Marie Depussé est arrivée à La Borde au cours d'un été et s'y est installée comme par évidence. A travers le partage de ses observations, elle ouvre les portes d'un lieu hors norme, où vit une communauté de soignants-soignés soudée par "le partage des heures". le temps s'écoule lentement, au rythme des repas et des ateliers, sans injonction. La Borde est un "asile" au sens fort du terme. Il y règne un climat de bienveillance vital pour ces individus, naufragés ballottés par les vicissitudes de l'existence. Une atmosphère particulière, que l'auteur parvient à transmettre par la douceur de son regard. Il m'est venu, à la lecture de ces tranches de vie, un sentiment de quiétude.
Marie Depussé, avec la pertinence de son regard d'analyste, montre l'importance des détails, où se révèle la singularité de chacun, où se nouent les interactions, où se densifient des journées routinières. Elle dit la grâce d'un rituel (l'heure du tilleul), la poésie et la force des échanges, l'enjeu d'actes aussi anodins en apparence que le ménage, qui fait aussi partie de la délicate "tâche de soigner". Car on soigne ici par une attention discrète. L'auteur rappelle ainsi que l'extraordinaire se loge dans la simplicité, dans des petits riens qui colorent le temps, pourvu que l'on porte un regard sensible sur ce(ux) qui nous entoure(nt).