s'emparant du cerveau de la mère de façon telle que plus rien d'autre ne l'intéresse que passer ses journées à pouponner, porter le gosse, le torcher, lui donner le nibard. le mari dans tout ça ne peut pas faire grand-chose et ne devra pas espérer trop niquer, mais il a toutefois son rôle à jouer dans le sens où on attend de lui qu'il soit là pour donner la tune dès que besoin et pour dire à mémère qu'il l'aime toujours malgré sa chatte ravagée par la parturition. La maman sera rassurée et pourra kiffer son gosse tranquillement. Peu à peu, ensuite, elle reprendra ses esprits et recommencera à pouvoir vivre en-dehors de son gosse. C'est le moment où celui-ci prendra conscience de l'existence de moi et non-moi par une séparation progressive et adaptée d'avec la mère. Cette distinction se produit de façon inadéquate dans le cas des maladies psychotiques.


Cette relation primaire est cruciale et en fonction de ses modalités, il peut se passer plein de trucs qui rendront le gosse complètement dingue, maintenant ou plus tard. Si la mère est une saloperie dépressive, toujours pleurnichante, qui rumine ses idées noires ou ses rêves de grandeur déchus pendant qu'elle s'occupe du petit, elle forcera le bébé à lui faire de la séduction. Parce que le bébé, il n'a pas envie d'avoir une daronne qui chiale tout le temps intérieurement, non : il a besoin d'un modèle identificatoire, comprenez-vous cela ? Ça marchera peut-être, ça fera peut-être rire la maman quand le bébé se forcera à déborder de vie ou, plus tard, quand il sera enfant, à adopter un comportement qui suscite l'approbation, même s'il est obligé pour cela de reléguer sa véritable personnalité aux oubliettes. Se crée alors un faux self qui vient occulter le véritable. Selon les relations que ce masque entretient avec le vrai self, s'il s'y substitue totalement, partiellement, ou s'il permet au vrai self de s'envoyer vers la gloire, toute une panoplie de troubles graves ou bénins s'établira.


Donald a failli me gaver quand, prenant ses petits tons adlériens, il nous parle du bénéfice que doit apporter la psychanalyse au bon fonctionnement de la société. Pour lui, le critère absolu de la santé consiste en une bonne intégration sociétale passant par l'assurance de la descendance. Une perspective qui ne donne pas envie d'être sain d'esprit et de corps. Toutefois, il ne fustige pas l'individu malade ou antisocial parce que celui-ci subit une saloperie d'ironie du sort qui veut que l'on taxe d'inadapté le gosse qui, au contraire, sait ce que devrait être une société qui fonctionne, parce qu'il n'a justement jamais réussi à trouver dans son environnement des conditions favorables de développement.


Voilà, outre le style chiant de Donald, ce livre est très intéressant à lire parce que forcément, chacun d'entre nous pensera à son enfance pendant sa lecture et se dira « oh putain, c'est ce que j'ai vécu aussi ! ça explique pourquoi j'ai une vie de raté maintenant ! », et en plus il y a des coupables désignés : la maman, la société, le papa. C'est franchement cool. Et puisque la compréhension donne une base carrément stable à l'action qui doit normalement lui succéder, on peut même essayer de s'améliorer après ça. Mais pas pour entrer dans la société, ah ça non -mieux vaut encore torcher les murs de merde avec Ronald Laing.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
La sollicitude (concern) […] décrit le lien entre les éléments destructeurs dans les relations pulsionnelles avec les objets et les autres aspects positifs de l’établissement d’une relation. On présume qu’il appartient à une période précédant le classique complexe d’Œdipe, relation entre trois personnes totales. La capacité de sollicitude appartient à la relation duelle, entre le nourrisson et la mère ou le substitut maternel.
Si tout se passe bien, la mère, en continuant à exister et à être disponible, est à la fois la mère qui reçoit la totalité des pulsions instinctuelles du petit enfant, et également la mère qu’on peut aimer comme une personne et à qui l’on peut faire réparation. De cette façon, l’angoisse relative aux pulsions instinctuelles et les fantasmes de ces pulsions, deviennent supportables pour le petit enfant qui peut alors vivre la culpabilité ou qui peut la garder en suspens dans l’attente d’une occasion de réparation. A cette culpabilité qui est ainsi contenue, mais non ressentie comme telle, nous donnons le nom de « sollicitude ». Dans les stades initiaux du développement, s’il n’existe pas une figure maternelle sûre pour recevoir le geste de réparation, la culpabilité devient insupportable et la sollicitude ne peut être éprouvée. L’absence de réparation conduit à une perte de la capacité de sollicitude : elle est remplacée par des formes primitives de culpabilité et d’angoisse.
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Les maladies mentales ne sont pas des idiopathies. Ce sont des compromis entre l’immaturité de l’individu et les réactions sociales du moment, qui sont à la fois porteuses d’aide et de vengeance. C’est ainsi que le tableau clinique d’un malade mental varie selon l’attitude de l’environnement, même lorsque la maladie du patient demeure fondamentalement inchangée. Je donnerai l’exemple d’une fille de treize ans qui se mourait de faim chez elle, refusant toute nourriture, mais qui était normale et même heureuse dans un autre environnement.
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Vous voyez que l’adaptation sensible aux besoins du moi du nourrisson ne dure qu’un petit moment. Bientôt, celui-ci commence à tirer de la vigueur du mouvement, à tirer quelque chose de positif de sa colère devant ce qu’on pourrait appeler des carences d’adaptation mineures. C’est à ce moment que la mère commence à reprendre une vie personnelle […]. Souvent la croissance de l’enfant correspond très exactement au moment où la mère recouvre sa propre indépendance et vous serez d’accord qu’une mère qui n’est pas capable d’un abandon progressif de cette adaptation sensible, échoue dans un autre sens. Elle échoue (à cause de sa propre immaturité ou de ses propres angoisses) en ne donnant pas à son nourrisson des raisons à sa colère. Un nourrisson qui n’a pas de raison d’être en colère, mais qui a naturellement en lui la quantité habituelle d’éléments agressifs (quels qu’ils soient), se trouve en face d’une difficulté particulière, qui est de fusionner l’agressivité avec l’amour.
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Parmi les difficultés que vous rencontrez, nous en distinguerons qui méritent de faire l’objet d’une attention toute particulière. Je veux parler des clients qui ont des troubles cliniques parce qu'ils trouvent en vous et dans vos soins l'environnement sur lequel ils peuvent compter, ce qui, pour eux, est pratiquement une invitation à un effondrement sur le plan mental. Dans le domaine de la délinquance (la tendance antisociale liée à la privation sur le plan affectif), cela signifie que lorsque le patient prend confiance en vous, le vol ou la destruction apparaît, qui fait appel à votre aptitude à agir fermement avec l’appui de l’organisme auquel vous appartenez. Dans le domaine de la folie, ce qui arrive, c’est que votre patient utilise vos soins particuliers afin de ne plus maintenir son intégration, de devenir irresponsable ou dépendant d’une manière qui appartient à la petite enfance (régression vers la dépendance). Le patient devient fou.
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[Origine de la tendance antisociale]

C’est là que commence ce qui s’empare de l’enfant chaque fois qu’il éprouve un sentiment d’espoir ; il est alors poussé d’une manière compulsive à une activité antisociale jusqu’à ce que quelqu’un reconnaisse la faillite de l’environnement et essaie d’y remédier. Dans l’histoire de l’enfant, une faillite a réellement eu lieu et il y a réellement eu une mauvaise adaptation importante à ses besoins essentiels. L’ironie du sort veut que l’on taxe de mal adapté l’enfant qui est forcé de manifester sans cesse cette revendication envers la société.
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Videos de Donald W. Winnicott (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Donald W. Winnicott
Dans le cadre de la Semaine PhiloMonaco 2023
Présenté par Robert Maggiori, philosophe, membre fondateur Avec Sébastien Talon, psychanalyste et psychothérapeute
Gare à le perdre! L'enfant le cherche toujours, le tient dans ses mains, le met dans sa bouche, et sans lui ne peut s'endormir. Pourquoi le nounours, le bout de tissu, la girafe ou le petit singe – autant de formes de doudou – sont si importants? Qu'est-ce qu'un « objet transitionnel »? « Ce n'est pas l'objet qui est transitionnel, l'objet représente la transition du petit enfant qui passe de l'état d'union avec sa mère à l'état où il est en relation avec elle, en tant que quelque chose d'extérieur et de séparé. » (Donald Winnicott)
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