En janvier 1985, dans une France frappée par une vague de froid intense, une famille au bord de la crise de nerfs fait appel à un spécialiste en phénomènes paranormaux, Alan Lambin.
Ce qui devait se conclure par une nouvelle affaire rapidement résolue va se compliquer, dans l'enlisement d'une neige qui n'en finit plus de tomber, Alan Lambin ne le sait pas encore, la cauchemar ne fait que commencer.
Bienvenue dans le domaine dit "le château" ...
Voilà une nouvelle preuve que les auteurs français sont capables de nous faire frissonner autant que les anglo-saxons, de nous embarquer dans des univers parallèles avec toute la chape de mystères qui peut envoûter, nous prendre à revers par surprise.
Cette histoire qui se déroule dans les années 80 détonne par le style addictif qui suinte à chaque page et laissant une envie d'aller au bout, même en marquant des arrêts, il suffira juste de quelques mots lus pour retrouver rapidement de quoi sustenter son esprit, la maîtrise indéniable de l'auteur à poser les bases, à jamais tomber dans les grosses ficelles du paranormal, ce qui est justement le cheval de bataille du personnage principal, Alan Lambin.
Cette enquêteur qui a déjà une longue expérience derrière lui n'est pas sans rappeler ses homologues américains, le couple Warren. Si vous avez vu le film The Conjuring : Les dossiers Warren, vous saurez que ce sont deux personnes qui ont consacré leur vie à démystifier les phénomènes inexplicables ou l'apparition d'esprits frappeurs, ces fantômes qui errent comme des âmes en peine ou assoiffées de vengeance, à distinguer les canulars des vraies phénomènes, à prêcher le faux pour faire ressortir la vérité de ces lieux hantés, à obtenir la crédibilité nécessaire auprès de la communauté scientifique.
S.O.S. Fantômes
Cette atmosphère glaciale est superbement bien rendue, le sinistre de cette grande bâtisse avec ses lueurs, ses bougies qui vacillent au moindre souffle de vent ou peut-être d'autre chose, ces bruits qui surgissent de nulle part, tout concourt pour créer une ambiance des plus tendues, des plus malsaines quand le rythme de la hantise s'accélère, quand tout va part à vau-l'eau, les personnages souffrent, les personnes sont perchés entre deux feux, celui du déni de la situation et de l'autre, accepter ... l'inacceptable.
Pas d'artifices extravagants ni d'effets de manche, tout reste dans une certaine explication rationnel dans un premier temps, l'auteur laisse le lecteur dans cette perspective, dans un flou volontairement emprunté, dans les méandres de l'étrange et du paradoxe, chaque pièce semble baigner dans une torpeur des plus inquiétantes, il est difficile de distinguer l'ombre et la lumière, le poids du passé et des souvenirs, des indices feront l'apparition mais comment se retrouver au milieu de ces tourbillons de neige qui continuent leur danse virevoltante aux abords des fenêtres ?
De quoi faire hérisser les poils le long de son échine, de sursauter plus d'une fois au gré de l'avancée du livre, de se poser mille questions pour tenter de comprendre, de relier tous ces épiphénomènes entre eux, le travail de mémoire, l'auteur a su travailler admirablement la psychologie de chacun pour ressentir leur effroi, leur incompréhension, leur appréhension, cette mission de survie dans un milieu hostile et volontiers sournois, les mensonges qui feront rebondir l'intrigue, s'il n'est pas question d'une enquête policière ici, le travail d'Alan Lambin démontre autant la rigueur d'une investigation hors norme, sinon des méthodes pour le moins orthodoxe ou sortant des sentiers battus.
"La science reconnaît l'existence de la conscience, mais pour pouvoir l'expliquer, il faudrait réinventer la physique"
Ce roman serait vain sans une structure conjoncturelle et intemporelle , ce n'est pas seulement l'alternance ingénieux du passé et du présent, ni le climat magistralement retranscrit et éprouvé par le lecteur, que l'on soit ou pas un adepte de cette littérature fantastique avec toute l'irrationalité qui l'accompagne, cette volonté de traquer l'impossible, l'extraordinaire, dans l'authenticité des faits visibles ou invisibles, l'écriture et la construction doivent être posées avec toute la spontanéité et le naturel afin de corser les séquences, si ce n'est pas le premier roman qui aborde ce sujet, des esprits habités ou des maisons hantés, les soudaines fulgurances et autres apparitions à vous glacer le sang, autant ne pas y aller par quatre chemin,
La Maison Bleu Horizon est d'une redoutable efficacité pour sentir toute l'odeur éthérée voire nocive qui se répand dans les interstices du "château", brillant exercice de style qui démontre déjà pour son deuxième roman, un valeur sûre dans la narration et le savoir-faire pour nous immerger dans une histoire solide et addictive.
"L'émotion humaine la plus puissante est la peur" (
John Carpenter)
Cette sensation d'effroi, de vagues réminiscences venant altérer le quotidien d'un enquêteur au-dessus de tout soupçon, ce n'est pas qu'un roman fantastique avec le surnaturel des phénomènes qui flottent au-dessus des personnages et surtout de la grande demeure, c'est aussi un vrai roman pour voyager dans le temps, propre à susciter des interrogations et des réflexions sur l'humanité, sur la promesse et les causes perdues qui en découlent, sur la vanité qui peut infléchir et entraîner des conséquences irréversibles, la compassion qui en imprègne alors les personnages, au-delà de l'histoire d'une hantise, tous les personnages donnent dans la force et la fragilité de faits qui les dépassent, des solutions remplacées par des palliatifs éphémères, l'impermanence des choses, la partie historique s'intègre parfaitement à la petite histoire, l'auteur a fait un travail tangible pour recréer des séquences d'une authenticité bouleversante et saisissante dans le mouvement, dans l'introspection qui va venir changer le cours du destin, les regrets éternels, la musique mélancolique et dramatique égrène ses notes vibrantes et dans l'air du temps ...
"Le hasard ? Mais cela n'existe pas le hasard."
Inutile de vous préciser que cette Maison Bleu Horizon de
Jean-Marc Dhainaut, auteur est à lire de préférence la nuit, de celle qui vous enveloppera progressivement, une petite lumière pour tout repère, oserez-vous plonger dans ce voyage inoubliable et terrifiant en ce mois de janvier 1985, dans un coin perdu de la Somme, au bout d'un certain chemin, suivez le chasseur de fantôme, Alan Lambin, il vous montrera la voie.
A votre tour de découvrir ce qui se cache derrière les stores vénitiens et la lourde porte cochère. du "le château" ...
C'est l'éditeur niçois, Taurnada, qui confirme tout le bien que j'en pense, après avoir lu plusieurs de ses parutions, des histoires différentes mais dont l'un des points communs réside dans la capacité d'allier l'histoire avec l'actualité, ce présent qui pourrait encore trouver matière à réflexion à en colmater les brèches dans cet espace paradoxal, quelle est la limite qui sépare les vivants et les morts ?
Quelles sont les conséquences du poids du passé dans la mémoire collective mais également individuelle ? Cette lucarne d'une terrible époque, ces tourments de l'esprit des défunts, ces secrets préservés depuis les lustres, l'émotion vous fouettera à coup sûr, bonne lecture !!!
En conclusion, je recommande cette lecture pour tous les fans de fantastique qui pourront y trouver une nouvelle pépite à compléter dans leur bibliothèque, l'adrénaline attendu pour ressentir des frissons, la peur de l'inconnu et pour ceux qui hésiteraient encore, c'est l'occasion de vivre une aventure extraordinaire avec des personnages qui, somme tout, trouveront écho en vous par le jeu d'identification et une certaine empathie à travers une histoire qui vous intriguera et vous fera apprécier jusqu'au dénouement tout simplement bluffant.
❤️
La Maison Bleu Horizon de
Jean-Marc Dhainaut est un roman fantastique bluffant, nuit blanche assurée !!!